Écrit pour le jour du jeune combattant

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Des chaînes qui tels des oiseaux volent sur les câbles électriques, l’obscurité règne,  et les loups, sauvages comme ils sont, dansent autour du feu qu’ils embrassent.

Des bouteilles allumées qui comme des lucioles illuminent avec la lune la redoutable réponse qui arrive face à une telle agression. Elles explosent … Comme des volcans énervés qui se déchaînent sur les blindés verts. La brume qui tombe et se répand dans les rues au fil des heures, le brouillard épais nous aveugle, un zorrillo* traître nous asphyxie et nous pleurons. Nous pleurons de rage, nous pleurons pour les morts, nous pleurons de bonheur, nous pleurons en nous rebellant, nous pleurons à cause des gaz.

Et la lune ne calme pas cette soirée orageuse. Elle l’observe avec dédain, mais elle observe quand même, car la lune verra toujours ce que le soleil n’a pas pu voir. Comme des chats perchés sur des toits, nous vivons l’agitation. Nous nous déplaçons éreintés jusqu’à chaque carrefour. Les lucioles s’en vont maintenant, les volcans continuent leur incessante et lumineuse furie, les guêpes vont à la rencontre de leur attaque mortelle, et après chaque tir cherchent à s’incruster dans ces crânes misérables.

Les pistolets hurlent, les guêpes partent à l’attaque et les traversent, tandis que la nuit continue dans son apogée. Les blindés verts éclatent en sanglot, pour ensuite fuir pour rester en vie.

La lune est partie, les loups en meute hurlent de joie, les volcans, oiseaux, chats, lucioles et guêpes dansent ensemble victorieux tandis que le chaos se déchaîne à chaque carrefour.

Un flic est mort, et les balles continuent de répondre.

* littéralement c’est la mouffette, mais ça désigne les petits véhicules blindés qui dispersent des gaz lacrymogènes

Contrainformate

Attaque d’un commissariat à Iquique

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Déclaration de l’attaque d’un commissariat à Iquique, le 30 mars 2015

La violence se présente à nous comme une réponse à la soumission que demandent les autorités. Leur répression constante, leur aliénation avec les puissants nous oblige à agir avec les armes qui sont à notre portée. L’institution des Carabineros du Chili représente une protection pour l’ordre autoritaire (appelé aujourd’hui démocratie) revendiqué par l’État dirigé par Michelle Bachelet et ses acolytes (parmi eux le patronat et la droite parlementaire). L’établissement de cet ordre n’engendre pas le bien-être de chacun des individus ni le développement de leurs capacités, car il est mis en place au bénéfice des classes privilégiées et leur morale hiérarchique. La lutte contre l’autorité, et avec elle la soumission, l’injustice, la pauvreté, l’ignorance et la ségrégation, dépasse les méthodes légales de résolution de conflit, et ça n’est pas par le chemin de la légalité que nous avons l’intention de nous libérer de l’esclavage, car c’est ce même chemin qui mène à tout cela. Il n’est pas difficile de voir au quotidien comment les couches de la population les plus dépossédées sont enfermées dans les prisons, tandis que les riches dorment dans leurs lits confortables et se délectent de leurs festins, dilapidant l’argent obtenu grâce au vol du travail des autres.

La réalité nous met dans une situation de confrontation avec l’État, la loi, la police, le capitalisme, le patriarcat et tout ce qui protège consciemment les intérêts des dominants. Nous avons conscience de l’aliénation de ceux qui sont policiers, qui en général appartiennent aux classes opprimés, issus de milieux très pauvres et qui ne le sont pas beaucoup moins dans le présent, mais nous devons voir qu’ils travaillent au service de l’exploitation. Ce sont des années d’histoire répressive, ils le portent dans leur ADN [sic], les victimes sont innombrables, et ils ont toujours été chargés de freiner les processus révolutionnaires, en assassinant au nom des banques, de la dictature, des grands patrons, au nom des Luksic,  Angelini,  Peñailillo [1], de la démocratie et de la classe politique internationale.

Pour tout cela cet acte de violence cherche à symboliser le feu ardent contre l’ennemi. C’est un appel à l’agitation permanente, qui considère que chaque acte violent cherchant à briser les chaînes de l’oppression est un acte de solidarité avec les combattants morts et ceux qui sont dans les centres d’extermination étatique.

Solidarité active avec Nataly Casanova, Juan flores Riquelme, Marcelo Villarroel, Freddy Fuentevilla, Juan Aliste, Mónica Caballero, Tamara Sol Farias, Francisco Solar.

Nous serons comme des cafards, une plaie qui se répand à la chaleur du feu et que pas même la bombe atomique ne pourra exterminer …

Parce que nous ne nous reposons pas entre les griffes du capital, nous l’attaquons par toutes les différentes formes de lutte, jusqu’à détruire la dernière de ses propriétés.

[1] Grandes fortunes chiliennes

Ediciones Aukan

 

Des suites de l’affaire du 18 septembre

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Prison préventive pour un autre compagnon

Enrique est resté près d’une semaine dans un flou juridique, grâce aux magouilles du parquet qui a décidé d’utiliser le délai que permet la loi antiterroriste, obtenant ainsi de le laisser une semaine en taule sans que personne ne sache sous quelles accusations ni dans quelle situation il se trouvait.

Grâce à la loi antiterroriste le parquet du tribunal Sud a accusé le compagnon de placement d’engin explosif, plus particulièrement contre le 1° commissariat et aussi contre le 39° commissariat à El Bosque. L’imagination fabuleuse du parquet accuse de nouveau une personne pour deux actes qui ont eu lieu de façon coordonnée, tout comme il y a quelques mois le parquet avait accusé Juan Flores pour les même faits.

La preuve supposé du parquet serait des mégots.

La seule chose claire et évidente c’est que le parquet souhaite prendre sa revanche et cherche à frapper l’entourage de Juan, Nataly et Guillermo, en condamnant et illégalisant les visites qu’Enrique rendait à Juan et Nataly.

En attendant, la prison préventive pour Juan et Nataly est maintenue.

Avec dignité, sans nier les liens entre personnes et en ne laissant pas l’État se mêler de nos complicités.

Beaucoup de tendresse pour les compagnons en prison !

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Le 06 avril à 13:57, le compagnon Enrique Alfonso Guzman Amadeo, âgé de 25 ans, est arrêté par la police dans la maison de sa famille, à Puente Alto.

Cette arrestation est en lien avec l’affaire de Juan, Nataly et Guillermo, qui ont du faire face à la répression le 18 septembre. Ces enflures de la DIPOLCAR (service de renseignement de la police) et le parquet du tribunal Sud l’accusent d’avoir attaqué avec Juan Flores le 1° commissariat dans le centre de Santiago.

Enrique aurait été surveillé de près par la police ces 25 jours passés, afin de prendre des infos et trouver une raison pour l’arrêter. Il apparaît qu’Enrique a rendu visite à Juan et Nataly en prison. Ce qui une nouvelle fois met en avant le besoin de la part du Pouvoir d’illégaliser des relations et des liens entre compagnons et la tendresse non repentie.

Face à la presse Enrique s’est montré digne et fier, en insultant ces saloperies de journalistes qui le harcelaient.
Le 07 avril il est passé devant le tribunal pour son arrestation. Le parquet du tribunal Sud a obtenu que son arrestation soit prolongée, grâce à des magouilles juridiques, jusqu’au 13 avril, et l’on ne sait pas clairement de quoi il est accusé ni sous quelle législation. Le tribunal a ordonné qu’on lui fasse un prélèvement ADN, car la police aurait soit disant trouvé un mégot dans la maison de Nataly Casanova le 18 septembre, au moment de son arrestation, et ce mégot serait, selon la police, celui d’Enrique, et le même ADN serait présent dans les relevés pris sur le lieu de l’attaque explosive sur le 1° commissariat.

On ne sait pas où se trouve Enrique actuellement. Probablement à Santiago 1, ou dans la Section de Haute Sécurité du CAS.

Solidarité avec Juan, Nataly et Enrique qui sont en prison !

Publicación Refractario

Depuis un recoin du monde : lettre du compagnon Carlos López “Chivo”

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Compagnons, j’écris ces quelques lignes dans l’intention de faire connaître ma situation de vie actuelle, que j’ai décidé, à partir d’une perspective très particulière, de mener à bien dû à la succession de situations qui se sont présentées dans le contexte récent de la lutte individuelle et/ou sociale, et la répression contre celle-ci.

La liste est longue de compagnon-ne-s qui ont été harcelés et sous le coup d’enquêtes à cause de l’activité anarchiste de ces derniers temps ici, et plus précisément dans le centre et le sud du pays, en les faisant suivre pour épier leurs moindres mouvements et voir avec qui ils s’organisent, en envoyant des saloperies de balances pour obtenir des informations, en accusant les compagnon-ne-s étranger-e-s de financer les luttes, et j’en passe. Et même lorsque j’ai été arrêté et emmené en prison avec mes compagnonnes d’affinité Amelie et Fallon, il y a eu une tentative de faire un lien entre de nombreuses personnes du milieu libertaire/anarchiste afin d’essayer de les lier à notre affaire (5E), perquisitionnant des maisons afin d’obtenir des « preuves » (sans y parvenir) et ainsi avoir plus d’arguments pour armer un coup fort à l’intérieur du petit monde acrate.

Ceci a mené à l’arrestation du compagnon « tripa » (et la persécution d’autres compagnons qui ont aussi dû s’éloigner), où heureusement on a pu compter sur la réaction opportune des compagnonnes du GASPA [ NdT : Groupe d’Avocates Solidaires avec les Prisonniers Anarchistes] pour le sortir immédiatement, vu que l’accusation ne reposait sur rien, et il n’a pas eu d’autre choix que celui de la cavale, vu qu’il était accusé pour ses antécédents « délictueux » auxquels s’additionnait un lien avec les enquêtes de terrorisme, sabotage et autres affaires qu’ils ont voulu nous mettre sur le dos.

Pour les mêmes évidences et ayant la faculté de choisir librement, j’ai décidé de prendre le chemin de la fuite pour différentes raisons, principalement pour ma propre sécurité et celle des autres compagnons, vu le chemin que prend tout cela. Je ne serai pas le premier ni le dernier à le faire, en ayant pris un chemin de lutte qui m’amène à me réapproprier ma propre vie, et qui mène aussi sur un chemin violent, frontal et réfractaire à toute autorité. Et pas besoin d’être un érudit pour te rendre compte que tu seras dans la ligne de mire de ces flics et procureurs qui essaieront de te lier et t’impliquer à n’importe quel cas d’action directe qui a lieu sur le champs de bataille, et dans mon cas, en sortant sous libération sous contrainte avec un pointage il est évident que j’aurais été à leur merci pour me rééduquer à leur goût, plaisir que je n’ai pas l’intention de leur procurer, au moins dans la mesure de mes possibilités.

En plus de ne pas avoir la moindre intention de collaborer à ce foutu petit théâtre juridique qui aurait continué après ma sortie de prison, dès les premiers instants de ma libération physique j’ai décidé de ne pas être leur proie contrôlée par la visite périodique de l’endroit où j’étais censé me présenter pour effectuer une horrible signature durant un an et demi de plus. Pour tout cela j’ai décidé de ne pas me présenter devant le tribunal les jours suivants, cherchant à rompre avec ce que j’appelle une ligne de conduite.

Ceci ne veut pas dire que je m’éloigne de la lutte ou que je me repente de ce que j’ai vécu pour la mener à bien, au contraire, celle-ci continuera d’être le facteur principal qui continue de me pousser dans cette facette insurrectionnelles vers l’inconnu de la liberté. Depuis « dehors » aussi on peut continuer dans la quotidienneté de l’attaque permanente à travers ses diverses formes et contenus, en cherchant à poursuivre mes projets depuis autre part mais avec les mêmes visions, en sachant clairement que ça n’est pas avec la prétention de vouloir mener ma lutte dans la clandestinité volontaire ni de chercher une forme spécialisée ou supérieure d’attaque, mais en prenant en compte que celles-ci font partie des conséquences que nous devons affronter et assumer en circulant sur ces chemins du conflit, de faire les choses pour ce que à quoi nous croyons et de la façon que nous le croyons possible et nécessaire.

J’ai toujours su que s’opposer fermement aux formes de subordination et aux contenus idéologiques, que les techniques du mensonge démocratique emploient afin de maintenir leurs privilèges et l’état des choses, amènerait avec soi des situations opposées à ce que n’importe qui de « normal » voudrait pour sa vie. Mais comme moi je n’ai pas envie d’être ce genre de personne normale et d’accepter d’être un esclave de plus, j’ai voulu faire les choses de cette manière, comme le ferait n’importe quel irréductible à la recherche d’une vie meilleure à partir de sa façon de comprendre les choses.

Cela aurait été plus confortable pour moi, après être sorti de prison et marcher dans la rue, de voir la famille, les amis et d’être aux côtés de ma chère fille, tout comme d’être aux côtés des compagnon-ne-s et personnes de diverses tendances avec qui j’ai des affinités pour continuer d’agir ensemble. Mais comprenant que ceci n’est pas un jeu et que la lutte doit se mener jusqu’aux dernières conséquences, il faut lui donner le sérieux nécessaire, et donc parfois il faut prendre des décisions qui peuvent s’avérer douloureuses par la distance physique avec les êtres aimés. C’est pour cela que je ne vois pas la cavale comme la seule issue, mais comme celle la plus proche de la vision que j’ai de la situation. J’y ai vu une façon adéquate d’agir, et j’ai déjà dit auparavant, entre autres choses, de ne pas donner lieu à des enquêtes et tentatives de me lier à de futures actes violents similaires à celui pour lequel j’ai été emprisonné, et avec cela de me lier aussi à d’autres compagnon-ne-s et à ceux qui se trouvent sur le chemin, car nous savons de quoi se sert l’État et ses sbires de la loi et de l’ordre, et je ne dis pas ça par peur, mais en partant du fait que c’est aussi un acte insurrectionnel de prendre soin des nôtres.

Une part de mon insurrection individuelle consiste en une rupture avec toute forme d’entrave, et la destruction constante de n’importe quelle relation personnelle/sociale issue de l’ennemi tant abhorré, l’État/Capital, et de n’importe quelle autorité, est nécessaire et a un rôle prépondérant. Raison pour laquelle je continue de me déclarer en guerre permanente dans la mesure de mes possibilités. De telles relations se reflètent dans la société aliénée qui ne reproduit que ce qui s’apprend dans ses établissement éducatifs et religieux, ses moyens d’information et de production économique/technologique, de même que dans ses manières de se conduire dans divers aspects quotidiens, et ne mènent qu’à la domination et font que je refuse de participer au jeu juridique et à être un « bon citoyen » car cela pourrait prouver que la punition donnée par les lois et leurs mentors fonctionne très bien. Je les emmerde !

C’est pour cela que je préférerais mourir dans la tentative plutôt que de chercher une concession, médiation, aide ou pacte avec le même ennemi que je cherche à détruire. En comprenant que chacun a ses perspectives et façons de faire les choses, et respectant ce que chacun fait de ses luttes, et soutenant celles avec lesquelles j’ai le plus d’affinité ou qui au moins font preuve d’une certaine hostilité envers l’ennemi. Mais celle-ci est la mienne, et c’est à elle que je m’en tiens.
Sans rien d’autre à rajouter, je fais une grosse bise à ceux qui en viennent à me lire, et plus particulièrement à mes amis, compagnon-ne-s de lutte, à ma famille et à tous ceux qui s’identifient dans la lutte contre le pouvoir sous chacune de ses facettes. La lutte continue, ne reconnaissant pas la situation comme prémisse de la fin, mais seulement comme la continuité de mes agissement libres.

Pour la liberté des prisonnier-es-s dans le monde !
Pour la solidarité avec les compagnon-ne-s en cavale, que le vent efface leurs traces !
Pour la destruction du pouvoir sous toutes ses formes !
Solidarité avec les compagnons en grève de la faim !
Guerre sociale de toutes parts !

Vive l’anarchie !

Carlos López “Chivo”
Depuis un recoin du monde
5 avril 2015

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