Notes Iconoclastes… Après une semaine de travail salarié …

audienceVoici les pensées désordonnées d’un Noyau d’Esclaves Modernes Énervés par la vie quotidienne imposée par le système capitaliste de production historique.[1]

Nuit de samedi d’été à Lima. Nous avons un petit espace pour « respirer », pour nous rencontrer à quelques uns, pour discuter, pour exprimer notre mal-être et fatigue quotidienne, certains à cause de l’ennui de la routine du travail et d’autres pour ne pas en avoir, et être dans la merde parce que toute notre vie tourne autour de cette imposition. Le travail tue, ça on le sait, le travail t’aliène, te mécanise, le travail est humiliant … parfois ça semble être le pire de ce monde … (pire que les guerres, que la faim, que les embouteillages, que les queues, que les débilités qui passent à la télé, qu’un orgasme incomplet …) il nous vient même des phrases du film Martín Hache, où l’un des personnages dit :

 » La travail est détestable, c’est une punition qu’il faut éviter à tout prix, il n’y a rien de plus humiliant que de travailler, pour survivre, 10 heures par jour dans un boulot que tu ne supportes pas. Et les phrases comme « celui qui ne travaille pas ne mange pas », ou que tu gagnerais le pain quotidien à la sueur de ton front, ce sont des inventions pour avoir des esclaves, parce que sans esclaves le pouvoir n’a pas de pouvoir. »

Bref, des affirmations que n’importe quel révolutionnaire radical sait et assume comme faisant partie de sa conscience. Mais pendant que nous parlons, pendant que nous essayons d’échapper à cette réalité et d’y faire face à l’unisson, sortent lancés par nos langues les « nouvelles » les plus intéressantes de la semaine … les gens dans les rues d’Ukraine, les manifestations en Thaïlande, ou le plus proche de nous au niveau géographique, le Venezuela, sans oublier évidemment ici la grève des infirmières et les manifestations de paysans à Cajamarca.

À Kiev les esclaves modernes ont prouvé ce que nous sommes capables de faire lorsque nous perdons la peur, lorsque nos conversations transcendent le spectacle idéologique et sensationnaliste et se basent sur nous-même. Les gens en Ukraine font palpiter les cœurs, même si nous savons que beaucoup d’entre eux sont guidés par la gauche, la droite, le centre, par en haut, par en bas ou peu importe comment s’appellent ces satanés défenseurs du système … mais qu’ils ont perdu la peur ça personne ne peut le nier … même si beaucoup de ces actions, pour ne pas dire la majorité, finissent en réformisme, c’est à dire en changeant juste quelques aspects politiques et pas la totalité, ou des aspects vitaux … ce sont des actions qui contribuent à ce que nous, depuis le « trou du cul du monde », nous puissions nous sentir vivants et voir quelle possibilité nous avons, quels espoirs concrets et directs ont ceux qui sont là-bas (qui luttent directement) .. l’expérience, ils font le plein de vitalité .. le fait d’avoir lancé un molotov, d’avoir respiré les gaz lacrymogènes, d’avoir été amenés en centre de réclusion, d’avoir partagé une barricade … ça les rend plus forts, plus décidés et combatifs pour ce nouveau futur que nous construisons au quotidien.

Et au Venezuela ? Des groupes politiques qui se disputent pour le contrôle de l’État, chacun défendant son groupe capitaliste préféré, des gens dans la rue poussés par des problèmes clairs : le ras le bol de la vie : salaire, travail, consommation, distraction payée, repos contrôlé par le réveil, dictature du calendrier, et bien sûr .. par le conditionnement idéologique qui affecte les consciences là-bas … Ce qui est sûr c’est qu’au Venezuela il n’y a pas de protestation qui cherche à abolir la vie sous les chaînes du capital, de la mort, du contrôle, de la hiérarchie … Au Venezuela il y a des gens dans la rue avec de la rage, ils ne savent pas bien pourquoi ou s’ils le savent ils continuent de se leurrer en défendant des positions politiques qui ne font que réformer l’État au sens législatif, juridique et d’autres merdes qui se créent afin de maintenir les structures du capital.

Ici, à Cajamarca, les gens essaient de bloquer l’avancée capitaliste qui s’exprime par la pollution par les mines, la destruction de la géographie naturelle pour construire des routes par dessus montagnes, forêts, et tout ce qui se trouve sur leur chemin. Le capital minier ne respecte rien pas même sa propre mère, il viole les droits que le même État donne, il corrompt. C’est ce que vaut l’or, le pétrole, les matières premières … et les gens et leur culture et leur langue (en clarifiant que nous ne sommes pas latinoamericanistes) ? Ne parle-t-on pas de multiculturalité, d’un gouvernement qui s’ouvre aux besoins de tous les individus et groupes culturels ? On sait très bien comment tout cela se finit.

Tout ça est très bien, mais il faut se rendre compte qu’ils essaient de nous leurrer, que le spectacle qu’ils passent dans leurs médias nous endort et même si leurs mensonges sont sans gêne, ils essaient de nous convaincre que nous avons une identité et que nous devons défendre leurs propres mensonges, leurs propres contradictions. Ils nous disent qu’ils nous défendent, mais si nous les critiquons dans la rue, ils nous frappent, nous enferment. Ils ne sont qu’une farce, et nous avec notre lutte nous sommes le futur et l’avenir de ceux qui ne supportent plus de vivre dans toute cette misère.

Tandis que nous débattons sur le rythme du punk hardcore, pendant qu’on s’arme de courage pour continuer à résister, agir, vivre, lutter, aimer, sourire, nous parlons aussi de nos expériences, et notre histoire ? Et les compagnon-ne-s de la Angry Brigade là-bas en Europe ? Et leurs attaques, leurs communiqués, leur contribution à la lutte ? Lima pue le vieux, tout est mort, ici on ne sait pas qui est qui et le plus proche de la révolution (pour les plus radicaux) c’est le « Che Guevara » ou dans certains cas le Sentier Lumineux … enfin, pour ceux qui veulent s’informer dessus il y  une grande bibliographie à ce sujet sur le net et dans les facs, donc cherchez ces textes et brûlez-les pour nous.

Pour finir, nous sommes toujours ici, vivants, respirant, pas de cet air qui sent la pollution, mais la lutte, les actions immédiates et historiques, nos expropriations de vie quotidienne et  notre lutte massive qui fait partie de la classe qui a, dans son origine et son existence, la possibilité d’abolir ce monde de merde … le prolétariat, la classe travailleuse, les esclaves modernes, nous, qui devons alimenter les portes-monnaies et comptes bancaires des bourgeois du monde entier … Nous en avons marre, nous sommes fatigués, mais surtout nous sommes convaincus qu’il vaut mieux mourir en luttant que de vivre en esclaves du pouvoir et de l’argent.

Avant de finir, je voudrais rajouter que le samedi est, tout le temps et partout où ce calendrier a été établi, un jour symbolique pour échapper à la « routine » en cherchant à « profiter de la fin de semaine », essayant d’échapper au reste de la semaine dans laquelle nous sommes obligés de perpétuer ce qui est établi par les responsabilités et l’ordre, travailler ou étudier, le reste ce sont des passe-temps ou des activités qui n’intéressent personne. Toute est tellement déformé idéologiquement, que même les fins de semaine, les « passe-temps » et les temps de repos sont déjà occupés par tout ce qu’ils nous imposent. La seule chose que nous faisons c’est de donner à aux riches l’argent que nous « gagnons » à la sueur de notre front ou à la force de notre humanité. Nous reproduisons une vie qu’eux-même nous offrent : boire, danser, embrasser, baiser, discuter, fumer, voir un film, manger au resto ou faire tout ce que nous « voulons » avec l’argent. On peut même faire ce qu’ils cachent eux-même, comme aller aux putes ou se camer. Nous sommes piégés dans une vie qu’ils nous montrent et nous démontrent depuis que nous sommés nés. Comme le disent les compagnon-ne-s de la Angry Brigade,  » si tu n’es pas occupé à naître tu es occupé à acheter ». Enfin .. nous continuons de construire le chemin tandis que nous marchons …

# Lima, 22 février 2014

Contacte : comitedeurgencia[arobase]gmail.com

[1] Fatigués, dans la merde, et principalement disposés à mourir plutôt que de continuer d’être esclaves. Nous avons rédigé librement ces lignes en espérant qu’elles fassent réfléchir sur notre situation d’esclavage salarial et que ça serve surtout comme contribution à l’attaque réelle anticapitaliste.

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Rebelles, unis, organisés, sans partis

lima27.7.2013Ce tract a été distribué le 27 juillet 2013 à Lima, Pérou, durant la mobilisation qui s’est terminée par des barricades, répression, affrontements, boycott, dans le centre historique de Lima. Il est évident que les participants étaient des esclaves modernes cherchant à expulser leur rage, colère et non-conformité contre les forces répressives de l’État.

Toi qui lis ce tract, je sais que tu seras d’accord avec nous, lorsque nous affirmons que chaque politique qui rentre au pouvoir étatique n’est qu’une marionnette de plus du système économique. Nous entendons souvent dire par des parents ou des amis, que ce sont tous des voleurs, des corrompus, qu’ils nous mentent et nous trahissent en permanence. Ces affirmations, ou petits instants de lucidité nous permettent de nous rendre compte, de regarder par dessus les écrans de télévision, de nous enlever le bandeau des yeux, et de voir que ceux au pouvoir (peu importe le poste occupé, la couleur du drapeau ou les idées) défendront toujours les intérêts des groupes de pouvoir qui mènent à leur guise cette partie du monde, appelée Pérou. Que le parti au pouvoir soit de gauche ou de droite, sa seule fonction est de protéger les intérêts des monopoles et entreprises qui vivent à nos dépens, améliorer la circulation de marchandises, baisser le prix de la main d’œuvre, faire des lois pour leur libre-échange, etc. Si on s’en prend à eux la répression sous toutes ses formes est ce qui nous attend. Mais est-ce que c’est la seule manière que nous avons de défendre ce qui nous semble juste ? Est-ce qu’on doit seulement s’organiser à travers des partis ?

Les partis politiques, au delà des intentions parfois saines et dévouées de beaucoup de leurs militants, deviennent des machines bureaucratiques qui ne sont intéressés que par leur propre pouvoir, et cela amène inévitablement à mettre les intérêts de groupe au dessus des intérêts de l’ensemble des dépossédés, exploités, indignés, marginaux ou comme on veut s’appeler.

Beaucoup de travailleurs et d’étudiants qui ont des aspirations progressistes regardent de loin les partis de gauche, ceux qui se disent favorables à l’émancipation de la classe des travailleurs et à un monde sans exploitation, et ils se demandent « pourquoi ils ne s’unissent pas si ils sont pour la même chose ? Pourquoi ils se disputent pour des points virgules ? L’ennemi est puissant et organisé, ainsi avec une gauche unie et forte nous pourrions mieux l’affronter ».

Mais la vérité c’est que les directions et buts de ces partis (parce que les partis fonctionnent comme les entreprises et gouvernements, avec des gens en haut et d’autres en bas, avec des gens qui pensent et commandent et d’autres qui exécutent et obéissent) ne vont pas dans le même sens. C’est pour ça qu’ils se disputent. Leurs motivations ne sont pas dans les idéaux qu’ils professent ni dans les programmes qu’ils écrivent. Ils sont concurrents pour le pouvoir de la « masse populaire » (comme ils nous appellent). Ils donnent la priorité aux disputes entre eux avant toute chose.

Les travailleurs, étudiants, paysans, femmes au foyer, les exploités et opprimés en général, n’avons pas besoin de ces structures pour nous unir. Ce sont des structures trop conditionnées par ce monde mercantiliste et autoritaire, elles ne servent pas à nous émanciper. Comment tu vas obtenir ta liberté si tu te soumets à un dirigent ? En plus de cela cette société nous attribue des patrons, gérants, surveillants, professeurs, et autres hiérarchie … on va chercher des chefs supplémentaires ?

Les exploités ne sont pas faibles parce qu’ils sont divisés, ils sont divisés parce qu’ils sont faibles, et sont faibles parce qu’ils continuent d’accepter d’être représentés, que ce soit par des politiques bourgeois ou des politiques de leur propre classe sociale. Nous sommes représentés par nos parents quand on est gamin, par des avocats devant le tribunal. Nous sommes représentés par d’autres dans des situations où nous ne pouvons pas nous présenter nous-même, où nous avons besoin qu’un autre nous présente à nouveau (re-présenter).

Si nous voulons nous libérer est-ce que la représentation nous sert à quelque chose ? Est-ce que les structures qui divisent les gens entre représentants et représentés, dirigeants et dirigés, nous servent ? Non, elles ne nous servent à rien. Donc, ne cédons pas au chant des sirènes de la gauche et ses fausses promesses de liberté et ne nous inquiétons pas de son manque d’unité. Faisons les choses entre nous. Sans sigles ni dirigeants.
Nous ne luttons pas pour humaniser le capitalisme, mais pour en finir avec lui.

Nous ne sommes pas seulement contre l’Organisation Mondiale du Commerce et le FMI, nous sommes contre n’importe quelle expression du capitalisme.

Nous ne sommes pas seulement contre la mondialisation, nous sommes contre tout ce qui caractérise ce système décadent.

Nous ne sommes pas seulement contre le travail précaire, nous sommes contre le travail salarial.

Nous ne sommes pas seulement contre la dictature, nous sommes contre la démocratie.

Nous ne sommes pas seulement contre la loi sur l’immigration, nous sommes contre les patries et les frontières.

Nous ne luttons pas seulement pour que tous les enfants puissent aller à l’école, nous luttons pour que l’école et tout le système éducatif ne soient plus la domestication nécessaire préalable à l’entrée dans le monde du travail.

Nous ne luttons pas pour la répartition de la richesse et l’équilibre dans le premier et tiers-monde, nous luttons pour une société sans argent.

Nous ne voulons pas entendre parler de : la gauche, du moindre mal, la paix sociale, des aides de l’État, des élections, nous ne voulons plus des administrations de mort.

LA LUTTE C’EST ICI ET MAINTENANT !

Nous n’avons pas de dates spéciales pour sortir dans la rue, nous n’avons rien à attendre ni rien à perdre. Nous ne pouvons nous fier qu’à nous, la transformation sociale ne pourra pas venir depuis en haut, de ceux qui ont le pouvoir entre leurs mains, le pouvoir de nous imposer un monde qui ne nous appartient pas, mais qui s’alimente de nos vies.

Écris-nous pour échanger des informations, agir ensemble, pas pour gagner plus de sympathisants ou de votes, mais pour organiser notre libération. Comme organisation, nous n’avons rien à vendre à nos frères de classe, rien pour les séduire. Nous ne sommes pas un groupuscule en compétition par le prestige et l’influence avec les autre groupuscules et partis qui disent représenter “le peuple”, “les travailleurs”, “le prolétariat” et qui prétendent les gouverner et les diriger. Nous sommes des prolétaires qui luttent pour s’auto-émanciper avec les moyens à notre disposition et rien de plus.

Courriel : ataquecreaxionista[arobase]gmail.com

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