— Mis à jour —
À Santiago ce premier mai a été animé …
Il y avait deux parcours de manif : le parcours officiel organisé par le syndicat de la CUT (Centrale Unitaire de Travailleurs) et sa clique de « flics rouges », qui passait devant le Palacio de la Moneda et un autre parcours qui avait comme destination finale la Plaza Brasil et qui était organisé par des mécontents de gauche, tout aussi avariés que la CUT, notamment des orgas mapuches, des orgas de gauche de tout poil et aussi un groupe de personnes réclamant la libération de prisonniers politiques, notamment celle d’Abimael Guzman*.
Le parcours de la CUT était encadré par 350 « flics rouges »de la CUT qui se chargeaient de la sécurité de la manif, en addition aux flics officiels. Et comme des encapuchadxs ont essayé de mettre un peu d’ambiance, la « jota » (JJCC-Jeunesses Communistes) et le s.o. de la CUT ont attaqué les encapuchadxs à l’aide de bâtons … résultat : 13 des guignols de la CUT ou de la jota ont été blessés, certains par des molotovs … est-ce que ça les rendra moins cons et autoritaires ? Certainement pas, mais au moins ça fait plaisir de savoir que les molotovs touchent les bonnes cibles. Neuf flics ont également été blessés et 4 motos de flics cramées. Et il y a malheureusement eu 43 arrestations.
À noter que la CUT et le PC sont de vieux habitués de la répression. En 2013 pour le premier mai ces misérables individus s’en étaient donné à cœur joie pour tabasser des encapuchadxs isolé.e.s.
Du côté du parcours des mécontent.e.s ça a beaucoup bougé sur la place Brasil, avec des affrontements dans les rues avoisinantes et une grosse répression. Des agents de la PDI (Police d’enquête) étaient postés à des fenêtres et balcons de leur bâtiment qui s’était fait attaquer, situé sur la place, et tiraient avec des balles en caoutchouc sur tout ce qui bougeait. On peut en avoir un aperçu ici.
* un péruvien fils de riche qui deviendra prof de philo avant de se convertir au maoïsme et fonder le Sentier Lumineux, qui provoquera un conflit armée particulièrement sanglant au Pérou dans les années 80 et début 90. Depuis 1992 ils croupit en taule. Et malheureusement au Chili il y a des benêts de gauche voire même des anars qui soutiennent les autoritaires du Sentier Lumineux, entre autres on peu citer une brochure sur les prisonnières du Sentier Lumineux dans la prison de Chorrillos qui a circulé parmi les anars.
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À Chicago le premier mai était très différent. Il faut déjà savoir que le premier mai n’est pas férié en Amérique du Nord et n’est pas la fête des travailleurs.
Il y a cependant eu une petite manif dans le centre ville, partant du lieu d’origine des évènements de Haymarket. On peut constater que des organisation réformistes de défense de migrants se sont appropriés cette fête. L’ICIRR (la coalition de l’illinois pour les droits des immigrants et réfugiés, son directeur est membre du PRI, le parti de l’actuel président méxicain) dont les membres étaient vêtus de gilets jaunes avec le nom de leur asso, tenait le rôle de service d’ordre et donc aussi de balance lorsque des anars criaient un peu trop à leur goût. Ces collabos n’ont pas hésité à physiquement arrêter un anar qui dénonçait leur présence dans la manif, et à le remettre entre les mains de la police (il se trouve être un compagnon sans-papier et il est actuellement sous une procédure d’expulsion) afin que leur manif qui avait débuté par des discours réformistes et la Marseillaise comme musique (ça n’est pas une blague), puisse continuer son petit bonhomme de chemin au milieu de slogans pourris et réformards en espagnol et en anglais (« Écoute-nous Obama on est dans la lutte »), le tout sous l’oeil de 3 hélicoptères et d’un nombre incalculable de flics à vélo, à pied et à voiture (les chevaux étaient sur place mais ne sont pas sortis de leurs camions).
Les discours faits à la fin de la manif ont été la cerise sur le gâteau. Que des intervenants apparentés à l’ICIRR ou à des églises, un curé a même fait son petit discours. Tous les discours allaient dans le même sens :
– Obama est un vilain menteur, depuis qu’il est président il y a eu 2 millions de personnes déportées alors qu’il avait promis d’être gentil avec les immigrés
– les immigrés méxicains qui sont des bons et vaillants travailleurs, de bons chrétiens et qui ne sont pas des criminels, méritent de rester sur le territoire étatsunien (mais pas ceux que l’ICIRR balance aux flics)
– l’éternel appel à la Justice
– une emphase sur le sort des enfants immigrés (avec des personnes qui pleuraient presque en parlant au micro)
On peut rajouter que dans les discours y a eu pas mal d’autres trucs craignoss (« grâce à Obama les noirs ont plus de droits et nous les méxicains on a rien »), et que c’est quand même assez gênant de revendiquer des droits pour les immigrés mais de ne parler que des méxicains, alors qu’il y a tout un tas d’autres personnes qui émigrent aux États-Unis (y avait plusieurs drapeaux méxicains dans la manif, et parfois des drapeaux étatsuniens couplés à des drapeaux méxicains).
C’est aussi curieux de ne pas parler des dernières grèves de la faim dans les centres de rétention à travers le pays, et de ne pas manifester devant le centre de rétention de Tricounty plutôt que de se promener dans le centre ville de Chicago.
Et c’est surtout très étrange que cette asso n’ait pas trouvé un autre jour parmi les 364 qu’il reste dans l’année pour déverser son discours réformard et religieux dans la rue et balancer des anars. C’est d’autant plus navrant de voir que les anars présents (certes pas nombreux mais visibles, et au passage c’est toujours très curieux de voir des gens cagoulés dans des manifs mollassonnes) les aient laissé s’accaparer et détourner une telle célébration, et surtout les aient laisser diriger la manif à leur manière autoritaire (lorsque le compagnon était en train de se faire arrêter les pignoufs en jaune de l’ICIRR disaient aux gens qu’il fallait avancer).
Le premier mai est censé commémorer les évènements de Haymarket, qui ont eu lieu dans un contexte de lutte pour de meilleures conditions de travail (ou d’exploitation), entre autres choses la journée de 8 heures, et qui ont abouti à la pendaison de 4 anarchistes. Dans de nombreux pays c’est la journée des travailleurs (et pourquoi pas des feignasses comme nous), mais de tous, peu importe leur couleur, leur religion, leur pays d’origine, ou n’importe quelle case à laquelle ils s’identifient.
Avec cet exemple on voit encore une fois que tout est prétexte à la classification et séparation des individus aux États-Unis.
On voit aussi avec les exemples du premier mai à Santiago et celui de Chicago que ça ne gêne pas les charognards anti-anarchistes de s’accaparer un évènement qui représente tout ce qu’ils détestent. Et il semble que même à Paris une clique d’autoritaires a voulu faire régner l’ordre et la sécurité.
On peut du coup se demander si tous ces énergumènes savent qu’à Haymarket le 4 mai 1886 une bombe a été balancée sur les flics qui réprimaient la foule de manifestants, provocant la mort de 7 policiers (certains tués après coup lorsque dans la panique ils ont commencé à tirer dans tous les sens, touchant leurs collègues au passage) …
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