Brève mise à jour concernant des prisonniers au Chili

oiseauLe 5 juin 2014 Victor Montoya, qui avait été emprisonné en février 2013, accusé d’avoir placé une bombe contre un commissariat dans la commune de Las Vizcachas, a été acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui. Il est maintenant dehors.

Le 13 juin 2014 Alfonso Alvial et Hermes González ont été condamnés à 5 ans de liberté surveillée, après avoir passé 6 mois de préventive en section de sécurité maximale, suite à un braquage qui avait mal tourné le 11 décembre 2013, au cours duquel le compagnon Sebastián Oversluij a été tué. Ils ont été condamnés pour vol avec intimidation et port illégal d’armes.

Et enfin,  la « lecture de la sentence » dans le cadre du procès du Caso Security qui se déroule depuis plusieurs semaines aura lieu le 2 juillet 2014.

 

José Miguel Sánchez Jiménez enfin dehors !

la-revuelta jose hastadestruir cuando

Après avoir passé près de 20 ans en prison, le 27 février José Miguel Sánchez Jiménez finissait la peine imposée  par le Pouvoir. À minuit des proches et compagnon-ne-s de José Miguel se sont approchés de l’Ex-pénitentiaire (une des prisons de Santiago) pour accueillir le compagnon qui sortait le poing et la tête levés au milieu de banderoles, tracts, pétards et cris en souvenir du reste des prisonniers révolutionnaires. Entre accolades et salutations, l’événement s’est terminé sans arrestations mais avec affrontements verbaux avec les matons.

N’oublions pas Marcelo Villarroel, Juan aliste Vega, Carlos Gutierrez Quiduleo, Freddy Fuentevilla, Hans Niemeyer, Tamara Sol Vergara et tous/toutes les prisonnier-e-s révolutionnaires, subversifs et autonomes.

Parce que c’est dans la rue qu’on s’est rencontré : salutations et tendresse pour José Miguel Sánchez, de nouveau dans la rue !

presxs-a-la-calle

Liberté pour les prisonnier-e-s pour l’insurrection

Sachez matons que nous sommes présents, que nous n’oublions pas nos prisonnier-e-s et que les agressions, tabassages, fouilles humiliantes, interdictions absurdes, ne resteront pas impunis et sans réponse.

Celui qui oublie les prisonniers de la guerre sociale oublie la guerre même !

Contrainfo

Troisième communiqué d’Henry, en arrestation domiciliaire

tumblr_mrdyryI9iF1ro0ralo1_500J’écris de nouveau aujourd’hui avec un bon moral, avec la force que m’a donné la solidarité,  le regard fixe,  la fierté d’être anarchiste,  le plaisir de vivre en harmonie avec mes mots, après avoir vu de si près le rôle de la justice, protectrice des riches et ennemie des pauvres, qui utilise ses moyens les plus bas comme le montage et ses esclaves délateurs, pour accuser, criminaliser, poursuivre et emprisonner ceux qui ne se conforment pas.

Je suis toujours otage de l’État bienfaiteur du Capital avec plus de 8 mois d’arrestation domiciliaire totale, après 11 mois de prison. On pourrait dire que ce genre de réclusion domiciliaire est une « progression » dans la récupération de la liberté physique, mais ma chambre est ma nouvelle cellule, la maison où je vis est ma nouvelle prison, le contrôle sur ma vie n’a pas disparu, la punition continue de donner son tribut à la société carcérale.  Bien que cette forme d’arrestation n’ait rien d’agréable, ma situation n’a rien de comparable avec les conditions d’isolement que vivent nos compagnon-ne-s prisonnier-e-s révolutionnaires à travers le monde, c’est pour cela que nous devons lutter avec la férocité nécessaire à l’intérieur et à l’extérieur des prisons, jusqu’à ce qu’ils/elles soient de nouveau dans la rue, jusqu’à ce que nous fassions tomber les murs des cages pour humains et non humains.

L’accusation ridicule sur l’existence d’une « organisation terroriste à financement international et tentative d’homicide » reste dans les limbes. Nous les anarchistes nous n’avons pas de chefs, l’autorité nous révulse, parce que celle-ci se base sur la domination et la soumission, et nous n’avons pas de forme d’organisation hiérarchique ni verticale, nous cherchons la libre association et l’affinité politique. Nous pratiquons la solidarité internationaliste, pas seulement envers nos frères/sœurs emprisonné-e-s, mais pour le reste des personnes qui sont dans les prisons, crées, c’est clair, pour protéger le Capital. Le délire étatique continue de soutenir qu’il y a un financement international, avec des liens et des représentants. Chacun de nous, les anarchistes/anti-autoritaires, se représente soi-même, chacun de nous fait partie d’une même lutte, dans laquelle nous ne voyons pas nos visages mais nous nous reconnaissons comme compagnon-ne-s. Celui qui impose la terreur désespérément c’est l’État, à travers son organe politico-juridico-policier, qui punit et poursuit ceux qui luttent pour vivre sans Capital ni ethnocide. Toutes les accusations vont au delà des lois mêmes, eux-mêmes, les oppresseurs, ne respectent pas leurs propres lois, ce sont eux qui les manipulent, corrompent, entravent et nient leur « justice » dont ils font tant d’éloge, qui ne représente que la servilité envers la bourgeoisie.

Le seul crime que j’ai commis c’est de lutter contre n’importe quelle forme de domination. Je ne regrette pas d’être ce que je suis, parce que le regret c’est donner raison à l’ennemi. Je ne regrette pas de lutter contre la société de classes, parce que celle-ci est basée sur l’inégalité et l’oppression. Je n’aspire qu’à récupérer ma mobilité et à rester digne. Je ne me déclare pas « coupable ou innocent », parce que le faire ça serait rentrer dans le jeu du Pouvoir, ce brassage juridique de persécution politique avec ses lois bourgeoises réprime la liberté individuelle de ceux/celles qui n’acceptent pas de vivre dans cette société dictatoriale et autoritaire que nous n’avons pas choisi, au contraire, on nous l’a imposé.

Il faut combattre l’ordre établi, parce que c’est lui qui impose la servilité et la soumission au Capital. Il n’y a pas besoin de réformes ou de conditions « adéquates » pour la révolution. La révolution est un conflit permanent. Le soi disant « processus de changement ou de bien vivre » n’est qu’un déguisement du nouveau colonialisme andin, globalisateur et civilisateur. C’est un chaînon dans la continuité d’autres gouvernements démocratiques et putschistes, parce que tout État est servile au Capital. Il faut lever la tête et nous défendre du terrorisme et de la violence d’État, violence qui au sein de la société trouve son origine de haut en bas. Accepter de vivre soumis veut dire être dans une prison sociale et mentale, sans le courage de rébellion contre l’assassin qui élimine nos désirs de liberté, cet assassin qui utilise les moyens les plus dégradants et méprisables pour détruire ce qu’il combat. C’est indéniable que dans ces terres, partie des Andes, on vit dans une société basée sur le Capital, le spécisme, l’exploitation, l’ethnocide, le latifundium. Nous voyons comment le néo-colonialisme étatique détruit peu à peu les peuples ancestraux, la terre et tout ce qui y vit. L’objectif de l’État c’est d’exploiter, civiliser et domestiquer pour que nous vivions comme dans les pays « développés ». On ne peut pas rester immobiles face à ça. La lutte anarchiste/anti-autoritaire est la lutte pour ne pas être la réplique de ces esclaves du Capital. Notre lutte est réelle lorsqu’elle arrête de n’être qu’une théorie ou lettre morte. Elle se met en marche à partir du moment où l’on refuse une vie aliénée et apathique, à partir du moment où l’on applique au quotidien le refus des contraintes d’un esclavagisme systématique. L’aliénation envers le conflit de la part de la société punitive est quasi totale. La majorité préfère continuer d’être esclave et endormie de façon volontaire. Ça ne les intéresse pas de vivre libres, peut-être par peur ou par conformisme. Parmi les pauvres aussi se reproduisent souvent les schémas d’oppression, d’exploitation et d’autorité lorsque l’envie de ne plus être pauvre n’est que le désir de monter les échelons de la société, de passer d’exploité à exploiteur, ou d’être moins exploité qu’avant.

La lutte doit continuer pour la libération totale. Je veux exprimer mon mépris pour la loi des « droits des animaux » que le Pouvoir avec l’appui des citoyens en faveur du bien-être* sont en train de mettre sur pied dans ce territoire dominé par l’État bolivien. N’importe quelle loi ne fera que normaliser l’esclavage, légalisera la domination, la torture, l’autorité perpétuelle sur les animaux. Tout comme nous ils ont besoin de vivre libres. Une loi ne fera que les condamner à perpétuité, renforçant la relation maître-esclave, propriétaire-animal de compagnie, consommateur-produit. Les « droits des animaux » entretiennent l’existence de la société carcérale, où les cages et cellules sont le reflet de la misère de la conscience et de la solidarité humaine. L’État assure seul cette misère dans sa société. Nous voulons des cages vides, pas plus grandes.

 Au delà des distances politiques je veux saluer les enfants travailleurs qui ont été réprimés et gazés par les « forces de l’ordre » dans la ville de La Paz le 18 décembre dernier; les adultes âgés « victimes de la dictature » frappés et gazés par le régime démocratique sur la place Murillo le 19 novembre; Martha Montiel et ceux qui luttent pour récupérer les corps de leurs proches assassinés et disparus; la résistance du TIPNIS; les guaraníes, takanas, aymaras, quechuas, urus, chipayas, weenhayek, et autres peuples de l’Amazonie, du Chaco, des Vallées et de l’Altiplano, qui se battent pour ne pas appartenir à ce monde civilisateur, domesticateur, et qui subissent le harcèlement étatique permanent et l’asservissement de la part des propriétaires terriens et entrepreneurs.

Salut aux guerrier-e-s en Italie, Espagne, Indonésie, Allemagne, France, Canada, État-Unis, Brésil, Uruguay, Argentine, Pérou, Grèce, Royaume-Uni, Hollande, Croatie; au Méxique à Mario Gonzales, Fallon, Amélie et Carlos; liberté pour les compagnon-ne-s Mónica, Francisco et les autres inculpé-e-s à Barcelone; Juankar Santana Martín, Manuel Pinteño, Gabriel Pombo Da Silva en Espagne; Marco Camenisch pour sa grève de la faim provocante en Suisse; a Thomas Meyer Falk en Alemagne; Ilya Romanov en Russie; aux compagon-ne-s au Chili qui luttent devant et derrière les grilles de cette nouvelle gestion répressive de la démocratie; En Argentine aux compagnon-ne-s arrêté-e-s du peuple kolla qui ont réussi à dévier le trajet du Dakar dans le Jujuy, aux femmes en lutte contre la répression dans la prison d’Ezeiza; à ceux/celles qui résistent en prison avec leur conviction intacte, aux compagnon-ne-s qui utilisent la grève de la faim comme acte solidaire et outil de lutte dans les prisons du Mexique, Grèce, Suisse et Chili. Salutations à Gustavo Rodríguez et Alfredo Bonanno déportés par les régimes capitalistes. Excusez-moi si j’ai oublié des compagnon-ne-s. Mémoire combative pour ceux qui ont perdu la vie en luttant et une grosse bise complice à ceux qui restent en clandestinité, force et courage !

Mon éternel remerciement aux blogs contre-informatifs qui ont diffusé des nouvelles sur ma situation, à tous/toutes les solidaires qui de leur propre initiative ont réussi à faire que l’écho de leurs actions rompe l’isolement et me vole de nouveau un sourire. Contre la société carcérale et ses bourreaux, debout dans cette guerre sociale, contre la société de classes, le Capital, l’autorité, l’isolement et ce qui nous est imposé.

 Libération totale maintenant !!!

 Henry Zegarrundo
Anarchiste/Antiautoritaire

* en espagnol bienestaristas, traduction de l’anglais welfarists

Solidaridad Negra

Suisse : Marco Camenisch en grève de la faim

mcMarco Camenisch est en grève de la faim depuis le 30 décembre 2013, jour où il a été mis dans le « bunker » de la prison de Lenzburg.

Il compte mener sa grève de la faim du 30 décembre au 24 janvier, en contribution à la lutte générale contre la répression,  à la lutte pour la libération totale et à la solidarité révolutionnaire commune qui va au au delà des différentes tendances, appelant ainsi à se battre contre toutes formes de domination, exploitation et répression, mais aussi contre la guerre de classe menée depuis en haut à l’occasion de la réunion annuelle du Forum Économique Mondial (à Davos du 21 au 24 janvier).

Sa grève de la faim a commencé le jour où ils l’ont placé en isolement dans le camps de travail de Lenzburg, parce qu’il a refusé de faire une analyse d’urine. La prison a annulé ses visites durant l’isolement. Ils ont aussi pris pour 6 mois l’ordinateur qu’il utilisait, ce qui est une grosse perte pour le compagnon et ses contacts en dehors de la prison.

Le 6 janvier il a informé qu’il n’était plus en isolement, et il a annoncé qu’il continuait sa grève de la faim, et qu’il faisait aussi une grève du travail (dans les prisons suisses les détenus sont soumis aux travaux forcés), au moins jusqu’au 26 janvier.

Pour lui écrire, c’est à cette adresse :
Marco Camenisch
PF 75, 5600 Lenzburg
Suisse

source

Lettre de Mónica et Francisco suite à la semaine de solidarité avec eux

Untitled-1Nous sommes de nouveau là, avec ces murs de béton et ces barreaux, entre caméras et matons. Nous sommes de nouveau là, sans baisser la tête et fier-e-s de ce que nous sommes. Fier-e-s de faire partie de la tempête imprévisible qui cherche à mettre un terme à toute lueur de Pouvoir qui jette le masque une fois de plus et se laisse voir tel qu’il est, dans sa brutalité et aussi, disons-le, dans sa faiblesse. Dans ce cas particulier, la collaboration entre l’État chilien et espagnol, pour réussir à nous enfermer, prouve à quel point ils peuvent être coordonnés pour faire face à ce qu’ils perçoivent comme une menace. Mais l’importance que nous attribuent ces messieurs du Pouvoir nous montre autre chose que sa fragilité. Leurs discours de sécurité incohérents sont le voile qui couvre la peur de savoir qu’un concours de circonstances peut déchaîner la pagaille générale. Leurs coups et bâillons ne font que nous convaincre d’affûter nos idées et nos vies pour être prêts pour l’affrontement permanent.

Nous saluons d’une grande accolade toutes les expressions de soutien, c’est une poussée qui fragilise les barreaux. Nous comprenons la solidarité comme la mise en pratique constante de nos idée anarchistes, sous toutes ses formes, qui font comprendre à l’ennemi que rien ne s’arrête ici, que tout continue dans la prison ou la rue. Où que l’on soit : pas une minute de silence et toute une vie de combat. Tout particulièrement l’énorme preuve de solidarité de compagnons qui ont utilisé leurs corps comme arme en menant une grève de la faim.

Nous saluons ceux/celles qui continuent de tisser des complicités, ceux/celles qui s’aventurent dans l’inconnu, ceux/celles qui sont motivés par l’incertitude, ceux/celles qui s’entêtent pour l’anarchie. À eux/elles tous, notre respect et affection.

Nous avons reçu avec beaucoup de tristesse la nouvelle de la mort de Sebastián, mais en même temps sa vie cohérente avec ses idées nous remplie de joie : un véritable guerrier. Nous aimerions être avec les compagnon-ne-s qui le pleurent, mais ce n’est que d’ici que nous vous envoyons beaucoup de force et un  » on se verra bientôt ».

Mónica Caballero
Francisco Solar

hommodolars

Lettre de Hans Niemeyer à l’occasion de sa grève de la faim solidaire

relampagoLe sang de nos frères a de nouveau coulé

La nuit tombe sur la ville de Santiago et ma cellule est illuminée par l’écran de la télé. Je me penche à la fenêtre qui donne sur la ville et j’essaie de regarder entre les barreaux vers Pudahuel. L’usine à opinion publique a diffusé au journal de ce soir le visage de nos compagnons arrêtés après un soi disant braquage raté dans une succursale bancaire. Les images ont montré le corps inerte de notre frère et d’un misérable général carabinier félicitant le garde qui a tué Sebastian Oversluij.

Tandis que l’ennemi danse et célèbre la mort de Sebastian (rappelons-nous que TVN avait donné comme titre à l’info « un garde héros ») je verse des larmes pour sa vie, pour ses actions, et pour sa mort. Je ne te connaissais pas, mais la douleur serre mon cœur. J’imagine la dévastation de ta famille, de tes amis, de ceux qui t’ aimaient. De façon un peu masochiste je ne peux m’empêcher de penser à des compagnons morts -trop malheureusement-, et j’imagine ce que penseraient ses parents et être aimés. Ils se rappelleraient de ses premiers pas, de sa grâce d’enfant, ses jeux, lorsqu’ils l’amenaient à l’école, et la fois qu’il a dit qu’une fille lui plaisait ? Je ne  connais pas ta vie Sebastian, mais je regrette ta mort, je pleure la perte de ta belle et généreuse vie des mains d’un mercenaire au service du capital, d’intelligence réduite qui a vécu dans les quartiers autour de Vivaceta, entre éleveurs de chevaux et l’hippodrome, jusqu’à ce que sa tendance à la psychopathie et aux capacités intellectuelles nulles le fassent rentrer à l’école de sous-officiers de l’armée, participer à une mission à Haïti, suivre le cours de protection de personnes importantes aux États-Unis et devenir mercenaire en Irak.

Mais pour le système la mort de Sebastian Overslui sonne l’heure de la fête, du rire sinistre et spasmodique, de l’orgie incestueuse entre journalistes et policiers, la fête des nuisibles qui crachent en se tordant dans leur micro leur discours de mort et pauvreté, se disputant la place pour pisser sur le cadavre de Sebastian. Est-ce que c’est parce qu’ils ont si peur qu’ils célèbrent sa mort ?

Ils sont tellement peu sûrs du système et de l’ordre social capitaliste que de temps en temps ils ont besoin de célébrer la mort d’un rebelle. Ils sont tellement peu sûrs dans leur poste de juges, procureurs, journalistes et policiers – la vraie lie de la société- qu’ils ont besoin des armes pour rester au pouvoir. Aussi satisfaits de leurs privilèges sont ces ploutocrates et politiques de cirque qui ont toujours besoin de plus de prisons, de peines toujours plus longues et toujours plus de contrôle pour maintenir l’ordre social capitaliste.

Mais j’ose prédire, tel un ermite aveugle qui crie dans le désert, que le danger est au coin de la rue. Peut-être qu’ils n’ont pas ouvert les portes de l’enfer, mais les choses ne vont pas en rester comme ça. Et ceci n’est pas que la fanfaronnade impuissante d’un prisonnier enterré sous des tonnes de ciment et de grilles. Il y a une rébellion qui n’a fait que commencer. Celui qui ne le voit pas c’est qu’il ne le veut pas, les signes sont dans les rues, sur les murs, dans les toilettes de lycées. En respirant l’air on n’a pas besoin d’être météorologue pour savoir dans quelle direction souffle le vent, comme disait Bob Dylan.

Je viens d’apprendre à la télé qu’ils ont empêché Alfredo Bonanno d’entrer au Chili pour faire des conférences, alors qu’il avait aussi proposé de rendre visite à des prisonniers dans cette même prison où je suis. Mais le système a peur des idées qui prennent chair, qui se matérialisent par des actions concrètes, c’est pour cela qu’il les interdit, les censure, les proscrit et en fait son nouvel ennemi interne à vaincre, c’est à dire, l’anarchisme insurrectionnel. Cependant, à l’expulsion de Bonanno d’autres éléments doivent être ajoutés pour montrer comment les différentes factions du pouvoir s’alignent contre le nouvel ennemi interne, ce qui se voit clairement dans l’action de la justice pénale et dans ce que génère le nouvel instrument juridique pour combattre la lutte dans la rue : la loi anti-encapuchadxs et la loi de contrôle préventif d’identité.

Au risque d’être auto-référent permettez-moi de citer un paragraphe de la sentence de la court d’appel qui a a validé ma condamnation pour engins explosifs et dommages sur une succursale de la banque BCI le 30 novembre 2011, de 5 ans de prison et 300 jours sans droit à la liberté surveillée. Dans cette sentence de la Cinquième salle de la court d’appel, composée par les ministres Jorge Dahm Oyarzún, María Rosa Kittsteiner Gentile et l’avocat  Ángel Cruchaga Gandarillas (hautement aristocrate) ils montrent des arguments qui sont un véritable bijou du droit pénal bourgeois et de la restitution concrète du délit idéologique au Chili. Leurs altesses illustrissimes et putréfiées disent :

« Et s’il est possible de considérer que les mobiles qui mènent l’inculpé à agir de cette manière obéissent à ses convictions intimes, et que ses convictions soient erronées ne l’empêche pas d’agir, sa conduite postérieure prouve qu’il ne fait aucun effort pour remettre en question ses idées ou du moins pour insérer sa conduite dans le milieu social auquel il appartient. Ceci a été démontré lorsqu’il ne s’est pas présenté à l’autorité lorsque sa liberté provisoire a été révoquée, et en plus de cela il a envoyé des messages à la société en défiant ouvertement le système judiciaire à travers des interviews avec des médias, expliquant la raison de sa rébellion et persistance dans son comportement anti-juridique ».

À la suite de quoi Dahm a déclaré :  » … il faut compter sur une collaboration et volonté minimale de l’accusé pour qu’il comprenne la nécessité d’observer des normes basiques de coexistence dans le groupe social, et si ses idées vont à l’encontre de celles de la société en général, de manifester sa non conformité à travers des actes qui ne font pas du tort, au moins physiquement, aux autres ».

Le ministre Dahm en arrive à faire rire avec son culot de parler d’actes qui ne font pas du tort, au moins physiquement, aux autres. Et qu’en est-il du sang des nôtres ? Qu’en est-il des millions d’exploités de cette société capitaliste brutale, où l’on n’a même pas droit à une vie digne ? Qu’en est-il des étudiants frappés par la police, des prisonniers torturées en prison, des habitants de Aysén et Freirina qui se sont fait tirer dessus à bout portant ? Et qu’en est-il de la justice de Dahm pour Matías Catrileo, Jaime Mendoza Collìo, Alex Lemùn, tous assassiné en démocratie ? Combien de policiers ont été ne serais-ce qu’un jour en prison pour tous ces assassinats (sic)? Que les administrateurs momifiés de cette pantomime et mascarade ne me parle pas de justice ni ne me fasse de leçons de morale. Leur mots ne sont pas plus qu’une coquille vide.

Je voudrais finir en disant que je me joins au jeûne solidaire qui est mené dans la Prison de Haute Sécurité par le collectif de prisonniers subversifs en soutien à Mónica Caballero et Francisco Solar, emprisonnés par l’État espagnol. Personnellement lorsque j’ai été arrêté j’ai reçu un geste de solidarité de Francisco et aujourd’hui je n’ai rien d’autre que cette grève de la faim pour que ma solidarité traverse la mer et arrive jusque dans les froides et sinistres cellules du régime FIES pour lui dire qu’ils ne sont pas seuls. À mon jeûne où je ne consommerai que du liquide je veux aussi donner ma solidarité aux amis et proches de Sebastián Oversluij pour son assassinat des mains d’un mercenaire et célébré par la presse et la police.

Je lance un appel à réaliser des gestes concrets de solidarité avec Monica et Francisco, à dénoncer avec force l’assassinat de Sebastián Oversluij et à démarrer l’agitation rebelle jusqu’à la commémoration des 6 ans de l’assassinat de Matías Catrileo dans le Wallmapu*.

Sebastian Oversluij présent, ta mort ne sera pas en vain !
Solidarité avec Francisco et Mónica, prisonnier-e-s en Espagne!
Sebastiàn et Matías, que votre sang versé devienne des graines de rébellion !

Hans Felipe Niemeyer Salinas
3 º étage Module H Nord
Prison de Haute Sécurité (CAS).

12 de Décembre 2013
Santiago de Chile.

Viva La Anarquía

* Le Wallmapu ce sont les territoires mapuches

 

Communiqué d’un-e detenu-e de Villa Francia

Au sujet des détenu-e-s de Villa Francia voir ici

asdfvcxzAujourd’hui cela fait trois mois que j’ai été arrêté, et je me suis réveillé dans la normalité routinière qu’est devenue ma maison/prison, lorsque la nouvelle est arrivée, amenant avec elle les pires souvenirs. Un compagnon était mort alors qu’il faisait un braquage. Au début j’étais emparé par le doute, et puis la presse bourgeoise guidée par la morbidité et la logique de l’exposition balança les gros titres, un délinquant abattu et deux détenus dira l’un des journaux. Mais la réalité pour nous, ceux qui décidons de faire le pas dans la lutte, n’est pas la même que pour ces médias bourgeois qui essaient de garder leur soi-disant tranquillité.

La nouvelle est arrivée avec un vent froid en ce matin ensoleillé du dernier mois de l’année. Un guerrier est mort au combat avec son arme à la main, il a été abattu par un homme de main, un gardien des intérêts des puissants. Tandis que ces médias essaient de se nourrir du corps  du compagnon encore tiède de haine contre cette société autoritaire, le bâtard qui a tiré contre ce guerrier est traité comme un héros. Un héros pour avoir défendu les intérêts du capital, un héros pour avoir tiré sur un guerrier qui avec courage affronte sa vie et aussi sa mort.

Il est difficile de garder le fil conducteur vu que les sensations et sentiments vont et viennent, faisant revivre des moments passés, où d’autres compagnon-ne-s sont tombé-e-s au combat en faisant naître l’offensive.

Engendrer une relation étroite entre ce qui se dit et ce qui se fait …

En laissant derrière les distances personnelles, les mots qui surgissent pour le compagnon sont chargés d’amour. Un guerrier comme toi ne meurt pas. Un guerrier comme toi se multiplie chaque jour dans les différentes actions qui cherchent à en finir avec cette réalité qu’ils nous ont imposé, un guerrier comme toi vit dans chaque cœur insurgé qui cherche l’obscurité pour perpétrer l’action révolutionnaire, un guerrier comme toi est chaque jour en relation d’affinité, se posant avec le corbeau noir de l’informalité.

Depuis le silence de ma réclusion je me rallie à ta décision de lutte, et depuis l’impossibilité de me rallier à l’action révolutionnaire je crie contre toute autorité. Multiplions les moments d’attaque contre la domination et le système autoritaire.

Compañero Sebastian Oversluij, notre action sera présente à chaque instant tant que la domination existe … Vive l’Anarchie !

un-e détenu-e à villa francia

hommodolars

[Grèce ]Texte des prisonniers anarchistes Alexandros Mitroussias et Giorgos Karagiannidis

hid

Bien sûr, la contradiction est ce qui alimente la critique de nos détracteurs. Ainsi, la soi-disant »défaite » de la revendication de responsabilité est utilisée en même temps comme l’alibi de base des anarchistes innocents emprisonnés et de leurs solidaires pour prouver qu’ils n’ont pas de lien avec ce dont les flics les accusent (par exemple le procès pour les 250 attaques de la Conspiration des Cellules de Feu, où sont poursuivis avec nous d’autres personnes étrangères). Si la « défaite » du choix de la revendication de responsabilité pris par nous n’existait donc pas et que nous avions recourus à un vague flou, puisqu’en outre il n’existe légalement pas de preuves (empreintes digitales, ADN, témoins visuels) contre nous, alors peut-être que quelques-uns en viendraient à « se plaindre »…

Cette citation précise est un extrait d’un texte de la CCF publié le 15 octobre 2013 [1]. De notre côté, nous voudrions clarifier toutes les discussions soulevées au sein du paragraphe sus-dit, dans leur tentative de créer une impression à travers une manière de s’exprimer vague qui exacerbe la confusion. Tout d’abord, l’emploi du terme « de leurs solidaires » est très problématique, car c’est offensant pour tout-e compagnon-ne qui a participé à des mouvements de solidarité envers nous d’être mentionné comme « notre » solidaire. L’usage du pronom possessif est incorrect puisqu’il laisse entendre que chaque prisonnier a ses solidaires propres et exclusifs.

Nous n’avons donc pas « nos » solidaires car nous ne pensons pas en de tels termes. De plus, jamais jusque-là nous n’avons fait référence aux poursuites auxquelles nous faisons face en utilisant la dualité légale innocent/coupable parce que ces concepts découlent de la justice bourgeoise. Dans aucune circonstance donc, nous n’avons invoqué notre innocence de manière générale et vague avec pour seul but des peines plus favorables. Les tribunaux peuvent nous condamner mais pas nous juger, ils peuvent nous acquitter mais pas nous innocenter. Nous avons reconnu ce qui nous correspond et nous avons déclaré que les armes que nous portions n’ont pas de lien avec l’action de l’organisation. Pour nous, notre présence au tribunal renferme la preuve de la démonstration des tactiques et manipulations de la part de la police et des juges qui ont donné lieu à notre inculpation sous les charges les plus élevées possibles, avec jusqu’à maintenant quatre affaires judiciaires différentes contre nous et éventuellement encore une autre à venir de l’État italien.

Malgré tout, la CCF persiste, soit au tribunal, soit dans ses textes, de nous mentionner dédaigneusement, ainsi que d’autres, comme « accusés innocents ». Et on ne peut que s’inquiéter que la dualité innocent/coupable soit intégrée dans le discours d’une organisation révolutionnaire, une dualité ennemie qui est introduite par le pouvoir étatique et sur lequel tant de brochures et de textes ont été écrits.

Pour nous, la revendication de responsabilité pour participation à une organisation ne constitue pas une défaite et nous ne partageons pas de telles logiques. De toute manière, personne ne se déclare innocent parce que d’autres anarchistes ont revendiqué la responsabilité pour participation à une organisation. La position qui dit que la revendication des membres de la CCF s’utilise comme alibi – principal – par tous ceux qui sont accusés avec eux est inconsistante. C’est-à-dire que l’on n’invoque pas le manque de preuves de la part de la police mais que l’on revendique que certains sont membres pour faire face à chaque accusation ? Cela ne s’est jamais passé.

Nous sommes en prison depuis près de trois ans, faisant face à de longues peines de prison et des allégations sur lesquelles nous n’avons pas été encore jugés en première instance. Quand nous voulons intervenir publiquement en utilisant Indymedia, nous ne le faisons pas pour participer à une arène publique mais à un cadre d’information. Nous avons conscience que cette intervention n’offre rien en soi, cependant laisser un fait imaginaire être restitué comme une vérité, d’une manière délibérément abstraite crée la confusion et donne libre cours à des insinuations.

Alexandros Mitroussias, Giorgos Karagiannidis
Prison de Korydallos, 22 octobre 2013

Source : Indymedia Athènes

En anglais

[1] http://theparabellum.squat.gr/2013/10/15/spf-sxedio-foinikas-7-prakseis-kai-1-apologismos/ (en grec)

Lettre de Gabriel Pombo Da Silva

fuego a la cana

⁃ DE JANVIER À OCTOBRE – LA LUTTE CONTINUE
À mes ami-e-s, frères/sœurs et/ou compagnon-ne-s

Je me souviens comme si c’était hier du jour où j’ai enfin abandonné (expulsé) ce glacial tombeau aseptique et hermétique qui est la prison de haute sécurité d’Aachen en Allemagne …

Le 16 janvier (2013) je suis arrivé à l’aéroport de Barajas (Madrid) escorté par Interpol, et de là ils m’ont emmené au tribunal de Plaza Castilla; non sans me photographier avant (avec un intérêt tout particulier pour la poitrine car ils espéraient, en vain, y trouver tatoué l’acronyme de la FAI/FRI), « jouer du piano »( prendre les empreintes digitales) pour s’assurer que, en effet, c’était moi …

Je dois dire que j’aurai du abandonner l’Allemagne en décembre et/ou Novembre; mais ça a été soudainement « bloqué » vu que la République d’Italie avait interjeté un MAE (Mandat d’Arrêt Européen) devant la Bundesanwaltschaft de Karlsruhe dans l’intention de m’extrader dans le cadre de « l’Opération Ardire » …

Par « chance » (ou bien parce que je suis juridiquement un « citoyen espagnol », réclamé par un MAE présenté antérieurement par ce pays) les « digos » italiens ont du « rester avec leur envie » (momentanément ..), lorsque le haut tribunal allemand (après plusieurs « gestions » juridico-policières) a décidé que les « accusations » émises contre ma personne par le ROS étaient (et sont) insuffisantes pour accorder mon extradition à la République italienne.

Ainsi j’ai eu la chance d’éviter de faire connaissance avec le « Bel Paese » à travers ses prisons et système juridique …

« Naïvement » je croyais que, finalement, j’étais « débarrassé » des Digos avec leurs accusations délirantes et que je pouvais « liquider » le reste de mon enlèvement légal dans ce pays …

Il m’est impossible d’exprimer sur quelques feuilles de papier toutes les impressions-idées-émotions que j’ai ressenti lorsque j’ai laissé derrière moi la prison d’Aachen et l’Allemagne en général …

Après huit ans et demi « enterré vivant » dans ce pays (23h enfermé dans une cellule et une heure de promenade par jour) pour refuser d’exercer des « travaux forcés » et de me mettre l’uniforme de prisonnier (en plus qu’ils m’aient volé et saboté systématiquement ma correspondance : ce qui au fil des dernières années m’a enlevé l’envie d’écrire …) je croyais que le « pire » était définitivement derrière moi …

Finalement je suis rentré dans la prison de « Soto del Real » à minuit, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai constaté à quel point les « choses » avaient changé au cours de ces 10 ans « d’absence » (d’exil ?) forcée des cachots hispaniques !

Je suis resté stupéfait en constatant/voyant que même les prisonniers (véritables auxiliaires de matons) se chargeaient de fouiller mes affaires au côté des matons. Cette première impression a été pour moi un coup de massue moral.

À ma surprise (vu que je pensais être classifié en 1er degré et inclus en FIES dès mon arrivée …) le jour suivant le directeur et le sous-directeur de cette prison m’ont reçu pour m’expliquer/me dire que la « DGIP » (Direction Générale des Institutions Pénitentiaires) en personne les avait appelé (ils m’ont dit littéralement que lorsque les « chefs » ont vu mon nom les « lumières rouges » se sont allumées) pour qu’ils me demandent « dans quelles intentions je revenais ». J’ai répondu avec ironie que mes intentions étaient (et sont) les mêmes : conquérir ma liberté …

On m’a informé que je finissais « ma » peine le 10-4 2015 (ça m’a ensuite été transmis dans un document qui s’appelle « liquidation de peines ») … et que je devais rester en 2nd degré et qu’on me transférerait dans mes terres le plus tôt possible …

Qu’est-ce que je vais vous dire ? Au final « on aurait dit » qu’après plus de 28 ans de prison je devais « seulement » attendre « juste » quelques années pour pouvoir profiter de ma liberté ardemment désirée.

Mis de côté, isolé, séparé au cours des dernières années d’enlèvement en Allemagne, TOUT ce que je voyais-écoutais-sentais était simplement hallucinant …

Ça a été une « overdose » auditive-visuelle-sensorielle-émotionnelle indescriptible … D’une certaine manière (et en comparaison avec ce que j’ai subi en Allemagne) je me sentais déjà « à moitié libre » et j’apprenais de nouveau à « comprendre » ce « nouvel » environnement qui me dépassait; avec « autant de gens », autant d’heures de promenade, autant de couleurs et les « jolies vues » sur la montagne de Navalcernada … La « seule » chose négative était de constater que les matons régnaient sur les cours  et que la majorité des prisonniers étaient devenus gestionnaires de leur propre emprisonnement, en plus d’être « auxiliaires de matons » …

Évidemment j’ai été emmené dans un module de « conflictuels »(Module 5) et là les matons ont déclaré que je devais partager la cellule avec un autre prisonnier … Étant donné que j’ai refusé catégoriquement de « partager la cellule » avec un prisonnier j’ai été conduit au département d’isolement le 17 janvier à la nuit … et en plus ils m’ont sanctionné de deux fautes « très graves » (selon eux) « menacer de frapper le prisonnier avec lequel ils voulaient que je cohabite » et « refuser et résister » aux ordres des matons.

Après un jour d’isolement le 18 janvier ils m’ont remis dans le module 5 et cette fois ils m’ont donné une cellule rien que pour moi … Cependant le 30 janvier on m’a informé que je reste dans le FIES-5 (caractéristiques spéciales). Je l’ai pris avec un certain sens de l’humour, (je me suis dit à moi-même) au moins je n’aurai pas à chercher d’autres « sanctions disciplinaires » en pensant au fait de « partager une cellule » avec quelqu’un …

Bon … maintenant j’attendais qu’arrive mon transfert en Galice tel qu’on me l’avait dit à mon retour …
Le 16 février ils m’ont dit de ramasser mes « affaires » parce que j’allais être transféré. Ils n’ont pas voulu me dire à quelle prison j’allais mais je supposais que ça allait être dans une de celles qui sont en Galice. Quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai appris qu’on m’amenait à Alicante !

À Alicante on m’a aussi informé de la limite et de l’écoute/lecture des communications (téléphoniques, écrites etc) … je ne comprenais plus rien.

Les premiers mois autant à Soto del Real (Madrid) comme à Villena (Alicante) ils m’ont mis toute sorte d’obstacles et d’interdiction pour le courrier et/ou le téléphone, autant avec ma compagne qu’avec ma famille. Cependant la présence de plusieurs prisonniers d’ETA a rendu mon séjour plus distrayant …

De façon surprenante le 20 mars la DGIP a décidé de me sortir du régime FIES-5 et de retirer la censure et la limitation des communications … Ils m’ont même « autorisé » à appeler par téléphone ma sœur, ma compagne et l’avocat …

Cependant le 3 ou 4 avril ils m’ont dit que je devais ramasser mes affaires pour me transférer. Innocemment je pensais qu’ils allaient finalement m’emmener en Galice … mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’ils m’ont dit que j’allais à Valdemoro !! Et qu’est-ce que je vais faire à Valdemoro ? La réponse ne s’est pas faite attendre et le 9 avril ils m’ont emmené devant l’Audiencia Nacional : les Digos » contre-attaquaient de nouveau. J’ai refusé de faire une déposition et j’ai refusé l’avocat (d’office) qu’ils m’ont mis. Le 16 avril j’ai du comparaître de nouveau, cette fois avec mon avocat. Je n’avais RIEN à déclarer sur les accusations des ROS dont je fais l’objet et .. cependant ils ont décrété la « liberté provisoire » dans la mesure où j’accomplis une peine dans ce pays et pour « m’extrader temporairement » en Italie on doit demander une « lettre rogatoire internationale » à l’Allemagne (vu que ce sont eux qui m’ont livré à l’Espagne et qu’ils avaient rejeté les preuves soi-disant accablantes du ROS contre ma personne) et je dois accomplir « ma » peine en Espagne …

J’ai passé presque tout le mois d’avril à Valdemoro et c’est là que j’ai eu mes premières communications avec ma sœur et ma compagne. Le 30 avril j’étais de nouveau à Alicante.

Finalement le 31 mai j’ai eu mon premier « vis-à-vis » avec ma compagne et les appels comme les visites avec d’autres compagnon-ne-s se sont faites régulières et en toute « normalité ».

Le 15 juillet j’ai abandonné finalement la prison de Villena pour aller à « A-Lama » … je suis arrivé en Galice le 25 juillet. Le 27 on m’a informé de « la lecture et la limitation » des communications (simplement « c’est comme ça ») avec pour date le 23 juillet !!

C’est à dire que je n’étais pas encore arrivé dans cette prison que le sous-directeur avait décidé (à titre personnel et contre la résolution de la DGIP et du JVP de Villena) de faire un pas en arrière et de ne pas respecter les « normes », « réglementations » et « directives » de ses supérieurs et du pouvoir judiciaire. Et vu que j’ai refusé de signer cet accord (unilatéral et arbitraire) il n’a rien trouvé de mieux à faire que de me mettre en régime de FIES-5 le 9 octobre !
J’ai simplement décidé d’arrêter d’écrire (ce qui a toujours été ma fenêtre vers l’extérieur) lorsque je suis arrivé dans cette prison, parce que je refuse qu’un « pauvre type » qui joue le satrape local décide à qui et quand écrire et quoi lire …

Avec tout cela et les « liquidations de peine » successives j’ai fini par ne plus comprendre cette merde de système juridico-pénal qui m’accorde : a) (la première) à Soto del Real la peine accomplie le 10/04/2015; b) (la seconde à Villena-Alicante) la date de sortie en 2033 !! et c)la troisième à A-Lama) où il est dit que j’aurai purgé ma peine (3/4 = conditionnelle) en janvier 2015 et la totalité (4/4) en 2020.
Évidemment tout ça (la « nouvelle » intégration au FIES + la lecture de mon courrier + la liquidation de peines) est déposé devant le Juge de Surveillance Pénitentiaire de Pontevedra. Si ce juge applique sa Loi je devrai être mis en liberté l’année prochaine.

À tous/toutes les compagnon-ne-s je dois vous dire qu’au delà de ce que disent leurs « papiers juridiques » et leurs sales manœuvres politiques, étant prisonnier depuis 29 ans, je ne vais pas rentrer dans les provocations de ces misérables maintenant que ma LIBERTÉ est à portée de ma main …

Je sais que le simple fait d’écrire ça (ma vérité) peut être l’excuse, pour ces bourreaux, de nouveaux « transferts » (que ce soit de module ou de prison) et/ou de « sanctions » de type administrative.
La situation carcérale ces dernières années « d’absence » forcée a changé à tel point que tout est méconnaissable pour moi.

Il y a « maintenant » (ça a commencé il y a quelques années ..) dans toutes les prisons de l’État espagnol une « nouveauté » qui s’appelle « modules d’Éducation et Respect » et/ou « Modules de cohabitation ». Dans certaines prisons ces modules sont déjà majoritaires. Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Ceux qui veulent que la loi leur soit appliquée (ce qui correspond à la loi et pas ce consentement de quelques usurpateurs) doivent aller dans un de ces « modules de respect » où ils signent un contrat où on leur « planifie » les activités qu’ils doivent faire obligatoirement comme faire le ménage, étudier, faire du sport etc … Les prisonniers eux-même sont chargés d’exercer les fonctions des matons et « techniciens » ce qui les mène à contrôler leurs propres « compagnons », les « traitements médicaux » (euphémisme pour nommer les drogues dont ils bourrent les prisonniers) et les fouilles au cas où ils aient des drogues illégales ou fument (ou ne travaillent pas) dans des zones interdites.
Ils font même des « assemblées » où certains en « balancent » d’autres.

Aller dans un de ces modules veut dire renoncer (ou déléguer tout aux fonctionnaires) aux « droits » de la Loi Générale Organique Pénitentiaire qui nous a coûté tellement de morts et de sang aux « vieux combattants ».

Vu le panorama (et vu que je refuse d’avaler cette merde) je préfère être dans les « modules conflictuels » et lutter pour mes « droits » (pour lesquelles j’ai lutté) et ne pas « déléguer » cette responsabilité à une bande de traîtres et de matons.

J’insiste que ce que j’écris ici ne se veut pas être un « appel à la solidarité » avec ma situation. C’est seulement une « radiographie » de la situation ( et de beaucoup d’autres qui n’ont pas baissé les bras) et un constat que leurs « Lois et Droits » sont bons pour la poubelle, du papier mouillé, avec lequel « eux » ils prétendent se revêtir d' »ordre » et de « légitimité » et ainsi justifier le monopole de la violence (légale et armée).
Ce que moi je pense et je crois je l’ai reflété (et je continue de le faire à une « moindre échelle ») dans mes textes et dans chaque acte de ma vie.
Ma solidarité va (comme toujours) vers toutes/tous ceux/celles qui luttent : Jamais vaincu-e-s, jamais repenti-e-s !!

En lutte jusqu’à ce que nous soyons toutes/tous libres !!
Pour l’Anarchie !!

A-Lama, Octobre 2013
PS : Je ne reçois pas de courrier ni les journaux anarchistes, mais j’en profite pour traduire le livre du compagnon Thomas Meyer Falk.

Material Anarquista