Communiqué pour la journée des femmes

NdT : Cette année la manifestation pour la journée des femmes à Santiago a eu lieu le vendredi 7 mars. Il y a eu des arrestations à la fin de la manif au niveau du parc Almagro à la suite de quelques échanges « chaleureux » entre manifestant-e-s et flics. À ce moment là de la fête des cocktails ont été lancés sur les locaux de l’Université Central (ou bien sur les flics postés juste devant) et une salle a été endommagée par le feu.
La manifestation de la Journée des femmes est  en général la première grosse manif de l’année (les vacances d’été viennent de se terminer au Chili). En 2013 à cette même manifestation un flic gradé avait été la cible d’attaques, et des flics a moto avaient échappé de peu à la grillade. (voir vidéo )
Il ne faut pas oublier que l’avortement est pénalisé au Chili, ce qui veut dire que l’État met en taule des femmes pour avoir avorté, ce qui donne une autre dimension à cette journée et à la lutte des femmes en général dans cette région.

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Aujourd’hui nous voulons bien faire comprendre que nous ne faisons pas partie de la célébration que la démocratie a crée pour cacher les conflits sociaux qui nous affectent tous/toutes, une lutte annulée par la création de stéréotypes de féminité et de masculinité qui vendent une promesse vide d’indépendance et de liberté individuelle, qui victimise et criminalise et annule la diversité sexuelle.

Le pouvoir et ses laquais se chargent d’uniformiser les styles de vie au travers de lois, publicités et la morale, stigmatisant ceux qui ne sont pas dans les paramètres sociaux de « normalité ».

Le patriarcat a crée la figure de l’homme froid, supérieur, pilier économique, fort, protecteur …, ainsi que la figure de la femme soumise, tendre, dévouée …, nous transformant depuis petits en esclaves d’habitudes que nous n’avons jamais voulu prendre et qui nous empêchent de nous développer pleinement comme des personnes.

Le machisme ne se terminera pas en offrant des fleurs un jour, ni avec les femmes changeant de classe en accédant au pouvoir, parce que la structure sociale continue de se reproduire de toute façon. La destruction du pouvoir, de toute autorité qui nous réprime dans n’importe quel milieu de vie et la compréhension de notre condition de classe sont des aspects fondamentaux pour affronter ensemble cette lutte, sans tomber dans le jeu des fausses libérations et stéréotypes que vend l’État et le Capital.

Pour un 8 Mars Noir.
Contre toute autorité. Autogestion et Guerre Sociale.

Colectivo Lucha Revolucionaria

Contrainformate

José Miguel Sánchez Jiménez enfin dehors !

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Après avoir passé près de 20 ans en prison, le 27 février José Miguel Sánchez Jiménez finissait la peine imposée  par le Pouvoir. À minuit des proches et compagnon-ne-s de José Miguel se sont approchés de l’Ex-pénitentiaire (une des prisons de Santiago) pour accueillir le compagnon qui sortait le poing et la tête levés au milieu de banderoles, tracts, pétards et cris en souvenir du reste des prisonniers révolutionnaires. Entre accolades et salutations, l’événement s’est terminé sans arrestations mais avec affrontements verbaux avec les matons.

N’oublions pas Marcelo Villarroel, Juan aliste Vega, Carlos Gutierrez Quiduleo, Freddy Fuentevilla, Hans Niemeyer, Tamara Sol Vergara et tous/toutes les prisonnier-e-s révolutionnaires, subversifs et autonomes.

Parce que c’est dans la rue qu’on s’est rencontré : salutations et tendresse pour José Miguel Sánchez, de nouveau dans la rue !

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Liberté pour les prisonnier-e-s pour l’insurrection

Sachez matons que nous sommes présents, que nous n’oublions pas nos prisonnier-e-s et que les agressions, tabassages, fouilles humiliantes, interdictions absurdes, ne resteront pas impunis et sans réponse.

Celui qui oublie les prisonniers de la guerre sociale oublie la guerre même !

Contrainfo

Revendication de l’attaque sur le 21° commissariat

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Jeter une pierre, c’est un délit. Jeter mille pierres, c’est un acte politique. Mettre le feu à une voiture, c’est un délit. Mettre le feu à 100 voitures, c’est un acte politique. Protester revient à dire: « je suis en désaccord avec ceci et cela. »
Résister c’est dire: « Je vais mettre un terme à ceci et à cela ».
Ulrike Meinhof

Cette nuit le feu a une fois de plus étreint les bras insurgés pour la destruction de cette société misérable. Nous avons décidé cette fois de faire de la propagande, brûler une voiture c’est de la propagande, c’est dire que nous sommes là, que nous continuons sans peur, en souffrant mais jamais vaincus. Bien que pour nous brûler des voitures c’est de la propagande, c’est aussi une attaque directe là où ça leur fait le plus mal, la propriété privée. Dans ce foutu pays la propriété privée est plus importante que la vie humaine. Nous savons que la loi qui condamne Tamara Sol Farias est basée principalement sur le vol, le vol d’une arme. Sans y comprendre grand chose au domaine juridique, le vol en arrive à être un délit plus grave même que la tentative de tuer quelqu’un !

Même si cette fois nous savions que le facteur « bon citoyen » pourrait faire son apparition tel Robin des Bois, et ferait échouer nos désirs pyromanes et d’attaque, nous avons quand même pris le risque de se foutre d’eux et de leur montrer combien ils sont vulnérables face à beaucoup de volonté et un peu d’essence.

Que cette action soit une bouffée d’air pour les compagnon-ne-s séquestré-e-s en prison et un appel pour ceux qui sont dans la rue. Il vaut mieux une petite action que cent communiqués dépourvus d’action. Mot et action !

C’est là que nous sommes et que nous serons et nous n’oublierons jamais nos compagnon-ne-s tombé-e-s en luttant.

Que la dernière rafale de Angry explose dans tous les commissariats, Punky Mauri, Claudia Lopez, Matias Catrileo, Jony Cariqueo, sont toujours à nos côtés. Alpaca, Hermes, Hans, les prisonniers accusés d’avoir buté le flic Moyano, les prisonniers de la lutte de rue, José Miguel Sanchez qui va bientôt être relâché, et notre compagnonne Sol, tout ça c’est pour saluer ton courage et ta dignité.

Pour la propagation d’un été noir et d’une année encore plus noire.

Vive l’anarchie !

Les compagnon-ne-s pour la propagation du feu.

Contrainformate

Une hirondelle ne fait pas l’été mais son chant est tout aussi important

solÀ un jour de l’arrestation de la compagnonne Sol après la courageuse vengeance lancée contre un mercenaire gardien de la Banco Estado, nous nous sentons appelés à parler pour elle, pas seulement pour le sang qui coule dans ses veines, mais surtout pour la décision de lutte qui l’a amené à défier de face le pouvoir, qui l’a amené à revendiquer la chute en combat de notre compagnon anti-autoritaire Sebastián Oversluij Seguel, réussissant à installer une fois de plus la certitude que c’est une guerre quotidienne contre l’État et le Capital. Laisser de la place au doute, laisser de la place pour que la presse bourgeoise déchaîne ses illusions patriarcales de « crimes passionnels et jalousies » juste parce qu’il s’agit d’une femme, c’est ne pas faire l’écho du courage et de la conscience révolutionnaire qui ont amené la compagnonne à agir directement. Garder le silence face à un cri de « vengeance ! » c’est oublier que la première réaction lorsqu’ils nous frappent doit être de rendre le coup, à partir de la multiplicité des formes qui existent.

Que la police et la presse évoquent les thèses qu’ils veulent, que le procureur cherche les liens d’amitié et déchaîne son bordel juridique comme il l’a fait depuis quelques années, que les citoyens s’exclament épouvantés une fois de plus qu’ils s’agit toujours des même délinquants … Nous, ses compagnon-ne-s, nous n’avons pas besoin de chercher longtemps pour comprendre, pour se trouver avec elle sur ce chemin vers la libération totale, comme nous la trouvons pour commémorer le souvenir des jeunes combattants Eduardo et Rafael,  comme nous la trouvons pour se souvenir de Pablo et Aracely, comme nous la trouvons dans des activités solidaires avec nos compagnon-ne-s en prison. Aujourd’hui nous n’avons besoin de rien de plus que ses actes pour la reconnaître comme une sœur dans cette pratique antagoniste et subversive : son présent de lutte nous dit qui elle est, avec la même force que le fait l’histoire de sa famille chargée de dignité combattante.

Nous croyons que ces lignes sont un geste simple pour éviter que le silence complice de certain-e-s ou le baratin sans importance, si commode pour d’autres, ne terminent par faire de la détention de notre compagnonne qu’une nouvelle policière ou un simple sujet de journal télévisé. Nous savons que les mots, lorsqu’ils n’entraînent pas une pratique en conséquence, ne sont que papier et encre gaspillés. C’est pour cela que depuis le collectif anticarcéral Vuelo de Justicia nous n’avons plus qu’à transformer en pratique notre discours et accompagner avec une solidarité quotidienne et rebelle la compagnonne Sol dans son séjour, nous espérons court, en prison.

Depuis ce front de lutte nous envions toute notre force et soutien à la compagnonne, aux chers grand-parents Luisa et Manuel, à sa mère et à toute sa famille. Que la flamme de la dignité rebelle qui les a toujours accompagné ne s’éteigne pas une seule seconde. Sachez qu’on ne vous laissera pas seul-e-s.

Parce que tu as installé une fois de plus la certitude que lorsque nous dirigeons nos vies vers la libération totale, l’insurrection est permanente !

Parce que ton action et ton cri de vengeance ont déchiré le silence, ont lézardé les murs qui enferment les nôtres, et nous ont poussé à continuer avec plus de force cette guerre à mort !

Parce que pour toi aucune agression n’est sans réponse, aujourd’hui la réponse sera pour toi !

Compagnonne Tamara Sol Farías Vergara, nous t’aimons indomptablement libre !

Actualisation sur sa situation juridique :
le 22 janvier la compagnonne a été condamnée pour « vol qualifié » de l’article 433 du code pénal chilien, qui correspond à un vol commis avec un homicide, un viol ou des blessures comprises dans le même code :  dans les faits la compagnonne est accusée du vol de l’arme et de la tentative d’homicide sur le gardien de banque, risquant une peine qui va de 10 ans et un jour à la condamnation à perpétuité. De plus, un avocat représentant la banque était aussi présent pour une plainte de « vol avec homicide » (sic) étant donné que du fait du vol de l’arme la banque serait elle aussi victime. Le tribunal a ordonné la détention préventive de la compagnonne Sol à la prison de San Miguel et le délai de l’enquête a été fixé à 60 jours.

« C’est le moment d’agir, au quotidien avec ceux en affinité avec nous, pour la destruction de la société carcérale et de toute tentative sociale de réformer ce dégoûtant système de mort. La solidarité ne doit jamais devenir un slogan vide, mais une action quotidienne d’affrontement avec le Pouvoir et un soutien constant aux frères/sœurs séquestré-e-s dans cette guerre à mort. »
-Mauricio Morales Duarte-

Collectif Anticarcéral Vuelo de Justicia

Publicación Refractario

Arrestation d’une compagnonne accusée d’avoir tiré sur un garde

Mujer_armada_2Le 21 janvier au matin une silhouette vêtue de noir entre dans la succursale de la Banco Estado sur la Alameda au niveau de Las Rejas. Elle tire quatre coups sur le corps de Ronaldo Vargas Fuentes, garde para-policier qui a décidé de consacrer sa vie à la protection des richesses et accumulations des puissants. La compagnonne crie « Vengeance ! »

À la suite des coups de feu la compagnonne laisse le revolver avec lequel elle est entrée, prend celui du garde et s’échappe du secteur en vélo.

De son côté le misérable garde a pu être soigné, se sauvant de l’attaque.

D’autre part, selon la presse et la police, la compagnonne Tamara Sol Farías Vergara a été arrêtée alors qu’elle se rendait à un commissariat pour laisser une preuve pour vol de vélo lorsque la police a décidé de fouiller le sac qu’elle portait. Elle a résisté et a essayé d’attraper le revolver et les policiers ont réussi à la maîtriser. Au commissariat elle a refusé de collaborer et de donner son identité.

Nous rappelons que le compagnon Sebastián Oversluij a été abattu cela fait déjà plus d’un mois par un misérable garde de la Banco Estado à Pudahuel à la suite d’un braquage raté.

La comparution de la compagnonne devant les tribunaux d'(in)justice était à 11h ce mercredi 22. Apparemment elle comparait pour les délits de « vol qualifié » (le revolver du garde) et « tentative d’homicide ». Toute notre tendresse anarchiste et solidaire pour elle, et pour sa famille*, qui s’est toujours caractérisée par une belle dignité rebelle : nous sommes avec elle, nous sommes avec vous !

Solidarité immédiate avec la compagnonne Sol !!

Nous ne laisserons pas de place au cirque médiatique, aux vautours charognards, aux campagnes de terreur des puissants ni aux fantaisies des procureurs : Solidarité, maintenant !

* elle est la nièce des frères Vergara, dont l’assassinat a donné naissance au jour du jeune combattant

Publicación Refractario

Mise à jour :

la compagnonne a été accusée de « vol qualifié, et placée en prison préventive. Avant et après sa comparution il y a eu quelques échanges entre les ami-e-s de la compagnonne et les flics devant le tribunal. Au moins une personne a été arrêtée après que les personnes venues en soutien pour la compagnonne aient attaqué la presse à la sortie du tribunal.

Le Dakar : nocivité et progrès

et-une-de-moinsEntre le 5 et le 18 janvier nous allons avoir la fierté de survivre au déroulement dans la région du Rallye Dakar 2014, le plus grand « Rallye Raid » au monde. Cet événement a eu lieu la première fois en 1972 entre Paris et la capitale du Sénégal, Dakar, dont il tient le nom. Et puis en 2008, dû aux circonstances politiques et écologiques qui mettaient en péril son bon déroulement le rallye a déménagé de région, la goutte qui a fait déborder le vase étant les menaces d’Al Qaeda cette année là.

Cette grande démonstration publicitaire de véhicules tout terrain a reçu de nombreuses critiques, et à la suite nous allons les exposer telles qu’elle sont présentées par différents groupes politiques et écologistes :

– Au cours de ses 40 ans d’histoire, sont morts lors de cette course, dans des « accidents » issus de celle-ci, une cinquantaine de pilotes et spectateurs (dans la grande majorité des bourges avides de sensations), ainsi que 12 personnes étrangères à la course et 10 personnes travaillant sur place. Le nombre de victimes africaines (principalement nées au Sénégal) n’a jamais été reconnu par les organisateurs, qui pourtant faisaient des funérailles presque militaires à chaque fois qu’un pilote mourrait. C’est dans ce sens que cet événement sportif a parfois été comparé avec la campagne nord-africaine de la seconde guerre mondiale, où les alliés et les allemands attaquaient avec leurs tanks, lignes défensives et champs minés les populations locales, qui comme pour le Rallye restaient complètement étrangères à la situation mais pâtissaient de ses conséquences.

– Au cours de ces événements, qui ont une feuille de route mais pas de sentiers délimités, les véhicules détruisent la faune et la flore locale, notamment les dernières courses qui ont eu lieu dans le désert d’Atacama (au Chili) où il y a une flore désertique qui ne tolère aucune modification humaine dans son environnement. C’est au même endroit que les concurrents ont abîmé de nombreux géoglyphes. Selon les mots d’ Acción Ecológica (Chili) : « en 2009, six sites archéologiques datant de plus de 4000 ans ont été détruits par le Dakar. En 2010 le bilan était de 52 sites archéologiques, et en 2011, 126 sites archéologiques ».

– « L’empreinte carbone » de ce genre d’événement est énorme, vu le transfert des véhicules, les spectateurs, la consommation de carburants, le traitement des résidus, etc.. Selon les organisateurs elle serait d’environ 22.000 tonnes CO2 équivalent.

– C’est une activité qui renforce les pratiques coloniales des bourgeoisies des pays centraux, puis qu’il serait impossible de réaliser de tels événements dans des pays du « 1er monde » vu leurs législations de protection qui l’empêcheraient. Les patrons de l’automobile et les aventuriers de type « safari » doivent donc se tourner vers des régions moins restrictives, avec des lois de protection de l’environnement nulles ou rarement appliquées, et une culture de préservation archéologique plus laxiste et des autorités gouvernementales et militaro-policières plus corrompues avec lesquelles il est plus facile de négocier.

Ce qui est exposé précédemment englobe toute une série de suppositions et fausses critiques qui tombent sous le sens ou servent uniquement à dévier l’attention des problèmes de fond. Prenons pour exemple le fait que depuis les années 90 en France, sont apparus des slogans comme « le Dakar hors de France ! », qui ressemblent à des demandes entendues  ces jours-ci, d’envoyer le Dakar dans la province de Santa Fe, par des recours judiciaires et la présentation d’un projet de loi qui devra être approuvé dans les chambres législatives des provinces. Nous ne savons que trop qu’aucune réglementation ne sera jamais capable d’éliminer la nocivité des pratique capitalistes, et ça ne pourrait (dans certains cas particuliers) que les contenir en attendant que la technologie même du Capital évolue suffisamment pour que cette même activité puisse se réaliser sans qu’elle n’ait la même nocivité directe, ou qu’elle sache la dissimuler d’une meilleure façon. Ce qu’il faut comprendre cependant c’est le manque de perspective historique et internationale du réformisme, qui au lieu d’essayer de supprimer une course aussi néfaste de toute la société humaine ne demande que son éloignement des territoires dans lesquelles ses organisations ont leur niche de pouvoir, ou encore sa capacité à actionner des leviers étatiques, utilisant pour cela des slogans encore plus restreints que ceux utilisés par la génération antérieure de réformistes.

D’autre part, nous pouvons aussi analyser les positions critiques de l’écologisme, parmi lesquelles nous voulons souligner sa passion pour les chiffres. Cette fascination quantitative pour l’analyse des émissions de carbone et « l’empreinte écologique » de ce genre d’événements a fait que les organisateurs de la course (histoire de se dédouaner) ont publié sur leur site web une étude qui affirme qu’en comparaison avec d’autres événements sportifs le Rally Dakar est le nec plus ultra. C’est ainsi qu’il faudrait faire 200 rallyes pour polluer autant que le dernier mondial de rugby, ou que dans la ville de Paris, en un seul jour, les voitures émettent plus de CO2 que les compétiteurs durant toute la course. De plus sur le site il est spécifié que l’événement détient une « empreinte écologique positive » vu qu’avec ses pratiques de responsabilité  sociale empresariale l’organisation reverse une grande somme d’argent à l’ONG Madre de Dios, qui replante des arbres en Amazonie, annulant ainsi toute nocivité réalisée. Et elle donne aussi annuellement plus d’un demi million de dollars à la très connue fondation TECHO (l’ONG paraétatique et caritative connue dans la région pour ses tournées dans les supermarchés).

Ces affirmations pourraient être clairement un leurre ou une exagération, mais cependant ce qui est intéressant là-dedans c’est cette perspective qu’ « une main lave l’autre », tellement habituelle des dynamiques étatiques et capitalistes et qui finit par attirer positivement ou négativement les groupes considérés comme extrémistes. Positivement lorsqu’ils finissent par former des ONG ou des « partis verts » pour s’enrôler dans la recherche active de profits, ou négativement lorsqu’ils discutent ou pactisent avec des pouvoirs et des capitaux pour éliminer telle ou telle pratique, ou permettre telle autre, au nom de la recherche du « capitalisme vert » durable et amiable. Ce monde idyllique où tout coexiste, la vitesse et la méditation bouddhiste, les centrales nucléaires et la permaculture, les villes-usines chinoises et les artisans hippies sur une place.

Nous ne voulons pas dire ici que toute lutte est inutile, que tout est perdu. Ce n’est pas notre intention de soutenir la passivité. Mais nous ne tolérerons pas non plus les faux-critiques et les luttes en carton, qui n’ont lieu que pour obtenir des charges politiques ou de devenir des modérateurs dans l’antagonie entre le Capital et la nature. Le Dakar doit disparaître, mais pas seulement d’une ville ou d’une région, il doit disparaître du monde, et avec lui toutes les pratiques sportives, instigatrices historiques du nationalisme et de la compétition, et les voitures, symboles permanents de la division du travail, de l’industrie et de l’atomisation des humains.

Et nous ne voulons pas par là affirmer que les luttes doivent commencer par une mise au clair théorique parfaitement finie pour ensuite arriver dans la rue, mais il est vital que chaque lutte existe dans un contexte permanent de réflexion et d’analyse. Lorsque nous ne réfléchissons pas bien à notre lutte nous luttons avec la pensée des autres, celle de la réforme, celle des médiateurs, celle du Capital.

Comme nous l’avons déjà dit dans d’autres occasions, la théorie et la pratique doivent ne faire qu’une, et ce n’est qu’ainsi que nous frapperons comme l’être internationaliste et anticapitaliste que nous sommes, ce n’est qu’ainsi que nous enterrerons la nocivité pour construire la société du commun.

La Oveja Negra

Attaque incendiaire dans un centre commercial et quelques réflexions face à l’offensive répressive

armadosLe mardi 31 décembre à la veille d’une nouvelle année, vers 2:30 et quelque minutes avant la fermeture du lieu, un mécanisme incendiaire à retardateur a été placé dans l’allée des produits inflammables du Homecenter situé dans le centre commercial Plaza Norte. Quelques heures après, l’attente terminée, l’incendie s’allumera, détruisant deux allées et demi du magasin et des centaines de produits, de façon à envoyer nos plus chaleureuses salutations de bienvenue à l’année 2014.

Depuis quelque semaines nous avons vu que les attaques incendiaires, explosives et sabotages ont augmenté, mais il y a eu plusieurs erreurs de la part de ceux qui ont décidé d’attaquer la normalité, l’ordre, l’État, la réalité, toute forme de domination et de structure physique, mentale et émotionnelle. Il faut le souligner et apprendre de ces erreurs pour éviter de voir à nouveau nos frères/sœurs et complices séquestré-e-s par les administrateurs de la société; analyser toute nouvelle qui nous arrive, voir quelles sont les erreurs possibles qu’ils ont pu commettre pour ne pas les refaire.

Le 11 septembre  est une date attendue à Villa Francia, et en connaissance de la préparation policière pour cette nuit-là (pas uniquement pour le harcèlement de ces bâtards esclaves qui ne méritent que d’être torturés et brûlés [sic]) il a été décidé de les affronter avec ce qui était à disposition, et malgré les molotovs,  chausse-trappe, et divers flingues, le plan que les sbires ont utilisé même s’il était simple a été suffisant pour chasser et attraper de nombreux combattant-e-s cette nuit-là. Sans discréditer les agissements de tous/toutes celles/ceux qui étaient là-bas et qui ont affronté les gardiens de l’ordre, aller dans un endroit où tu sais qu’ils t’attendent, et sans avoir l’armement et la préparation nécessaire (physique, mentale, stratégique), c’est ne pas réaliser ce que ça veut dire si l’un-e de nous est prisonnier-e-, que ce soit en taule ou à la maison, ne pouvant pas sortir dans la rue pour continuer de brûler cette réalité putréfiée. Il y a des milliers de moments et d’endroits où nous pouvons attaquer sans qu’ils nous y attendent.

Salidas pour altérer l’ordre : entre barricades et affrontements, nous savons qu’ils ont identifié (habits, sacs, chaussures, cheveux, etc) et capturé des individus, certain-e-s avec du matoss dans les mains, alors que l’action était terminée. Sans s’être débarrassé des habits qu’ils ont utilisé et du matériel qu’ils ont gardé, et sans même s’en aller rapidement de l’endroit (pour rester à traîner). Il faut faire gaffe, pour le moindre détail ils peuvent nous identifier et nous mettre en taule ou au Sename (NdT : prison pour mineurs). Ce n’est pas difficile de trouver des fringues pour nos actions, qui changent notre apparence, et des planques si on peut pas (ou qu’on veut pas) s’en débarrasser, partant rapidement et réduisant en cendre tout ce qui peut nous identifier. C’est pas un jeu (mais qu’est-ce qu’on s’amuse pourtant!).

Explosifs/Incendies : il y a déjà plusieurs cas d’engins et mécanismes qui n’ont pas explosé ces derniers temps et qui sont restés entre les mains des labos policiers, leur donnant avec ça nos méthodes et possiblement quelques résidus qui peuvent indiquer qui l’a fabriqué. En transportant le matériel, dans le cas de cocktails molotovs ou d’autres, nous ne devons pas circuler dans des endroits isolés et vêtus de manière suspecte (en noir, marchant avec une poche à la main, dans une rue obscure … nous ne devons pas croire qu’on est incognito devant tous les yeux qui nous regardent). Si on fait quelque chose tout seul nous perdons la possibilité d’être averti si les flics arrivent ou n’importe quoi d’autre qui nous mette en danger et empêche de réaliser l’objectif. L’usage de gants ou n’importe quelle méthode pour cacher et faire disparaître les empreintes est indispensable, car si on se laisse aller à la confiance et qu’on pense que tout est sous contrôle à 100 % on pourrait laisser derrière nous des empreintes, des cheveux, de la salive ou autres sur place. Et comme ça fait plusieurs fois que les engins posés n’ont pas explosé, nous devons réfléchir à ce sujet et pas faire les choses à l’arrache.

Il est important, quel que soit le détonateur que nous utilisons, de l’essayer autant qu’il est nécessaire afin que la probabilité que ça n’explose pas soit minime et que ça ne soit pas à cause du détonateur. Si nous ne connaissons pas une méthode qui nous permette de l’essayer (sans risquer de voler dans les airs ou de se brûler) nous ne devons pas fabriquer des engins qui peuvent ne pas exploser, ou même qui peuvent exploser dans nos mains. Mieux vaut ne pas le faire plutôt que de prendre ces risques. Envoyer balader son ego, et avec l’angoisse et le désespoir que provoque en nous ce monde asphyxiant, essayer de réaliser l’objectif sans se soucier du temps que ça prendra, 1, 2 ou 10 mois s’ils le faut, mais pas moyen de finir en taule pour une connerie.

Entre autres choses, nous ne devons pas penser que poser une bombe ou foutre le feu est la seule chose qu’on puisse faire pour matérialiser nos désirs. Quant bien même on en aurait très envie, pour réaliser une action il faut autre chose que juste le désir. Il y a différents rôles assignés collectivement pour pouvoir le faire, et même si les rôles nous rappellent l’autorité et la hiérarchie, c’est pas forcément ça. Si on se complète entre nous, parce qu’on peut pas faire tout partout et en même temps, si on se retrouve en meute pour agir, nous agissons comme tel. Et donc une tâche n’est pas plus importante qu’une autre, ni celui qui guette  les flics, ou celui qui fout le feu, ou au cas où les flics arrivent ceux qui vont les retenir pour que les autres puissent se barrer. Il faut faire gaffe à ce que chacun s’en tienne à son rôle, parce que dans le cas contraire on prend le risque que nos compas se fassent chopper et aillent en taule pour quelque temps. Les appareils de contrôle de l’État sont organisés structurellement, militarisés et avec des tactiques analysés par les services d’intelligence, et donc de notre côté on ne peut pas tout abandonner à la beauté de la spontanéité et s’attendre à réussir juste parce qu’on en a envie. On ne peut pas s’attendre à atteindre nos objectifs si on ne s’organise pas et qu’on ne prépare pas des tactiques et des méthodologies pour cela. Évidemment ça ne veut pas dire se transformer en petits soldats ni se désigner comme avant-garde ou leaders de l’insurrection et des insurgé-e-s, mais c’est important de partager les expériences, les erreurs et les réussites, comme les tactiques, les méthodes, les analyses et les réflexions, et ne jamais penser qu’entre nous il y a des « supériorités » à cause de l’expérience individuelle de chacun, ou parce qu’il y a des grandes gueules. De même il ne faut jamais penser que parce qu’un bâtard de flic sait tout juste compter, l’État, les patrons, l’ordre et le contrôle en général sont aussi abrutis que leurs laquais situés les plus bas dans cette pyramide sociale dégoûtante. S’ils étaient aussi crétins ils seraient tombés depuis longtemps, mais pour autant on ne pense pas que c’est impossible de les vaincre.

Si certain-e-s de nos proches, ou nous même, tombaient entre les mains de l’ennemi ou qu’on n’a pas fait gaffe et qu’on n’a pas pris les précautions nécessaires, il ne faut pas croire qu’on ne va pas faire profil bas pendant quelque temps, que ce soit chez nous ou bien n’importe où ailleurs et avec qui que ce soit, car on ne sait jamais qui nous regarde et/ou écoute.

Mais bon, il faut aller de l’avant, et être solidaires de toutes les manières possibles avec ceux/celles qui font face et affrontent cette saloperie de monde de merde. Solidarité avec les prisonnier-e-s du 11 septembre, Hans, Monica, Francisco, Freddy, Marcelo, Juan, Carlos, Alberto Olivares, Niko Sandoval, Felipe, Hermes, Alfonso, Marco Camenisch, Gabriel Pombo da Silva, Alfredo Cospito et Nicola Gai, les membres prisonnier-e-s de la CCF et de la FAI/FRI, les prisonnier-e-s du FLA (Front de Libération Animale) et FLT (Front de Libération de la Terre), avec Felicity Ryder et Diego Ríos qui cavalent toujours dans les ombres, et à tous/toutes les insurgé-e-s, clandestin-e-s, individus anarchistes et nihilistes, et à tous les êtres qui ne sont pas disposés à faire un pas en arrière dans la guerre contre toute société, toute autorité, contre tout régime humain, contre toute forme de domination.
Pour Matías Catrileo, Punki Mauri, Claudia López, Sebastian Oversluij et tous les milliers de morts dont nous ne connaissons pas les noms. Pour José Huenante et tous les disparu-e-s et séquestré-e-s. Pour tous les prisonnier-e-s en guerre dans le monde, liberté immédiate et feu à toutes les prisons avec les matons dedans.

DÉTRUISONS LA RÉALITÉ, GUERRE À L’EXISTANT !

Hommodolars

Bonanno de nouveau expulsé, cette fois du Mexique

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« Les pratiques d’action directe sont maintenant le corollaire de ce bagage conceptuel rajeuni. Face à face avec l’ennemi, sans médiations : voilà la devise et l’emblème d’une pratique d’intention, d’orientation et de possibilité anarchiste ». Rafael Spósito (Daniel Barret)

Il y a exactement quatre ans, trois mois et 22 jours, j’ai reçu l’appel d’un grand compagnon pour m’informer d’une triste nouvelle : ce cher Alfredo María Bonanno avait été arrêté suite à une expropriation ratée dans la ville de Trikala, au nord de la Grèce. Aujourd’hui j’ai eu une brève discussion au téléphone avec le compa Alfredo qui a produit en moi la même indignation et impuissance face à cet appel tragique. Au milieu des cris et des expressions pompeuses des oppresseurs qui lui ordonnaient d’éteindre le téléphone, il m’a informé que les autorités migratoires l’avaient empêché de rentrer sur le territoire dominé par l’État mexicain, le déclarant comme « persona non grata » pour sa soi-disant « dangerosité » et ses « antécédents pénaux », ce pour quoi ils l’ont déporté en Argentine. Malgré le peu de temps que nous avons parlé j’ai ressenti à travers ses paroles brèves la force d’un irréductible. La première chose que je lui demandé c’est comment allait sa santé, et il m’a répondu que ça allait. Furieux, la seule chose que j’ai trouvé à lui dire c’est que je regrettais beaucoup la décision de ces salopards et il m’a répondu optimiste, avec la sérénité et la condition réflexive qui le caractérise : « c’est logique que ça nous arrive ». Oui, avec ces mots simples et ce commentaire concis, Alfredo résumait la réalité du réveil anarchiste du XXI°siècle et la répression logique dont nous souffrons. Sans aucun doute nous sommes devenus le pire cauchemar de la domination. Aujourd’hui l’anarchisme de praxis se lève avec force et demande impérativement la rénovation théorico-pratique et le dépassement des expériences de luttes passées, abandonnant pour toujours la muséographie archéologique, l’immobilisme lâche et l’attitude protagoniste de l’académicien « progressiste » (celui dont se référaient les groupes d’affinité dans un de leurs plus récents communiqués), pour récupérer son humeur transgressive, sa conflictualité permanente et sa nature destructrice. En effet, comme me le disaient certain-e-s des compagnon-ne-s qui ont organisé les Journées Informelles Anarchistes/Symposium International, devant ces événements terribles : à l’Âge d’Or de l’anarchisme classique, dans les années épiques de cette dynamique anarchiste qui s’intensifiait comme paradigme subversif indiscutable, les déportations, les emprisonnements et les assassinats de compagnon-ne-s anarchistes étaient monnaie courante. Combien de fois nos compagnon-ne-s d’autrefois n’ont pas été déporté-e-s et emprisonné-e-s ? Combien n’ont pas été assassiné-e-s et/ou exécuté-e-s sur l’échafaud de monarchies rabougries et de républiques modernes ? Qu’aujourd’hui ils déportent, emprisonnent et assassinent nos compagnon-ne-s  c’est la preuve irréfutable du réveil anarchiste, la meilleure preuve de vitalité et vigueur de notre théorie et pratique, le signe le plus indiscutable du rayonnement anarchiste.

Désormais nous ne pourrons plus faire abstraction de la praxis anarchiste. Aujourd’hui la réflexion théorique et la pratique commencent à se situer dans le contexte historique qui lui est propre, conférant une plus grande prédominance aux compagnon-ne-s récemment intégré-e-s dans la lutte acrate qui insistent sur la communion nécessaire entre idées et action, dans l’urgence inévitable d’entraîner notre théorie dans la pratique et de ranimer notre champs théorique à partir de la pratique.

Malheureusement, le compagnon Alfredo Bonanno ne nous accompagnera pas physiquement dans cet effort gigantesque de rénovation théorico-pratique. Nos ennemis ne pouvaient pas se donner le luxe de permettre une aventure fondatrice transgénérationnelle d’une telle ampleur et c’est pour cela qu’ils ont une fois de plus eu recours à la proscription et aux exclusions. Cependant cette panoplie immense de vibrations communes qui rendent possible la réalisation de ces Journées Informelles est la reconstruction indiscutable de cette épopée transgénérationnelle qui aujourd’hui se concrétise à travers l’anarchisme de praxis. C’est pour cela que, malgré les proscriptions et interdictions, tous les absents seront à nos côtés, face à face avec l’ennemi. Malgré les épreuves nous aurons avec nous notre cher  Bonanno, notre frère Gabriel Pombo Da Silva; la chère Felicity Ann Ryder; Mario González; Stefano Gabriel Fosco, Elisa Di Bernardo, nos semblable Panagiotis Argyrou , Mihalis Nikolopoulos , Giorgos Nikolopoulos , Gerasimos Tsakalos , Hristos Tsakalos, Giorgos Polydoros, Damianos Bolano, Haris Hadzimihelakis, Olga Ikonomidou, Alfredo Cospito et Nicola Gai; Hans Niemeyer; Marcelo Villaroel; Freddy Fuentevilla; Juan Aliste Vega; Carlos Gutierrez Quiduleo; Mónica Caballero Sepúlveda; Francisco Solar; Víctor Montoya; José Miguel Sánchez; Hermes González; Alfonso Alvia et tant d’autres frères et sœurs prisonnier-e-s, en restriction domiciliaire ou en cavale.

Et nous aurons aussi à nos côtés les inoubliables : Sergio “Urubú” Terenzi, Claudia López Benaige, Jhonny Cariqueo, Lambros Foundas, Xosé Tarrío González, el Punky Maury Morales, mon cher Rafael Spósito, Matías Catrileo Quezada, Sebastián Oversluij Seguel et tant d’autres compagnon-ne-s irremplaçables qui sont parti-e-s mais continuent de nous montrer le chemin.

Vive l’anarchie, et que le battement de son cœur rénové s’entende dans tous les confins de la Planète !

Gustavo Rodríguez
Mexique, 24 décembre 2013

P.S. informatif : pour le moment nous avons reçu un premier coup. Comme certains compas le savent déjà nous attendions l’arrivée d’Alfredo à 21h30 et il n’est jamais sorti par la porte d’arrivée. Nous avons demandé au service de Migration et ils nous ont dit que si c’était pour « raison d’interrogation » il pouvait resté de 3 à 5h retenu et si après ce laps de temps il ne sortait pas c’est qu’on lui avait refusé l’entrée dans le pays. Six heures plus tard, désespérés et préoccupés, nous avons redemandé et ils nous ont informé qu’il n’étaient pas autorisé à informer lorsqu’il y a des personnes arrêtées ou expulsées, ni sur les motifs de cette décision. Cependant quelque temps après ils nous ont informé qu’il avait pu être transféré dans les cellules du Terminal I pour être déporté une fois la destination convenue. Je suis allé immédiatement là-bas mais je n’ai pu obtenir aucune information, et nous en avons déduit qu’il avait été déporté. Ce qui est bizarre est qu’il ne m’a pas appelé et qu’il avait son portable éteint, ce qui m’a laissé pensé qu’il pouvait encore se trouver détenu au Mexique.

Et bon, après ce mauvais moment passé, il nous reste l’agréable sensation lorsqu’après trois longues heures d’interrogation, ils ont laissé entrer Constantino Cavalleri et la légendaire Jean Weir, qui ont partagé avec nous leurs réflexions et expériences dans les Journées Informelles. Curieusement, au cours du « profond » interrogatoire que les agents du gouvernement leur ont fait subir, ils ont demandé à chacun s’ils étaient anarchistes, et à la réponse positive ils ont cherché à savoir de quel « type d’anarchisme ». Devant des questions aussi absurdes autant Jean que Costa ont exigé qu’ils soient plus précis, ce à quoi les enquêteurs ont répondu « qu’il y a un anarchisme bon et un anarchisme mauvais », élucubrations qui complétaient la question suivante : Quels sont vos héros ou personnages légendaires ? Et ils terminaient par la question à un million de dollars : vous venez au Symposium anarchiste ou à l’Escuelita Zapatiste ? Sans aucun doute la réponse de cette dernière question permettait à ces agents de cocher dans la bonne case sans se tromper.

Viva la Anarquía

Lettre de Mónica et Francisco suite à la semaine de solidarité avec eux

Untitled-1Nous sommes de nouveau là, avec ces murs de béton et ces barreaux, entre caméras et matons. Nous sommes de nouveau là, sans baisser la tête et fier-e-s de ce que nous sommes. Fier-e-s de faire partie de la tempête imprévisible qui cherche à mettre un terme à toute lueur de Pouvoir qui jette le masque une fois de plus et se laisse voir tel qu’il est, dans sa brutalité et aussi, disons-le, dans sa faiblesse. Dans ce cas particulier, la collaboration entre l’État chilien et espagnol, pour réussir à nous enfermer, prouve à quel point ils peuvent être coordonnés pour faire face à ce qu’ils perçoivent comme une menace. Mais l’importance que nous attribuent ces messieurs du Pouvoir nous montre autre chose que sa fragilité. Leurs discours de sécurité incohérents sont le voile qui couvre la peur de savoir qu’un concours de circonstances peut déchaîner la pagaille générale. Leurs coups et bâillons ne font que nous convaincre d’affûter nos idées et nos vies pour être prêts pour l’affrontement permanent.

Nous saluons d’une grande accolade toutes les expressions de soutien, c’est une poussée qui fragilise les barreaux. Nous comprenons la solidarité comme la mise en pratique constante de nos idée anarchistes, sous toutes ses formes, qui font comprendre à l’ennemi que rien ne s’arrête ici, que tout continue dans la prison ou la rue. Où que l’on soit : pas une minute de silence et toute une vie de combat. Tout particulièrement l’énorme preuve de solidarité de compagnons qui ont utilisé leurs corps comme arme en menant une grève de la faim.

Nous saluons ceux/celles qui continuent de tisser des complicités, ceux/celles qui s’aventurent dans l’inconnu, ceux/celles qui sont motivés par l’incertitude, ceux/celles qui s’entêtent pour l’anarchie. À eux/elles tous, notre respect et affection.

Nous avons reçu avec beaucoup de tristesse la nouvelle de la mort de Sebastián, mais en même temps sa vie cohérente avec ses idées nous remplie de joie : un véritable guerrier. Nous aimerions être avec les compagnon-ne-s qui le pleurent, mais ce n’est que d’ici que nous vous envoyons beaucoup de force et un  » on se verra bientôt ».

Mónica Caballero
Francisco Solar

hommodolars