81 raisons pour brûler un bus

La nuit du vendredi 6 décembre, une trentaine de compagnon-ne-s venu-e-s de divers endroits, ont fait de nouveau apparition par surprise. Nous avons décidé de sortir pour rappeler par le feu et la rage la vengeance des 81 prisonniers assassinés dans le massacre de San Miguel. L’impunité de leur justice et le terrorisme du système carcéral a laissé voir un nouveau massacre d’opprimés et marginaux de cette merde de société. Pour nous leur mort est le résultat de la vengeance de l’État et d’une société qui veut punir. Nous comprenons le système carcéral comme inhumain dans sa forme de contrôler. Les camps de concentration d’hier sont les prisons d’aujourd’hui, et on justifie tout type de torture et d’humiliation derrière la peur et le regard complice d’une société indifférente d’une réalité que chaque opprimé-e pourrait vivre à tout moment …

À travers ce communiqué nous voulons préciser ce qu’il s’est passé le vendredi 6 décembre aux alentours de l’Usach, au niveau de l’entrée de Matucana, pour ne pas que le sens de l’action se perde sous les mensonges des forces répressives et de la presse bourgeoise.

Nous nions catégoriquement avoir utilisé des armes au cours de l’action, et nous nions aussi la violence exercée (selon ce que disent les spectateurs dans la presse) sur le chauffeur et les passager-e-s qui se trouvaient dans le bus … Mais nous prévenons déjà de ne pas penser que nous ne réagirons pas devant une provocation …

Et pour conclure nous précisons que cette action a été menée dans la cadre de la commémoration des 3 ans de la mort des 81 prisonniers brûlés vifs par les bastions et murailles de la société carcérale, centre de torture du patriarcat et son capital … « Cette action est une preuve tangible des contradictions de la société bourgeoise et de la conflictualité que nous essayons ainsi d’arracher pour sa destruction. On ne peut pas vaincre l’État-capital par ses paramètres de paix et d’amour citoyen ».

Nous ne pouvons pas oublier nos frères accusés du Caso Security, Freddy Fuentevilla, Marcelo Villaroel Sepulveda et Juan Aliste Vega, qui sont de nouveau en procès pour la mort du flic Moyano. Nous pensons aussi à Carlos Gutierrez Quiduleo qui a été capturé récemment alors qu’il était en clandestinité depuis 2007.

Solidarité active avec les compagnon-ne-s qui sont en prison en Espagne, Francisco Solar et Monica Caballero et aussi pour nos prisonnier-e-s politiques et sociaux au Chili et dans chaque coin de ce monde !

En ce qui concerne l’action, vers 22h nous sommes sortis des entrailles de l’Usach avec près de 70 coktails molotov et 15 litres d’essence dans des bidons, vigilant les sept flics qui étaient arrêtés devant l’entrée à côté de leurs blindés, riant et détendus, sans savoir qu’à quelques mètres d’eux en moins de 10 minutes nous mettrions le feu à un bus du Transantiago de la ligne 406. L’action et l’objectif accomplis nous nous sommes repliés aux abords de l’Usach. Sur le lieu de l’action nous avons lancé des tracts rappelant les 81 prisonniers torturés et assassinés par un autre bras armé du capital, cette fois la gendarmerie du Chili. Il faut aussi dire que l’objectif et la raison de l’action viennent aussi du refus du système dominant de transport avec ses augmentations et menaces que vivent au quotidien chaque prisonnier-e de ce système.

“La sentence a été prononcée,
Avec grilles et menottes,
Mais avant toute chose,
L’esprit jamais emprisonné”
(Mots de Mónica Caballero pour les 81 prisonniers assassinés en prison,  actuellement prisonnière dans une prison d’Espagne accusée dans un autre grossier montage [sic]).

Multiplions la solidarité de tous les côtés, avec toutes les formes de lutte.
Feu pour tous les prisonniers, feu à toute autorité !

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Textes de prisonniers du Caso Bombas suite au massacre de San Miguel (décembre 2010)

Ce dimanche ça sera le troisième funeste anniversaire de la mort des 81 prisonniers, brûlés vifs dans la prison de San Miguel. À cette occasion nous avons ressorti des communiqués de compagnon-ne-s prisonnier-e-s du Caso Bombas au moment des faits (dont deux se trouvent de nouveau en prison, en Espagne).

Il est presque 20h, heure de l’enfermement. Les matonnes sont inquiètes, contrairement à la normale, aujourd’hui nous sommes enfermées par un plus grand nombre de « fonctionnaires » et toutes gradées. Selon ce que j’ai entendu, il y a déjà eu deux mutineries dans le CPF (Centre Pénitencier Féminin).

Les images sont chaque fois plus horribles, le désespoir de nombreuses femmes suppliant pour avoir des informations, dans la famille de ceux qui commettent des délits on peut toujours avoir un proche. Quatre-vingts et un morts … ça aurait pu être n’importe quel criminel qui ne respecte ni la loi ni ses devoirs. Combien vaut la vie de ceux qui sont privés de liberté ? Combien de morts obscurcissent les sombres couloirs des prisons ?

Dans ce territoire dominé par l’État chilien, selon les statistiques de la Gendarmerie (Ndt : l’Administration Pénitentiaire), il y a 53 000 prisonniers, sans compter le SENAME (prisons pour mineurs) ni les hôpitaux psychiatriques. Réhabilitation et insertion sont les mots clés pour les formateurs de la normalité et, sinon, il suffit de construire plus de prisons.

Les 81 morts rejoignent une longue liste dont très probablement seuls les proches se souviendront d’ici quelques mois.
En tant qu’anti-autoritaire le minimum que je puisse faire c’est écrire ça.

Insurrection permanente contre toute forme de domination !
Jusqu’à détruire toutes les cages …
« La sentence a été prononcée,
Avec grilles et menottes,
Mais avant toute chose,
L’esprit jamais emprisonné »

Mónica Caballero, Prisonnière Politique Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité, Centre d’Extermination Féminin. Santiasko du $hili, deuxième semaine de décembre, 2010.

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Les corps des prisonniers de San Miguel ne refroidissent toujours pas et commence le spectacle des gardiens de l’ordre pour cacher ce qui a eu lieu.

Plus de prisons parait être la solution la plus viable pour ceux qui s’enrichissent avec l’enfermement. Combien de vies ont emporté avec eux les couloirs obscurs des prisons, combien de morts tachent l’uniforme des matons ?

La mort des 81 prisonniers se rajoute à la longue liste des crimes impunis dont l’unique responsable est l’État. Au sein de nombreuses prisons beaucoup ont décidé d’affronter leur bourreau le plus proche et de se mobiliser. Ici dans le CPF chaque jour il y a des femmes qui se joignent à la grève de la faim de milliers de prisonniers de tout le territoire dominé par l’État chilien. Et beaucoup d’autre ont cousu leurs propres bouches et sont isolées dans la section de punition.

Si tout ceux qui osent remettre en question les lois et les puissant sont des délinquants alors c’est avec orgueil que je me désigne ainsi.

Alors que je termine d’écrire ces mots ils sont en train de rentrer dans l’ex-pénitenciaire où selon les médias il y a 1500 prisonniers en grève de la faim, on punit le soulèvement. Le feu devient présent dans le Centre d’Extermination comme dehors grâce aux proches.

N’embellissons pas les cages, détruisons-les !
Pour la fin de cette société, et de n’importe quelle autre
Fin de la Loi Antiterroriste

Mónica Caballero, Prisonnière Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité
Centre d’Extermination Féminin. Santiasko, $hili.

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 L’impunité de leur justice et le terrorisme du système carcéral a laissé voir un nouveau massacre d’opprimés, cette fois le centre d’extermination de San Miguel. Après que l’incendie ait démarré les prisonniers ont appelé les matons qui ne leur ont répondu qu’en se moquant. Puis depuis l’intérieur de la prison avec des téléphones rentrés là clandestinement les prisonniers décident d’appeler directement les pompiers qui en arrivant à la prison sont freinés par les matons qui attendent l’arrivée des anti-mutineries (NdT : équivalent aux ERIS) pour ensuite laisser les pompiers éteindre le feu. Lors de l’évacuation des prisonniers les survivants sont systématiquement roués de coups par les anti-mutineries.
Tout le monde s’accorde à dire que ce moment a permis la propagation du feu.

Au sujet de l’origine du feu les matons parlent d’une bagarre entre prisonniers, tandis que les prisonniers qui ont appelé avec des portables parlaient de court circuit.

Finalement ça sera le procureur Alejandro Peña qui mènera l’enquête pour gonfler un peu plus son CV.

Les portes paroles du pouvoir promettent d’améliorer ces constructions macabres, ils ânonnent qu’ils vont construire encore plus de prisons, avec la rentabilité évidente que produisent les prisons  semi-privées (la folie mercantile dans son expression maximale : gagner de l’argent au prix de l’enfermement). Ils parlent du besoin d’augmenter le nombre de matons. La réponse continue d’être plus de répression contre ceux qui transgressent l’ordre des riches.

Quatre-vingts et une personnes sont mortes due à la vengeance de l’État et d’une société qui désire punir. Regardez les corps calcinés, écoutez la liste des noms, prenez conscience de la vie fermée de jeunes de 20 ans, noyez-vous avec toutes les larmes des familles. C’est le résultat de la « guerre contre la délinquance » que les puissant ont déchaîné. La peur, l’insécurité et la paranoïa sociale. Ce sont les morts que désirent tellement toutes les émissions policières, les journalistes qui parlent en permanence de durcir les peines d’emprisonnement, les juges qui condamnent à des années et années derrière les grilles, les bons citoyens qui veulent la mort de ceux qui transgressent les lois, qui sont furieux à l’évocation de « la porte tambour » ou des « bénéfices aux délinquants ». Tout cela c’est de leur responsabilité, même s’ils essaient sans y arriver de jouer les ignorants. Sentez  l’odeur de la chaire brûlée, voyez les corps empilés, écoutez les cris assourdissants de ceux qui brûlaient vifs derrière les barreaux, devenez fous avec les cris des proches. Ce monde de fouet et d’enfermement qu’ils veulent construire, leur façon de contrôler, les camps de concentration d’hier sont les prisons d’aujourd’hui, et on justifie toute sorte de torture et d’humiliation avec la peur et l’indifférence complice d’une société rendue folle dans son autonomie et désir d’opprimer.

PARCE QU’ILS VEULENT FAIRE DE CE MONDE UNE PRISON, NOTRE LUTTE NE LAISSERA AUCUNE PRISON DANS CE MONDE. N’OUBLIONS JAMAIS QUE CHAQUE MORT EN PRISON EST UN CRIME DE L’ÉTAT.

 FORCE ET SANTÉ AUX PROCHES QUI VIVENT CES DURS MOMENTS. N’AYEZ JAMAIS CONFIANCE DANS LA GENDARMERIE.

8 DÉCEMBRE 2010, UN JOUR AMER. UNE MINUTE DE SILENCE DANS LA SECTIONS DE HAUTE SÉCURITÉ. UN MILLION DE CRIS REBELLES CONTRE L’ENFERMEMENT TORTIONNAIRE ET SES CONSÉQUENCES NÉFASTES.

 Felipe Guerra.
Prisonnier Politique Anti-autoritaire

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La tristesse se convertit en rage, la consternation se convertit en rejet de la prison et ses matons. Les cris des morts se convertissent en cris de rébellion contre ce monde qui construit des centres d’extermination.

Aujourd’hui on commence à remettre en question le fonctionnement des prisons en affirmant qu’elles sont délabrées, cependant cet événement terrible n’est que le reflet du dépérissement du système dans sa totalité, de son incapacité à créer et favoriser des relations sociales saines. La remise en question devrait donc être dirigée contre la société qui crée ces centres d’extermination destinés à l’anéantissement mental et physique des êtres humains, et qui a inévitablement besoin de prisons pour se perpétrer. C’est dans ces lieux, où se matérialise la criminalisation de la pauvreté et la persécution d’idées et de modes de vie contraires à ceux qui sont hégémoniques,  que l’autoritarisme de cette société nous montre un de ses pires visages. Dans ces moments, qui n’ont duré que quelques jours, lorsque différents secteurs politiques et sociaux sensibilisés par l’horreur des morts se sont levés pour demander des améliorations dans les prisons, de nouvelles constructions, en finir avec l’entassement, mettre plus de matons, en définitive réformer ce système de mort, et certains d’entre nous ont dit encore plus fort : Finissons-en avec toutes les prisons ! Finissons-en avec la société carcérale !

Francisco Solar Domínguez.
Prisonnier dans la prison de Haute Sécurité

 

Publicación Refractario

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