Rebelles, unis, organisés, sans partis

lima27.7.2013Ce tract a été distribué le 27 juillet 2013 à Lima, Pérou, durant la mobilisation qui s’est terminée par des barricades, répression, affrontements, boycott, dans le centre historique de Lima. Il est évident que les participants étaient des esclaves modernes cherchant à expulser leur rage, colère et non-conformité contre les forces répressives de l’État.

Toi qui lis ce tract, je sais que tu seras d’accord avec nous, lorsque nous affirmons que chaque politique qui rentre au pouvoir étatique n’est qu’une marionnette de plus du système économique. Nous entendons souvent dire par des parents ou des amis, que ce sont tous des voleurs, des corrompus, qu’ils nous mentent et nous trahissent en permanence. Ces affirmations, ou petits instants de lucidité nous permettent de nous rendre compte, de regarder par dessus les écrans de télévision, de nous enlever le bandeau des yeux, et de voir que ceux au pouvoir (peu importe le poste occupé, la couleur du drapeau ou les idées) défendront toujours les intérêts des groupes de pouvoir qui mènent à leur guise cette partie du monde, appelée Pérou. Que le parti au pouvoir soit de gauche ou de droite, sa seule fonction est de protéger les intérêts des monopoles et entreprises qui vivent à nos dépens, améliorer la circulation de marchandises, baisser le prix de la main d’œuvre, faire des lois pour leur libre-échange, etc. Si on s’en prend à eux la répression sous toutes ses formes est ce qui nous attend. Mais est-ce que c’est la seule manière que nous avons de défendre ce qui nous semble juste ? Est-ce qu’on doit seulement s’organiser à travers des partis ?

Les partis politiques, au delà des intentions parfois saines et dévouées de beaucoup de leurs militants, deviennent des machines bureaucratiques qui ne sont intéressés que par leur propre pouvoir, et cela amène inévitablement à mettre les intérêts de groupe au dessus des intérêts de l’ensemble des dépossédés, exploités, indignés, marginaux ou comme on veut s’appeler.

Beaucoup de travailleurs et d’étudiants qui ont des aspirations progressistes regardent de loin les partis de gauche, ceux qui se disent favorables à l’émancipation de la classe des travailleurs et à un monde sans exploitation, et ils se demandent « pourquoi ils ne s’unissent pas si ils sont pour la même chose ? Pourquoi ils se disputent pour des points virgules ? L’ennemi est puissant et organisé, ainsi avec une gauche unie et forte nous pourrions mieux l’affronter ».

Mais la vérité c’est que les directions et buts de ces partis (parce que les partis fonctionnent comme les entreprises et gouvernements, avec des gens en haut et d’autres en bas, avec des gens qui pensent et commandent et d’autres qui exécutent et obéissent) ne vont pas dans le même sens. C’est pour ça qu’ils se disputent. Leurs motivations ne sont pas dans les idéaux qu’ils professent ni dans les programmes qu’ils écrivent. Ils sont concurrents pour le pouvoir de la « masse populaire » (comme ils nous appellent). Ils donnent la priorité aux disputes entre eux avant toute chose.

Les travailleurs, étudiants, paysans, femmes au foyer, les exploités et opprimés en général, n’avons pas besoin de ces structures pour nous unir. Ce sont des structures trop conditionnées par ce monde mercantiliste et autoritaire, elles ne servent pas à nous émanciper. Comment tu vas obtenir ta liberté si tu te soumets à un dirigent ? En plus de cela cette société nous attribue des patrons, gérants, surveillants, professeurs, et autres hiérarchie … on va chercher des chefs supplémentaires ?

Les exploités ne sont pas faibles parce qu’ils sont divisés, ils sont divisés parce qu’ils sont faibles, et sont faibles parce qu’ils continuent d’accepter d’être représentés, que ce soit par des politiques bourgeois ou des politiques de leur propre classe sociale. Nous sommes représentés par nos parents quand on est gamin, par des avocats devant le tribunal. Nous sommes représentés par d’autres dans des situations où nous ne pouvons pas nous présenter nous-même, où nous avons besoin qu’un autre nous présente à nouveau (re-présenter).

Si nous voulons nous libérer est-ce que la représentation nous sert à quelque chose ? Est-ce que les structures qui divisent les gens entre représentants et représentés, dirigeants et dirigés, nous servent ? Non, elles ne nous servent à rien. Donc, ne cédons pas au chant des sirènes de la gauche et ses fausses promesses de liberté et ne nous inquiétons pas de son manque d’unité. Faisons les choses entre nous. Sans sigles ni dirigeants.
Nous ne luttons pas pour humaniser le capitalisme, mais pour en finir avec lui.

Nous ne sommes pas seulement contre l’Organisation Mondiale du Commerce et le FMI, nous sommes contre n’importe quelle expression du capitalisme.

Nous ne sommes pas seulement contre la mondialisation, nous sommes contre tout ce qui caractérise ce système décadent.

Nous ne sommes pas seulement contre le travail précaire, nous sommes contre le travail salarial.

Nous ne sommes pas seulement contre la dictature, nous sommes contre la démocratie.

Nous ne sommes pas seulement contre la loi sur l’immigration, nous sommes contre les patries et les frontières.

Nous ne luttons pas seulement pour que tous les enfants puissent aller à l’école, nous luttons pour que l’école et tout le système éducatif ne soient plus la domestication nécessaire préalable à l’entrée dans le monde du travail.

Nous ne luttons pas pour la répartition de la richesse et l’équilibre dans le premier et tiers-monde, nous luttons pour une société sans argent.

Nous ne voulons pas entendre parler de : la gauche, du moindre mal, la paix sociale, des aides de l’État, des élections, nous ne voulons plus des administrations de mort.

LA LUTTE C’EST ICI ET MAINTENANT !

Nous n’avons pas de dates spéciales pour sortir dans la rue, nous n’avons rien à attendre ni rien à perdre. Nous ne pouvons nous fier qu’à nous, la transformation sociale ne pourra pas venir depuis en haut, de ceux qui ont le pouvoir entre leurs mains, le pouvoir de nous imposer un monde qui ne nous appartient pas, mais qui s’alimente de nos vies.

Écris-nous pour échanger des informations, agir ensemble, pas pour gagner plus de sympathisants ou de votes, mais pour organiser notre libération. Comme organisation, nous n’avons rien à vendre à nos frères de classe, rien pour les séduire. Nous ne sommes pas un groupuscule en compétition par le prestige et l’influence avec les autre groupuscules et partis qui disent représenter “le peuple”, “les travailleurs”, “le prolétariat” et qui prétendent les gouverner et les diriger. Nous sommes des prolétaires qui luttent pour s’auto-émanciper avec les moyens à notre disposition et rien de plus.

Courriel : ataquecreaxionista[arobase]gmail.com

Panfletos subversivos

Quelques idées sur le mouvement zapatiste

zapatistasEn parlant du mouvement zapatiste on pourrait croire que c’est un mouvement contemporain sans racines dans le passé. Cependant le zapatisme tel que nous le connaissons aujourd’hui est en réalité une récupération du mouvement dirigé par Emiliano Zapata au début du XX° siècle, durant la période de la guerre civile connue comme la Révolution Mexicaine.

Sous la devise de “la terre est à celui qui la travaille“, Zapata avait réuni plus de 27 mille hommes et femmes, la majorité des indigènes et paysans du sud du pays, dans l’Armée Libératrice du Sud afin qu’ils luttent pour la récupération des terres qui avaient été confisquées par des notables et des grands propriétaires terriens, un point que le gouvernement soi disant révolutionnaire de Francisco I Madero n’avait pas voulu inclure dans son plan de gouvernement, ce qui lui valut une rupture avec eux. Cette rupture implique que les zapatistes, à travers le plan Ayala, ne le reconnaissent pas (et les deux présidents suivant ) et construisent un mouvement autonome du pouvoir étatique qui perdure formellement jusqu’à 1919 (année de l’assassinat de Zapata), mais qui informellement continue d’être en vigueur pendant tout le XX° siècle.

Le premier janvier 1994, le jour commence avec en gros titres dans tous les journaux : Trois mille indigènes qui s’appellent eux-même Armée Zapatiste de Libération Nationale, prennent la tête de sept communes au Chiapas. Ils lancent une déclaration de guerre contre le gouvernement et annoncent leur intention d’arriver jusqu’à la capitale du pays. Le soulèvement dura 12 jours, durant lesquels de nombreuses personnalités (religieuses, intellectuelles, culturelles), collectifs, organisations, individus … demandent l’arrêt de l’affrontement.

Ces nouveaux zapatistes commencent un processus de dialogue avec le gouvernement qui mène aux Accords de San Andrés (1996), dans lesquels ils demandent que l’État mexicain reconnaisse, entre autres choses, le droit à l’autonomie, la culture, les droits des peuples indigènes dans la constitution et en même temps de satisfaire les demandes de justice et d’égalité pour les indigènes et les pauvres du Mexique. Comme cela avait eu lieu plusieurs années auparavant, le gouvernement les trahira ( ainsi que les quelques 65 peuples indigènes qui vivent dans le pays) leur donnant des miettes de leurs demandes. L’EZLN décide alors de rompre les relations, commence à travailler indépendamment du gouvernement et mise sur la construction de l’autonomie.

Bien que la lutte des zapatistes a été lancée pour obtenir le droit à l’autodétermination, dans ses demandes il n’y a pas d’intention de construire un État indépendant de la Républiques Mexicaine. L’idée est plutôt que le gouvernement les reconnaissent et n’invisibilise plus les peuples indigènes du pays. C’est ainsi que dans tous leurs actes publics ils entonnent l’hymne national et prêtent serment face au drapeau national, en forme d’affirmation de leur appartenance au pays.

En 2003 on voit s’officialiser la division entre la partie civile de l’organisation, appelée Bases d’Appui Zapatistes (dans la majorité des indigènes tzeltales, tojobales, tzotziles, etc) et la militaire, vu qu’ils considèrent que la partie militaire s’immisce dans le processus démocratique et prend le dessus. Ainsi les Junta de Bon Gouvernement restent à charge de la sécurité, des processus démocratiques et de la construction et du développement de l’autonomie ; et l’EZLN reste immergée dans les montagnes et la selva du Chiapas en ayant des contacts publics qu’au travers de communiqués.
Les BAZ et les JBG misent sur un nouveau plan de travail et ouvrent des liens directs avec la dite « société civile organisée » : ils développent une activité abondante de diffusion et propagande (entre elles la revue Rebeldía), créent des organisations hors du territoire zapatiste comme le Front Zapatiste de Libération Nationale, ouvrent des espaces de soutien comme la Cafetería Comandanta Ramona et permettent l’entrée de milliers de personnes dans les communautés comme observateurs ou coopérateurs.

En 2005 l’EZLN lance la Sixième Déclaration de la Selva Lancandone dans laquelle elle appelle toutes les organisations anticapitalistes de gauche à former un front national, horizontal, sans parti, qui lutte pour la construction d’un autre Mexique sans président et une nouvelle constitution qui contienne une réponse aux demandes de tous les groupes en lutte du pays. Des centaines de collectifs, organisations et individus de gauche de tout le pays répondent à l’appel et se déclarent adhérents, y compris de nombreux collectifs anarchistes. C’est ainsi qu’est organisée une Rencontre Anarcho-galactique par des collectifs qui soutiennent cette initiative et voient dans un mouvement de type plateformiste (sous des accords idéologiques minimums) la possibilité de s’unir avec d’autres personnes pour la construction d’une alternative sans leaders ni État.

L’Autre Campagne (LOC) (nom du mouvement qui apparaît à la suite de la publication de la Sixième DSL) se définit sans parti, cependant certains partis de gauche se sont déclarés adhérents. Le Parti Communiste (sans registre formel au Mexique) s’est chargé d’apporter ses images iconiques de leaders à chaque assemblée ou rencontre en même temps qu’il essaie d’introduire ses idéaux politiques. Cela favorise aussi la participation de personnes appartenant à des partis de gauche dans le travail de base au sein de l’initiative des zapatistes.

Dans les deux cirques électoraux qui ont eu lieu depuis qu’est apparu L’Autre Campagne, de nombreux individus adhérents ont appelé au vote utile pour battre l’ultra-droite (représentée par les partis PRI et PAN) et mettre au pouvoir la « gauche » (PRD), soi disant un parti qui pourrait garantir « l’état de droit ». La même EZLN durant tout le processus de dialogue avec le gouvernement pour obtenir la signature des Accords de San Andrés, a entretenu des relations avec l’espoir d’alors, Cuauhtémoc Cárdenas. Ou sans aller aussi loin, depuis l’année dernière elle a soutenu publiquement un mouvement absolument réformiste appelé « Mouvement pour la Paix avec Justice et Dignité », mené par le poète Javier Sicilia, dont le fils a été assassiné par le narcotrafic. Cette initiative civile a cherché depuis le début le dialogue avec le gouvernement pour obtenir que celui-ci réponde aux demandes de réparation pour les familles qui ont un proche qui a été assassiné.

LOC se définit comme un mouvement horizontal sans leaders. Cependant il est plein de figures ou personnages qui font voir l’organisation comme un mouvement vertical. C’est le cas du Sous-commandant Marcos qui n’est pas seulement le porte-parole des zapatistes mais aussi une figure représentative et iconique pour tout le mouvement de gauche sans parti (même si lui et tous les communiqués des JBG essaient de montrer le contraire). Depuis qu’a commencé LOC chacune des actions appelées par l’EZLN ont été soutenues par les collectifs et individus adhérents, la même chose ne se passe pas avec les initiatives qui sont sortis de collectifs plus petits. Clairement, ce sont les adhérents et sympathisants qui ne mettent pas en œuvre la pratique de l’horizontalité.

Même si les avancées obtenues par le mouvement zapatiste se doivent tout d’abord à l’usage de la force armée durant le soulèvement de 94, depuis 1996 ils ont décidé de miser sur la résistance pacifique, c’est à dire, ne pas attaquer, mais se défendre. Et c’est ce qu’ils ont fait toutes ces années : se défendre. Même si la guerre de basse intensité ne s’est pas arrêtée, mais bien au contraire, elle s’est intensifiée ces dernières années, l’EZLN ne s’est jamais remise à utiliser les armes. Est-ce que ça a du sens une organisation armée qui n’utilise pas d’armes ?

LOC, suivant la proposition des zapatistes, se pose depuis le début comme un mouvement civil et pacifique qui rejette ouvertement l’exercice de la violence antagoniste comme forme d’attaque. Nous pouvons trouver une infinité de postures et condamnations contre cette pratique. LOC n’a jamais fait place à autre chose que la création de réseaux et d’interminables dialogues et discussions autour de comment construire de nouvelles formes de gouvernement, de travail, etc …

Ce que nous écrivons n’est pas une condamnation envers les zapatistes ou envers ceux qui croient de manière utopique que le processus organisatif et de lutte de LOC est une attaque réelle contre l’État. Nous reconnaissons ouvertement que la construction d’autonomie des zapatistes est une des expériences les plus intéressantes qui se sont faites dans cette région, même si bien sûr ça n’est pas la seule car il existe d’autres mouvements indigènes autonomes dans d’autres parties du pays (ERP, ERPI, Alianza Magonista. Zapatista, Radio Ñomndaa…). Au sujet de LOC, nous manifestons de grandes réserves en ce qui concerne les moyens et objectifs avec lesquelles ils travaillent. Un réseau de solidarité et d’appui n’est pas suffisant pour arriver à un changement de fond.

Le zapatisme, au cours de ces années, a réussi à résister aux attaques de l’État, de tout type de forces du (dés)ordre et de groupes paramilitaires. Ils ont récupéré des milliers d’hectares de territoire. Ils ont crée des hôpitaux, des écoles et des coopératives de production. Ils ont formé des centaines de personnes qui à leur tour forment d’autres personnes. Ils ont crée leur propre système de gouvernement (les assemblées de Bon-Gouvernement) qui reprend la tradition des gouvernements d’us et coutumes dans lesquelles se construit dans la pratique la démocratie directe. Les dirigeants sont élus en assemblée et s’ils ne réalisent pas bien leur travail on leur retire la charge. Chaque charge est temporelle et les responsabilités sont rotatives. Ils ont crée une structure politico-géographique à travers les Caracoles, de façon à ce que leur territoire soit unifié. Ils ont crée un système de justice propre.

Les zapatistes les plus vieux disent qu’il y a des années (pas tant que ça en réalité) les indigènes au Chiapas ne pouvaient pas marcher sur le trottoir, ils devaient marcher sur la route là où sont les voitures. Ils racontent aussi qu’aux femmes qui travaillaient sur les terres des grands propriétaires terriens on leur appliquait le droit de cuissage (avant de se marier elles étaient obligées d’être violées par le maître). Ils disent qu’ils étaient traités comme du bétail. Et ils racontent encore beaucoup d’autres choses aussi horribles que celles-ci. C’est pour ça que nous n’allons pas critiquer cette forme qu’ils ont choisi pour construire leur autonomie : chacun doit agir en prenant en compte les circonstances et espaces dans lesquelles il vit.

Ce que nous pouvons critiquer par contre c’est justement l’absence de critique de nombreux collectifs et individus anarchistes du Mexique. Comment participer à un mouvement vertical où certains sont importants et où tu es puni si tu ne respectes pas les règles (et ça nous le disons pour les compagnon-ne-s qui sont plus proches de l’organisation) ? Comment peuvent-ils participer à cette condamnation de la violence antagoniste si le fait même d’être anarchiste signifie de fait une posture violente contre l’ordre établi ? Comment peuvent-ils faire des alliances avec une organisation qui cherche à construire la démocratie si nous nous ne croyons pas en la démocratie, ni dans les drapeaux, ni les patries, ni les hymnes nationaux ? Comment peuvent-ils croire en un mouvement de masses ? Comment peuvent-ils penser que nous allons pouvoir nous mettre d’accord avec des marxistes, trotskistes, léninistes, communistes, pacifistes … ? Quelle affinité idéologique peut-on avoir avec une organisation de style marxiste ?

Nous nous croyons en une affinité qui va au delà de se déclarer anti-capitaliste, ou de se dire activiste, ou d’être contre l’État et le système démocratique actuel. Nous croyons en la création de groupes d’affinité, partant d’une pratique réelle, qui s’oppose et se confronte au pouvoir. Nous croyons en la destruction du système, et pas en sa possible transformation et réhabilitation. Nous croyons en la confrontation directe sans besoin de justifications comme l’autodéfense ou la résistance. Ces différences au sujet des formes d’agir, objectifs et moyens de la lutte, que maintiennent les zapatistes et LOC, nous font nous tenir à distance d’eux.

La letra armada

La letra armada est un collectif anti-autoritaire qui se consacre à l’édition, l’impression et l’élaboration de matériel anarchiste qui diffuse la lutte insurrectionnelle en même temps qu’il soutient les prisonnièr-e-s de la guerre sociale qui ont été séquestré-e-s ou sont poursuivi-e-s par l’État. 

Santiago : résumé de la manif pour la dépénalisation de l’avortement.

Le 25 juillet a eu lieu à Santiago une manif pour la dépénalisation de l’avortement, étant donné que le Chili est l’un des pays dans le monde qui pénalise l’avortement dans n’importe quel cas. Il en résulte que des femmes sont en taule pour avoir avorté et que d’autres meurent en avortant clandestinement.

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A_UNO_273345La manif était convoquée à 19h sur la Place Italie mais l’intendance Métropolitaine a décidé à 18h de retirer l’autorisation qu’elle avait donné pour le parcours sur l’Alameda nord jusqu’au Paseo Bulnes. Pour cette raison les flics ont pas mal emmerdé les manifestants qui marchaient sur les deux voies de l’Alameda nord, poussant et menaçant certains tout au long du parcours. La police a finalement fait un barrage au niveau de Paseo Ahumada, à deux pas du Palais de la Monnaie. La manif s’est donc momentanément arrêtée à cet endroit, et à un moment donné les flics ont commencé à pousser violemment les manifestant-e-s qui bloquaient la circulation criant des slogans pro-avortement mélangés à des slogans anti-flics, ainsi que des slogans qui appelaient à continuer d’avancer sur l’Alameda (artère principale du centre de Santiago).

Après une dernière poussée des flics toutes les personnes ont compris que ça ne servait à rien de rester vu le peu de motivation à faire face aux flics, et la manif a continué son chemin sur le Paseo Ahumada (où elle a croisé les évangélistes qui comme chaque soir faisaient leur sketch en pleine rue), en direction de la Cathédrale de Santiago, sur la Plaza de Armas. En arrivant sur la place de façon spontanée les manifestant-e-s se sont dirigées à l’intérieur de la Cathédrale, où une messe était en cours. La foule a essayé de couvrir le micro des religieux en sifflant et criant des slogans (parmi lesquels « sortez vos rosaires de nos ovaires »). Des slogans ont aussi été écrits à l’intérieur de la Cathédrale et des bancs en bois ont été jetés par terre, certains bancs ont même été sortis de la cathédrale et balancés sur le parvis. À ce moment là les flics ont commencé à charger sur le parvis, utilisant les canons à eau et arrêtant quelques personnes (on ne sait pas le chiffre exact, mais c’est moins d’une dizaine). Pendant ce temps les personnes qui sortaient de la Cathédrale essayaient de se mettre à l’abri dans les rues autour vu que la place commençait à se remplir de flics en moto, avec quelques canons à eau , zorillos (blindés qui lancent les lacrymos) et paniers à salade.

Ainsi se terminaient ces petits affrontements pour la libération de nos ventres, chacun-e- rentrant chez soi content-e-s d’avoir au moins pu perturber la messe, comme une petite attaque aux religions réactionnaires.

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Défendons les compagnon-ne-s des griffes de la répression.

aficheperseguidosLa logique du pouvoir s’alimente en définissant la légalité ou l’illégalité, que ce soit des actes, des idées, des gestes, y compris des personnes. Loin de ces paramètres qui ne font que nourrir la domination, ce qui est réellement valable ce sont les décisions de lutte menées par des personnes concrètes. Pour cela nous défendons les compagnon-ne-s et les différentes pratiques d’attaque contre le pouvoir.

*Il y a 4 ans le pouvoir a décidé que la vie de Diego Ríos était illégale, en trouvant chez lui du matériel pour fabriquer des explosifs. Devant la chasse menée contre lui le compagnon anarchiste décide de fuir et ne pas baisser la tête, restant en cavale jusqu’à aujourd’hui.

*En 2013 dans le contexte du combat et de la lutte de rue, où les actions de combat et d’affrontement contre les puissants s’est propagé, des flics des services de renseignement filment un jeune cagoulé attaquant des flics avec un cocktail molotov. La filature policière permet de l’identifier, ces images et son identité sont largement diffusées par les médias.

Les deux situations mettent en évidence le monopole de la violence de la part de l’État. Lorsque quelqu’un s’affronte contre la domination, la répression lui tombe dessus avec tout son appareil policier, politique, journalistique et judiciaire.

Devant les assauts de l’État il ne nous reste qu’un chemin à prendre : la défense illimitée de toutes les formes de lutte contre le pouvoir et des compagnon-ne-s qui décident de faire ce pas.

Soutien et solidarité avec nos compagnon-ne-s persécuté-e-s.
Lutte permanente contre la domination.

  Traduit de Publicación Refractario

Répression contre les émeutiers

Au cours de la manifestation étudiante du 26 juin des équipe de la police politique DIPOLCAR (service de renseignement) se sont infiltrés dans la manifestation et les émeutes, filmant de près une personne cagoulée qui avait un cocktail molotov à la main.

Le jeune encagoulé allume le molotov sur une barricade et le lance contre la police. Après avoir été suivi durant les émeutes il est filmé en train de se changer à l’intérieur de la USACH et essayant des chaussures provenant d’un pillage qui a eu lieu au cours des émeutes dans le centre de Santiago.

Les griffes de la répression se serrent sur Nicolás Sandoval Toro (19 ans) et son frère de 17. Ils sont arrêtés et formalisés pour port illégal d’engin incendiaire, atteinte à l’autorité et recel. Donnant 120 jours d’enquête au parquet, le compagnon reste en libération conditionnelle.

Après une médiatisation de son affaire (la “fuite” dans des journaux télévisés  à des horaires de grande écoute au sujet de sa filature) la cour d’appel a décidé d’emprisonner Nicolas Toro le 4 juillet.

Défendons les compagnon-ne-s accusé-e-s de combat de rue !

Traduit de Publicación Refractario

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Le 13 juin au cours d’une manifestation étudiante une jeune “encapuchée” a lancé un cocktail molotov sur les forces répressives.

Les images sont filmées depuis un bâtiment par la police secrète de la DIPOLCAR, le policier caméraman suit la jeune encagoulée jusqu’à ce qu’elle se change d’habits derrière des arbres éloignés de l’action.

Des heures après la jeune est arrêtée lors de l’incursion policière dans le siège central de l’Université de Chile bloquée, accusée seulement à ce moment là de désordres pour se trouver dans une université bloquée. Des jours après et devant les critiques du comportement violent des policiers lors de leur incursion dans l’université la police a “déclassifié” ces images pour justifier la violence exercée.

La presse a montré en boucle les images, l’individualisation de la compagnonne la surexposant à l’humiliation publique et lui donnant comme surnom “la blonde encagoulée”, en plus de rendre publique son histoire et son profil.

Ce n’est que le 7 juillet que l’intendance de Santiago a porté plainte contre la compagnonne l’accusant sous les délits de ports d’engins incendiaires et désordres publics devant le septième tribunal de garantie. *

Solidarité avec la compagnonne Giuria Muñoz!

Empêchons les campagnes médiatiques contre les compagnon-ne-s participant dans la lutte de rue !

Traduit de Publicación Refractario

NdT :

* le 19 juillet elle a été arrêtée dans un appartement de la commune de Ñuñoa après avoir été en cavale pendant 10 jours. Le même jour elle a été formalisée pour les “délits” de port d’engin incendiaire et désordres publics. Dix ans de prison avaient été sollicités, puis 90 jours de prison préventive, mais finalement la jeune s’en est tiré avec une liberté sous caution, devant payer  500 mille pesos pour être libérée.

 Il y a d’autres personnes qui ont été arrêtées et jugées sous les même accusations en 2013 dans le cadre des manifestations, malheureusement nous n’avons aucun chiffre, et ces deux exemples ont été utilisés car la presse a allègrement trainé les deux jeunes dans la boue et a rendu leur histoire connue.

Sur les nombreuses personnes arrêtées lors des manifestations certains se voient signifier une interdiction d’assister aux manifestations, parfois pour plusieurs mois. Ainsi l’État essai de noyer ce mouvement en menaçant par la prison et en propageant ainsi la peur, et les “fuites” dans la presse au sujet du groupe tactique d’intervention rapide de la police, appelé Fenix, ne font qu’aller dans ce sens, car quoi de mieux pour essayer de contenir ces manifs que de faire savoir qu’au milieu des manifestants cagoulés il y a des membres des forces d’intervention spécialisés dans le suivi d’émeutiers ?

Grève générale du 26 juin à Santiago

Ceci est un compte-rendu fait à partir de ce que nous avons pu voir dans les rues le mercredi 26 juin, c’est donc loin d’être exhaustif car il y avait trois manifestations simultanées et plusieurs lycées attaqués la nuit, nous n’avons pas pu être partout.

L’animation a commencé dès 07 heures du matin à divers points de la capitale, se matérialisant par des barricades érigées devant les universités et les lycées. Comme d’habitude le complexe universitaire de Macul con Grecia et la Usach n’ont pas été en reste.

ter6La manifestation commençait à 13h, mais des heures avant le centre ville était quadrillé de flics, et des jeunes jugés suspects ou qui n’avaient pas leurs papiers sur eux étaient arrêtés en prévention.

On pouvait aussi voir des hélicoptères voler au dessus de la manif, et un œil observateur pouvait déceler sur certains toits de la Alameda d’étranges photographes ou caméramans, flics ou journalistes (la même chose), malheureusement suffisamment hauts pour être hors d’atteinte des manifestants.

À 13h il y avait trois manifestations simultanées qui devaient se retrouver toutes à un même point, la place de Los Heroes. On compte plus de 100 000 personnes qui auraient assisté à la manifestation, qui n’était pas uniquement des étudiants, puisqu’il y avait plusieurs revendications, étudiantes, mais aussi laborales, ainsi que des revendications par rapport aux lois liberticides que l’État chilien s’apprête à nous sortir, entre autre la loi qui punit toute insulte sur les flics, et la loi Hinzpeter, qui parmi d’autres choses interdira le port de la capucha (la cagoule faite avec un tee-shirt).

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9340_632187956792152_2133531382_n Continuer la lecture de « Grève générale du 26 juin à Santiago »

Deux lettres de José Miguel Sánchez

Aux guerriers de la lutte de rue

Que cet hiver soit chaud grâce au feu que nous allons semer avec nos molotovs, en faisant brûler chaque icône du pouvoir, dévastant ceux qui nous oppriment, libérant notre haine envers la classe dominante, prenant par surprise le territoire bourgeois, brûlant ses possessions et encourageant l’indécis à se rebeller. Vive ceux qui luttent !

Nos actions doivent attaquer toute forme d’autorité et de domination, tout gardien du pouvoir, sabotant la paix des riches, toujours agissant avec audace et surprise, ne laissant aucune trace pour ne pas faciliter le travail de l’ennemi. Nous luttons contre la domination oligarchique, nous faisons prévaloir la solidarité et l’égalité sur les privilèges, les égoïsmes et l’injustice. C’est pour cela que nous dirigeons nos actions avec des bras forts, conscience et conviction, et c’est de la responsabilité de chacun de nous de faire en sorte que chaque action atteigne son objectif. Nous sommes des guerriers d’une lutte inégale et pour cela nous devons être sûrs de nous et audacieux.

Nous n’avons aucun attachement au “confort” que le système nous offre, nous nous torchons avec leurs lois et normes, nous savons que c’est seulement en luttant efficacement et constamment que nous arriverons à nous débarrasser du joug crée par la classe privilégiée pour nous soumettre, de l’égoïsme et de l’avarice d’un richard prétentieux et de toute forme d’autorité. Nous luttons pour la libération totale et nous sommes prêts à tout pour l’émancipation. Continuer la lecture de « Deux lettres de José Miguel Sánchez »

Quelques mots pour Felicity Ryder, anarchiste en cavale, et quelques réflexions autour de la clandestinité

muralxfelicityCela fait presque deux ans que nous avons diffusé un texte en solidarité avec le compagnon anti-autoritaire Diego Ríos, clandestin depuis 2009 ( pour l’ordre d’arrestation émis contre lui à la suite d’une dénonciation de sa mère qui avait trouvé du matériel pour fabriquer des explosifs). À cette occasion nous avions partagé quelques réflexions sur les particularités de la clandestinité de compas anti-autoritaires et anarchistes.
Un effort similaire avait été fait par des compas il y a trois ans lorsqu’ils avaient écrit et édité le livre “Al Acecho” ( À l’affût), au sujet de l’affaire de Diego Ríos, qui pour nous est le premier texte fait au Chili qui aborde la thématique de la clandestinité depuis une perspective anti-autoritaire et à partir d’un cas concret. D’autres textes, comme le livre “Incognito” et les communiqués de la compagnonne Gabriela Curilem avaient aussi abordé des expériences de clandestinité de compas anarchistes/anti-autoritaires, une thématique qui semble être peut discutée dans ce coin là.

C’est ainsi que nous avions déjà partagé l’idée que saluer les compagnons en cavale c’est saluer leur décision de lutte, leur choix de s’évader de la prison, qui est aussi une action contre les tentatives du pouvoir d’enfermer ceux qui le combattent.
Aujourd’hui nous voulons saluer en particulier la compagnonne en cavale Felicity Ann Ryder, dans le cadre de l’appel réalisé par des compas anonymes à deux semaines de solidarité avec elle, du 21 février au 7 mars. Nous voulons saluer la compagnonne et lancer en l’air quelques idées sur la clandestinité pour enrichir notre praxis anti-autoritaire, qui sont fruits d’apprentissages individuels et collectifs dans l’aiguisage de nos positions dans le scénario permanent de la guerre sociale.

Que l’oublie et le silence ne dévorent pas nos compagnon-ne-s …

Ce qui est sûr c’est que trop de fois les compagnon-ne-s sont seuls et se prennent des portes qui claquent dans la gueule, souvent les compagnon-ne-s n’ont pas de quoi manger, errent sans avoir où dormir et doivent affronter dans la plus complète solitude les démons à gages. Souvent les frères/sœurs n’ont personne à qui parler, ni d’ habits pour se changer ou quelqu’un avec qui discuter des tactiques, souvent ils sont diffamé-e-s sans la possibilité de se défendre et le silence se brise seulement avec l’écho de l’infamie. Et cela arrive parce qu’au lieu de retrousser ses manches, de gérer, créer et unir des volontés, certains préfèrent se retirer cyniquement, s’annuler dans la peur. Dans la mesure où on ne comprend pas le rôle que joue chacun-e et l’importance vitale des gestes concrets, l’oublie continuera de dévorer des compagnon-ne-s séquestré-e-s, blessé-e-s, ou en cavale.
(La Graine Noire de Nos Convictions. Des mots de la compagnonne Gabriela depuis la clandestinité, août 2011)

[…] ceci n’est pas une plainte ni une énumération de douleurs, c’est écrit dans le but de contribuer à la discussion et à l’échange d’expériences, pour que l’on voit l’arrière-boutique d’un thème qui parait avoir peu de réflexion […]. La revendication d’après moi ne porte pas sur la clandestinité ( qui peut se finir à n’importe quel moment), mais sur la décision de lutte permanente, jusqu’à la fin. Arrive ce qui arrive, même si la vie doit partir avec cela.
(Dépliant les Ailes. Réflexions depuis la clandestinité par la compagnonne Gabriela Curilem. Novembre 2010).

Actuellement dans le territoire appelé Chili nous disposons de quelques expériences de compagnon-ne-s qui se sont déclarés dans la clandestinité et ont décrit ce choix comme une décision contre la persécution des puissants. C’est le cas du compagnon anti-autoritaire Diego Ríos, du compagnon Hans Niemeyer, de la compagnonne Gabriela Curilem (qui est sortie de la clandestinité en 2012), des compagnons Juan Aliste et du compagnon Marcelo Villarroel (actuellement emprisonnés, accusés de l’attaque d’une banque qui s’est soldée par la mort d’un flic). En plus de cela, les appareils répressifs des puissants n’ont pas pu trouver ni emprisonner le compagnon anonyme du Punk Mauri (mort dans une action en 2009), ni la personne qui accompagnait Tortuga (aujourd’hui en liberté sous condition) après son accident lors de l’explosion de la bombe qu’il posait sur une banque en 2011.

De notre part, lorsqu’avec d’autres compagnon-ne-s nous avons réfléchi sur la clandestinité de compas anti-autoritaires nous avons centré nos analyses sur les différences qui existent avec la forme traditionnelle de clandestinité des organisations révolutionnaires hiérarchiques et centralisées, et dans la nécessité de posséder des moyens propres/autonomes dans la lutte multiforme contre le pouvoir.

Aujourd’hui nous voulons mettre en débat d’autres nécessités importantes et des défis à l’heure d’affronter la clandestinité de quelque compagnon-ne, que nous le/la connaissions ou pas, que nous ayons ou pas des contacts directs avec ceux/celles qui les aident plus ou moins directement, car c’est secondaire lorsque le lien est le compagnerisme forgé par la décision de lutter contre l’autorité …

C’est important de comprendre et de saluer la clandestinité d’un-e compagnon-ne comme une décision personnelle de lutte, mais de ne pas l’idéaliser comme une forme supérieure de l’affrontement, surtout lorsque la décision a pour origine la persécution de compagnon-ne-s spécifiques sur qui l’ennemi a émis des ordres de détention, de recherche et de capture, etc …

Une autre chose importante c’est de considérer que l’ennemi a l’habitude de publier la photo de nos compagnon-ne-s clandestin-e-s dans ses moyens de communication pour que les citoyens collaborent à leur capture, et c’est donc une responsabilité et un acte de solidarité de notre part de retirer des pages d’information anarchistes -ou autre type de propagande- toute photo de compas qui sont rentrés en clandestinité, pour faire obstacle, même si c’est pas grand chose, à la chasse que mène l’ennemi. Nous le soulignons car lorsque le compagnon Hans Niemeyer est rentré dans la clandestinité il y a quelques mois, certains blogs informatifs du milieu anti-autoritaire et d’autres compagnon-ne-s solidaires ont continué de mettre sa photo dans les nouvelles sur le compagnon ou en en forme de propagande solidaire avec sa situation.

C’est aussi important d’avoir conscience que même si chaque jour qui passe sans que nos sœurs/frères en cavale ne soient capturés ridiculise l’ennemi et est un acte de propagande anti-autoritaire contre toute sa machinerie répressive, dans chacun de ces jours il se peut aussi que nos compas aient mille nécessités, comme celle de ne pas se sentir seul-e après avoir été séparé-e-s de personnes/animaux proches et aimé-e-s ou de certains projets et compagnon-ne-s. C’est pour cela que c’est très important que chacun dans ses propres possibilités contribue à ne pas couper les liens communicatifs avec les compagnon-ne-s en cavale et que nous les rendions présents dans l’échange d’expérience sur la scène globale de la guerre sociale. Avec des salutations à travers la propagande et des actions, ou répondant à leurs communiqués envoyés depuis la clandestinité nous pourrions contribuer énormément à ce que le moral de nos frères/sœurs ne baisse pas malgré les obstacles. C’est comme ça que nous pouvons participer à générer des voies de communication et des réflexions plutôt que de les nier ou les couper, isolant ainsi encore plus les compagnon-ne-s clandestin-e-s/

Felicity Ryder, que le vent efface tes traces et te protège des chasseurs.

Dans ces moments difficiles c’est très important pour moi d’avoir des gens proches ou éloignés qui sont solidaires, même sans me connaître. (…) Vive l’anarchie !
(Lettre de la compagnonne Felicity Ryder depuis un endroit hors des cages, juillet 2012).

Felicity a décidé de rentrer dans la clandestinité après l’arrestation du compagnon Mario Lopez, qui en juin 2012 a été arrêté après avoir été blessé en portant un engin incendiaire qui a pris feu, à ce moment là il portait sur lui des documents d’identité de Felicity. Le compagnon Mario a assumé la responsabilité de l’action en indiquant que la compagnonne était juste là au moment où l’engin a explosé et qu’il considère que c’est une erreur d’avoir eu sur lui ses documents d’identité. Dans les premiers jours, la police et la presse du pouvoir ont essayé d’inventer que Felicity était arrêtée, mais quelques mois plus tard la compagnonne a démenti cette version et a reconnu son passage dans la clandestinité face à la persécution répressive qui a commencé contre elle.
La presse du pouvoir a aussi raconté que Felicity avait été au Chili, ce qui a servi à alimenter encore plus le délire des autorités mexicaines sur une soi-disant organisation anarco-insurrectionnaliste gravitant autour du blog Liberación Total, avec comme base le Chili et le Mexique. Du pur délire.

L’expérience de Felicity a des similitudes avec des cas de compas qui ont réalisé des actions avec des compagnon-ne-s qui ont fini morts, blessés ou arrêtés, comme le cas de la personne anonyme qui accompagnait Mauricio Morales, le cas aussi de la personne anonyme qui accompagnait Tortuga, et comme le cas du compagnon Mike, de France, qui a été gravement blessé alors qu’il manipulait un engin explosif avec sa compagnonne Zoé. Sur ce dernier cas il y a eu beaucoup de silence de la part de ses proches, mais le compagnon a récemment diffusé une lettre parlant de sa situation et appelant à la solidarité. Courage et solidarité avec Mike !

Quant à elle, Felicity a écrit des communiqués, le dernier pour saluer le compagnon Mario López après sa sortie de prison en décembre 2012. Ainsi nous arrivons au thème des 2 semaines de solidarité avec la compagnonne qui a eu lieu du 21 au 7 mars, dans laquelle nous avons voulu participer à cet appel en creusant quelques idées sur la clandestinité de compas anti-autoritaires et en invitant tous les compas à débattre sur le thème, à réfléchir sur quoi faire dans de telles circonstances et à connaître et partager les expériences qui peuvent se diffuser. Et dans ce débat, chère compagnonne Felicity, toi aussi tu as beaucoup à nous apporter. Nous espérons que tu vas bien et que tu continues d’écrire à ceux qui se considèrent comme tes compagnon-ne-s dans la lutte contre toute autorité.

Salut aux compas du squat Isla Tortuga qui ont organisé un repas anticarcéral dans le cadre des 2 semaines de solidarité avec Felicity Ryder, nous leur envoyons toute notre estime pour maintenir vive la flamme de solidarité et espérons que ces initiatives se multiplient.

Avec le souvenir vif du compagnon anarchiste grec Lambros Foundas, mort en action en mars 2010.
Avec Punky Mauri présent dans chaque mot et action d’offensive anti-autoritaire.
À la veille d’un nouveau 29 mars, jour du jeune combattant.

Guerre sociale, anarchie et rébellion contre toute autorité !

Sin Banderas Ni Fronteras, noyau anti-autoritaire d’agitation et de propagande écrite.
Mars 2013.

Le rêve de mon adolescence [Novatore]

masturbaciones

Que la sagesse des lâches pourris ne se moque ni ne se scandalise de l’idiote chasteté des demoiselles bien comme il faut.
Je suis une adolescente précoce qui après un long voyage accompli à travers les labyrinthes phosphorescents des profondeurs les plus effrayantes remonte vers le sommet pour chanter au soleil la sacrilège et superbe chanson de ma vie encore jeune et libre. Quelqu’un m’a dit : “Tu seras femme, tu seras épouse, tu seras mère ! …”
Et j’ai répondu par la question suivante : que veut dire femme, épouse, mère ? Je ne dirai pas ici ce que l’on m’a répondu ; je sais juste qu’en y pensant j’en ri, j’en ris encore. L’Amour compris comme une mission ? La femme épouse et mère ?
Non non non ! Je ne serai pas épouse, je ne serai pas mère ! Ma révolte ne peut s’arrêter à mi-chemin ni tomber dans l’erreur. Ma révolte -en plus de le faire contre la famille -lance aussi ses dards contre la nature. Je ne veux pas être épouse, je ne veux pas être mère. Non, non, non !

***

Hier soir je me suis déshabillée devant le miroir et je me suis regardée longuement. J’ai vu mon corps de chair entouré d’une onde de lumière qui avait de petits frémissements. Je ne sais pas bien pourquoi, mais je me suis adorée…
Les tétons durs se dressaient superbement sur les seins, trésors de blancheur laiteuse. Mon ventre lisse et rond me donnait l’impression d’être quelque chose de modelé dans l’ivoire le plus fin de la main miraculeuse d’un artiste divin. J’avais des boucles blondes de cheveux ondulant dans les courbes du dos et les yeux aux paupières humides légèrement entourées de violet et de noir. Le duvet couronnant la basse rondeur de mon ventre ressemblait à une aile d’or sur le dos sacré des anges du ciel. Ma bouche rouge ressemblait à une grenade mûre, ouverte aux caresses blondes du soleil. Je me suis approchée du miroir et j’ai embrassé avec passion le reflet de mes lèvres…
Je ne sais pas si dans ma vie j’ai déjà désiré avec autant d’intensité qu’hier soir quand j’ai désiré être moi-même un homme pour laisser tomber sur le lit ce corps blanc virginal que le mystère me montrait dans le miroir limpide.
Mais l’idée de l’étreinte m’a donné une autre idée.
Chaque cause a son effet…
Je me suis allongée sur le lit. Mes tempes martelaient. Mon sang bouillonnait dans mes veines. J’ai peut-être déliré…
Je sais que j’avais les yeux fermés et je ne voyais que les ténèbres. Mais dans les ténèbres j’ai vu un autre miroir.
Celui de l’imagination qui montrait la réalité. Je m’y suis regardée. J’y ai vu mon joli ventre lisse et émaillé horriblement gonflé, avec une ligne symétrique au centre de couleur vert olive, qui me donna la sensation abjecte d’un petit serpent étendu sur un sac rempli de grosses herbes fanées. Et puis aussi mes seins blancs et superbes, je les vis tombants et flétris…
J’étais mère !
Un sale mioche me suçait le sang avec avidité, consommait ma jeunesse, détruisait cruellement ma beauté divine que j’aurais voulu immortelle. Le désir d’hier soir est passé, mais le cauchemar est resté.
Mère… que veut dire tout cela ? Donner des enfants à l’espèce, d’autres esclaves à la société, d’autres abandonnés à la douleur…
… Mère… Épouse… Ce sont donc les buts de l’Amour ?
Ah, vieille sorcellerie de la morale, vieux mensonges de cette vieille humanité.
Non, je ne serai jamais l’épouse de personne, je ne donnerai aucun enfant à l’espèce. Jamais !
La vie est douleur, l’humanité est mensonge. Qui accepte de perpétuer l’espèce est ennemi de la beauté pure.
L’humanité est une race qui doit DISPARAÎTRE !
L’Individualisme doit tuer la société, le plaisir doit étrangler la douleur. Que les pleurs et la douleur meurent noyés dans une orgie finale de joie. Donnez vous à la folle joie de vivre, vous qui aimez la vie, vous qui aimez la fin…
Que doit nous importer l’avenir ? Que peut vous importer l’espèce ?
En avant, vous qui vous êtes découverts, faisons du monde une fête et de la vie une orgie crépusculaire de l’amour. Pour ceux qui viennent des abîmes du mensonge social auquel s’accrochent les racines de la douleur humaine, la joie doit être la fin, et la fin le but suprême.
Je ne veux pas d’un enfant qui suce ma beauté, qui flétrisse ma jeunesse.
Je ne veux pas d’une famille qui limite ma liberté ; je ne veux pas d’un mari insipide, jaloux et brutal, qui, en échange d’un bout de pain, empêche à mon âme les envolées lyriques au travers des plus divines et immorales folies de la luxure et de la volupté que de multiples amours donnent à la chair.
Je n’aime pas les maris et peut-être pas non plus les amants.
J’aime le plaisir et l’amour. Mais l’amour est une fleur qui fleurit sur la bouche des hommes.
Lorsque je m’approcherai de leur bouche pour cueillir la fleur perverse de l’Amour, je ne le ferai que pour mon amour. Aimer les autres est toujours superflu et parfois stupide. C’est suffisant de s’aimer soi-même. C’est suffisant de se savoir aimé. Et moi je saurai m’aimer tellement, tellement !
Je m’aimerai nue devant le miroir le soir, je m’adorerai nue dans la baignoire le matin, je m’enivrerai nue dans les bras des amants.
L’humanité marche sur les chemins de la douleur pour se perpétuer, moi je me dirige sur les chemins du plaisir parce que je cherche la fin.

***

Je marche vers l’orient, je marche vers l’occident.
Je veux marcher sur les chemins du monde pour cueillir les fleurs de l’amour, de la joie et de la liberté.
J’aime les bas de soie noire et couleur chair. Les culottes de soie blanche et de soie rose. Les chaussures de caoutchouc et tissus raffinés.
Les bains d’eau vinaigrée et de cologne, parfum de Cotty et bouquets de roses.
Je veux marcher sur les chemins du monde pour cueillir les fleurs de l’amour, de la joie et de la liberté. Je couperai les branches des tilleuls, je cueillerai des bouquets hortensia, des grappes de glycines et des fleurs de laurier-rose pour préparer à mon amour des lits parfumés.
Et je serai l’amante des vagabonds et des voleurs. Et je serai l’idéal des poètes.
Parce que je ne veux rien donner à la patrie, à l’espèce et à l’humanité.
Je veux m’enivrer à la source du plaisir, de la luxure et de la volupté. Je veux brûler en entier sur le bûcher de l’amour. Je ne veux pas être mère, je ne veux pas être épouse. Non, non, non !
Lits parfumés, baisers d’amants et musique de violons fous.
Danses et chansons.
Je le sais. Vous me direz folle et perverse. Vous m’appellerez p… .
Mais ce sont de vieux noms impotents qui ne m’affectent plus.
Je suis l’adolescente précoce qui, après avoir erré dans les plus effrayantes abîmes de la profondeur, remonte vers le sommet pour chanter au soleil la chanson sacrilège de ma vie libre.
Vie de beauté et de force, vie d’art et d’amour, source du péché divin, jaillissant dans l’oasis sacrée de la volupté. C’en est assez des frénésies épileptiques de l’esprit.
Rien de plus que mon jeune corps appartient à la beauté païenne.
Ô Amour, fais-moi m’envoler…

Renzo Novatore (Écrit sous le pseudo de Sibilla Vane, paru dans Vertice, Arcοla, La Spezia (Ligurie), 21 avril 1921)

Allumer la mèche de la subversion, Marcelo Villarroel

destroyLettre du compagnon Marcelo Villarroel pour l’activité “Son anticarcéral” réalisée le 14/12 au squat La Mákina, Santiago.

Allumer la mèche de la subversion. Attiser le feu insurgé de la guerre sociale, à bas les murs des prisons :

La prison est le destin circonstanciel ou potentiel de toute personne qui prend le contrôle de sa vie, avançant sur le chemin de l’émancipation à contre-courant d’une normalité capitaliste qui impose la routine du citoyen, t’obligeant au travail salarié, aux études pour valider un système bourgeois d’éducation et à te maintenir sous les paramètres de l’ordre juridique que le capital nous impose.

La prison est un lieu que t’offre la démocratie, comme un espace qui cristallise la soumission normalisatrice. Là terminent, commencent et transitent tous et toutes ceux/celles qui d’une manière ou d’une autre ne se soumettent pas et transgressent la paix sociale des riches.

Celui/celle qui commet des délits, qui proteste, qui attaque, qui conspire, ceux/celles qui pour divers choix et décisions ne respectent pas l’ordre juridique se trouvent face à la main répressive de tout un ensemble de répression, contrôle et punition.

Je l’ai répété des milliers de fois : dans toutes les prisons du monde plus de 90% des personnes enfermées viennent de la classe exploitée. Nous sommes opprimés et en nous rebellant, inévitablement nous devenons subversifs lorsque nous décidons d’arrêter d’avancer dans la vie comme des d’esclaves.

Si tu es né pauvre tu es né condamné au Chili, avec un destin dans n’importe laquelle des 91 prisons du pays. Des lieux contrôlés qui ont pour but l’extermination, où les modules, étages et galeries hautement assassines fonctionnent chaque jour avec la mort face à l’indolence sociale qui méconnaît, satanise et naturalise un quotidien, et qui considère normal la punition sur les prisonniers.

La prison est aussi considérée de nos jours comme une entreprise productrice de service dans laquelle les prisonniers sont vus comme les usagers soumis au paradoxe propre d’une société malade qui assume que c’est le chemin à suivre pour ceux qui ne respectent pas sa loi.

C’est important de comprendre que personne n’est libre dans une société qui est la dictature de la marchandise, la démocratie du capital, société de classes dans laquelle juste en nous rebellant nous pourrions démolir jusqu’au dernier bout de ciment de tout centre d’extermination construit jusqu’à aujourd’hui.

De la même façon il n’y a pas de lutte anti-carcérale sans connaissance spécifique de ses situations quotidiennes de tension, sans communication avec les prisonnier-e-s en lutte, c’est pourquoi c’est un défi permanent de rompre l’isolement, de fissurer les murs épais de l’enfermement, et de comprendre qu’il est vital de renforcer les liens dans tous les domaines, mais encore plus avec les prisonniers subversifs en guerre contre tout ce qui est existant.

Il s’agit d’en finir avec la peur et l’indifférence; la solidarité engagée est une exigence individuelle et collective pour démolir cette position commode et auto-satisfaisante de croire que notre lutte est temporelle et pas une option de vie fière comme celle qu’aujourd’hui beaucoup d’entre nous assumons depuis longtemps en adéquation totale avec nos actes.

Multiplier tous types d’actes, faits, gestes et initiatives est une nécessité de combat contre l’État-prison-capital qui est celle qui nous fait avancer, sans aucune limitation.

Insister jusqu’à l’infini dans la recherche de notre liberté c’est donner dignement et sans peur des coups jusqu’au dernier bout de ciment de notre société pourrie … que le vent n’emporte pas ces mots, qu’ils se transforment en faits …

Ouvre les yeux : il est temps de lutter !
Contre l’État-prison-capital : guerre sociale !
Tant qu’il y aura de la misère il y aura de la rébellion !

Marcelo Villarroel Sepúlveda
Prisonnier Libertaire
14 décembre 2012
Módulo 2.- H norte. CAS-STGO Chile.

Liberación Total