Communiqué d’un-e detenu-e de Villa Francia

Au sujet des détenu-e-s de Villa Francia voir ici

asdfvcxzAujourd’hui cela fait trois mois que j’ai été arrêté, et je me suis réveillé dans la normalité routinière qu’est devenue ma maison/prison, lorsque la nouvelle est arrivée, amenant avec elle les pires souvenirs. Un compagnon était mort alors qu’il faisait un braquage. Au début j’étais emparé par le doute, et puis la presse bourgeoise guidée par la morbidité et la logique de l’exposition balança les gros titres, un délinquant abattu et deux détenus dira l’un des journaux. Mais la réalité pour nous, ceux qui décidons de faire le pas dans la lutte, n’est pas la même que pour ces médias bourgeois qui essaient de garder leur soi-disant tranquillité.

La nouvelle est arrivée avec un vent froid en ce matin ensoleillé du dernier mois de l’année. Un guerrier est mort au combat avec son arme à la main, il a été abattu par un homme de main, un gardien des intérêts des puissants. Tandis que ces médias essaient de se nourrir du corps  du compagnon encore tiède de haine contre cette société autoritaire, le bâtard qui a tiré contre ce guerrier est traité comme un héros. Un héros pour avoir défendu les intérêts du capital, un héros pour avoir tiré sur un guerrier qui avec courage affronte sa vie et aussi sa mort.

Il est difficile de garder le fil conducteur vu que les sensations et sentiments vont et viennent, faisant revivre des moments passés, où d’autres compagnon-ne-s sont tombé-e-s au combat en faisant naître l’offensive.

Engendrer une relation étroite entre ce qui se dit et ce qui se fait …

En laissant derrière les distances personnelles, les mots qui surgissent pour le compagnon sont chargés d’amour. Un guerrier comme toi ne meurt pas. Un guerrier comme toi se multiplie chaque jour dans les différentes actions qui cherchent à en finir avec cette réalité qu’ils nous ont imposé, un guerrier comme toi vit dans chaque cœur insurgé qui cherche l’obscurité pour perpétrer l’action révolutionnaire, un guerrier comme toi est chaque jour en relation d’affinité, se posant avec le corbeau noir de l’informalité.

Depuis le silence de ma réclusion je me rallie à ta décision de lutte, et depuis l’impossibilité de me rallier à l’action révolutionnaire je crie contre toute autorité. Multiplions les moments d’attaque contre la domination et le système autoritaire.

Compañero Sebastian Oversluij, notre action sera présente à chaque instant tant que la domination existe … Vive l’Anarchie !

un-e détenu-e à villa francia

hommodolars

Décembre noir : un compagnon tué lors d’une expropriation à Santiago

Voir aussi ici à ce sujet. En attendant d’avoir plus d’information.

borroso1-Lorsque les jeunes prolétaires des poblaciones de la périphérie métropolitaine baissent la tête et se résignent à être de la main d’œuvre pas chère, ça n’attire pas l’attention du Pouvoir. On les contrôle avec la normativité du travail (lorsque le travail est plus ou moins formel), et/ou on les voit comme objet de certaines politiques sociales qui mélangent le contrôle avec l’aumône.

Lorsqu’ils s’adonnent à la délinquance économique sans valeur pour subsister, et deviennent pickpocket, ou micro-traficants ou n’importe laquelle de ces variétés de la dite « délinquance commune », on répond par la police, le Code Pénal et la prison.

Lorsque des jeunes qui viennent de ces même secteurs, structurellement marginalisés par le capitalisme de notre temps, acquièrent une certaine conscience de classe, lorsqu’ils se rebellent contre l’exploitation avec des armes à la main, ils seront toujours taxés de « terroristes ». Eux ! Lorsqu’ils n’ont rien fait d’autre que réagir avec la plus grande dignité humaine possible face aux conditions historiquement accumulées de violence de classe administrée depuis en haut par les vrais terroristes.

Mais parmi toutes les images qui obsèdent les bourgeois et leur fidèles sujets, il y a la figure du jeune anarchiste et/ou subversif qui ose entrer les armes à la main dans le temple de l’argent, sur le territoire où l’humanité donne son tribut au Dieu Argent, pour exproprier les expropriateurs, fuyant ainsi de l’obligation du travail salarié. La meute de citoyens en devient aphone à force de crier : Délinquants ! Antisociaux ! Tuez-les tous ! Qu’ils pourrissent en prison !

Bien sûr, lorsque l’un des principaux délinquants antisociaux du pays, le président actuel, Piraña, volait des banques il avait la possibilité de par son appartenance sociale de les voler de l’intérieur (vous vous souvenez de la Banque de Talca ?*)

Lorsque ses délinquants à gages recrutés dans la police, l’armée et les entreprises privées de sécurité (grosse source de profit menée par plusieurs ex-agents de sécurité de l’État), tuent par balles de jeunes prolétaires il n’y a pour eux aucune violence, mais un acte de justice et du professionnalisme.

Ainsi les choses sont plus que claires, et ceux qui proclament que nous nous trouvons au milieu d’une guerre sociale implacable et ouverte ne se trompent pas le moins du monde.

2- Les journalistes-policiers, dans une alliance si profonde qu’ils ont fait entre emol/La tercera/etc et l’ANI (Agence Nationale d’Intelligence) et la DIPOLCAR (Direction d’Intelligence de Carabiniers du Chili), sont dans une campagne ouverte pour confirmer toutes les thèses qui avaient été rejetées sur leur propre terrain (légal/judiciaire) à l’occasion du dit « Caso Bombas ».

À partir de maintenant, chaque fois que la répression tombera sur des compagnon-ne-s, on dira « qu’il y avait eu des recherches sur eux dans le cadre du Caso Bombas » (ce qui n’est pas très difficile étant donné la quantité et variété de personnes et milieux à avoir été sous le coup d’enquêtes dans le cadre de ces années d’activité du procureur et de la police) et/ou qu’ils « ont des liens avec des groupes anti-système » (comme s’il n’y avait pas de même des « liens » politiques et sociaux entre patrons, oppresseurs, journalistes et membres de la classe politique).

C’est une époque violente, qui ne se terminera pas en se prenant la main dans un rassemblement pacifique, mais en appliquant plus de violence et mieux axée contre l’ennemi là où ça fait le plus mal. Comme l’a dit quelqu’un il y a un demi-siècle : nous devons illuminer le secteur qui doit être détruit. Et cette destruction doit pointer précisément le cœur de l’exploitation et de la domination sous toutes ses formes.

3- Je ne te connaissais pas beaucoup, Sebastián. Mais suffisamment pour que ta mort laisse en moi une sensation amère et triste, qui m’amène à me souvenir des différents moments où j’ai pu te voir vivre et lutter : mégaphone à la bouche. Instruments dans les mains. Rythme et mots découlant pour renforcer notre position dans le conflit contre le Vieux Monde. Avec un cœur sensible et fort dont j’entends encore les battements à ce moment précis.

C’est un mercenaire qui t’a tué, un pion payé pour ça, qui à l’évidence est montré en héros par les journalistes/policiers qui s’appliquent à approfondir l’abrutissement massif sans lequel cette civilisation de merde ne fonctionnerait pas une minute de plus. Des déclassés comme celui-ci, qui tuent et meurent pour défendre le sale symbole que ce monde absurde nous oblige à avoir besoin y compris pour pouvoir nous déplacer dans la ville et respirer, l’argent. Ce ne sont que des morceaux de merde humaine flottant dans la mer de la domination étatique et capitaliste.

Ils seront balayés avec tout ce qu’ils défendent, et ce n’est qu’à ce moment là que l’on pourra dire : nous avons vengé notre frère, et tous nos prédécesseurs qui ont donné leur vie dans la lutte pour la libération totale !

* En 1982 Piñera a trempé dans une affaire de fraude de la Banque Talca

hommodolars

Compañero  Sebastián Oversluij ! Presente !

Pendant ce temps-là, à Tampere (Finlande) …

Ça bouge en Finlande en ce moment. Le 6 décembre près de 500 personnes ont protesté contre la célébration présidentielle à Tampere, au cours de la manif de hockey contre le nationalisme et le capitalisme. Des vitrines de banques et de magasins ont été pétées et les flics ont été attaqués.


Le 6 décembre c’est le jour de l’Indépendance. C’est aussi la réception annuelle de l’élite organisée par le président finlandais. Normalement leur petite sauterie se tient dans le palais présidentiel à Helsinki, mais cette année la palais étant en cours de rénovation ils ont déménagé leur fête nationaliste et élitiste à l’hôtel de ville de Tampere.

En 1918 Tampere était le bastion des Rouges durant la guerre civile. Nous ne l’avons pas oublié. Sur la place qui est dans le centre et aux alentours des milliers de révolutionnaires ont été tués. Nous voulions montrer qu’il y a toujours des révolutionnaires ici, que nous n’avons pas oublié le passé. Une manifestation a été organisée sur le thème très populaire ici du hockey sur glace. Le nom de la manif était « La fête de hockey sur glace des intrus » (Kiakkovierasjuhlat).

Près de 500 personnes ont participé, certains fidèles au hockey, d’autres à la pyrotechnie. Nous n’avons pas réussi à nous introduire dans le gala du président, mais la réalité de la société de classe a résonné durant la nuit et les jours suivants dans tous les journaux nationaux qui étaient choqués par les vitrines brisées et les flics blessés.

La manif a continué dans les rues environnantes après que les flics nous aient empêché de marcher sur la rue principale. Alors que la majorité des gens pensaient que la manif était finie et quittaient la scène, des participants voulaient revenir vers le lieu de la fête présidentielle. À ce moment là une personne a été arrêtée. Ensuite ils sont repartis vers les grilles de l’hôtel de ville de Tampere et ont réussi à attaquer les flics une fois de plus. La plupart des gens étant partis au fur et à mesure, la police a arrêté au hasard des individus.

Au total 28 personnes ont été arrêtées. Elles ont été relâchées les jours suivants avec des charges mineures contre elles et des amendes allant de 60 à 200 euros.

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Le citoyennisme est une illusion – À bas l’État

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Takku

[Grèce ]Texte des prisonniers anarchistes Alexandros Mitroussias et Giorgos Karagiannidis

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Bien sûr, la contradiction est ce qui alimente la critique de nos détracteurs. Ainsi, la soi-disant »défaite » de la revendication de responsabilité est utilisée en même temps comme l’alibi de base des anarchistes innocents emprisonnés et de leurs solidaires pour prouver qu’ils n’ont pas de lien avec ce dont les flics les accusent (par exemple le procès pour les 250 attaques de la Conspiration des Cellules de Feu, où sont poursuivis avec nous d’autres personnes étrangères). Si la « défaite » du choix de la revendication de responsabilité pris par nous n’existait donc pas et que nous avions recourus à un vague flou, puisqu’en outre il n’existe légalement pas de preuves (empreintes digitales, ADN, témoins visuels) contre nous, alors peut-être que quelques-uns en viendraient à « se plaindre »…

Cette citation précise est un extrait d’un texte de la CCF publié le 15 octobre 2013 [1]. De notre côté, nous voudrions clarifier toutes les discussions soulevées au sein du paragraphe sus-dit, dans leur tentative de créer une impression à travers une manière de s’exprimer vague qui exacerbe la confusion. Tout d’abord, l’emploi du terme « de leurs solidaires » est très problématique, car c’est offensant pour tout-e compagnon-ne qui a participé à des mouvements de solidarité envers nous d’être mentionné comme « notre » solidaire. L’usage du pronom possessif est incorrect puisqu’il laisse entendre que chaque prisonnier a ses solidaires propres et exclusifs.

Nous n’avons donc pas « nos » solidaires car nous ne pensons pas en de tels termes. De plus, jamais jusque-là nous n’avons fait référence aux poursuites auxquelles nous faisons face en utilisant la dualité légale innocent/coupable parce que ces concepts découlent de la justice bourgeoise. Dans aucune circonstance donc, nous n’avons invoqué notre innocence de manière générale et vague avec pour seul but des peines plus favorables. Les tribunaux peuvent nous condamner mais pas nous juger, ils peuvent nous acquitter mais pas nous innocenter. Nous avons reconnu ce qui nous correspond et nous avons déclaré que les armes que nous portions n’ont pas de lien avec l’action de l’organisation. Pour nous, notre présence au tribunal renferme la preuve de la démonstration des tactiques et manipulations de la part de la police et des juges qui ont donné lieu à notre inculpation sous les charges les plus élevées possibles, avec jusqu’à maintenant quatre affaires judiciaires différentes contre nous et éventuellement encore une autre à venir de l’État italien.

Malgré tout, la CCF persiste, soit au tribunal, soit dans ses textes, de nous mentionner dédaigneusement, ainsi que d’autres, comme « accusés innocents ». Et on ne peut que s’inquiéter que la dualité innocent/coupable soit intégrée dans le discours d’une organisation révolutionnaire, une dualité ennemie qui est introduite par le pouvoir étatique et sur lequel tant de brochures et de textes ont été écrits.

Pour nous, la revendication de responsabilité pour participation à une organisation ne constitue pas une défaite et nous ne partageons pas de telles logiques. De toute manière, personne ne se déclare innocent parce que d’autres anarchistes ont revendiqué la responsabilité pour participation à une organisation. La position qui dit que la revendication des membres de la CCF s’utilise comme alibi – principal – par tous ceux qui sont accusés avec eux est inconsistante. C’est-à-dire que l’on n’invoque pas le manque de preuves de la part de la police mais que l’on revendique que certains sont membres pour faire face à chaque accusation ? Cela ne s’est jamais passé.

Nous sommes en prison depuis près de trois ans, faisant face à de longues peines de prison et des allégations sur lesquelles nous n’avons pas été encore jugés en première instance. Quand nous voulons intervenir publiquement en utilisant Indymedia, nous ne le faisons pas pour participer à une arène publique mais à un cadre d’information. Nous avons conscience que cette intervention n’offre rien en soi, cependant laisser un fait imaginaire être restitué comme une vérité, d’une manière délibérément abstraite crée la confusion et donne libre cours à des insinuations.

Alexandros Mitroussias, Giorgos Karagiannidis
Prison de Korydallos, 22 octobre 2013

Source : Indymedia Athènes

En anglais

[1] http://theparabellum.squat.gr/2013/10/15/spf-sxedio-foinikas-7-prakseis-kai-1-apologismos/ (en grec)

81 raisons pour brûler un bus

La nuit du vendredi 6 décembre, une trentaine de compagnon-ne-s venu-e-s de divers endroits, ont fait de nouveau apparition par surprise. Nous avons décidé de sortir pour rappeler par le feu et la rage la vengeance des 81 prisonniers assassinés dans le massacre de San Miguel. L’impunité de leur justice et le terrorisme du système carcéral a laissé voir un nouveau massacre d’opprimés et marginaux de cette merde de société. Pour nous leur mort est le résultat de la vengeance de l’État et d’une société qui veut punir. Nous comprenons le système carcéral comme inhumain dans sa forme de contrôler. Les camps de concentration d’hier sont les prisons d’aujourd’hui, et on justifie tout type de torture et d’humiliation derrière la peur et le regard complice d’une société indifférente d’une réalité que chaque opprimé-e pourrait vivre à tout moment …

À travers ce communiqué nous voulons préciser ce qu’il s’est passé le vendredi 6 décembre aux alentours de l’Usach, au niveau de l’entrée de Matucana, pour ne pas que le sens de l’action se perde sous les mensonges des forces répressives et de la presse bourgeoise.

Nous nions catégoriquement avoir utilisé des armes au cours de l’action, et nous nions aussi la violence exercée (selon ce que disent les spectateurs dans la presse) sur le chauffeur et les passager-e-s qui se trouvaient dans le bus … Mais nous prévenons déjà de ne pas penser que nous ne réagirons pas devant une provocation …

Et pour conclure nous précisons que cette action a été menée dans la cadre de la commémoration des 3 ans de la mort des 81 prisonniers brûlés vifs par les bastions et murailles de la société carcérale, centre de torture du patriarcat et son capital … « Cette action est une preuve tangible des contradictions de la société bourgeoise et de la conflictualité que nous essayons ainsi d’arracher pour sa destruction. On ne peut pas vaincre l’État-capital par ses paramètres de paix et d’amour citoyen ».

Nous ne pouvons pas oublier nos frères accusés du Caso Security, Freddy Fuentevilla, Marcelo Villaroel Sepulveda et Juan Aliste Vega, qui sont de nouveau en procès pour la mort du flic Moyano. Nous pensons aussi à Carlos Gutierrez Quiduleo qui a été capturé récemment alors qu’il était en clandestinité depuis 2007.

Solidarité active avec les compagnon-ne-s qui sont en prison en Espagne, Francisco Solar et Monica Caballero et aussi pour nos prisonnier-e-s politiques et sociaux au Chili et dans chaque coin de ce monde !

En ce qui concerne l’action, vers 22h nous sommes sortis des entrailles de l’Usach avec près de 70 coktails molotov et 15 litres d’essence dans des bidons, vigilant les sept flics qui étaient arrêtés devant l’entrée à côté de leurs blindés, riant et détendus, sans savoir qu’à quelques mètres d’eux en moins de 10 minutes nous mettrions le feu à un bus du Transantiago de la ligne 406. L’action et l’objectif accomplis nous nous sommes repliés aux abords de l’Usach. Sur le lieu de l’action nous avons lancé des tracts rappelant les 81 prisonniers torturés et assassinés par un autre bras armé du capital, cette fois la gendarmerie du Chili. Il faut aussi dire que l’objectif et la raison de l’action viennent aussi du refus du système dominant de transport avec ses augmentations et menaces que vivent au quotidien chaque prisonnier-e de ce système.

“La sentence a été prononcée,
Avec grilles et menottes,
Mais avant toute chose,
L’esprit jamais emprisonné”
(Mots de Mónica Caballero pour les 81 prisonniers assassinés en prison,  actuellement prisonnière dans une prison d’Espagne accusée dans un autre grossier montage [sic]).

Multiplions la solidarité de tous les côtés, avec toutes les formes de lutte.
Feu pour tous les prisonniers, feu à toute autorité !

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hommodolars

Lettre de Gabriel Pombo Da Silva

fuego a la cana

⁃ DE JANVIER À OCTOBRE – LA LUTTE CONTINUE
À mes ami-e-s, frères/sœurs et/ou compagnon-ne-s

Je me souviens comme si c’était hier du jour où j’ai enfin abandonné (expulsé) ce glacial tombeau aseptique et hermétique qui est la prison de haute sécurité d’Aachen en Allemagne …

Le 16 janvier (2013) je suis arrivé à l’aéroport de Barajas (Madrid) escorté par Interpol, et de là ils m’ont emmené au tribunal de Plaza Castilla; non sans me photographier avant (avec un intérêt tout particulier pour la poitrine car ils espéraient, en vain, y trouver tatoué l’acronyme de la FAI/FRI), « jouer du piano »( prendre les empreintes digitales) pour s’assurer que, en effet, c’était moi …

Je dois dire que j’aurai du abandonner l’Allemagne en décembre et/ou Novembre; mais ça a été soudainement « bloqué » vu que la République d’Italie avait interjeté un MAE (Mandat d’Arrêt Européen) devant la Bundesanwaltschaft de Karlsruhe dans l’intention de m’extrader dans le cadre de « l’Opération Ardire » …

Par « chance » (ou bien parce que je suis juridiquement un « citoyen espagnol », réclamé par un MAE présenté antérieurement par ce pays) les « digos » italiens ont du « rester avec leur envie » (momentanément ..), lorsque le haut tribunal allemand (après plusieurs « gestions » juridico-policières) a décidé que les « accusations » émises contre ma personne par le ROS étaient (et sont) insuffisantes pour accorder mon extradition à la République italienne.

Ainsi j’ai eu la chance d’éviter de faire connaissance avec le « Bel Paese » à travers ses prisons et système juridique …

« Naïvement » je croyais que, finalement, j’étais « débarrassé » des Digos avec leurs accusations délirantes et que je pouvais « liquider » le reste de mon enlèvement légal dans ce pays …

Il m’est impossible d’exprimer sur quelques feuilles de papier toutes les impressions-idées-émotions que j’ai ressenti lorsque j’ai laissé derrière moi la prison d’Aachen et l’Allemagne en général …

Après huit ans et demi « enterré vivant » dans ce pays (23h enfermé dans une cellule et une heure de promenade par jour) pour refuser d’exercer des « travaux forcés » et de me mettre l’uniforme de prisonnier (en plus qu’ils m’aient volé et saboté systématiquement ma correspondance : ce qui au fil des dernières années m’a enlevé l’envie d’écrire …) je croyais que le « pire » était définitivement derrière moi …

Finalement je suis rentré dans la prison de « Soto del Real » à minuit, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai constaté à quel point les « choses » avaient changé au cours de ces 10 ans « d’absence » (d’exil ?) forcée des cachots hispaniques !

Je suis resté stupéfait en constatant/voyant que même les prisonniers (véritables auxiliaires de matons) se chargeaient de fouiller mes affaires au côté des matons. Cette première impression a été pour moi un coup de massue moral.

À ma surprise (vu que je pensais être classifié en 1er degré et inclus en FIES dès mon arrivée …) le jour suivant le directeur et le sous-directeur de cette prison m’ont reçu pour m’expliquer/me dire que la « DGIP » (Direction Générale des Institutions Pénitentiaires) en personne les avait appelé (ils m’ont dit littéralement que lorsque les « chefs » ont vu mon nom les « lumières rouges » se sont allumées) pour qu’ils me demandent « dans quelles intentions je revenais ». J’ai répondu avec ironie que mes intentions étaient (et sont) les mêmes : conquérir ma liberté …

On m’a informé que je finissais « ma » peine le 10-4 2015 (ça m’a ensuite été transmis dans un document qui s’appelle « liquidation de peines ») … et que je devais rester en 2nd degré et qu’on me transférerait dans mes terres le plus tôt possible …

Qu’est-ce que je vais vous dire ? Au final « on aurait dit » qu’après plus de 28 ans de prison je devais « seulement » attendre « juste » quelques années pour pouvoir profiter de ma liberté ardemment désirée.

Mis de côté, isolé, séparé au cours des dernières années d’enlèvement en Allemagne, TOUT ce que je voyais-écoutais-sentais était simplement hallucinant …

Ça a été une « overdose » auditive-visuelle-sensorielle-émotionnelle indescriptible … D’une certaine manière (et en comparaison avec ce que j’ai subi en Allemagne) je me sentais déjà « à moitié libre » et j’apprenais de nouveau à « comprendre » ce « nouvel » environnement qui me dépassait; avec « autant de gens », autant d’heures de promenade, autant de couleurs et les « jolies vues » sur la montagne de Navalcernada … La « seule » chose négative était de constater que les matons régnaient sur les cours  et que la majorité des prisonniers étaient devenus gestionnaires de leur propre emprisonnement, en plus d’être « auxiliaires de matons » …

Évidemment j’ai été emmené dans un module de « conflictuels »(Module 5) et là les matons ont déclaré que je devais partager la cellule avec un autre prisonnier … Étant donné que j’ai refusé catégoriquement de « partager la cellule » avec un prisonnier j’ai été conduit au département d’isolement le 17 janvier à la nuit … et en plus ils m’ont sanctionné de deux fautes « très graves » (selon eux) « menacer de frapper le prisonnier avec lequel ils voulaient que je cohabite » et « refuser et résister » aux ordres des matons.

Après un jour d’isolement le 18 janvier ils m’ont remis dans le module 5 et cette fois ils m’ont donné une cellule rien que pour moi … Cependant le 30 janvier on m’a informé que je reste dans le FIES-5 (caractéristiques spéciales). Je l’ai pris avec un certain sens de l’humour, (je me suis dit à moi-même) au moins je n’aurai pas à chercher d’autres « sanctions disciplinaires » en pensant au fait de « partager une cellule » avec quelqu’un …

Bon … maintenant j’attendais qu’arrive mon transfert en Galice tel qu’on me l’avait dit à mon retour …
Le 16 février ils m’ont dit de ramasser mes « affaires » parce que j’allais être transféré. Ils n’ont pas voulu me dire à quelle prison j’allais mais je supposais que ça allait être dans une de celles qui sont en Galice. Quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai appris qu’on m’amenait à Alicante !

À Alicante on m’a aussi informé de la limite et de l’écoute/lecture des communications (téléphoniques, écrites etc) … je ne comprenais plus rien.

Les premiers mois autant à Soto del Real (Madrid) comme à Villena (Alicante) ils m’ont mis toute sorte d’obstacles et d’interdiction pour le courrier et/ou le téléphone, autant avec ma compagne qu’avec ma famille. Cependant la présence de plusieurs prisonniers d’ETA a rendu mon séjour plus distrayant …

De façon surprenante le 20 mars la DGIP a décidé de me sortir du régime FIES-5 et de retirer la censure et la limitation des communications … Ils m’ont même « autorisé » à appeler par téléphone ma sœur, ma compagne et l’avocat …

Cependant le 3 ou 4 avril ils m’ont dit que je devais ramasser mes affaires pour me transférer. Innocemment je pensais qu’ils allaient finalement m’emmener en Galice … mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’ils m’ont dit que j’allais à Valdemoro !! Et qu’est-ce que je vais faire à Valdemoro ? La réponse ne s’est pas faite attendre et le 9 avril ils m’ont emmené devant l’Audiencia Nacional : les Digos » contre-attaquaient de nouveau. J’ai refusé de faire une déposition et j’ai refusé l’avocat (d’office) qu’ils m’ont mis. Le 16 avril j’ai du comparaître de nouveau, cette fois avec mon avocat. Je n’avais RIEN à déclarer sur les accusations des ROS dont je fais l’objet et .. cependant ils ont décrété la « liberté provisoire » dans la mesure où j’accomplis une peine dans ce pays et pour « m’extrader temporairement » en Italie on doit demander une « lettre rogatoire internationale » à l’Allemagne (vu que ce sont eux qui m’ont livré à l’Espagne et qu’ils avaient rejeté les preuves soi-disant accablantes du ROS contre ma personne) et je dois accomplir « ma » peine en Espagne …

J’ai passé presque tout le mois d’avril à Valdemoro et c’est là que j’ai eu mes premières communications avec ma sœur et ma compagne. Le 30 avril j’étais de nouveau à Alicante.

Finalement le 31 mai j’ai eu mon premier « vis-à-vis » avec ma compagne et les appels comme les visites avec d’autres compagnon-ne-s se sont faites régulières et en toute « normalité ».

Le 15 juillet j’ai abandonné finalement la prison de Villena pour aller à « A-Lama » … je suis arrivé en Galice le 25 juillet. Le 27 on m’a informé de « la lecture et la limitation » des communications (simplement « c’est comme ça ») avec pour date le 23 juillet !!

C’est à dire que je n’étais pas encore arrivé dans cette prison que le sous-directeur avait décidé (à titre personnel et contre la résolution de la DGIP et du JVP de Villena) de faire un pas en arrière et de ne pas respecter les « normes », « réglementations » et « directives » de ses supérieurs et du pouvoir judiciaire. Et vu que j’ai refusé de signer cet accord (unilatéral et arbitraire) il n’a rien trouvé de mieux à faire que de me mettre en régime de FIES-5 le 9 octobre !
J’ai simplement décidé d’arrêter d’écrire (ce qui a toujours été ma fenêtre vers l’extérieur) lorsque je suis arrivé dans cette prison, parce que je refuse qu’un « pauvre type » qui joue le satrape local décide à qui et quand écrire et quoi lire …

Avec tout cela et les « liquidations de peine » successives j’ai fini par ne plus comprendre cette merde de système juridico-pénal qui m’accorde : a) (la première) à Soto del Real la peine accomplie le 10/04/2015; b) (la seconde à Villena-Alicante) la date de sortie en 2033 !! et c)la troisième à A-Lama) où il est dit que j’aurai purgé ma peine (3/4 = conditionnelle) en janvier 2015 et la totalité (4/4) en 2020.
Évidemment tout ça (la « nouvelle » intégration au FIES + la lecture de mon courrier + la liquidation de peines) est déposé devant le Juge de Surveillance Pénitentiaire de Pontevedra. Si ce juge applique sa Loi je devrai être mis en liberté l’année prochaine.

À tous/toutes les compagnon-ne-s je dois vous dire qu’au delà de ce que disent leurs « papiers juridiques » et leurs sales manœuvres politiques, étant prisonnier depuis 29 ans, je ne vais pas rentrer dans les provocations de ces misérables maintenant que ma LIBERTÉ est à portée de ma main …

Je sais que le simple fait d’écrire ça (ma vérité) peut être l’excuse, pour ces bourreaux, de nouveaux « transferts » (que ce soit de module ou de prison) et/ou de « sanctions » de type administrative.
La situation carcérale ces dernières années « d’absence » forcée a changé à tel point que tout est méconnaissable pour moi.

Il y a « maintenant » (ça a commencé il y a quelques années ..) dans toutes les prisons de l’État espagnol une « nouveauté » qui s’appelle « modules d’Éducation et Respect » et/ou « Modules de cohabitation ». Dans certaines prisons ces modules sont déjà majoritaires. Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Ceux qui veulent que la loi leur soit appliquée (ce qui correspond à la loi et pas ce consentement de quelques usurpateurs) doivent aller dans un de ces « modules de respect » où ils signent un contrat où on leur « planifie » les activités qu’ils doivent faire obligatoirement comme faire le ménage, étudier, faire du sport etc … Les prisonniers eux-même sont chargés d’exercer les fonctions des matons et « techniciens » ce qui les mène à contrôler leurs propres « compagnons », les « traitements médicaux » (euphémisme pour nommer les drogues dont ils bourrent les prisonniers) et les fouilles au cas où ils aient des drogues illégales ou fument (ou ne travaillent pas) dans des zones interdites.
Ils font même des « assemblées » où certains en « balancent » d’autres.

Aller dans un de ces modules veut dire renoncer (ou déléguer tout aux fonctionnaires) aux « droits » de la Loi Générale Organique Pénitentiaire qui nous a coûté tellement de morts et de sang aux « vieux combattants ».

Vu le panorama (et vu que je refuse d’avaler cette merde) je préfère être dans les « modules conflictuels » et lutter pour mes « droits » (pour lesquelles j’ai lutté) et ne pas « déléguer » cette responsabilité à une bande de traîtres et de matons.

J’insiste que ce que j’écris ici ne se veut pas être un « appel à la solidarité » avec ma situation. C’est seulement une « radiographie » de la situation ( et de beaucoup d’autres qui n’ont pas baissé les bras) et un constat que leurs « Lois et Droits » sont bons pour la poubelle, du papier mouillé, avec lequel « eux » ils prétendent se revêtir d' »ordre » et de « légitimité » et ainsi justifier le monopole de la violence (légale et armée).
Ce que moi je pense et je crois je l’ai reflété (et je continue de le faire à une « moindre échelle ») dans mes textes et dans chaque acte de ma vie.
Ma solidarité va (comme toujours) vers toutes/tous ceux/celles qui luttent : Jamais vaincu-e-s, jamais repenti-e-s !!

En lutte jusqu’à ce que nous soyons toutes/tous libres !!
Pour l’Anarchie !!

A-Lama, Octobre 2013
PS : Je ne reçois pas de courrier ni les journaux anarchistes, mais j’en profite pour traduire le livre du compagnon Thomas Meyer Falk.

Material Anarquista

Textes de prisonniers du Caso Bombas suite au massacre de San Miguel (décembre 2010)

Ce dimanche ça sera le troisième funeste anniversaire de la mort des 81 prisonniers, brûlés vifs dans la prison de San Miguel. À cette occasion nous avons ressorti des communiqués de compagnon-ne-s prisonnier-e-s du Caso Bombas au moment des faits (dont deux se trouvent de nouveau en prison, en Espagne).

Il est presque 20h, heure de l’enfermement. Les matonnes sont inquiètes, contrairement à la normale, aujourd’hui nous sommes enfermées par un plus grand nombre de « fonctionnaires » et toutes gradées. Selon ce que j’ai entendu, il y a déjà eu deux mutineries dans le CPF (Centre Pénitencier Féminin).

Les images sont chaque fois plus horribles, le désespoir de nombreuses femmes suppliant pour avoir des informations, dans la famille de ceux qui commettent des délits on peut toujours avoir un proche. Quatre-vingts et un morts … ça aurait pu être n’importe quel criminel qui ne respecte ni la loi ni ses devoirs. Combien vaut la vie de ceux qui sont privés de liberté ? Combien de morts obscurcissent les sombres couloirs des prisons ?

Dans ce territoire dominé par l’État chilien, selon les statistiques de la Gendarmerie (Ndt : l’Administration Pénitentiaire), il y a 53 000 prisonniers, sans compter le SENAME (prisons pour mineurs) ni les hôpitaux psychiatriques. Réhabilitation et insertion sont les mots clés pour les formateurs de la normalité et, sinon, il suffit de construire plus de prisons.

Les 81 morts rejoignent une longue liste dont très probablement seuls les proches se souviendront d’ici quelques mois.
En tant qu’anti-autoritaire le minimum que je puisse faire c’est écrire ça.

Insurrection permanente contre toute forme de domination !
Jusqu’à détruire toutes les cages …
« La sentence a été prononcée,
Avec grilles et menottes,
Mais avant toute chose,
L’esprit jamais emprisonné »

Mónica Caballero, Prisonnière Politique Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité, Centre d’Extermination Féminin. Santiasko du $hili, deuxième semaine de décembre, 2010.

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Les corps des prisonniers de San Miguel ne refroidissent toujours pas et commence le spectacle des gardiens de l’ordre pour cacher ce qui a eu lieu.

Plus de prisons parait être la solution la plus viable pour ceux qui s’enrichissent avec l’enfermement. Combien de vies ont emporté avec eux les couloirs obscurs des prisons, combien de morts tachent l’uniforme des matons ?

La mort des 81 prisonniers se rajoute à la longue liste des crimes impunis dont l’unique responsable est l’État. Au sein de nombreuses prisons beaucoup ont décidé d’affronter leur bourreau le plus proche et de se mobiliser. Ici dans le CPF chaque jour il y a des femmes qui se joignent à la grève de la faim de milliers de prisonniers de tout le territoire dominé par l’État chilien. Et beaucoup d’autre ont cousu leurs propres bouches et sont isolées dans la section de punition.

Si tout ceux qui osent remettre en question les lois et les puissant sont des délinquants alors c’est avec orgueil que je me désigne ainsi.

Alors que je termine d’écrire ces mots ils sont en train de rentrer dans l’ex-pénitenciaire où selon les médias il y a 1500 prisonniers en grève de la faim, on punit le soulèvement. Le feu devient présent dans le Centre d’Extermination comme dehors grâce aux proches.

N’embellissons pas les cages, détruisons-les !
Pour la fin de cette société, et de n’importe quelle autre
Fin de la Loi Antiterroriste

Mónica Caballero, Prisonnière Anarchiste, Section Spéciale de Haute Sécurité
Centre d’Extermination Féminin. Santiasko, $hili.

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 L’impunité de leur justice et le terrorisme du système carcéral a laissé voir un nouveau massacre d’opprimés, cette fois le centre d’extermination de San Miguel. Après que l’incendie ait démarré les prisonniers ont appelé les matons qui ne leur ont répondu qu’en se moquant. Puis depuis l’intérieur de la prison avec des téléphones rentrés là clandestinement les prisonniers décident d’appeler directement les pompiers qui en arrivant à la prison sont freinés par les matons qui attendent l’arrivée des anti-mutineries (NdT : équivalent aux ERIS) pour ensuite laisser les pompiers éteindre le feu. Lors de l’évacuation des prisonniers les survivants sont systématiquement roués de coups par les anti-mutineries.
Tout le monde s’accorde à dire que ce moment a permis la propagation du feu.

Au sujet de l’origine du feu les matons parlent d’une bagarre entre prisonniers, tandis que les prisonniers qui ont appelé avec des portables parlaient de court circuit.

Finalement ça sera le procureur Alejandro Peña qui mènera l’enquête pour gonfler un peu plus son CV.

Les portes paroles du pouvoir promettent d’améliorer ces constructions macabres, ils ânonnent qu’ils vont construire encore plus de prisons, avec la rentabilité évidente que produisent les prisons  semi-privées (la folie mercantile dans son expression maximale : gagner de l’argent au prix de l’enfermement). Ils parlent du besoin d’augmenter le nombre de matons. La réponse continue d’être plus de répression contre ceux qui transgressent l’ordre des riches.

Quatre-vingts et une personnes sont mortes due à la vengeance de l’État et d’une société qui désire punir. Regardez les corps calcinés, écoutez la liste des noms, prenez conscience de la vie fermée de jeunes de 20 ans, noyez-vous avec toutes les larmes des familles. C’est le résultat de la « guerre contre la délinquance » que les puissant ont déchaîné. La peur, l’insécurité et la paranoïa sociale. Ce sont les morts que désirent tellement toutes les émissions policières, les journalistes qui parlent en permanence de durcir les peines d’emprisonnement, les juges qui condamnent à des années et années derrière les grilles, les bons citoyens qui veulent la mort de ceux qui transgressent les lois, qui sont furieux à l’évocation de « la porte tambour » ou des « bénéfices aux délinquants ». Tout cela c’est de leur responsabilité, même s’ils essaient sans y arriver de jouer les ignorants. Sentez  l’odeur de la chaire brûlée, voyez les corps empilés, écoutez les cris assourdissants de ceux qui brûlaient vifs derrière les barreaux, devenez fous avec les cris des proches. Ce monde de fouet et d’enfermement qu’ils veulent construire, leur façon de contrôler, les camps de concentration d’hier sont les prisons d’aujourd’hui, et on justifie toute sorte de torture et d’humiliation avec la peur et l’indifférence complice d’une société rendue folle dans son autonomie et désir d’opprimer.

PARCE QU’ILS VEULENT FAIRE DE CE MONDE UNE PRISON, NOTRE LUTTE NE LAISSERA AUCUNE PRISON DANS CE MONDE. N’OUBLIONS JAMAIS QUE CHAQUE MORT EN PRISON EST UN CRIME DE L’ÉTAT.

 FORCE ET SANTÉ AUX PROCHES QUI VIVENT CES DURS MOMENTS. N’AYEZ JAMAIS CONFIANCE DANS LA GENDARMERIE.

8 DÉCEMBRE 2010, UN JOUR AMER. UNE MINUTE DE SILENCE DANS LA SECTIONS DE HAUTE SÉCURITÉ. UN MILLION DE CRIS REBELLES CONTRE L’ENFERMEMENT TORTIONNAIRE ET SES CONSÉQUENCES NÉFASTES.

 Felipe Guerra.
Prisonnier Politique Anti-autoritaire

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La tristesse se convertit en rage, la consternation se convertit en rejet de la prison et ses matons. Les cris des morts se convertissent en cris de rébellion contre ce monde qui construit des centres d’extermination.

Aujourd’hui on commence à remettre en question le fonctionnement des prisons en affirmant qu’elles sont délabrées, cependant cet événement terrible n’est que le reflet du dépérissement du système dans sa totalité, de son incapacité à créer et favoriser des relations sociales saines. La remise en question devrait donc être dirigée contre la société qui crée ces centres d’extermination destinés à l’anéantissement mental et physique des êtres humains, et qui a inévitablement besoin de prisons pour se perpétrer. C’est dans ces lieux, où se matérialise la criminalisation de la pauvreté et la persécution d’idées et de modes de vie contraires à ceux qui sont hégémoniques,  que l’autoritarisme de cette société nous montre un de ses pires visages. Dans ces moments, qui n’ont duré que quelques jours, lorsque différents secteurs politiques et sociaux sensibilisés par l’horreur des morts se sont levés pour demander des améliorations dans les prisons, de nouvelles constructions, en finir avec l’entassement, mettre plus de matons, en définitive réformer ce système de mort, et certains d’entre nous ont dit encore plus fort : Finissons-en avec toutes les prisons ! Finissons-en avec la société carcérale !

Francisco Solar Domínguez.
Prisonnier dans la prison de Haute Sécurité

 

Publicación Refractario

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[Cordón Macul] Un peu de chaleur pour les élections

Au Cordón Macul on ne vote pas ! On sort dans la rue !

Les 18, 20 et 22 novembre avant la farce électorale terminée récemment, nous avons monté des barricades et fait face aux flics, les compagnon-ne-s des 3 universités (UTEM, Uchile, Pedagógico), au carrefour de Macul et Grecia.

Quelques jours avant l’élection présidentielle, Bachelet et Mattei (Ndt : les deux principales candidates) nous parlent au travers de leur médias (télé, radio, journaux), de la participation, de l’égalité des chances, des droits, du progrès acclamé … mais en sachant qu’elles gouvernent pour les patrons, exploiteurs et oppresseurs qui nous amènent une vie de misère et de mort, pourquoi continuent-elles à nous gouverner ? Parce que le « peuple » continue de voter, légitimant leurs mandats .. « nous avons été choisis par les gens et notre droit de gouverner est légitime … »

Et est-ce qu’il n’y a que les élections qui sont la cause de notre mode de vie si misérable ? Est-ce que si on arrêtait de voter on arrêterait de vivre dans la misère ?

On est citoyens à chaque fois qu’on se comporte comme tels, c’est à dire, à chaque fois qu’on fait ce qu’on attend de nous : travailler, consommer … Voter tous les 4 ans n’est pas si important. C’est au travers de notre comportement au quotidien que nous reproduisons vraiment cette vie qu’on nous a donné.

Le citoyen c’est de nos jours la pièce principale du « démocratique », la manière de contrôler et dominer la plus importante, la plus sûre, car nous visons en pensant qu’on peut bouger en toute liberté, que nous sommes libres de choisir, mais nous ne faisons pas autre chose que reproduire notre misère.

Mais où est la résistance contre cette précarité, cette exploitation et oppression ? Dans la façon de ne pas s’habiller comme les autres, de ne pas manger si ou ça, de penser différemment, de dire que tout va mal, de voler et ne pas acheter, de prendre à celui qui a tout pour le donner à quelqu’un d’autre ?

Et tout cela ça a été suffisant ? Est-ce qu’on a arrêté de vivre dans la misère ?

Aujourd’hui il n’y a que du malaise, cette impossibilité d’exprimer une résistance commune face aux conditions de précarité et de misère quotidienne dans laquelle nous vivons.

Tant que nous continuerons de vivre dans cette société capitaliste il n’y aura que misère et mort.

Certains diront qu’on peut changer les choses pacifiquement, mais l’histoire a prouvé le contraire et continue de le montrer lorsqu’ils répriment et tuent ceux qui se rebellent contre cette vie dans laquelle on nous a traîné. Nous savons que tôt ou tard on se trouve face au bras armé de l’État, militaires et police. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour freiner le conflit ouvert qui devient inévitable. L’insurrection qui se rapproche chaque jour un peu plus. Leurs raisons et tentatives de l’enrayer ne dépend ni de nous ni du gouvernement.

Malgré tout son contingent policier mobilisé (le 22 novembre, 3 canons à eau, 2 blindés lance gaz, 2 bus et un nombre incalculable de voitures, motos et civils), malgré toute leur préparation, leur harcèlement quotidien, ils n’ont pas réussi à faire taire notre malaise, notre lutte. Et nous sommes prêts à lutter jusqu’à la fin, il n’y a pas d’autre chemin. Ils ne pourront pas freiner notre mécontentement et notre rage contre ceux qui nous ont exploité et opprimé chaque jour.

C’est pour cela que nous saluons les compagnon-ne-s arrêté-e-s à Barcelone par la police espagnole, Mónica Caballero, Francisco Solar et les autres compagnon-ne-s. À Hans Niemeyer et Celestino Córdova, emprisonnés par la police chilienne pour lutter contre cette vie de misère, contre les patrons et latifundistes.

Notre lutte contre le capitalisme est mondiale, et doit avoir lieu dans toutes les situations possibles, à chaque instant, dans chaque endroit.

Aujourd’hui nous parlons derrière la force de l’anonymat qui vit en chacun de nous et nous apprenons à nommer l’ennemi … que le malaise se transforme en action, car dans la force de l’anonymat réside la possibilité que celui/celle qui réalise l’action peut être n’importe qui, nous sommes cette force anonyme qui est en chacun-e.
Mais souvenez-vous que nous sommes là, dans l’attente, car le moment arrivera, l’insurrection avance et devient inévitable … fais de ta vie un acte de sabotage.

Et le bilan de la journée, entre autre, est : routes coupées, attaque du quartier général de l’O.S.9 (Ndt : département de carabiniers spécialisé sur les organisations criminelles, et qui a la mauvaise idée de se situer sur l’avenue Macul), affrontements avec la police, un tank lance-gaz endommagé à cause de l’incendie du moteur, entre autres choses.

Que l’insurrection devienne permanente, arrêtons d’être citoyens, créons la guerre civile.

Cordón Macul, Santiago , Chili, 27 novembre 2013

hommodolars

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Intermède musical

Elektroduendes – Salgo a la calle

Je sors dans la rue pour ne pas penser, peu de choses me font réagir, parce que j’étouffe dans cette réalité, parce que je suis obsédée par le besoin de savoir que quelque chose va changer, que tous les jours ne vont pas se ressembler. Je ne supporte pas cette routine dans cette vie de merde, j’ai besoin de savoir que quelque chose va exploser, quelque chose va exploser.

Parce que j’en ai besoin, je dois savoir que je vais changer quelque chose. Je vis sans raison, ce système ne me laisse pas avancer. Parcourant jour après jour cette ville cherchant à m’échapper de ce chemin tracé. Je ne vais pas de nouveau abandonner le combat, NON.

Broyés par le travail. Réduits par l’État. Des contrôleurs dans tous les coins défendant la norme sociale de cette fausse démocratie.

Parce que j’en ai besoin, je dois savoir que je vais changer quelque chose. Je vis sans raison, ce système ne me laisse pas avancer. Parcourant jour après jour cette ville cherchant à m’échapper de ce chemin tracé. Je ne vais pas de nouveau abandonner le combat, NON.

Je sors dans la rue pour ne pas penser, peu de choses me font réagir, parce que j’étouffe dans cette réalité, parce que je suis obsédée par le besoin de savoir que quelque chose va changer, que tous les jours ne vont pas se ressembler. Je ne supporte pas cette routine dans cette vie de merde, j’ai besoin de savoir que quelque chose va exploser (dans l’obscurité), quelque chose va exploser.

Quelque chose va exploser (dans l’obscurité), quelque chose va exploser.

boum-le-lapin

Lettre de José Miguel Sánchez

ikikesolidAujourd’hui comme toujours les oppresseurs de la gendarmerie* ont voulu violer mon droit de prendre mes médicaments pour mon asthme chronique et mon hypertension artérielle, ayant été prescrits par des médecins de cette institution répressive.

Le mercredi 06 novembre 2013, ayant une crise d’hypertension, après avoir passé difficilement les contrôles de sécurité, je réussis à arriver à l’infirmerie de la prison pour exiger mes médicaments qui n’arrivent pas depuis plus de trois jours, mais le maton chargé de l’accès à l’infirmerie s’est entêté à me refuser mon droit à la santé.
J’ai réussi à résoudre ce problème en présentant une plainte à un responsable, qui en voyant mon réel état de santé m’a emmené à l’infirmerie où l’on m’a fait une consultation et on m’a donné mes médicaments.

C’est en partie pour ça que quelques jours avant l’incident j’avais fait une demande de transfert pour une prison où j’ai accès aux soins médicaux dont j’ai besoin, sachant qu’ici l’accès aux soins médicaux est quasi inexistant.

Comme mesure de pression, montrant mon mécontentement devant les différentes injustices et humiliations qui se passent ici, j’ai décidé en geste de refus et de rébellion de ne plus me raser tant qu’on ne me transfert pas, laissant ouverte la possibilité de commencer une grève de la faim si je n’ai pas une réponse rapide.

Je dois préciser que ma famille ne peut pas me visiter régulièrement, du à l’éloignement du domicile familial avec la prison Colina II, et le coût énorme que cela signifie de venir.

Je fais une appel à se solidariser et à agir de la façon que ce soit pour montrer que lorsqu’un guerrier lutte pour sa dignité il n’est pas seul.

Depuis le centre d’extermination de la prison Colina II, Module 4.

Avec une rébellion grandissante.
José Miguel Sánchez Jiménez

* NdT : Au Chili la gendarmería c’est la sale institution qui gère les taules, et donc les gendarmes sont tout simplement des matons et non des « flics de rue », qui eux s’appellent carabineros ou pacos culiaos (selon l’humeur)

         Publicación Refractario  

 Le 20 novembre dernier l’administration pénitentiaire a envoyé une plainte au procureur contre le compagnon pour menaces directes contre des matons. Ceci se basant sur plusieurs communiqués qui lui sont attribués (trouvés sur des sites de contre-information) et des documents qui ont été trouvés dans sa cellule.

À la suite de l’histoire qu’il a eu à cause du refus de lui donner ses médicaments on l’a menacé de lui supprimer sa promenade, sa cellule a été fouillée et ils lui ont dit qu’il devrait « assumer les conséquences » pour la plainte qu’ils ont fait.

Le compagnon a refusé de parler au proc sans la présence d’un avocat et il attend des nouvelles de ce nouveau procès qui a été ouvert.

N’oublions pas que la peine d’emprisonnement (20 ans) de José Miguel va jusqu’en février 2014, et donc une éventuelle demande de prison préventive dans cette nouvelle affaire pourrait retarder sa libération.

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