Une hirondelle ne fait pas l’été mais son chant est tout aussi important

solÀ un jour de l’arrestation de la compagnonne Sol après la courageuse vengeance lancée contre un mercenaire gardien de la Banco Estado, nous nous sentons appelés à parler pour elle, pas seulement pour le sang qui coule dans ses veines, mais surtout pour la décision de lutte qui l’a amené à défier de face le pouvoir, qui l’a amené à revendiquer la chute en combat de notre compagnon anti-autoritaire Sebastián Oversluij Seguel, réussissant à installer une fois de plus la certitude que c’est une guerre quotidienne contre l’État et le Capital. Laisser de la place au doute, laisser de la place pour que la presse bourgeoise déchaîne ses illusions patriarcales de « crimes passionnels et jalousies » juste parce qu’il s’agit d’une femme, c’est ne pas faire l’écho du courage et de la conscience révolutionnaire qui ont amené la compagnonne à agir directement. Garder le silence face à un cri de « vengeance ! » c’est oublier que la première réaction lorsqu’ils nous frappent doit être de rendre le coup, à partir de la multiplicité des formes qui existent.

Que la police et la presse évoquent les thèses qu’ils veulent, que le procureur cherche les liens d’amitié et déchaîne son bordel juridique comme il l’a fait depuis quelques années, que les citoyens s’exclament épouvantés une fois de plus qu’ils s’agit toujours des même délinquants … Nous, ses compagnon-ne-s, nous n’avons pas besoin de chercher longtemps pour comprendre, pour se trouver avec elle sur ce chemin vers la libération totale, comme nous la trouvons pour commémorer le souvenir des jeunes combattants Eduardo et Rafael,  comme nous la trouvons pour se souvenir de Pablo et Aracely, comme nous la trouvons dans des activités solidaires avec nos compagnon-ne-s en prison. Aujourd’hui nous n’avons besoin de rien de plus que ses actes pour la reconnaître comme une sœur dans cette pratique antagoniste et subversive : son présent de lutte nous dit qui elle est, avec la même force que le fait l’histoire de sa famille chargée de dignité combattante.

Nous croyons que ces lignes sont un geste simple pour éviter que le silence complice de certain-e-s ou le baratin sans importance, si commode pour d’autres, ne terminent par faire de la détention de notre compagnonne qu’une nouvelle policière ou un simple sujet de journal télévisé. Nous savons que les mots, lorsqu’ils n’entraînent pas une pratique en conséquence, ne sont que papier et encre gaspillés. C’est pour cela que depuis le collectif anticarcéral Vuelo de Justicia nous n’avons plus qu’à transformer en pratique notre discours et accompagner avec une solidarité quotidienne et rebelle la compagnonne Sol dans son séjour, nous espérons court, en prison.

Depuis ce front de lutte nous envions toute notre force et soutien à la compagnonne, aux chers grand-parents Luisa et Manuel, à sa mère et à toute sa famille. Que la flamme de la dignité rebelle qui les a toujours accompagné ne s’éteigne pas une seule seconde. Sachez qu’on ne vous laissera pas seul-e-s.

Parce que tu as installé une fois de plus la certitude que lorsque nous dirigeons nos vies vers la libération totale, l’insurrection est permanente !

Parce que ton action et ton cri de vengeance ont déchiré le silence, ont lézardé les murs qui enferment les nôtres, et nous ont poussé à continuer avec plus de force cette guerre à mort !

Parce que pour toi aucune agression n’est sans réponse, aujourd’hui la réponse sera pour toi !

Compagnonne Tamara Sol Farías Vergara, nous t’aimons indomptablement libre !

Actualisation sur sa situation juridique :
le 22 janvier la compagnonne a été condamnée pour « vol qualifié » de l’article 433 du code pénal chilien, qui correspond à un vol commis avec un homicide, un viol ou des blessures comprises dans le même code :  dans les faits la compagnonne est accusée du vol de l’arme et de la tentative d’homicide sur le gardien de banque, risquant une peine qui va de 10 ans et un jour à la condamnation à perpétuité. De plus, un avocat représentant la banque était aussi présent pour une plainte de « vol avec homicide » (sic) étant donné que du fait du vol de l’arme la banque serait elle aussi victime. Le tribunal a ordonné la détention préventive de la compagnonne Sol à la prison de San Miguel et le délai de l’enquête a été fixé à 60 jours.

« C’est le moment d’agir, au quotidien avec ceux en affinité avec nous, pour la destruction de la société carcérale et de toute tentative sociale de réformer ce dégoûtant système de mort. La solidarité ne doit jamais devenir un slogan vide, mais une action quotidienne d’affrontement avec le Pouvoir et un soutien constant aux frères/sœurs séquestré-e-s dans cette guerre à mort. »
-Mauricio Morales Duarte-

Collectif Anticarcéral Vuelo de Justicia

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