Verdict du procès du Caso Security

lienzoafueraveredictoLe 2 juillet Juan, Freddy et Marcelo n’étaient pas présents pour le verdict du procès, refusant d’assister à ce spectacle juridique auquel les proches ne pouvaient assister que par visioconférence.

Le verdict du procès est le suivant :

Juan Aliste : 18 ans pour être le présumé auteur de l’homicide sur Moyano + 10 ans pour la tentative d’homicide sur le flic Abarca + 14 ans pour le braquage de la banque Santander à Valparaíso et la banque Security = 42 ans de prison au total

Freddy Fuentevilla : 5 ans pour être le présumé complice de l’homicide sur Moyano + 3 ans pour être le présumé complice de la tentative d’homicide sur Abarca + 7 ans pour le braquage dans la banque Security = 15 ans de prison au total

Marcelo Villarroel : 14 ans pour le braquage sur la banque Santander de Valparaíso et la banque Security

Publicación Refractario

 

Brève mise à jour concernant des prisonniers au Chili

oiseauLe 5 juin 2014 Victor Montoya, qui avait été emprisonné en février 2013, accusé d’avoir placé une bombe contre un commissariat dans la commune de Las Vizcachas, a été acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui. Il est maintenant dehors.

Le 13 juin 2014 Alfonso Alvial et Hermes González ont été condamnés à 5 ans de liberté surveillée, après avoir passé 6 mois de préventive en section de sécurité maximale, suite à un braquage qui avait mal tourné le 11 décembre 2013, au cours duquel le compagnon Sebastián Oversluij a été tué. Ils ont été condamnés pour vol avec intimidation et port illégal d’armes.

Et enfin,  la « lecture de la sentence » dans le cadre du procès du Caso Security qui se déroule depuis plusieurs semaines aura lieu le 2 juillet 2014.

 

Revendication d’attaque incendiaire sur un DAB

Enfant-Incendiaire

Quelques jours avant que les juges et procureurs jugent et décident de la vie de nos compagnons, manifestant de nouveau l’obscure et sinistre labyrinthe de punitions servant d’exemples contre ceux qui  prennent le chemin de la guerre et l’offensive face à l’ordre de l’État-Capital, nous avons besoin d’exprimer la solidarité de façon concrète pour que ces bourreaux-mercenaires de la liberté sentent le poids de l’irrépressible action révolutionnaire liée à l’histoire de lutte et cohérence des compagnons accusés du braquage d’une succursale bancaire et de la mort du brigadier Luis Moyano, en 2007.

Durant six ans le Pouvoir et la presse, dans leur dynamique répressive, ont harcelé et insulté les compagnons emprisonnés et leurs cercles de proches, par des méthodes grossières et dépassant cette même légalité qu’ils défendent. Selon les différents contextes où se sont déroulés cette persécution et procès politique, l’autorité a prouvé que la mort du sbire est l’argument facile pour chercher à arrêter ceux/celles qui font de leur vie une menace latente contre l’inertie de l’ordre actuel citoyenniste et démocratique.

Dans le cadre de la Journée d’Agitation Solidaire Internationaliste du 14 au 25 mars, notre attaque prétend être un appel complice à ceux/celles qui dépassent la théorie par l’irréductible force de l’action insurrectionnelle, afin que nos convictions avancent démesurément devant les horribles murs de cette prison de Haute Sécurité où l’on prétend éradiquer le positionnement de lutte de nos compagnons.

Nous prenons aussi position en rappelant dans la rue les noms et idées d’autres compagnon-ne-s emprisonné-e-s au cours de cette Guerre Sociale dans le territoire dominé par l’État chilien. Parce que nous avons une responsabilité révolutionnaire face à l’histoire. Notre solidarité détruit aussi les frontières, langues et drapeaux, avançant décidé-e-s et avec le poing levé lorsqu’il s’agit de défendre un-e compagnon-ne prisonnier-e sous le joug d’autres États, comprenant que la coordination des Puissants n’a pas de frontière.

De la même manière que ce procès et sa trame ne doivent pas passer inaperçus pour ceux qui affrontent l’autorité, car c’est une source d’expérience et d’analyses. Nous croyons que d’autres histoires de lutte ne doivent pas non plus être oubliées, la mémoire est une arme et nous nous rappelons de Johnny Cariqueo, Norma Vergara, tombé-e-s un certain mois de mars.

À trois mois de la mort de Sebastián Oversluij suite à une expropriation.

À quelques mois de l’anniversaire des cinq ans de la mort de Mauricio Morales, nous défendons la vie de lutte que les compagnons ont décidé de mener pour affronter le pouvoir et ses dynamiques.

Hommodolars

Entretien avec un compagnon du site Material Anarquista

Que signifie le 11 septembre pour le mouvement anarchiste au Chili ?

Avant toute chose il faut savoir que ce que je dis se base sur la vision d’un individu et peut être contredit. Ce qui est important dans cette date pour certain-e-s anarchistes c’est que ça symbolise une période où l’État, dirigé par Pinochet, va commencer une politique ouverte d’assassinats, de tortures, disparitions sélectives contre les différentes idées et individus qui voulaient l’empêcher de mener à bien son projet politique et économique, que ce soit des allendistes ou leurs ennemis. Mais c’est important d’établir clairement que ça n’est pas une date où nous commémorons le renversement d’un gouvernement social-démocrate ou la rupture institutionnelle de la structure de l’État, mais plutôt que nous nous rappelons à cette occasion de tous les combattant-e-s et guerrier-e-s qui ont lutté dans le contexte d’une dictature et particulièrement  ces individus qui pensaient qu’il fallait aller au delà de la lutte contre Pinochet et ses laquais. On peut aussi argumenter en disant que nous luttons le 11 septembre pour rompre avec la logique quotidienne du capital, et dans ce cas, avec la manifestation pacifique et bien cadrée dans les paramètres de nos ennemi-e-s. Pour nous n’importe quelle date est une excuse pour mettre en tension l’affrontement et aiguiser notre praxis, notre discours, contre toute autorité, parce  que la persécution, l’emprisonnement, la torture, la disparition et l’assassinat sont présents jusqu’à nos jours, ce qui prouve que nous nous trouvons dans une guerre sociale, la preuve avec les différents agissements de l’État dans les derniers gros cas de répression (Caso Bombas, Caso Security, la lutte des mapuches, José Huenante … ).

24293_583762448348642_261882043_n8s

Quelle influence a le mouvement anarchiste à Santiago dans les commémorations de cette année, les manifs et les autres événements ?

Je sais pas si on peut vraiment parler d’influence, ça serait donner une importance à la lutte anti-autoritaire dans la région chilienne qu’elle n’a pas au sein du mouvement social ou de masse, et en plus de ça je pense pas que ça soit une priorité pour nous. On participe de façon active à la lutte de rue au moment des manifs, et de même dans les différentes poblaciones de la périphérie qui ont une tradition de lutte et de combat contre le capital et l’autorité du gouvernement, indépendamment de qui se trouve au pouvoir.

Parce que des anars vivent dans ces quartiers ?

Parce qu’ils y vivent ou bien parce qu’ils y font un travail quotidien en dehors de ces dates.
Mais parler d’influence au moment de ces émeutes … on ne peut pas s’en attribuer la responsabilité et c’est pas ce qu’on cherche.

De façon générale la manif du cimetière est importante ?

Oui elle est importante vu qu’elle passe par des endroits centraux de la capitale, et qu’il y a beaucoup de monde qui y participe, ce qui en fait un lieu où il est facile de générer le conflit et la convergence des idées anti-autoritaires dans la pratique, indépendamment de la façon dont se réalise la tension et l’affrontement des idées.

tumblr_msxk3nZsQE1r9h873o1_1280Mais y a aussi d’autres personnes qui ne sont pas anarchistes qui sont actives dans la lutte de rue …

Bien sûr, penser que ceux qui participent dans les émeutes ne sont que des anarchistes serait une erreur, car il y a diverses tendances, tels des nihilistes, des groupes marxistes de tendances révolutionnaires, des trotskistes, des situationnistes ou simplement des individus qui n’ont pas d’idéologie particulière, mais qui simplement s’opposent à la réalité dans laquelle la société est immergée.

Il y a eu des discussions cette année au sujet des affrontements qui ont amené à ce que les flics rentrent dans l’enceinte du cimetière avec les canons à eau et les tanks lance gaz ?

Non, je trouve pas qu’il y ai des discussions au sujet des affrontements à l’extérieur du cimetière ou à l’intérieur, vu que la répression policière a toujours existé lors des manifs, et on se pose pas non plus en victimes face à l’offensive de l’État ou du capital. C’est leur culture, aux autorités, mais il y a toujours eu des affrontements, de même qu’il y a toujours eu des pourritures comme le Parti Communiste qui assume son rôle de flic rouge en remettant dans les mains des flics des encapuchadxs, et les plateformistes qui restent silencieux face à ça.

tumblr_msu4gcNUlF1r9h873o1_500Mais ils critiquent les émeutes de façon générale non ?

Ils critiquent les encapuchadxs, ils aiment pas la violence, et pour le Parti Communiste et la société en général, tout encapuchadx est un anarchiste, c’est pour ça que les anarchistes ici sont ennemis à mort avec le Parti Communiste, en tout cas c’est ma perception personnelle.

Tu peux nous dire quelles sont les relations entre anarchistes et groupes marxistes comme le MIR ou d’autres ? Si il y a des activités communes, si ils sont amis, si ils se coordonnent pour les manifs, etc …

Ici dans les manifs chacun fait son truc dans son coin, mais on sait que si tu te masque le visage ou tu fais parti d’une tendance et que tu lutte contre les flics, et bien que tu sois marxiste et que je sois anar, on va lutter ensemble, on va pas permettre qu’on nous touche, qu’on nous arrête. Mais actuellement dans les manifs ça fonctionne de manière séparée, chacun avec son groupe d’affinité, pas un gros bloc, mais des petits groupes qui se trouvent au même endroit et s’affrontent aux flics en même temps, mais chacun fonctionnant par groupes séparés et s’en va séparément, sans aucune coordination avant la manif, mais chacun amène ses trucs.

Mais en dehors des manifs il y a des connexions entre anarchistes et ces groupes marxistes ?

En dehors des manifs c’est la même logique qui se répète, mais parler de connexions je le trouve pas pertinent, vu que ça n’est pas la réalité, mais dans les poblaciones c’est différent.

Tu peux être plus précis ?

Dans les manifs on fonctionne seul et dans les poblaciones il y a des coordinations afin que les personnes qui participent aux émeutes ne soient pas arrêtées, parce que c’est beaucoup plus facile de se faire arrêter dans les poblaciones que dans une manif. Cette année dans la nuit du 11 septembre il y a eu 32 arrestations à Villa Francia, 14 accusé-e-s de port de bombe incendiaire et les 28 autres pour désordre public, et le 21 septembre la court d’appel a imposé l’arrestation domiciliaire total pour les 14 le temps de l’enquête.

392986_10200624277383068_1320153833_n

Mais il y a des anarchistes qui ont des liens avec le MIR et les autres groupes ?

Oui, bien sûr qu’au quotidien on a des rapports avec eux, mais on ne fonctionne pas ensemble, ce qui existe ce sont des liens à niveau individuel, des amis, des proches, mais rien de plus que ça …

Comment les anarchistes diffusent l’information avant des événements, comment se fait la propagande de manière générale ?

Les manifs sociales sont appelées par la propagande écrite par les organisations marxistes ou les ONG, comme par exemple le 1°mai est appelé par la CUT (Centrale Unitaire de Travailleurs, fondée à la base par des trotskistes et anarchistes).

Les activités anarchistes sont diffusées sur les sites comme Material Anarquista, Hommodolars, Viva la Anarquía, à une époque Liberación Total.

Tu parle de concerts, marchés, etc … ?

Oui, et des activités pour les prisonniers.

C’est pas pour les manifs …

Ça dépend de quel genre de manifs, celles pour le Caso Security, à un certain moment le Caso Bombas, les meetings solidaires pour les prisonniers ou pour la libération animale oui …

Et comment les gens pensent que l’information peut être diffusée ?

Ben lors que ce sont des activités ça se fait uniquement sur internet, lorsque ce sont des manifs pour les prisonnier-e-s ça se fait aussi sur internet, lorsque ce sont des appels comme pour la foire du livre anarchiste, ou des activités dans un squat ça se fait par des affiches et sur internet.
Les anarchistes aujourd’hui utilisent beaucoup internet, et actuellement facebook est très utilisé, son influence est très forte ici, et c’est pour ça que des sites d’activités anarchistes et des sites de contre-information ont une partie consacrée uniquement aux événements anarchistes. Mais les manifestations comme les manifs étudiantes, de travailleurs, ce ne sont pas les anarchistes qui les appellent, mais seulement on y participe de manière spontanée, que ce soit par le combat de rue ou autre.

Qu’est-ce que tu penses de l’utilisation de facebook ou de twitter pour mobiliser, diffuser des infos en général (Ndt : facebook étant l’unique moyen de s’informer au sujet de manifestations au Chili, car Indymedia ou des sites participatifs dans le genre sont inexistants) ?

Honnêtement je n’aime pas qu’on utilise facebook pour appeler à des manifs, parce qu’au niveau sécurité c’est dangereux. Mais aussi malheureusement la majorité des anarchistes ici utilisent facebook et les gens attendent que l’information leur arrive directement là. Et donc pour appeler à quoi que ce soit tu n’as pas d’autre choix que d’utiliser ce moyen de communication parce que ceux qui se maintiennent informés à travers les sites de contre-information sont peu, peu de gens lisent ces sites régulièrement de la même manière que facebook.

Est-ce que le cas des 5 de Barcelone qui ont été arrêtés grâce à facebook est connu ici ?

Très peu, ou alors je sais pas si on se rend bien compte de l’importance de cette affaire. Ici il y a une confiance dans l’utilisation de facebook, et des moyens de communication à travers internet, et on n’utilise pas d’outils de sécurité comme Tor, Riseup, Jabber, etc, parce que dans le contexte d’aujourd’hui il n’y a que les administrateurs de sites qui sont poursuivis.

Et ce gamin que la PDI (Police D’Investigation) a enlevé en mai lors d’une manif et qu’elle a forcé à rentrer dans son compte facebook ?

Oui … mais les gens ne voient pas le danger que représente facebook, même si certains en ont tout à fait conscience, la majorité ne voient pas le danger de publier des infos anarchistes ou de ce genre sur facebook.

L’utilisation d’affiches, de tracts, d’assemblée, est importante ou non dans le mouvement anarchiste ?

C’est important, mais ça dépend de l’endroit. Dans le centre de Santiago y a une plus grande diffusion, on en voit plus, mais dans les périphéries on utilise plus internet parce que le territoire est trop grand pour coller de l’info dans tous les coins, et les gens pensent que c’est plus dangereux de coller une affiche dans la rue que de poster l’info sur facebook. Parce que y a eu des cas d’arrestation pour le 29 mars et le 11 septembre pour collage d’affiches qui appelaient à se révolter dans les rues.

Il y a des liens entre les anarchistes et la lutte dans les poblaciones ?

Oui, il y a des liens. Il y a des gens qui montent des bibliothèques ou font un travail avec les enfants. Il y a aussi des anarchistes qui y font des jardins potagers ou des ateliers de gynécologie autonome, et des radios, comme Radio Furia, Radio Mauricio Morales, Kontrababylon, etc …

Quel impact a eu le Caso Bombas sur le mouvement anarchiste à Santiago ?

On peut avoir plusieurs lectures à ce sujet. L’une c’est que le Caso Bombas a clairement fragilisé le mouvement anarchiste. Avant cette affaire l’anarchisme était en plein essor, de plus en plus de personnes se joignaient à ce mouvement, mais à la suite de ça de nombreuses personnes se sont retirées de la scène anarchiste de peur d’être arrêtées, alors que d’autres personnes ont gardé leurs positions et leurs réflexions par rapport à l’idée anti-autoritaire mais ont décidé de disparaître du spectre plus social ou plus visible de l’anarchisme qui se trouve dans les squats, et faire profil bas. Et le Caso Bombas a encore plus atomisé le mouvement anarchiste, les gens se sont mis à agir plus au niveau de l’affinité et de la confiance en connaissant les personnes avec qui on est, parce qu’il y a eu des cas comme celui de Grillo, qui ne faisait pas parti du mouvement mais fréquentait les lieux anti-autoritaires, et ce type a balancé des compagnons, devenant une pièce fondamental dans le montage du Caso Bombas, et mis à part ça il avait aussi poignardé une compagnonne et il vendait de la drogue sur des lieux de lutte.

Tu crois qu’il manque une structure anarchiste sur Santiago, tel que des endroits pour se retrouver et partager, des bars, ou des lieux dans la rue où l’on sait qu’on peut toujours y trouver des compas ?

Y a un manque de lieux c’est certain. Il y a eu auparavant des lieux qui ne se déclaraient pas nécessairement anarchistes mais où participaient les anarchistes, par exemple Emporio Raices, qui étaient une cafétéria végane et où se vendait aussi du matériel végan et anarchiste. Mais il manque des lieux ici en dehors des squats dans lesquels tout le monde ne va pas parce qu’il y a des squats très différents les uns des autres, et chaque maison est vue depuis l’extérieur d’une façon parfois déformée, sous les étiquettes soit de plateformistes, insurrectionnalistes ou de centre de soirées et de fêtes.

Donc en gros ce qu’il manque c’est des lieux où des gens différents pourraient se croiser ?

C’est ça, il manque des espaces qui ne soient pas catégorisés, que ce soit plateformistes ou insurrectionnels, il manque des lieux de convergence. Et pour moi le lieu qui se définit anarchiste ou anti-autoritaire c’est celui qui soutien la cause anti-carcérale, qui veut détruire l’autorité de l’État, qui ne soutient pas le patriarcat ou l’une des milliers de formes que peut prendre l’idée autoritaire. Parce qu’avec le Caso Bombas les anarchistes se sont maintenus dans la lutte anti-autoritaire, ils ont travaillé ensemble pour soutenir les inculpés de plusieurs façons, participer aux manifs, etc … Ce qui n’est pas le cas des plateformistes, qui à mes yeux ne sont ni compagnons ni anarchistes, qui ne se sont pas solidarisé avec le Caso Bombas. Le problème dans le mouvement anarchiste de la région chilienne c’est que ça ne fonctionne que par circonstance, par manque de lieu, et qu’on partage entre nous uniquement dans les moments critiques, lorsqu’il y a des arrestations et des trucs du genre.

Donc y a un manque d’espace en dehors des moments de répression c’est ça ?

En dehors des moments de répression et en dehors des événements organisés simplement, il manque juste un lieu où l’on pourrait socialiser, où on pourrait discuter.

Et en général les gens sentent le besoin d’avoir des quartiers ou des rues où se concentrent des lieux et des gens anti-autoritaires, comme on peut le voir dans des villes comme Berlin ou Athènes ? Est-ce qu’on parle de s’approprier la rue ou d’être plus présents dans certains endroits, ou bien c’est trop difficile d’occuper la rue ?

Je suis pas sûr qu’avoir un espace comme ça soit quelque chose de primordial pour nous. Parce qu’ici les anarchistes sont poursuivis, socialement aussi, parce que les médias ont fait le travail de propager l’idée que les anarchistes sont les poseurs de bombe ou ceux qui portent des cagoules.

Ça te semblerait dangereux d’avoir de tels lieux ?

Dans la rue oui, parce que si ces lieux existaient il y aurait de la répression permanente. Mais c’est aussi que les gens ont d’autres genre de projets, comme d’organiser la solidarité avec les prisonnier-e-s, il y a aussi tout ce qui concerne la lutte de libération animale et chacun-e lutte à sa manière, et ça c’est quelque chose d’important. Je crois que plus que d’avoir un lieu ce qui me paraît important c’est qu’il y ait de la solidarité avec les prisonnier-e-s. Et il me semble que de nos jours si ces lieux n’existent pas c’est qu’il y a une raison. Mais c’est certain que c’est nécessaire d’avoir de tels lieux, et c’est dans ce sens que ce sont crées la librairie Flora Sanhueza, ou les bibliothèques Sante Gerónimo Caserio, la Sacco y Vanzetti, la Hiedra …

Quel genre de rapport ont les anarchistes avec le mouvement étudiant (universitaire et lycéen) ?

Ce sont deux cas différents que celui des lycéens et des étudiants de la fac. Le mouvement universitaire existe à l’heure des manifs, et à l’heure de s’affronter avec les flics il y a une participation majeure des anarchistes. Mais actuellement là où l’anarchisme a la plus grande participation c’est dans le mouvement lycéen, où le discours anarchiste a un poids plus important.

Mais j’ai pas l’impression qu’il y ait tellement d’échange entre les lycéens et les autres anarchistes, par exemple dans les activités dans les squats ou d’autres lieux il me semble pas qu’on y voit beaucoup de lycéens.

Bon, il existe une communication entre eux, mais les autres anarchistes plus âgés ne se posent pas en guide là pour les éclairer, mais il y a eu des activités dans les lycées bloqués avec d’autres anarchistes, ça c’est sûr.

Cette question concerne le texte Ni oublie ni cérémonie : contre le culte de la charogne, qu’est-ce que tu penses de la critique que fait ce texte  ?

En ce qui concerne ce texte à la première lecture j’ai clairement été dérangé et je crois que pas mal de personnes partagent cette impression. Je ne crois pas qu’un compagnon mort au combat doit être iconisé, qu’on doit en faire une référence dans l’anarchisme ou bien un nouvel héros. Sincèrement je pense que malheureusement dans certains cas on tombe dans ça, mais aussi lors d’actions qui cherchent à frapper où ça fait le plus mal et créer un conflit dans la quotidienneté de la société. Le fait que des compagnon-ne-s fassent référence dans un communiqué à un compagnon, dans ce cas à Mauri, ne me gène pas outre mesure, parce que j’ai confiance dans le fait que chaque frère/sœur qui se positionne dans l’offensive contre l’autorité et cherche la libération totale, ne le voit pas comme une icône ou un héros, mais comme un frère qui manque à sa meute agitée qui ne se laisse pas domestiquer. Ce n’est pas facile de perdre un frère avec qui on partageait quotidiennement, vu qu’au sein de l’anarchisme, ce genre d’offensive est récente et nous sommes une génération qui reconnaît ce que d’autres compagnon-ne-s ont fait, mais dans son cas c’est différent parce que lui c’est pas quelqu’un qu’on connaît à travers un bouquin, mais quelqu’un avec qui on a vécu.

Ces critiques je les trouve valables, mais je ne sais pas si il y a une réponse à court terme qui devrait être hégémonique, vu que nous parions sur l’individualité et chaque sujet doit voir comment il fait face à la perte d’un frère. Les critiques doivent chercher la réflexion interne de chaque sujet mais d’abord de celui qui les écrit. En tout cas en tant que site de contre-information nous trouvons que c’est nécessaire de se souvenir d’un frère mort au combat autant lors de l’anniversaire de sa mort qu’au quotidien, lors d’un communiqué ou dans nos vies en général, et j’insiste sur le fait qu’on peut critiquer, mais il faut faire attention à avoir une vision individuelle en ce qui concerne la manière dont la meute fait face à la perte d’un frère ou comment elle voudrait faire face à cette perte.

Cette critique me fait penser aux différences et discussions continuelles qui ont lieu dans les différents cercles anarchistes, mais j’espère qu’elles ne se teignent pas de l’autoritarisme du militant anarchiste, comme on a pu le voir par exemple avec les critiques de Federico Buono sur le compagnon Stefano de Culmine, où l’on remet en question un compagnon dans une situation particulière, et je crois sérieusement que par publications sur internet ces critiques ne sont pas appropriées et provoque en nous un profond mécontentement de critiquer de cette façon un compagnon qui se trouve en prison, pas pour rien, mais justement pour être anarchiste et ennemi de la prison. Ce pour quoi je crois qu’il faut prendre en compte les critiques qui se font, mais aussi par qui elles sont faites et dans quel but.

LIENZOAu sein du mouvement anarchiste chilien est-ce qu’on parle de ce qui se passe en Europe ?

Oui, on parle de l’Europe, de ce qui s’est passé en France et surtout en Grèce. De ce qui se passe en Italie, particulièrement des cas de répression. Sur la Grèce on parle de ce qu’il s’y passe, des actions, des différents espaces et la force qu’ils peuvent avoir là-bas, et comment est la lutte là-bas, et de ce qu’on peut tirer de toutes ces expériences. Comme je disais dans la réponse antérieure, on parle aussi de l’Italie et particulièrement de ce qui s’est passé avec les compagnon-ne-s de Culmine. On parle aussi de la vision qu’on peut avoir en Europe sur ce qui se passe au Chili, particulièrement par rapport aux visites et questions et perceptions de la lutte anti-autoritaire dans cette région, parce qu’il y a eu des cas de répression et l’offensive par quelques frères/sœurs est connue, mais je pense réellement que cette vision peut souvent surestimer l’anarchisme d’ici, parce que malheureusement avec les différentes affaires des répression la lutte a été plus lente que ce qu’on voudrait en tant qu’habitants de cette région comme à niveau plus global.

Maintenant je pense que ce qui se dit sur l’Europe c’est que la lutte continue malgré toutes les attaques de l’État et du Capital, et que ce sont clairement les même désirs qu’on voit dans la lutte anti-autoritaire qui génèrent l’envie de continuer de lutter et de frapper, que dans cette région du cône sud.

Lettre des compagnons accusés dans le Caso Security depuis la Prison de Haute Sécurité

marirevoLA PRISON, LA TORTURE ET L’INJUSTICE NE PRENNENT PAS DE VACANCES.

À la suite du dernier assaut venant de l’appareil persécuteur répressif (police, procureurs, tribunaux), la procédure de préparation du procès oral dans un tribunal constitutionnel a fini par se congeler depuis le mois d’août de l’année dernière, dans l’objectif d’annuler les diverses preuves insensées accusatrices déjà exclues et écartées, celles qui furent incrustées depuis le Tribunal Militaire et formulées par le tortionnaire Roberto Reveco au Ministère Publique ( légitimant ainsi des actes de persécution et de haine).

Six mois après, en février 2013, la supercherie continue, et donne comme résultat une objection du magistrat en service, fondé sur un supposé ressentiment de celui-ci envers les procureurs et plaignants en porcelaine. Alors que nous sommes toujours emprisonnés, la cour d’appel serait chargée de reconnaître ou non cette fausse dispute pour l’”honneur” entre eux, tout ça posé adroitement par les persécuteurs. Mais ça n’est pas le plus important, un subterfuge pareil ne cherche dans le fond pas seulement à changer le magistrat. Son objectif est d’amener une nouvelle préparation de procès oral, où toute la preuve accusatrice déjà exclue, éliminée sous ses propres lois, soit pleinement réincorporée contre vents et marées, répondant ainsi aux exigences de répression, persécution et punition, exigences politiques d’un État, lequel baise son propre ordre juridique.

L’insoutenable du procès se reflète dans des pratiques aberrantes pour justifier la prison. Où la machine oppressive doit donner une réponse condamnatoire pour faire un exemple.

Comme nous, rebelles, libertaires, subversifs, transitoirement en prison, avec un procès pas clair bloqué dans les interprétations légales de ses propres articles, ceux qui avec toute la tromperie adroite n’assurent pas les intérêts inquisiteurs de l’État et son ensemble juridique répressif. Pour cela, et en contradiction avec ses propres normes, cela fait plus de 5 ans que traîne cette affaire, soutenue politiquement pour des raisons d’État et sans aucune justification juridique.

Une prison qui cherche à se légitimer simplement parce que nous décidons de nos propres vies et que nous n’avons rien à voir avec le contrôle capitaliste imposé. Nous traçons le chemin de l’émancipation, et cela ne rentre pas dans leurs codes, c’est pour cela qu’ils doivent réinterpréter leurs propres articles, créer des procédure transitoires, réformer la réforme et pour cette raison d’État, donner de la puissance et de la légitimité indiscutable à la doctrine sacrée du pouvoir militaire et des gardiens de la constitution.

Aujourd’hui, avec la voix assoiffée de Pouvoir et de premier rôle, un procureur habile dans le mensonge veut et doit nourrir ses peines de l’enfer. Sa manœuvre de recommencer tout à zéro dans son procès oral ne sera pas son dernier râle. Hier, la poursuite s’est faite par la menace dans le but d’anéantir l’idée, aujourd’hui la persécution se dote de ruse juridique pour ainsi montrer que le plomb assassin ne les a pas soumis.

Notre cœur bat de façon indomptable, nous respirons profondément en aimant la vie et nos amours !

Domestiquons la peur, finissons-en avec l’indifférence.

La solidarité est une arme, multiplions les initiatives, actions, dénonciations personnelles ou collectives.

Montrons à l’État et sa presse bourgeoise que tant qu’il y aura de la misère il y aura de la rébellion !

CONTRE L’ÉTAT-PRISON-CAPITAL : GUERRE SOCIALE  !

Juan
Marcelo
Freddy

Février 2013

2012: Retour, évaluations et perspectives anticarcérales

tumblr_mrn67dokkh1ro0ralo1_1280

En tant que Refractario nous avons décidé de faire un retour sur l’année qui s’est écoulé à propos de la situation de la lutte anticarcérale, la répression et les différents événements qui ont eut lieu en 2012. Les limites chronologiques qui nous permettent de situer ce petit résumé se basent en partie sur les données du compte rendu annuel de l’institution de séquestration et de mort que représente l’administration pénitentiaire.

Cette année a vu la fin de divers procès de compagnon-ne-s qui ont commencé au cours de d’autres années. Ainsi le “Caso Bombas”(2010), le procès contre Tortuga (2011) et le cas des compas accusés d’avoir frappé un flic au cimetière général (2011) ont fini au cours de l’année 2012 avec tous ces compagnon-ne-s libres.

D’autre part, le progrès de la lutte dans la rue ont amené aussi une augmentation des tactique répressives, juridiques et carcérales contres les compagnons qui combattent dans la rue. C’est cette année que plusieurs compagnon-ne-s ont dû affronter la détention, la prison et des procès judiciaires accusés de diverses charges en lien avec la lutte dans la rue (port d’arme à feu, incendie, agression de policier, ou le pompeux “tentative d’homicide”). La prison préventive continue d’être utilisée par le ministère public cherchant par là à sortir les compagnon-ne-s de la rue, les confronter à la prison et toucher leurs proches. Le ministère public sait très bien qu’au lieu d’être condamnés, le plus probable est que les accusés accomplissent leur condamnation en liberté du à la peine basse.

L’État ne perd pas de temps et cherche à augmenter les peines, à rendre encore plus compliqué le parcours juridique et à construire encore plus de prisons dans tout le pays, en plus d’étendre le contrôle et l’assujettissement des prisonniers, en même temps qu’il gère et cède les prisons en générant un nouveau business et un secteur commercial pour s’enrichir, pendant qu’il mène à la baguette et punis ceux qui sortent de l’ordre établi. Continuer la lecture de « 2012: Retour, évaluations et perspectives anticarcérales »