Textes de prisonniers du Caso Bombas suite au massacre de San Miguel (décembre 2010)

Ce dimanche ça sera le troisième funeste anniversaire de la mort des 81 prisonniers, brûlés vifs dans la prison de San Miguel. À cette occasion nous avons ressorti des communiqués de compagnon-ne-s prisonnier-e-s du Caso Bombas au moment des faits (dont deux se trouvent de nouveau en prison, en Espagne).

Il est presque 20h, heure de l’enfermement. Les matonnes sont inquiètes, contrairement à la normale, aujourd’hui nous sommes enfermées par un plus grand nombre de « fonctionnaires » et toutes gradées. Selon ce que j’ai entendu, il y a déjà eu deux mutineries dans le CPF (Centre Pénitencier Féminin).

Les images sont chaque fois plus horribles, le désespoir de nombreuses femmes suppliant pour avoir des informations, dans la famille de ceux qui commettent des délits on peut toujours avoir un proche. Quatre-vingts et un morts … ça aurait pu être n’importe quel criminel qui ne respecte ni la loi ni ses devoirs. Combien vaut la vie de ceux qui sont privés de liberté ? Combien de morts obscurcissent les sombres couloirs des prisons ?

Dans ce territoire dominé par l’État chilien, selon les statistiques de la Gendarmerie (Ndt : l’Administration Pénitentiaire), il y a 53 000 prisonniers, sans compter le SENAME (prisons pour mineurs) ni les hôpitaux psychiatriques. Réhabilitation et insertion sont les mots clés pour les formateurs de la normalité et, sinon, il suffit de construire plus de prisons.

Les 81 morts rejoignent une longue liste dont très probablement seuls les proches se souviendront d’ici quelques mois.
En tant qu’anti-autoritaire le minimum que je puisse faire c’est écrire ça.

Insurrection permanente contre toute forme de domination !
Jusqu’à détruire toutes les cages …
« La sentence a été prononcée,
Avec grilles et menottes,
Mais avant toute chose,
L’esprit jamais emprisonné »

Mónica Caballero, Prisonnière Politique Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité, Centre d’Extermination Féminin. Santiasko du $hili, deuxième semaine de décembre, 2010.

____________________________________

Les corps des prisonniers de San Miguel ne refroidissent toujours pas et commence le spectacle des gardiens de l’ordre pour cacher ce qui a eu lieu.

Plus de prisons parait être la solution la plus viable pour ceux qui s’enrichissent avec l’enfermement. Combien de vies ont emporté avec eux les couloirs obscurs des prisons, combien de morts tachent l’uniforme des matons ?

La mort des 81 prisonniers se rajoute à la longue liste des crimes impunis dont l’unique responsable est l’État. Au sein de nombreuses prisons beaucoup ont décidé d’affronter leur bourreau le plus proche et de se mobiliser. Ici dans le CPF chaque jour il y a des femmes qui se joignent à la grève de la faim de milliers de prisonniers de tout le territoire dominé par l’État chilien. Et beaucoup d’autre ont cousu leurs propres bouches et sont isolées dans la section de punition.

Si tout ceux qui osent remettre en question les lois et les puissant sont des délinquants alors c’est avec orgueil que je me désigne ainsi.

Alors que je termine d’écrire ces mots ils sont en train de rentrer dans l’ex-pénitenciaire où selon les médias il y a 1500 prisonniers en grève de la faim, on punit le soulèvement. Le feu devient présent dans le Centre d’Extermination comme dehors grâce aux proches.

N’embellissons pas les cages, détruisons-les !
Pour la fin de cette société, et de n’importe quelle autre
Fin de la Loi Antiterroriste

Mónica Caballero, Prisonnière Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité
Centre d’Extermination Féminin. Santiasko, $hili.

_____________________________________

 L’impunité de leur justice et le terrorisme du système carcéral a laissé voir un nouveau massacre d’opprimés, cette fois le centre d’extermination de San Miguel. Après que l’incendie ait démarré les prisonniers ont appelé les matons qui ne leur ont répondu qu’en se moquant. Puis depuis l’intérieur de la prison avec des téléphones rentrés là clandestinement les prisonniers décident d’appeler directement les pompiers qui en arrivant à la prison sont freinés par les matons qui attendent l’arrivée des anti-mutineries (NdT : équivalent aux ERIS) pour ensuite laisser les pompiers éteindre le feu. Lors de l’évacuation des prisonniers les survivants sont systématiquement roués de coups par les anti-mutineries.
Tout le monde s’accorde à dire que ce moment a permis la propagation du feu.

Au sujet de l’origine du feu les matons parlent d’une bagarre entre prisonniers, tandis que les prisonniers qui ont appelé avec des portables parlaient de court circuit.

Finalement ça sera le procureur Alejandro Peña qui mènera l’enquête pour gonfler un peu plus son CV.

Les portes paroles du pouvoir promettent d’améliorer ces constructions macabres, ils ânonnent qu’ils vont construire encore plus de prisons, avec la rentabilité évidente que produisent les prisons  semi-privées (la folie mercantile dans son expression maximale : gagner de l’argent au prix de l’enfermement). Ils parlent du besoin d’augmenter le nombre de matons. La réponse continue d’être plus de répression contre ceux qui transgressent l’ordre des riches.

Quatre-vingts et une personnes sont mortes due à la vengeance de l’État et d’une société qui désire punir. Regardez les corps calcinés, écoutez la liste des noms, prenez conscience de la vie fermée de jeunes de 20 ans, noyez-vous avec toutes les larmes des familles. C’est le résultat de la « guerre contre la délinquance » que les puissant ont déchaîné. La peur, l’insécurité et la paranoïa sociale. Ce sont les morts que désirent tellement toutes les émissions policières, les journalistes qui parlent en permanence de durcir les peines d’emprisonnement, les juges qui condamnent à des années et années derrière les grilles, les bons citoyens qui veulent la mort de ceux qui transgressent les lois, qui sont furieux à l’évocation de « la porte tambour » ou des « bénéfices aux délinquants ». Tout cela c’est de leur responsabilité, même s’ils essaient sans y arriver de jouer les ignorants. Sentez  l’odeur de la chaire brûlée, voyez les corps empilés, écoutez les cris assourdissants de ceux qui brûlaient vifs derrière les barreaux, devenez fous avec les cris des proches. Ce monde de fouet et d’enfermement qu’ils veulent construire, leur façon de contrôler, les camps de concentration d’hier sont les prisons d’aujourd’hui, et on justifie toute sorte de torture et d’humiliation avec la peur et l’indifférence complice d’une société rendue folle dans son autonomie et désir d’opprimer.

PARCE QU’ILS VEULENT FAIRE DE CE MONDE UNE PRISON, NOTRE LUTTE NE LAISSERA AUCUNE PRISON DANS CE MONDE. N’OUBLIONS JAMAIS QUE CHAQUE MORT EN PRISON EST UN CRIME DE L’ÉTAT.

 FORCE ET SANTÉ AUX PROCHES QUI VIVENT CES DURS MOMENTS. N’AYEZ JAMAIS CONFIANCE DANS LA GENDARMERIE.

8 DÉCEMBRE 2010, UN JOUR AMER. UNE MINUTE DE SILENCE DANS LA SECTIONS DE HAUTE SÉCURITÉ. UN MILLION DE CRIS REBELLES CONTRE L’ENFERMEMENT TORTIONNAIRE ET SES CONSÉQUENCES NÉFASTES.

 Felipe Guerra.
Prisonnier Politique Anti-autoritaire

____________________________________

La tristesse se convertit en rage, la consternation se convertit en rejet de la prison et ses matons. Les cris des morts se convertissent en cris de rébellion contre ce monde qui construit des centres d’extermination.

Aujourd’hui on commence à remettre en question le fonctionnement des prisons en affirmant qu’elles sont délabrées, cependant cet événement terrible n’est que le reflet du dépérissement du système dans sa totalité, de son incapacité à créer et favoriser des relations sociales saines. La remise en question devrait donc être dirigée contre la société qui crée ces centres d’extermination destinés à l’anéantissement mental et physique des êtres humains, et qui a inévitablement besoin de prisons pour se perpétrer. C’est dans ces lieux, où se matérialise la criminalisation de la pauvreté et la persécution d’idées et de modes de vie contraires à ceux qui sont hégémoniques,  que l’autoritarisme de cette société nous montre un de ses pires visages. Dans ces moments, qui n’ont duré que quelques jours, lorsque différents secteurs politiques et sociaux sensibilisés par l’horreur des morts se sont levés pour demander des améliorations dans les prisons, de nouvelles constructions, en finir avec l’entassement, mettre plus de matons, en définitive réformer ce système de mort, et certains d’entre nous ont dit encore plus fort : Finissons-en avec toutes les prisons ! Finissons-en avec la société carcérale !

Francisco Solar Domínguez.
Prisonnier dans la prison de Haute Sécurité

 

Publicación Refractario

tumblr_m3cfg8OoYn1qdnodmo1_500

Prolongation de la garde à vue de Monica et Francisco

8733223131_e325039986_zLa section spéciale (anti)terroriste a demandé une prolongation du délai spécial d’isolement et d’incommunication dans lequel se trouvent les détenus. Ainsi le juge Eloy Velasco a accepté de prolonger cette situation de 48 heures.

Les raisons de ce prolongement sont que la police veut analyser ce qu’ils ont trouvé dans l’appartement où ont été arrêté-e-s les compagnon-ne-s, et continuer de les interroger.

On ignore l’endroit où ils ont été séquestré-e-s. Il a été dit qu’ils se trouvaient à la préfecture de police de Barcelone, au Commissariat Général de l’Information ( siège de la section (anti)-terroriste à Madrid), ainsi que dans la section de transfert de la prison de Soto del Real (Madrid).

Les compagnon-ne-s ne peuvent pas communiquer entre eux, et sont interrogé-e-s par la police.

Face à l’impunité avec laquelle la police transfère et cache nos compagnon-ne-s et depuis la distance qui nous éloigne d’eux, l’appel est toujours de renforcer les liens de solidarité internationalistes pour accompagner les compagnon-ne-s. Que la police et l’État ne sentent pas qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec nos compagnon-ne-s détenu-e-s.

Pour l’instant il faut attendre que les compagnon-ne-s soient conduit-e-s à l’Audiencia Nacional à Madrid le dimanche 17 novembre à 10h, pour qu’on y voit un peu plus clair dans les accusations qui pèsent contre eux et savoir s’ils vont devoir faire de la « prison préventive ».

Monica et Francisco sont accusé-e-s de l’attaque explosive contre la basilique del Pilar (Saragosse) qui a eu lieu début octobre.

Selon ce que la presse a divulgué, un soi-disant plan de la basilique de Montserrat de Barcelone aurait été trouvé, de plus ils pourraient aussi être inculpé-e-s pour le placement de l’engin explosif de la cathédrale de La Almudena à Madrid en février 2013, action revendiquée par le même groupe.

Des « fuites » dans la presse informent qu’il y a quelques semaines une délégation de l’ANI (sorte de DCRI chilienne), comprenant son directeur Gonzalo Yuseff, s’est pris des vacances anti-terroristes en Espagne, dans le but de se réunir avec leurs collègues de la Police Nationale d’Espagne, coordonner et planifier les arrestations de Monica et Francisco : ils ne leur pardonneront jamais d’avoir été acquitté-e-s dans le « Caso Bombas »; et la raison et vengeance de l’État l’exigeant, ils sont allés jusqu’à traverser l’océan pour les emprisonner.

Devant la collaboration des États : solidarité internationaliste !
Solidarité sans limite avec Monica et Francisco !!

Publicación Refractario

 

Étendre les liens de solidarité, écrit par des ex inculpé-e-s du Caso Bombas

577994_3062958295929_1322626911_32212367_124664693_nLe 13 novembre nos compagnon-ne-s Mónica et Francisco ont été arrêté-e-s par les forces répressives de l’État espagnol, accusé-e-s d’attaque contre la basilique del Pilar en Espagne.
Devant cette situation se déchaîne un ouragan de déclarations grandiloquentes entre des personnages des deux gouvernements, des félicitations de procureurs ressuscités et de ministres de l’Intérieur recyclés.

Mónica et Francisco ont été arrêté-e-s en août 2010 dans le cadre de ce qu’on a appelé le Caso Bombas. Tous les deux ont fait face au procès avec dignité et révolte, plus de 9 mois de prison en régime de haute et maximale sécurité, ils ont refusé le chantage du procureur, ont mené avec le reste des accusé-e-s une grève de la faim de plus de 65 jours et ont fait face à l’un des procès les plus longs, sortant en étant acquitté-e-s et avec les convictions intactes.

Les accusations des médias et de la police auxquelles doivent faire face les compagnon-ne-s se basent sur le fichage juridique du procès du Caso Bombas, razzia qui s’est déchaînée contre des lieux, un milieu et des individus acrates.

Maintenant les puissants prétendent ressusciter le cadavre du Caso Bombas, menaçant d’ouvrir de nouveaux procès contre nous, et devant ça nous sommes clairs : nous rejetons les accusations, mais nous ne nions pas qui nous sommes, nos idées, nos liens, notre passé, présent et futur de lutte.

Il n’y a jamais eu et il n’y a pas d’organisation terroriste anarchiste, il n’y a pas de leaders informels, de centres de pouvoir ni de financement terroriste. Ces délires d’enquêtes essaient juste de nous cataloguer dans des logiques d’organisation et de vie que nous refusons dans la pratique . Nous méprisons les méthodes du pouvoir et devant cela l’État nous identifie comme les éternels suspects et coupables.

Au delà des pirouettes de juges, ministres de l’Intérieur, procureurs et journalistes, nous restons fermes dans la conviction que le procès judiciaire commencé en 2010 était une infamie qui a cherché à illégaliser des relations d’amitié, qui a attaqué des lieux, pointé du doigts des choix de vie et des luttes passées et présentes.

La complicité de l’État espagnol avec l’État chilien laisse voir le visage terroriste de n’importe quelle structure de pouvoir, qui maintient sa domination grâce à la surveillance et la peur.

Nous lançons un appel énergique à se solidariser avec Mónica et Francisco, en tant que compagnon-ne-s anarchistes, au delà de tout jugement, tout comme nous exprimons notre solidarité avec tous ceux/celles séquestré-e-s par les États à travers le monde.

Malgré la distance géographique qui nous sépare aujourd’hui, la détermination de lutte contre le pouvoir nous maintient uni-e-s. Pour rompre l’isolement et la peur il faut rapprocher les réalités et donner de la puissance à la solidarité.

Mónica et Francisco sont nos compagnon-ne-s et nous les défendons contre les campagnes médiatiques et policières menées par les deux États.

Parce que tous les États sont terroristes et toute prison est un centre d’extermination.

Solidarité révolutionnaire au delà de toute frontière.

Quelques inculpé-e-s du Caso Bombas
13 novembre 2013

Viva la anarquía

Cinq arrestations à Barcelone

guerra_a_la_calleCe mercredi 13 novembre vers 03h du matin, cinq compagnon-ne-s ont été arrêté-e-s dans un appartement du quartier Carmel de Barcelone, accusé-e-s d’être les auteurs de l’attaque à la bombe contre la basilique del Pilar de Saragosse, le 02 octobre dernier.

Parmi les arrêtés il y a Francisco Javier Solar Domínguez et Mónica Andrea Caballero Sepúlveda (compagnon-ne-s de la région chilienne, et ex inculpé-e-s du Caso Bombas, qui avaient passé 9 mois dans la Prison de Haute Sécurité de Santiago), ont aussi été arrêté-e-s Valeria Giacomoni (de la région italienne),  Gerardo Damián Formoso (de la région argentine) et Rocío Yune Mira Pérez (de la région chilienne).

Le ministre de l’Intérieur de l’État espagnol assure que les détenu-e-s font parti d’un « commando très bien organisé, extrêmement dangereux avec de fortes connexions internationales » (…) » ils sont très connu-e-s pour leur passé délictueux au Chili » (…). Le fait que les compagnon-ne-s arrêté-e-s soient étrangers ne fait que confirmer le délire de la police espagnole sur le fait que depuis plusieurs mois l’Espagne est en train de devenir un refuge pour anarchistes insurrectionnels.

Ceux qui sont accusé-e-s d’avoir mis la bombe sont pour l’instant Mónica et Francisco, qui auraient été identifié-e-s par des caméras de surveillance aux alentours de la basilique, le jour-même de l’explosion. L’attaque avait été revendiquée par le Comando Insurreccional Mateo Morral, le même groupe qui a revendiqué l’attaque dans la cathédrale de La Almudena à Madrid, le 7 février 2013.

La police espagnole avait pris contact avec Interpol et les services de renseignement chiliens (l’ANI) pour confirmer les identités de Francisco et Mónica, et le 8 novembre elle a informé le ministre de l’Intérieur chilien de l’arrestation imminente des suspects.

Les deux compagnon-ne-s seraient entre les mains de la police jusqu’au vendredi 15 où ils devraient comparaître devant le juge de la Audiencia Nacional (chargé des affaires de terrorisme) Eloy Velasco, pour délit caractéristique de l’article 570 du Code Pénal, législation antiterroriste qui peut mener à des peines de 15 à 20 ans. Ce même 15 novembre on verra si le juge accepte la demande de prison préventive pour les compagnon-ne-s. En parallèle plusieurs personnages (aussi funestes et sinistres les uns que les autres) font des déclarations en célébrant ces arrestations et en menaçant de ré-ouvrir le procès du Caso Bombas.

Depuis là où nous sommes nous transformons ces kilomètres en un insignifiant obstacle, nous ferons taire les voix des puissants des deux États qui résonnent, nous sortirons dans la rue face aux menaces de décennies de prison, pour faire de la solidarité une grande accolade qui s’établit loin des campagnes répressives …

Solidarité internationaliste !

 

hommodolars, Publicación Refractario, Material anarquista, Viva la anarquía

 

 

Entretien avec un compagnon du site Material Anarquista

Que signifie le 11 septembre pour le mouvement anarchiste au Chili ?

Avant toute chose il faut savoir que ce que je dis se base sur la vision d’un individu et peut être contredit. Ce qui est important dans cette date pour certain-e-s anarchistes c’est que ça symbolise une période où l’État, dirigé par Pinochet, va commencer une politique ouverte d’assassinats, de tortures, disparitions sélectives contre les différentes idées et individus qui voulaient l’empêcher de mener à bien son projet politique et économique, que ce soit des allendistes ou leurs ennemis. Mais c’est important d’établir clairement que ça n’est pas une date où nous commémorons le renversement d’un gouvernement social-démocrate ou la rupture institutionnelle de la structure de l’État, mais plutôt que nous nous rappelons à cette occasion de tous les combattant-e-s et guerrier-e-s qui ont lutté dans le contexte d’une dictature et particulièrement  ces individus qui pensaient qu’il fallait aller au delà de la lutte contre Pinochet et ses laquais. On peut aussi argumenter en disant que nous luttons le 11 septembre pour rompre avec la logique quotidienne du capital, et dans ce cas, avec la manifestation pacifique et bien cadrée dans les paramètres de nos ennemi-e-s. Pour nous n’importe quelle date est une excuse pour mettre en tension l’affrontement et aiguiser notre praxis, notre discours, contre toute autorité, parce  que la persécution, l’emprisonnement, la torture, la disparition et l’assassinat sont présents jusqu’à nos jours, ce qui prouve que nous nous trouvons dans une guerre sociale, la preuve avec les différents agissements de l’État dans les derniers gros cas de répression (Caso Bombas, Caso Security, la lutte des mapuches, José Huenante … ).

24293_583762448348642_261882043_n8s

Quelle influence a le mouvement anarchiste à Santiago dans les commémorations de cette année, les manifs et les autres événements ?

Je sais pas si on peut vraiment parler d’influence, ça serait donner une importance à la lutte anti-autoritaire dans la région chilienne qu’elle n’a pas au sein du mouvement social ou de masse, et en plus de ça je pense pas que ça soit une priorité pour nous. On participe de façon active à la lutte de rue au moment des manifs, et de même dans les différentes poblaciones de la périphérie qui ont une tradition de lutte et de combat contre le capital et l’autorité du gouvernement, indépendamment de qui se trouve au pouvoir.

Parce que des anars vivent dans ces quartiers ?

Parce qu’ils y vivent ou bien parce qu’ils y font un travail quotidien en dehors de ces dates.
Mais parler d’influence au moment de ces émeutes … on ne peut pas s’en attribuer la responsabilité et c’est pas ce qu’on cherche.

De façon générale la manif du cimetière est importante ?

Oui elle est importante vu qu’elle passe par des endroits centraux de la capitale, et qu’il y a beaucoup de monde qui y participe, ce qui en fait un lieu où il est facile de générer le conflit et la convergence des idées anti-autoritaires dans la pratique, indépendamment de la façon dont se réalise la tension et l’affrontement des idées.

tumblr_msxk3nZsQE1r9h873o1_1280Mais y a aussi d’autres personnes qui ne sont pas anarchistes qui sont actives dans la lutte de rue …

Bien sûr, penser que ceux qui participent dans les émeutes ne sont que des anarchistes serait une erreur, car il y a diverses tendances, tels des nihilistes, des groupes marxistes de tendances révolutionnaires, des trotskistes, des situationnistes ou simplement des individus qui n’ont pas d’idéologie particulière, mais qui simplement s’opposent à la réalité dans laquelle la société est immergée.

Il y a eu des discussions cette année au sujet des affrontements qui ont amené à ce que les flics rentrent dans l’enceinte du cimetière avec les canons à eau et les tanks lance gaz ?

Non, je trouve pas qu’il y ai des discussions au sujet des affrontements à l’extérieur du cimetière ou à l’intérieur, vu que la répression policière a toujours existé lors des manifs, et on se pose pas non plus en victimes face à l’offensive de l’État ou du capital. C’est leur culture, aux autorités, mais il y a toujours eu des affrontements, de même qu’il y a toujours eu des pourritures comme le Parti Communiste qui assume son rôle de flic rouge en remettant dans les mains des flics des encapuchadxs, et les plateformistes qui restent silencieux face à ça.

tumblr_msu4gcNUlF1r9h873o1_500Mais ils critiquent les émeutes de façon générale non ?

Ils critiquent les encapuchadxs, ils aiment pas la violence, et pour le Parti Communiste et la société en général, tout encapuchadx est un anarchiste, c’est pour ça que les anarchistes ici sont ennemis à mort avec le Parti Communiste, en tout cas c’est ma perception personnelle.

Tu peux nous dire quelles sont les relations entre anarchistes et groupes marxistes comme le MIR ou d’autres ? Si il y a des activités communes, si ils sont amis, si ils se coordonnent pour les manifs, etc …

Ici dans les manifs chacun fait son truc dans son coin, mais on sait que si tu te masque le visage ou tu fais parti d’une tendance et que tu lutte contre les flics, et bien que tu sois marxiste et que je sois anar, on va lutter ensemble, on va pas permettre qu’on nous touche, qu’on nous arrête. Mais actuellement dans les manifs ça fonctionne de manière séparée, chacun avec son groupe d’affinité, pas un gros bloc, mais des petits groupes qui se trouvent au même endroit et s’affrontent aux flics en même temps, mais chacun fonctionnant par groupes séparés et s’en va séparément, sans aucune coordination avant la manif, mais chacun amène ses trucs.

Mais en dehors des manifs il y a des connexions entre anarchistes et ces groupes marxistes ?

En dehors des manifs c’est la même logique qui se répète, mais parler de connexions je le trouve pas pertinent, vu que ça n’est pas la réalité, mais dans les poblaciones c’est différent.

Tu peux être plus précis ?

Dans les manifs on fonctionne seul et dans les poblaciones il y a des coordinations afin que les personnes qui participent aux émeutes ne soient pas arrêtées, parce que c’est beaucoup plus facile de se faire arrêter dans les poblaciones que dans une manif. Cette année dans la nuit du 11 septembre il y a eu 32 arrestations à Villa Francia, 14 accusé-e-s de port de bombe incendiaire et les 28 autres pour désordre public, et le 21 septembre la court d’appel a imposé l’arrestation domiciliaire total pour les 14 le temps de l’enquête.

392986_10200624277383068_1320153833_n

Mais il y a des anarchistes qui ont des liens avec le MIR et les autres groupes ?

Oui, bien sûr qu’au quotidien on a des rapports avec eux, mais on ne fonctionne pas ensemble, ce qui existe ce sont des liens à niveau individuel, des amis, des proches, mais rien de plus que ça …

Comment les anarchistes diffusent l’information avant des événements, comment se fait la propagande de manière générale ?

Les manifs sociales sont appelées par la propagande écrite par les organisations marxistes ou les ONG, comme par exemple le 1°mai est appelé par la CUT (Centrale Unitaire de Travailleurs, fondée à la base par des trotskistes et anarchistes).

Les activités anarchistes sont diffusées sur les sites comme Material Anarquista, Hommodolars, Viva la Anarquía, à une époque Liberación Total.

Tu parle de concerts, marchés, etc … ?

Oui, et des activités pour les prisonniers.

C’est pas pour les manifs …

Ça dépend de quel genre de manifs, celles pour le Caso Security, à un certain moment le Caso Bombas, les meetings solidaires pour les prisonniers ou pour la libération animale oui …

Et comment les gens pensent que l’information peut être diffusée ?

Ben lors que ce sont des activités ça se fait uniquement sur internet, lorsque ce sont des manifs pour les prisonnier-e-s ça se fait aussi sur internet, lorsque ce sont des appels comme pour la foire du livre anarchiste, ou des activités dans un squat ça se fait par des affiches et sur internet.
Les anarchistes aujourd’hui utilisent beaucoup internet, et actuellement facebook est très utilisé, son influence est très forte ici, et c’est pour ça que des sites d’activités anarchistes et des sites de contre-information ont une partie consacrée uniquement aux événements anarchistes. Mais les manifestations comme les manifs étudiantes, de travailleurs, ce ne sont pas les anarchistes qui les appellent, mais seulement on y participe de manière spontanée, que ce soit par le combat de rue ou autre.

Qu’est-ce que tu penses de l’utilisation de facebook ou de twitter pour mobiliser, diffuser des infos en général (Ndt : facebook étant l’unique moyen de s’informer au sujet de manifestations au Chili, car Indymedia ou des sites participatifs dans le genre sont inexistants) ?

Honnêtement je n’aime pas qu’on utilise facebook pour appeler à des manifs, parce qu’au niveau sécurité c’est dangereux. Mais aussi malheureusement la majorité des anarchistes ici utilisent facebook et les gens attendent que l’information leur arrive directement là. Et donc pour appeler à quoi que ce soit tu n’as pas d’autre choix que d’utiliser ce moyen de communication parce que ceux qui se maintiennent informés à travers les sites de contre-information sont peu, peu de gens lisent ces sites régulièrement de la même manière que facebook.

Est-ce que le cas des 5 de Barcelone qui ont été arrêtés grâce à facebook est connu ici ?

Très peu, ou alors je sais pas si on se rend bien compte de l’importance de cette affaire. Ici il y a une confiance dans l’utilisation de facebook, et des moyens de communication à travers internet, et on n’utilise pas d’outils de sécurité comme Tor, Riseup, Jabber, etc, parce que dans le contexte d’aujourd’hui il n’y a que les administrateurs de sites qui sont poursuivis.

Et ce gamin que la PDI (Police D’Investigation) a enlevé en mai lors d’une manif et qu’elle a forcé à rentrer dans son compte facebook ?

Oui … mais les gens ne voient pas le danger que représente facebook, même si certains en ont tout à fait conscience, la majorité ne voient pas le danger de publier des infos anarchistes ou de ce genre sur facebook.

L’utilisation d’affiches, de tracts, d’assemblée, est importante ou non dans le mouvement anarchiste ?

C’est important, mais ça dépend de l’endroit. Dans le centre de Santiago y a une plus grande diffusion, on en voit plus, mais dans les périphéries on utilise plus internet parce que le territoire est trop grand pour coller de l’info dans tous les coins, et les gens pensent que c’est plus dangereux de coller une affiche dans la rue que de poster l’info sur facebook. Parce que y a eu des cas d’arrestation pour le 29 mars et le 11 septembre pour collage d’affiches qui appelaient à se révolter dans les rues.

Il y a des liens entre les anarchistes et la lutte dans les poblaciones ?

Oui, il y a des liens. Il y a des gens qui montent des bibliothèques ou font un travail avec les enfants. Il y a aussi des anarchistes qui y font des jardins potagers ou des ateliers de gynécologie autonome, et des radios, comme Radio Furia, Radio Mauricio Morales, Kontrababylon, etc …

Quel impact a eu le Caso Bombas sur le mouvement anarchiste à Santiago ?

On peut avoir plusieurs lectures à ce sujet. L’une c’est que le Caso Bombas a clairement fragilisé le mouvement anarchiste. Avant cette affaire l’anarchisme était en plein essor, de plus en plus de personnes se joignaient à ce mouvement, mais à la suite de ça de nombreuses personnes se sont retirées de la scène anarchiste de peur d’être arrêtées, alors que d’autres personnes ont gardé leurs positions et leurs réflexions par rapport à l’idée anti-autoritaire mais ont décidé de disparaître du spectre plus social ou plus visible de l’anarchisme qui se trouve dans les squats, et faire profil bas. Et le Caso Bombas a encore plus atomisé le mouvement anarchiste, les gens se sont mis à agir plus au niveau de l’affinité et de la confiance en connaissant les personnes avec qui on est, parce qu’il y a eu des cas comme celui de Grillo, qui ne faisait pas parti du mouvement mais fréquentait les lieux anti-autoritaires, et ce type a balancé des compagnons, devenant une pièce fondamental dans le montage du Caso Bombas, et mis à part ça il avait aussi poignardé une compagnonne et il vendait de la drogue sur des lieux de lutte.

Tu crois qu’il manque une structure anarchiste sur Santiago, tel que des endroits pour se retrouver et partager, des bars, ou des lieux dans la rue où l’on sait qu’on peut toujours y trouver des compas ?

Y a un manque de lieux c’est certain. Il y a eu auparavant des lieux qui ne se déclaraient pas nécessairement anarchistes mais où participaient les anarchistes, par exemple Emporio Raices, qui étaient une cafétéria végane et où se vendait aussi du matériel végan et anarchiste. Mais il manque des lieux ici en dehors des squats dans lesquels tout le monde ne va pas parce qu’il y a des squats très différents les uns des autres, et chaque maison est vue depuis l’extérieur d’une façon parfois déformée, sous les étiquettes soit de plateformistes, insurrectionnalistes ou de centre de soirées et de fêtes.

Donc en gros ce qu’il manque c’est des lieux où des gens différents pourraient se croiser ?

C’est ça, il manque des espaces qui ne soient pas catégorisés, que ce soit plateformistes ou insurrectionnels, il manque des lieux de convergence. Et pour moi le lieu qui se définit anarchiste ou anti-autoritaire c’est celui qui soutien la cause anti-carcérale, qui veut détruire l’autorité de l’État, qui ne soutient pas le patriarcat ou l’une des milliers de formes que peut prendre l’idée autoritaire. Parce qu’avec le Caso Bombas les anarchistes se sont maintenus dans la lutte anti-autoritaire, ils ont travaillé ensemble pour soutenir les inculpés de plusieurs façons, participer aux manifs, etc … Ce qui n’est pas le cas des plateformistes, qui à mes yeux ne sont ni compagnons ni anarchistes, qui ne se sont pas solidarisé avec le Caso Bombas. Le problème dans le mouvement anarchiste de la région chilienne c’est que ça ne fonctionne que par circonstance, par manque de lieu, et qu’on partage entre nous uniquement dans les moments critiques, lorsqu’il y a des arrestations et des trucs du genre.

Donc y a un manque d’espace en dehors des moments de répression c’est ça ?

En dehors des moments de répression et en dehors des événements organisés simplement, il manque juste un lieu où l’on pourrait socialiser, où on pourrait discuter.

Et en général les gens sentent le besoin d’avoir des quartiers ou des rues où se concentrent des lieux et des gens anti-autoritaires, comme on peut le voir dans des villes comme Berlin ou Athènes ? Est-ce qu’on parle de s’approprier la rue ou d’être plus présents dans certains endroits, ou bien c’est trop difficile d’occuper la rue ?

Je suis pas sûr qu’avoir un espace comme ça soit quelque chose de primordial pour nous. Parce qu’ici les anarchistes sont poursuivis, socialement aussi, parce que les médias ont fait le travail de propager l’idée que les anarchistes sont les poseurs de bombe ou ceux qui portent des cagoules.

Ça te semblerait dangereux d’avoir de tels lieux ?

Dans la rue oui, parce que si ces lieux existaient il y aurait de la répression permanente. Mais c’est aussi que les gens ont d’autres genre de projets, comme d’organiser la solidarité avec les prisonnier-e-s, il y a aussi tout ce qui concerne la lutte de libération animale et chacun-e lutte à sa manière, et ça c’est quelque chose d’important. Je crois que plus que d’avoir un lieu ce qui me paraît important c’est qu’il y ait de la solidarité avec les prisonnier-e-s. Et il me semble que de nos jours si ces lieux n’existent pas c’est qu’il y a une raison. Mais c’est certain que c’est nécessaire d’avoir de tels lieux, et c’est dans ce sens que ce sont crées la librairie Flora Sanhueza, ou les bibliothèques Sante Gerónimo Caserio, la Sacco y Vanzetti, la Hiedra …

Quel genre de rapport ont les anarchistes avec le mouvement étudiant (universitaire et lycéen) ?

Ce sont deux cas différents que celui des lycéens et des étudiants de la fac. Le mouvement universitaire existe à l’heure des manifs, et à l’heure de s’affronter avec les flics il y a une participation majeure des anarchistes. Mais actuellement là où l’anarchisme a la plus grande participation c’est dans le mouvement lycéen, où le discours anarchiste a un poids plus important.

Mais j’ai pas l’impression qu’il y ait tellement d’échange entre les lycéens et les autres anarchistes, par exemple dans les activités dans les squats ou d’autres lieux il me semble pas qu’on y voit beaucoup de lycéens.

Bon, il existe une communication entre eux, mais les autres anarchistes plus âgés ne se posent pas en guide là pour les éclairer, mais il y a eu des activités dans les lycées bloqués avec d’autres anarchistes, ça c’est sûr.

Cette question concerne le texte Ni oublie ni cérémonie : contre le culte de la charogne, qu’est-ce que tu penses de la critique que fait ce texte  ?

En ce qui concerne ce texte à la première lecture j’ai clairement été dérangé et je crois que pas mal de personnes partagent cette impression. Je ne crois pas qu’un compagnon mort au combat doit être iconisé, qu’on doit en faire une référence dans l’anarchisme ou bien un nouvel héros. Sincèrement je pense que malheureusement dans certains cas on tombe dans ça, mais aussi lors d’actions qui cherchent à frapper où ça fait le plus mal et créer un conflit dans la quotidienneté de la société. Le fait que des compagnon-ne-s fassent référence dans un communiqué à un compagnon, dans ce cas à Mauri, ne me gène pas outre mesure, parce que j’ai confiance dans le fait que chaque frère/sœur qui se positionne dans l’offensive contre l’autorité et cherche la libération totale, ne le voit pas comme une icône ou un héros, mais comme un frère qui manque à sa meute agitée qui ne se laisse pas domestiquer. Ce n’est pas facile de perdre un frère avec qui on partageait quotidiennement, vu qu’au sein de l’anarchisme, ce genre d’offensive est récente et nous sommes une génération qui reconnaît ce que d’autres compagnon-ne-s ont fait, mais dans son cas c’est différent parce que lui c’est pas quelqu’un qu’on connaît à travers un bouquin, mais quelqu’un avec qui on a vécu.

Ces critiques je les trouve valables, mais je ne sais pas si il y a une réponse à court terme qui devrait être hégémonique, vu que nous parions sur l’individualité et chaque sujet doit voir comment il fait face à la perte d’un frère. Les critiques doivent chercher la réflexion interne de chaque sujet mais d’abord de celui qui les écrit. En tout cas en tant que site de contre-information nous trouvons que c’est nécessaire de se souvenir d’un frère mort au combat autant lors de l’anniversaire de sa mort qu’au quotidien, lors d’un communiqué ou dans nos vies en général, et j’insiste sur le fait qu’on peut critiquer, mais il faut faire attention à avoir une vision individuelle en ce qui concerne la manière dont la meute fait face à la perte d’un frère ou comment elle voudrait faire face à cette perte.

Cette critique me fait penser aux différences et discussions continuelles qui ont lieu dans les différents cercles anarchistes, mais j’espère qu’elles ne se teignent pas de l’autoritarisme du militant anarchiste, comme on a pu le voir par exemple avec les critiques de Federico Buono sur le compagnon Stefano de Culmine, où l’on remet en question un compagnon dans une situation particulière, et je crois sérieusement que par publications sur internet ces critiques ne sont pas appropriées et provoque en nous un profond mécontentement de critiquer de cette façon un compagnon qui se trouve en prison, pas pour rien, mais justement pour être anarchiste et ennemi de la prison. Ce pour quoi je crois qu’il faut prendre en compte les critiques qui se font, mais aussi par qui elles sont faites et dans quel but.

LIENZOAu sein du mouvement anarchiste chilien est-ce qu’on parle de ce qui se passe en Europe ?

Oui, on parle de l’Europe, de ce qui s’est passé en France et surtout en Grèce. De ce qui se passe en Italie, particulièrement des cas de répression. Sur la Grèce on parle de ce qu’il s’y passe, des actions, des différents espaces et la force qu’ils peuvent avoir là-bas, et comment est la lutte là-bas, et de ce qu’on peut tirer de toutes ces expériences. Comme je disais dans la réponse antérieure, on parle aussi de l’Italie et particulièrement de ce qui s’est passé avec les compagnon-ne-s de Culmine. On parle aussi de la vision qu’on peut avoir en Europe sur ce qui se passe au Chili, particulièrement par rapport aux visites et questions et perceptions de la lutte anti-autoritaire dans cette région, parce qu’il y a eu des cas de répression et l’offensive par quelques frères/sœurs est connue, mais je pense réellement que cette vision peut souvent surestimer l’anarchisme d’ici, parce que malheureusement avec les différentes affaires des répression la lutte a été plus lente que ce qu’on voudrait en tant qu’habitants de cette région comme à niveau plus global.

Maintenant je pense que ce qui se dit sur l’Europe c’est que la lutte continue malgré toutes les attaques de l’État et du Capital, et que ce sont clairement les même désirs qu’on voit dans la lutte anti-autoritaire qui génèrent l’envie de continuer de lutter et de frapper, que dans cette région du cône sud.