Lu en espagnol, anglais et français devant le consulat du Mexique de Montréal. Plus d’infos en français sur Sabotagemedia.
Suisse : Marco Camenisch en grève de la faim
Marco Camenisch est en grève de la faim depuis le 30 décembre 2013, jour où il a été mis dans le « bunker » de la prison de Lenzburg.
Il compte mener sa grève de la faim du 30 décembre au 24 janvier, en contribution à la lutte générale contre la répression, à la lutte pour la libération totale et à la solidarité révolutionnaire commune qui va au au delà des différentes tendances, appelant ainsi à se battre contre toutes formes de domination, exploitation et répression, mais aussi contre la guerre de classe menée depuis en haut à l’occasion de la réunion annuelle du Forum Économique Mondial (à Davos du 21 au 24 janvier).
Sa grève de la faim a commencé le jour où ils l’ont placé en isolement dans le camps de travail de Lenzburg, parce qu’il a refusé de faire une analyse d’urine. La prison a annulé ses visites durant l’isolement. Ils ont aussi pris pour 6 mois l’ordinateur qu’il utilisait, ce qui est une grosse perte pour le compagnon et ses contacts en dehors de la prison.
Le 6 janvier il a informé qu’il n’était plus en isolement, et il a annoncé qu’il continuait sa grève de la faim, et qu’il faisait aussi une grève du travail (dans les prisons suisses les détenus sont soumis aux travaux forcés), au moins jusqu’au 26 janvier.
Pour lui écrire, c’est à cette adresse :
Marco Camenisch
PF 75, 5600 Lenzburg
Suisse
Attaque incendiaire dans un centre commercial et quelques réflexions face à l’offensive répressive
Le mardi 31 décembre à la veille d’une nouvelle année, vers 2:30 et quelque minutes avant la fermeture du lieu, un mécanisme incendiaire à retardateur a été placé dans l’allée des produits inflammables du Homecenter situé dans le centre commercial Plaza Norte. Quelques heures après, l’attente terminée, l’incendie s’allumera, détruisant deux allées et demi du magasin et des centaines de produits, de façon à envoyer nos plus chaleureuses salutations de bienvenue à l’année 2014.
Depuis quelque semaines nous avons vu que les attaques incendiaires, explosives et sabotages ont augmenté, mais il y a eu plusieurs erreurs de la part de ceux qui ont décidé d’attaquer la normalité, l’ordre, l’État, la réalité, toute forme de domination et de structure physique, mentale et émotionnelle. Il faut le souligner et apprendre de ces erreurs pour éviter de voir à nouveau nos frères/sœurs et complices séquestré-e-s par les administrateurs de la société; analyser toute nouvelle qui nous arrive, voir quelles sont les erreurs possibles qu’ils ont pu commettre pour ne pas les refaire.
Le 11 septembre est une date attendue à Villa Francia, et en connaissance de la préparation policière pour cette nuit-là (pas uniquement pour le harcèlement de ces bâtards esclaves qui ne méritent que d’être torturés et brûlés [sic]) il a été décidé de les affronter avec ce qui était à disposition, et malgré les molotovs, chausse-trappe, et divers flingues, le plan que les sbires ont utilisé même s’il était simple a été suffisant pour chasser et attraper de nombreux combattant-e-s cette nuit-là. Sans discréditer les agissements de tous/toutes celles/ceux qui étaient là-bas et qui ont affronté les gardiens de l’ordre, aller dans un endroit où tu sais qu’ils t’attendent, et sans avoir l’armement et la préparation nécessaire (physique, mentale, stratégique), c’est ne pas réaliser ce que ça veut dire si l’un-e de nous est prisonnier-e-, que ce soit en taule ou à la maison, ne pouvant pas sortir dans la rue pour continuer de brûler cette réalité putréfiée. Il y a des milliers de moments et d’endroits où nous pouvons attaquer sans qu’ils nous y attendent.
Salidas pour altérer l’ordre : entre barricades et affrontements, nous savons qu’ils ont identifié (habits, sacs, chaussures, cheveux, etc) et capturé des individus, certain-e-s avec du matoss dans les mains, alors que l’action était terminée. Sans s’être débarrassé des habits qu’ils ont utilisé et du matériel qu’ils ont gardé, et sans même s’en aller rapidement de l’endroit (pour rester à traîner). Il faut faire gaffe, pour le moindre détail ils peuvent nous identifier et nous mettre en taule ou au Sename (NdT : prison pour mineurs). Ce n’est pas difficile de trouver des fringues pour nos actions, qui changent notre apparence, et des planques si on peut pas (ou qu’on veut pas) s’en débarrasser, partant rapidement et réduisant en cendre tout ce qui peut nous identifier. C’est pas un jeu (mais qu’est-ce qu’on s’amuse pourtant!).
Explosifs/Incendies : il y a déjà plusieurs cas d’engins et mécanismes qui n’ont pas explosé ces derniers temps et qui sont restés entre les mains des labos policiers, leur donnant avec ça nos méthodes et possiblement quelques résidus qui peuvent indiquer qui l’a fabriqué. En transportant le matériel, dans le cas de cocktails molotovs ou d’autres, nous ne devons pas circuler dans des endroits isolés et vêtus de manière suspecte (en noir, marchant avec une poche à la main, dans une rue obscure … nous ne devons pas croire qu’on est incognito devant tous les yeux qui nous regardent). Si on fait quelque chose tout seul nous perdons la possibilité d’être averti si les flics arrivent ou n’importe quoi d’autre qui nous mette en danger et empêche de réaliser l’objectif. L’usage de gants ou n’importe quelle méthode pour cacher et faire disparaître les empreintes est indispensable, car si on se laisse aller à la confiance et qu’on pense que tout est sous contrôle à 100 % on pourrait laisser derrière nous des empreintes, des cheveux, de la salive ou autres sur place. Et comme ça fait plusieurs fois que les engins posés n’ont pas explosé, nous devons réfléchir à ce sujet et pas faire les choses à l’arrache.
Il est important, quel que soit le détonateur que nous utilisons, de l’essayer autant qu’il est nécessaire afin que la probabilité que ça n’explose pas soit minime et que ça ne soit pas à cause du détonateur. Si nous ne connaissons pas une méthode qui nous permette de l’essayer (sans risquer de voler dans les airs ou de se brûler) nous ne devons pas fabriquer des engins qui peuvent ne pas exploser, ou même qui peuvent exploser dans nos mains. Mieux vaut ne pas le faire plutôt que de prendre ces risques. Envoyer balader son ego, et avec l’angoisse et le désespoir que provoque en nous ce monde asphyxiant, essayer de réaliser l’objectif sans se soucier du temps que ça prendra, 1, 2 ou 10 mois s’ils le faut, mais pas moyen de finir en taule pour une connerie.
Entre autres choses, nous ne devons pas penser que poser une bombe ou foutre le feu est la seule chose qu’on puisse faire pour matérialiser nos désirs. Quant bien même on en aurait très envie, pour réaliser une action il faut autre chose que juste le désir. Il y a différents rôles assignés collectivement pour pouvoir le faire, et même si les rôles nous rappellent l’autorité et la hiérarchie, c’est pas forcément ça. Si on se complète entre nous, parce qu’on peut pas faire tout partout et en même temps, si on se retrouve en meute pour agir, nous agissons comme tel. Et donc une tâche n’est pas plus importante qu’une autre, ni celui qui guette les flics, ou celui qui fout le feu, ou au cas où les flics arrivent ceux qui vont les retenir pour que les autres puissent se barrer. Il faut faire gaffe à ce que chacun s’en tienne à son rôle, parce que dans le cas contraire on prend le risque que nos compas se fassent chopper et aillent en taule pour quelque temps. Les appareils de contrôle de l’État sont organisés structurellement, militarisés et avec des tactiques analysés par les services d’intelligence, et donc de notre côté on ne peut pas tout abandonner à la beauté de la spontanéité et s’attendre à réussir juste parce qu’on en a envie. On ne peut pas s’attendre à atteindre nos objectifs si on ne s’organise pas et qu’on ne prépare pas des tactiques et des méthodologies pour cela. Évidemment ça ne veut pas dire se transformer en petits soldats ni se désigner comme avant-garde ou leaders de l’insurrection et des insurgé-e-s, mais c’est important de partager les expériences, les erreurs et les réussites, comme les tactiques, les méthodes, les analyses et les réflexions, et ne jamais penser qu’entre nous il y a des « supériorités » à cause de l’expérience individuelle de chacun, ou parce qu’il y a des grandes gueules. De même il ne faut jamais penser que parce qu’un bâtard de flic sait tout juste compter, l’État, les patrons, l’ordre et le contrôle en général sont aussi abrutis que leurs laquais situés les plus bas dans cette pyramide sociale dégoûtante. S’ils étaient aussi crétins ils seraient tombés depuis longtemps, mais pour autant on ne pense pas que c’est impossible de les vaincre.
Si certain-e-s de nos proches, ou nous même, tombaient entre les mains de l’ennemi ou qu’on n’a pas fait gaffe et qu’on n’a pas pris les précautions nécessaires, il ne faut pas croire qu’on ne va pas faire profil bas pendant quelque temps, que ce soit chez nous ou bien n’importe où ailleurs et avec qui que ce soit, car on ne sait jamais qui nous regarde et/ou écoute.
Mais bon, il faut aller de l’avant, et être solidaires de toutes les manières possibles avec ceux/celles qui font face et affrontent cette saloperie de monde de merde. Solidarité avec les prisonnier-e-s du 11 septembre, Hans, Monica, Francisco, Freddy, Marcelo, Juan, Carlos, Alberto Olivares, Niko Sandoval, Felipe, Hermes, Alfonso, Marco Camenisch, Gabriel Pombo da Silva, Alfredo Cospito et Nicola Gai, les membres prisonnier-e-s de la CCF et de la FAI/FRI, les prisonnier-e-s du FLA (Front de Libération Animale) et FLT (Front de Libération de la Terre), avec Felicity Ryder et Diego Ríos qui cavalent toujours dans les ombres, et à tous/toutes les insurgé-e-s, clandestin-e-s, individus anarchistes et nihilistes, et à tous les êtres qui ne sont pas disposés à faire un pas en arrière dans la guerre contre toute société, toute autorité, contre tout régime humain, contre toute forme de domination.
Pour Matías Catrileo, Punki Mauri, Claudia López, Sebastian Oversluij et tous les milliers de morts dont nous ne connaissons pas les noms. Pour José Huenante et tous les disparu-e-s et séquestré-e-s. Pour tous les prisonnier-e-s en guerre dans le monde, liberté immédiate et feu à toutes les prisons avec les matons dedans.
DÉTRUISONS LA RÉALITÉ, GUERRE À L’EXISTANT !
Bonanno de nouveau expulsé, cette fois du Mexique
« Les pratiques d’action directe sont maintenant le corollaire de ce bagage conceptuel rajeuni. Face à face avec l’ennemi, sans médiations : voilà la devise et l’emblème d’une pratique d’intention, d’orientation et de possibilité anarchiste ». Rafael Spósito (Daniel Barret)
Il y a exactement quatre ans, trois mois et 22 jours, j’ai reçu l’appel d’un grand compagnon pour m’informer d’une triste nouvelle : ce cher Alfredo María Bonanno avait été arrêté suite à une expropriation ratée dans la ville de Trikala, au nord de la Grèce. Aujourd’hui j’ai eu une brève discussion au téléphone avec le compa Alfredo qui a produit en moi la même indignation et impuissance face à cet appel tragique. Au milieu des cris et des expressions pompeuses des oppresseurs qui lui ordonnaient d’éteindre le téléphone, il m’a informé que les autorités migratoires l’avaient empêché de rentrer sur le territoire dominé par l’État mexicain, le déclarant comme « persona non grata » pour sa soi-disant « dangerosité » et ses « antécédents pénaux », ce pour quoi ils l’ont déporté en Argentine. Malgré le peu de temps que nous avons parlé j’ai ressenti à travers ses paroles brèves la force d’un irréductible. La première chose que je lui demandé c’est comment allait sa santé, et il m’a répondu que ça allait. Furieux, la seule chose que j’ai trouvé à lui dire c’est que je regrettais beaucoup la décision de ces salopards et il m’a répondu optimiste, avec la sérénité et la condition réflexive qui le caractérise : « c’est logique que ça nous arrive ». Oui, avec ces mots simples et ce commentaire concis, Alfredo résumait la réalité du réveil anarchiste du XXI°siècle et la répression logique dont nous souffrons. Sans aucun doute nous sommes devenus le pire cauchemar de la domination. Aujourd’hui l’anarchisme de praxis se lève avec force et demande impérativement la rénovation théorico-pratique et le dépassement des expériences de luttes passées, abandonnant pour toujours la muséographie archéologique, l’immobilisme lâche et l’attitude protagoniste de l’académicien « progressiste » (celui dont se référaient les groupes d’affinité dans un de leurs plus récents communiqués), pour récupérer son humeur transgressive, sa conflictualité permanente et sa nature destructrice. En effet, comme me le disaient certain-e-s des compagnon-ne-s qui ont organisé les Journées Informelles Anarchistes/Symposium International, devant ces événements terribles : à l’Âge d’Or de l’anarchisme classique, dans les années épiques de cette dynamique anarchiste qui s’intensifiait comme paradigme subversif indiscutable, les déportations, les emprisonnements et les assassinats de compagnon-ne-s anarchistes étaient monnaie courante. Combien de fois nos compagnon-ne-s d’autrefois n’ont pas été déporté-e-s et emprisonné-e-s ? Combien n’ont pas été assassiné-e-s et/ou exécuté-e-s sur l’échafaud de monarchies rabougries et de républiques modernes ? Qu’aujourd’hui ils déportent, emprisonnent et assassinent nos compagnon-ne-s c’est la preuve irréfutable du réveil anarchiste, la meilleure preuve de vitalité et vigueur de notre théorie et pratique, le signe le plus indiscutable du rayonnement anarchiste.
Désormais nous ne pourrons plus faire abstraction de la praxis anarchiste. Aujourd’hui la réflexion théorique et la pratique commencent à se situer dans le contexte historique qui lui est propre, conférant une plus grande prédominance aux compagnon-ne-s récemment intégré-e-s dans la lutte acrate qui insistent sur la communion nécessaire entre idées et action, dans l’urgence inévitable d’entraîner notre théorie dans la pratique et de ranimer notre champs théorique à partir de la pratique.
Malheureusement, le compagnon Alfredo Bonanno ne nous accompagnera pas physiquement dans cet effort gigantesque de rénovation théorico-pratique. Nos ennemis ne pouvaient pas se donner le luxe de permettre une aventure fondatrice transgénérationnelle d’une telle ampleur et c’est pour cela qu’ils ont une fois de plus eu recours à la proscription et aux exclusions. Cependant cette panoplie immense de vibrations communes qui rendent possible la réalisation de ces Journées Informelles est la reconstruction indiscutable de cette épopée transgénérationnelle qui aujourd’hui se concrétise à travers l’anarchisme de praxis. C’est pour cela que, malgré les proscriptions et interdictions, tous les absents seront à nos côtés, face à face avec l’ennemi. Malgré les épreuves nous aurons avec nous notre cher Bonanno, notre frère Gabriel Pombo Da Silva; la chère Felicity Ann Ryder; Mario González; Stefano Gabriel Fosco, Elisa Di Bernardo, nos semblable Panagiotis Argyrou , Mihalis Nikolopoulos , Giorgos Nikolopoulos , Gerasimos Tsakalos , Hristos Tsakalos, Giorgos Polydoros, Damianos Bolano, Haris Hadzimihelakis, Olga Ikonomidou, Alfredo Cospito et Nicola Gai; Hans Niemeyer; Marcelo Villaroel; Freddy Fuentevilla; Juan Aliste Vega; Carlos Gutierrez Quiduleo; Mónica Caballero Sepúlveda; Francisco Solar; Víctor Montoya; José Miguel Sánchez; Hermes González; Alfonso Alvia et tant d’autres frères et sœurs prisonnier-e-s, en restriction domiciliaire ou en cavale.
Et nous aurons aussi à nos côtés les inoubliables : Sergio “Urubú” Terenzi, Claudia López Benaige, Jhonny Cariqueo, Lambros Foundas, Xosé Tarrío González, el Punky Maury Morales, mon cher Rafael Spósito, Matías Catrileo Quezada, Sebastián Oversluij Seguel et tant d’autres compagnon-ne-s irremplaçables qui sont parti-e-s mais continuent de nous montrer le chemin.
Vive l’anarchie, et que le battement de son cœur rénové s’entende dans tous les confins de la Planète !
Gustavo Rodríguez
Mexique, 24 décembre 2013
P.S. informatif : pour le moment nous avons reçu un premier coup. Comme certains compas le savent déjà nous attendions l’arrivée d’Alfredo à 21h30 et il n’est jamais sorti par la porte d’arrivée. Nous avons demandé au service de Migration et ils nous ont dit que si c’était pour « raison d’interrogation » il pouvait resté de 3 à 5h retenu et si après ce laps de temps il ne sortait pas c’est qu’on lui avait refusé l’entrée dans le pays. Six heures plus tard, désespérés et préoccupés, nous avons redemandé et ils nous ont informé qu’il n’étaient pas autorisé à informer lorsqu’il y a des personnes arrêtées ou expulsées, ni sur les motifs de cette décision. Cependant quelque temps après ils nous ont informé qu’il avait pu être transféré dans les cellules du Terminal I pour être déporté une fois la destination convenue. Je suis allé immédiatement là-bas mais je n’ai pu obtenir aucune information, et nous en avons déduit qu’il avait été déporté. Ce qui est bizarre est qu’il ne m’a pas appelé et qu’il avait son portable éteint, ce qui m’a laissé pensé qu’il pouvait encore se trouver détenu au Mexique.
Et bon, après ce mauvais moment passé, il nous reste l’agréable sensation lorsqu’après trois longues heures d’interrogation, ils ont laissé entrer Constantino Cavalleri et la légendaire Jean Weir, qui ont partagé avec nous leurs réflexions et expériences dans les Journées Informelles. Curieusement, au cours du « profond » interrogatoire que les agents du gouvernement leur ont fait subir, ils ont demandé à chacun s’ils étaient anarchistes, et à la réponse positive ils ont cherché à savoir de quel « type d’anarchisme ». Devant des questions aussi absurdes autant Jean que Costa ont exigé qu’ils soient plus précis, ce à quoi les enquêteurs ont répondu « qu’il y a un anarchisme bon et un anarchisme mauvais », élucubrations qui complétaient la question suivante : Quels sont vos héros ou personnages légendaires ? Et ils terminaient par la question à un million de dollars : vous venez au Symposium anarchiste ou à l’Escuelita Zapatiste ? Sans aucun doute la réponse de cette dernière question permettait à ces agents de cocher dans la bonne case sans se tromper.
Lettre de Mónica et Francisco suite à la semaine de solidarité avec eux
Nous sommes de nouveau là, avec ces murs de béton et ces barreaux, entre caméras et matons. Nous sommes de nouveau là, sans baisser la tête et fier-e-s de ce que nous sommes. Fier-e-s de faire partie de la tempête imprévisible qui cherche à mettre un terme à toute lueur de Pouvoir qui jette le masque une fois de plus et se laisse voir tel qu’il est, dans sa brutalité et aussi, disons-le, dans sa faiblesse. Dans ce cas particulier, la collaboration entre l’État chilien et espagnol, pour réussir à nous enfermer, prouve à quel point ils peuvent être coordonnés pour faire face à ce qu’ils perçoivent comme une menace. Mais l’importance que nous attribuent ces messieurs du Pouvoir nous montre autre chose que sa fragilité. Leurs discours de sécurité incohérents sont le voile qui couvre la peur de savoir qu’un concours de circonstances peut déchaîner la pagaille générale. Leurs coups et bâillons ne font que nous convaincre d’affûter nos idées et nos vies pour être prêts pour l’affrontement permanent.
Nous saluons d’une grande accolade toutes les expressions de soutien, c’est une poussée qui fragilise les barreaux. Nous comprenons la solidarité comme la mise en pratique constante de nos idée anarchistes, sous toutes ses formes, qui font comprendre à l’ennemi que rien ne s’arrête ici, que tout continue dans la prison ou la rue. Où que l’on soit : pas une minute de silence et toute une vie de combat. Tout particulièrement l’énorme preuve de solidarité de compagnons qui ont utilisé leurs corps comme arme en menant une grève de la faim.
Nous saluons ceux/celles qui continuent de tisser des complicités, ceux/celles qui s’aventurent dans l’inconnu, ceux/celles qui sont motivés par l’incertitude, ceux/celles qui s’entêtent pour l’anarchie. À eux/elles tous, notre respect et affection.
Nous avons reçu avec beaucoup de tristesse la nouvelle de la mort de Sebastián, mais en même temps sa vie cohérente avec ses idées nous remplie de joie : un véritable guerrier. Nous aimerions être avec les compagnon-ne-s qui le pleurent, mais ce n’est que d’ici que nous vous envoyons beaucoup de force et un » on se verra bientôt ».
Mónica Caballero
Francisco Solar
Actions directes en hommage à Sebastián
Le jeudi 19 décembre aux alentours du campus Juan Gómez Millas de l’Université de Chile une trentaine de jeunes combattants et subversifs ont réalisé une action dans le cadre de la semaine d’agitation pour les compagnon-ne-s Francisco et Mónica prisonnier-e-s de l’États fasciste espagnol associé avec l’État chilien, mais cette action était aussi en solidarité avec les compagnons Marcelo Villarroel Sepúlveda, Freddy Fuentevilla Saa, Juan Aliste Vega et Hans Niemeyer Salinas qui sont actuellement en grève de la faim. Comme d’habitude dans notre lutte de rue, nous restons une fois de plus anonymes, utilisant notre compagnonne de toujours, la capucha (Ndt : cagoule avec un tee-shirt), et cette fois nous séparant en deux groupes, rouges et noirs, montrant ainsi un niveau d’organisation à ceux qui privent de liberté. Qu’ils voient que notre lutte est sérieuse, et que les compagnon-ne-s, bien que prisonnier-e-s, ne sont pas seul-e-s. Dans un acte de solidarité avec le feu et la rage dans nos mains et jetant des tracts, nous avons décidé de couper l’avenue Grecia aux alentours de 18:30, attendant la réponse des laquais de l’État, nous avons ainsi une fois de plus lancé notre lutte insurrectionnelle. Dans un autre endroit, armés de boucliers et avec une grande quantité de molotovs fendant les airs et criant des slogans qui sortaient du plus profond de notre cœur, nous avons rompu le quotidien …
Nous avons aussi réalisé cette action pour notre compagnon Sebastián Oversluij, assassiné par un gardien du capital et de la propriété privée le 11 décembre dernier, lors d’une expropriation dans une succursale de la Banque Estado dans la commune de Pudahuel. Que le sang versé ne reste pas impuni, la lutte continue !
N’oublions pas le montage de l’État contre Víctor Hugo Montoya, et tous nos compagnon-ne-s mis-e-s en cage pour lutter contre toute autorité. La flamme de la destruction ne s’éteint pas, nous continuerons de lutter jusqu’à ce que la dernière cage soit détruite. Pour en finir avec le quotidien de la société esclavisée, pour en finir avec les schémas de l’autorité et les lieux où ils nous endoctrinent. Reconnaissons nos chaînes pour lutter …Liberté aux prisonnier-e-s en lutte.
Nous avons aussi diffusé des tracts au sujet de nos 14 compagnon-ne-s détenu-e-s il y a 3 mois dans la población de Villa Francia, à l’occasion de la commémoration des 40 ans du coup d’État et de la dictature militaire. Nous exigeons la libération de tous/toutes nos compagnon-ne-s qui luttent, et qu’ils sachent que nous ne n’arrêterons que lorsque nous en aurons fini avec tous les bastions de l’oppression. Tant qu’il y aura des compagnon-ne-s en prison nous serons dans les rues.
Notre jeunesse combattante avance sans peur jusqu’à la libération totale !
Pour la fin de la société carcérale qui enferme ceux qui luttent !
On n’oublie pas un compagnon assassiné, car il vit dans chaque action !
Marrichi wew ! (NdT : en mapudungun nous vaincrons toujours)
« Angry, ta graine insoumise se multiplie dans chaque individu qui veut attaquer cette quotidienneté et tous ses modèles imposés dans le monde par la société ».
Liberté pour les prisonnier-e-s en guerre !
Vidéo d’une autre action réalisée en hommage à Sebastián :
http://www.youtube.com/watch?v=jT9lqUaqh0o
Cette vidéo est un geste incendiaire en solidarité avec le compagnon assassiné Sebastián Oversluij lors de l’attaque contre la banque Estado le 11 décembre. Tout acte qui implique de s’assumer dans la confrontation avec cet ordre, toute initiative de rébellion, mérite d’être retenu et revendiqué par ceux qui se définissent comme anti-autoritaires ou anarchistes.
Nous lançons ainsi un appel aux compagnon-ne-s pour que les coups que nous donne l’ennemi ne restent pas impunis, pour que la révolte soit constante et que la subversion se propage jusqu’à fissurer les fondements de cet ordre dégouttant. Faisons en sorte que la mort de Sebastián ne reste pas impunie, que les puissants sachent que s’ils touchent à l’un de nous ils touchent à tous et que la rage anarchiste se propage dans les esprits et les rues plus rapidement que ce que leurs caméras peuvent capter et leurs stupides enquêtes comprendre. Multiplions les formes d’attaque et faisons notre possible pour que les idées contenues dans chaque action deviennent plus claires et précises.
Il n’est jamais inutile de rappeler que la guerre sociale se joue sur tous les fronts et que ça n’est pas uniquement une histoire de se focaliser sur la simple violence et de faire le con. Il faut changer notre perspective de vie, critiquer et attaquer les logiques autoritaires où qu’elles soient, propager nos idées à travers chacune de nos actions, développer des pratiques d’autonomie et d’autogestion et au fur et à mesure augmenter les fissures qui finiront par désintégrer cette réalité de domination et d’exploitation. Que l’incendie soit beau comme nos esprits et qu’il ne soit pas un acte de vanité.
Notre vengeance est en train de se forger et ils le savent, c’est pour cela qu’ils se désespèrent, c’est pour cela les montages et les surveillances, c’est pour cela la manipulation médiatique et la criminalisation. Mais qu’ils se mettent bien dans la tête que nous sommes chaque fois plus nombreux, que la haine contre ce système de merde se propage et que l’amour de la vie nous pousse à continuer de rêver et d’attaquer.
Sebastián Oversluij présent !
Un appel affectueux et incendiaire à la révolte et la guerre sociale contre l’État et le Capital.
Réflexions au sujet du refus de laisser entrer Bonanno sur le territoire chilien
“Voyez le peu que nous sommes et pourtant ils inventent des tas d’histoires dans la presse, et pourtant ils n’arrivent pas à faire l’ombre sur ce que nous avons à dire. Regarde le peu que nous sommes et pourtant les injures contre nous se transforment en sanglots, leurs argument deviennent tout petits, en ayant tout le pouvoir entre les mains, « seul » ils ont peur du moindre de nos gestes. Voyez le peu que nous sommes et tu verras que d’un jour à l’autre ils seront des millions comme nous, et alors ils auront raison d’avoir eu si peur de nous ». Domingo Murua (Chuma)
Dans le cadre du cycle de discussions dans le cône sud sur la lutte insurrectionnelle anarchiste avec Alfredo Bonanno, la venue du compagnon était programmée à 23:50 le jeudi 12 décembre. Malheureusement la PDI (Police d’Investigation) l’a empêché de rentrer dans le pays en utilisant l’argument de ses antécédents pénaux.
L’État chilien est ainsi vu comme une prison où l’on interdit ou accepte l’entrée de ceux qu’il considère potentiellement dangereux. Alfredo, dans le langage du pouvoir, encouragerait des idées qui tendent vers la destruction ou l’altération par la violence de l’ordre publique ou du gouvernement. Quelques heures plus tard le compagnon est renvoyé en Argentine, d’où il venait après y avoir réalisé un cycle de discussions.
Ce n’est qu’après que nous avons appris par la presse bourgeoise que l’interdiction d’entrée dans le pays avait été donnée par le ministère de l’intérieur il y a à peu près un mois, à la publication de propagande sur le cycle de discussions que donnerait le compagnon à Montevideo, Buenos Aires, Rosario et Santiago.
Pas besoin d’avoir l’esprit vif pour se rendre compte de la raison qui a poussé l’autorité à prendre une décision comme celle-là. Une telle mesure a un rapport, en partie, avec l’arrestation de cinq compagnon-ne-s anarchistes à Barcelone, parmi lesquels se trouvent Mónica Caballero et Francisco Solar, compagnon-ne-s accusé-e-s antérieurement dans le Caso Bombas, et la chasse aux sorcières qui a suivi au niveau international. D’autre part, une telle décision serait aussi fondée sur la peur que provoque pour l’État chilien la diffusion d’idées anti-autoritaires et les réflexions qui émergent à partir de celles-ci, au sujet des manières concrètes de s’investir dans la lutte.
Nous nous demandons ce que cache un mauvais tour comme celui-là. Dans quel but on refuse l’entrée dans le pays d’un compagnon qui venait pour faire des conférences publiques en Uruguay et Argentine ?
Nous avons toujours su que ce scénario était envisageable, et malgré cela nous avons décidé d’aller de l’avant en nous coordonnant entre compagnon-ne-s, au delà des frontières que nous imposent les États.
Pour nous il est clair que le pouvoir essaie de freiner le partage d’expériences de lutte (d’un pays à l’autre et/ou d’une génération à l’autre), de couper les liens de compagnerisme, de paralyser les réseaux solidaires et de poursuivre les connexions internationales que génère la lutte anti-étatique. Mais avec la même fermeté ils essaient de freiner la diffusion de quelques certitudes : nous pouvons avoir des rapports non hiérarchiques entre nous et nous pouvons combattre l’autorité où qu’elle se trouve.
Cette action de l’État nous rappelle que le pouvoir maintient intacte la mémoire au moment de faire face aux révolutionnaires. Autant la trajectoire de vie en conséquence avec ses idées que l’obstination à lutter, sont des principes de vie que nos ennemis ne tolèrent pas. Ils se mettent le doigts dans l’œil en pensant que leur action va éteindre la flamme dans chaque cœur rebelle et cela est vrai autant pour le compagnon Bonanno que pour tous/toutes les compagnon-ne-s qui dans les différentes régions continuent de s’opposer à la domination.
Assurément ils espèrent nous effrayer ou même nous démoraliser dans ces moments difficiles où nous déplorons la perte du compagnon Sebastián Oversluij, mais nous n’allons pas assimiler la logique répressive et elle ne nous fera pas plier non plus. Avec la mémoire prête pour le combat, nous allons garder vivant le souvenir de chaque compagnon-ne tombé-e en action.
Et ça n’est un secret de polichinelle pour personne : pour les anarchistes/anti-autoritaires il n’y a pas d’obstacles qui se dressent contre la volonté de lutter, car la pleine liberté sait surmonter les circonstances adverses, les cages, les murs et les frontières. De cette façon la solidarité et l’internationalisme cessent d’être de mots vides et s’enflamment de la passion que seule la lutte permet.
Parce que notre histoire est remplie de résistance offensive et notre présent déborde de lutte contre le Capital, l’État et toute forme d’autorité.
Avec la mémoire tournée vers les compagnon-ne-s mort-e-s … Claudia, Jhonny, Mauri, Sebastián … Présents !
Coordinateurs/trices de la Journée Noire Informelle – Santiago
Lettre de Hans Niemeyer à l’occasion de sa grève de la faim solidaire
Le sang de nos frères a de nouveau coulé
La nuit tombe sur la ville de Santiago et ma cellule est illuminée par l’écran de la télé. Je me penche à la fenêtre qui donne sur la ville et j’essaie de regarder entre les barreaux vers Pudahuel. L’usine à opinion publique a diffusé au journal de ce soir le visage de nos compagnons arrêtés après un soi disant braquage raté dans une succursale bancaire. Les images ont montré le corps inerte de notre frère et d’un misérable général carabinier félicitant le garde qui a tué Sebastian Oversluij.
Tandis que l’ennemi danse et célèbre la mort de Sebastian (rappelons-nous que TVN avait donné comme titre à l’info « un garde héros ») je verse des larmes pour sa vie, pour ses actions, et pour sa mort. Je ne te connaissais pas, mais la douleur serre mon cœur. J’imagine la dévastation de ta famille, de tes amis, de ceux qui t’ aimaient. De façon un peu masochiste je ne peux m’empêcher de penser à des compagnons morts -trop malheureusement-, et j’imagine ce que penseraient ses parents et être aimés. Ils se rappelleraient de ses premiers pas, de sa grâce d’enfant, ses jeux, lorsqu’ils l’amenaient à l’école, et la fois qu’il a dit qu’une fille lui plaisait ? Je ne connais pas ta vie Sebastian, mais je regrette ta mort, je pleure la perte de ta belle et généreuse vie des mains d’un mercenaire au service du capital, d’intelligence réduite qui a vécu dans les quartiers autour de Vivaceta, entre éleveurs de chevaux et l’hippodrome, jusqu’à ce que sa tendance à la psychopathie et aux capacités intellectuelles nulles le fassent rentrer à l’école de sous-officiers de l’armée, participer à une mission à Haïti, suivre le cours de protection de personnes importantes aux États-Unis et devenir mercenaire en Irak.
Mais pour le système la mort de Sebastian Overslui sonne l’heure de la fête, du rire sinistre et spasmodique, de l’orgie incestueuse entre journalistes et policiers, la fête des nuisibles qui crachent en se tordant dans leur micro leur discours de mort et pauvreté, se disputant la place pour pisser sur le cadavre de Sebastian. Est-ce que c’est parce qu’ils ont si peur qu’ils célèbrent sa mort ?
Ils sont tellement peu sûrs du système et de l’ordre social capitaliste que de temps en temps ils ont besoin de célébrer la mort d’un rebelle. Ils sont tellement peu sûrs dans leur poste de juges, procureurs, journalistes et policiers – la vraie lie de la société- qu’ils ont besoin des armes pour rester au pouvoir. Aussi satisfaits de leurs privilèges sont ces ploutocrates et politiques de cirque qui ont toujours besoin de plus de prisons, de peines toujours plus longues et toujours plus de contrôle pour maintenir l’ordre social capitaliste.
Mais j’ose prédire, tel un ermite aveugle qui crie dans le désert, que le danger est au coin de la rue. Peut-être qu’ils n’ont pas ouvert les portes de l’enfer, mais les choses ne vont pas en rester comme ça. Et ceci n’est pas que la fanfaronnade impuissante d’un prisonnier enterré sous des tonnes de ciment et de grilles. Il y a une rébellion qui n’a fait que commencer. Celui qui ne le voit pas c’est qu’il ne le veut pas, les signes sont dans les rues, sur les murs, dans les toilettes de lycées. En respirant l’air on n’a pas besoin d’être météorologue pour savoir dans quelle direction souffle le vent, comme disait Bob Dylan.
Je viens d’apprendre à la télé qu’ils ont empêché Alfredo Bonanno d’entrer au Chili pour faire des conférences, alors qu’il avait aussi proposé de rendre visite à des prisonniers dans cette même prison où je suis. Mais le système a peur des idées qui prennent chair, qui se matérialisent par des actions concrètes, c’est pour cela qu’il les interdit, les censure, les proscrit et en fait son nouvel ennemi interne à vaincre, c’est à dire, l’anarchisme insurrectionnel. Cependant, à l’expulsion de Bonanno d’autres éléments doivent être ajoutés pour montrer comment les différentes factions du pouvoir s’alignent contre le nouvel ennemi interne, ce qui se voit clairement dans l’action de la justice pénale et dans ce que génère le nouvel instrument juridique pour combattre la lutte dans la rue : la loi anti-encapuchadxs et la loi de contrôle préventif d’identité.
Au risque d’être auto-référent permettez-moi de citer un paragraphe de la sentence de la court d’appel qui a a validé ma condamnation pour engins explosifs et dommages sur une succursale de la banque BCI le 30 novembre 2011, de 5 ans de prison et 300 jours sans droit à la liberté surveillée. Dans cette sentence de la Cinquième salle de la court d’appel, composée par les ministres Jorge Dahm Oyarzún, María Rosa Kittsteiner Gentile et l’avocat Ángel Cruchaga Gandarillas (hautement aristocrate) ils montrent des arguments qui sont un véritable bijou du droit pénal bourgeois et de la restitution concrète du délit idéologique au Chili. Leurs altesses illustrissimes et putréfiées disent :
« Et s’il est possible de considérer que les mobiles qui mènent l’inculpé à agir de cette manière obéissent à ses convictions intimes, et que ses convictions soient erronées ne l’empêche pas d’agir, sa conduite postérieure prouve qu’il ne fait aucun effort pour remettre en question ses idées ou du moins pour insérer sa conduite dans le milieu social auquel il appartient. Ceci a été démontré lorsqu’il ne s’est pas présenté à l’autorité lorsque sa liberté provisoire a été révoquée, et en plus de cela il a envoyé des messages à la société en défiant ouvertement le système judiciaire à travers des interviews avec des médias, expliquant la raison de sa rébellion et persistance dans son comportement anti-juridique ».
À la suite de quoi Dahm a déclaré : » … il faut compter sur une collaboration et volonté minimale de l’accusé pour qu’il comprenne la nécessité d’observer des normes basiques de coexistence dans le groupe social, et si ses idées vont à l’encontre de celles de la société en général, de manifester sa non conformité à travers des actes qui ne font pas du tort, au moins physiquement, aux autres ».
Le ministre Dahm en arrive à faire rire avec son culot de parler d’actes qui ne font pas du tort, au moins physiquement, aux autres. Et qu’en est-il du sang des nôtres ? Qu’en est-il des millions d’exploités de cette société capitaliste brutale, où l’on n’a même pas droit à une vie digne ? Qu’en est-il des étudiants frappés par la police, des prisonniers torturées en prison, des habitants de Aysén et Freirina qui se sont fait tirer dessus à bout portant ? Et qu’en est-il de la justice de Dahm pour Matías Catrileo, Jaime Mendoza Collìo, Alex Lemùn, tous assassiné en démocratie ? Combien de policiers ont été ne serais-ce qu’un jour en prison pour tous ces assassinats (sic)? Que les administrateurs momifiés de cette pantomime et mascarade ne me parle pas de justice ni ne me fasse de leçons de morale. Leur mots ne sont pas plus qu’une coquille vide.
Je voudrais finir en disant que je me joins au jeûne solidaire qui est mené dans la Prison de Haute Sécurité par le collectif de prisonniers subversifs en soutien à Mónica Caballero et Francisco Solar, emprisonnés par l’État espagnol. Personnellement lorsque j’ai été arrêté j’ai reçu un geste de solidarité de Francisco et aujourd’hui je n’ai rien d’autre que cette grève de la faim pour que ma solidarité traverse la mer et arrive jusque dans les froides et sinistres cellules du régime FIES pour lui dire qu’ils ne sont pas seuls. À mon jeûne où je ne consommerai que du liquide je veux aussi donner ma solidarité aux amis et proches de Sebastián Oversluij pour son assassinat des mains d’un mercenaire et célébré par la presse et la police.
Je lance un appel à réaliser des gestes concrets de solidarité avec Monica et Francisco, à dénoncer avec force l’assassinat de Sebastián Oversluij et à démarrer l’agitation rebelle jusqu’à la commémoration des 6 ans de l’assassinat de Matías Catrileo dans le Wallmapu*.
Sebastian Oversluij présent, ta mort ne sera pas en vain !
Solidarité avec Francisco et Mónica, prisonnier-e-s en Espagne!
Sebastiàn et Matías, que votre sang versé devienne des graines de rébellion !
Hans Felipe Niemeyer Salinas
3 º étage Module H Nord
Prison de Haute Sécurité (CAS).
12 de Décembre 2013
Santiago de Chile.
* Le Wallmapu ce sont les territoires mapuches
Intermède musical de décembre noir
En souvenir du compagnon Sebastian, membre du groupe Palabras en Conflicto :
« Trouve un sens dans cette vie frère, qu’ils ne t’attrapent pas, qu’ils ne t’attrapent pas … »
« Je n’ai rien à perdre, et je préfère une minute de la belle insolence qu’une vie de deuil […] et si on perd la vie un-e autre nous remplacera, pour conspirer, brûler, voler, et faire de l’agitation »
Des nouvelles au sujet de la mort de Sebastian et de la situation de ses deux compagnons
Le 11 décembre vers 09:30 du matin un groupe décide d’exproprier une succursale bancaire à Pudahuel (Santiago). Le compagnon anarchiste Sebastián rentre dans la banque et au moment de dégainer le pistolet automatique qu’il porte sur lui, et tandis qu’il crie pour annoncer le braquage, il est abattu par le garde de sécurité.
Ce misérable garde se trouve en fait avoir un entraînement militaire et a travaillé comme mercenaire en Irak et dans les forces d’occupation de Haïti pour finalement faire un remplacement dans cette succursale bancaire. Protéger les vendeurs de misère est devenu son travail.
Nous nous souvenons avec tendresse, amour et combat du compagnon Angry (Sebastián).
À la suite une chanson du compagnon :
https://www.youtube.com/watch?v=45qv5dPOn5Q
Des nouvelles de la situation d’Alfonso et Hermes
À la suite du braquage où le compagnon Sebastian Oversluij a été abattu la répression s’est déchaînée aux alentours de la banque attaquée.
À quelques pâtés de maison, avec l’aide de témoins, la police du 26° commissariat aurait identifié deux des participant du braquage. Ils ont ainsi arrêté les anarchistes Alfonso Alvial Sánchez (27 ans) et Hermes González Henríquez (25 ans), qui avaient sur eux des gants, des perruques et chacun un revolver.
Après avoir été amenés au commissariat ils sont passés devant la presse en criant des slogans en souvenir du compagnon anarchiste tombé en combat.
Finalement le 12 décembre ils ont été inculpés de « vol avec intimidation » et de « port illégal d’arme ». Bien que le bureau du procureur voulait rallonger la mise en détention de 3 jours avant de les inculper afin de pouvoir faire une enquête sur des « liens avec des anarchistes » ou des « liens avec le Caso Bombas », le tribunal a refusé cette demande en les inculpant le jeudi, et donnant au procureur Luis Pablo Cortés un délai de 90 jours pour l’enquête.
Selon le bureau du procureur il y aurait deux fugitifs à la suite de l’expropriation de la banque, et les armes trouvées sur les détenus et le compagnon mort sont analysées, et selon le proc les revolvers auraient été volés à des gardes de sécurité au cours de différents braquage en janvier et mars 2013.
Actuellement les anti-autoritaires Hermes et Alfonso se trouvent à la section de sécurité maximale de la Prison de Hautes Sécurité.
Liberté pour tous les prisonnier-e-s révolutionnaires et anarchistes !