Nouvelles de Monica et Francisco

cordatesa46Après que l’Audiencia Nacional ait décrété la prison préventive les compagnon-ne-s sont entré-e-s à la prison de transfert de Soto del real à Madrid, à la suite de quoi ils ont été dispérsé-e-s dans des prisons différentes.
Monica se trouve dans le Centre Pénitentiaire Madrid VII (Estremera), tandis que Francisco a été transféré au Centre Pénitentiaire Madrid IV de Navalcarnero. Les deux compagnon-ne-s se trouveraient sous l’infâme régime F.I.E.S-3 (NdT : réservé à ceux/celles accusé-e-s de terrorisme).

Leurs adresses :

Francisco Javier Solar Domínguez (NIS 2013019598)

C.P MADRID IV, NAVALCARNERO

Ctra. N-V, km. 27.7, C. P: 28600.

Numéro de compte pour lui envoyer de l’argent  (Banco Santander): 0049 5184 10 2113 008259.

Mónica Andrea Caballero (NIS 2013019595)

C.P MADRID VII, ESTREMERA

Ctra. M-241 KM 5.750, C. P: 28595

Numéro de compte pour lui envoyer de l’argent (Banco Santander): 0049 5178 03 2816499680.

 Devant les stratégies répressives des États : solidarité internationaliste avec les compagnon-ne-s !

On veut Monica et Francisco dehors !

Publicación Refractario

 

Communiqué de lycéens de l’Instituto Nacional

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Je ne parle pas de choses abstraites, je suis quelqu’un de très concret. Je te parle de prisonnier-e-s, de blessé-e-s, de mort-e-s, de personnes expulsées du lieu où elles vivent, de personnes qui meurent en cherchant un salaire. De personnes démolies dans leurs têtes parce qu’elles mangent des pilules contre la tristesse. La terre détruite par les routes. Les élevages, les centres de rétention et avant ça la guerre (…) Ça te semble exagéré notre manière de penser, mais c’est comme ça. La guerre c’est comme ça. Ici il y a une guerre et toi fais ce que tu veux.”
PIB – Ponte como quieras

Ce système est pourri depuis sa racine. L’ambition d’une poignée de personnes et l’idiotie-passivité de beaucoup qui n’ont rien fait pour faire face à ça, nous mène, ou nous a déjà amené, à une catastrophe naturelle presque sans issue. Et nous croyons vraiment que nous pouvons maintenir ce mode de vie d’une manière durable ? … impossible. Nous produisons 1000 fois plus que ce dont nous avons besoin et les médias nous mettent ces produits dans la bouche en les présentant comme nécessaires. Et même si nous arrivions à maintenir ce mode de vie durablement (comme le voudraient certains écologistes) nous savons que ça ne servirait à rien parce que nous en avons marre de ce mode de vie misérable et nous ne voulons pas continuer d’amener de l’eau au moulin de ce stupide progrès, nous ne voulons pas gaspiller nos vie à travailler du lever au coucher du soleil, nous ne voulons pas passer les meilleures années de notre jeunesse enfermés dans une école avec de pathétiques jours de repos accordés uniquement pour nous rendre plus productifs, et nous ne voulons pas non plus mourir d’un cancer ou d’une de ces maladies modernes provoquées par toute la merde qu’ils ont fait de notre alimentation. Ce qui est certain c’est que ce système c’est de la merde et sur ça y a déjà suffisamment de choses écrites.

Ce qui est important c’est que face à tout cela l’école n’est pas un salut, comme beaucoup veulent le faire croire, mais elle est une horrible institution dans laquelle on nous prépare pour cette vie. Dans ce lieu on nous apprend à obéir sans poser de question, les horaires, la routine, les façons d’agir et de suivre une ligne de conduite qui ensuite nous servira pour devenir un engrenage de plus, de la main d’œuvre ou un professionnel avec des activités stupides et routinières. Ces choses qu’on nous enseigne ne sont utiles que pour ce système. Tu veux être ingénieur pour construire des grands centre commerciaux ou des immeubles ? Pourquoi faire ? Si c’est ce que nous devrions abattre.

Mais le sens que nous donnons au terme nocivité, dépasse celui de la simple capacité de mettre en danger la santé d’un organisme ou d’un écosystème. Nous parlons sous les yeux de la nocivité culturelle, politique, sociale mais la situation que nous souhaitons identifier c’est le processus qui caractérise la relation de pouvoir, de technologie et de manipulation, de destruction du vivant, des intérêts de l’héritage acquis par l’industrie scientifique, de millier d’années de pensée autoritaire et anthropocentrique. Quelque chose qui va bien au-delà d’un problème sanitaire, impliquant les aspects fondamentaux d’une civilisation technologique qui se nourrit du temps et de la vie de milliers d’individus humains et non humains, qui trie et redivise les êtres vivants en races, en espèces, en catégories rentrées dans une échelle hiérarchique qui classifie selon ses nécessités ”.
Extrait du “Manifiesto Della coalizione contro ogni nocivita”. Dans “Nanotecnalogie: la pietra filosófale del dominio” Revista II silvestre 2011

Pour les raisons déjà citées (et bien d’autres dont nous n’avons pas le temps de parler) nous avons décidé de poser une bombe de fumée (NdT : dans le lycée), dans un but plus symbolique que destructeur, afin que cette pestilence se souvienne et imprime bien dans sa conscience que l’école aussi est une institution pourrie comme le sont les banques ou un commissariat, et donc elle fait tout autant partie de la grande machinerie de ce système et doit être attaquée. Par cette attaque nous voulons aussi rompre avec le discours généralisé des étudiants qui veulent réformer l’irréformable et ainsi se contenter de contribuer à la perpétuation du système, comme l’a déjà dit Theodore Kaczynski, c’est le “tour le plus ingénieux du système”. On ne veut pas dire par ça qu’étudier c’est mal, si quelqu’un veut étudier qu’il étudie, y a toujours eu des gens intéressés par le savoir, de plus avoir des connaissances peut nous donner les armes cognitives pour en finir avec l’idéologie dominante qu’on essaye de nous faire rentrer dans la tête. Le propos c’est plutôt de critiquer l’école comme une contrainte et comme un outil au service du système. Nous voudrions insister sur la contrainte pour tous ceux qui disent “si vous aimez pas le lycée pourquoi vous partez pas ?”, parce que si c’était comme vous le présentez (comme une simple liberté de consommation) ça serait facile, et on se serait tiré de là depuis belle lurette. Or le capitalisme agit comme une contrainte qui englobe toutes nos vies. Qu’est-ce qui se passerait si nous n’allions pas à l’école ? Nous devrions devenir de la main d’œuvre pas chère sans diplômes, travaillant du lever au coucher du soleil sans avoir le temps de connaître nos proches, ou que se passerait-il si nous décidions d’aller vivre dans les bois pour vivre le vieux fantasme hippie ? Il suffirait qu’on se trouve dans un endroit suffisamment intéressant pour le capitalisme pour qu’on nous vire de là à coup de fusil, comme ça se passe de nos jours avec les mapuches, et c’est pour ça que nous ne voulons pas coexister pacifiquement avec le système, que nous aspirons à être partout le bâton dans ses roues,  qui ne lui permet pas d’avancer et qui le détruit.

Nous avons conscience qu’un lycée comme celui-ci, même s’il n’est qu’un engrenage, peut aussi permettre à certaines personnes d’accéder à une vie un peu plus digne, et c’est pour cette raison que nous considérons qu’un acte de sabotage est plus utile qu’un acte de destruction, mais nous préférerions cent fois plus que quelqu’un veuille le détruire plutôt que d’en faire un autel.

Nous voudrions aussi dire ce que l’on pense de sortir faire la fête*. Le système t’offre deux options : ou bien t’es un gros bosseur, c’est à dire un futur contributeur de ce système, ou bien si tu n’as pas les capacités ou que t’as la flemme, on te donne la possibilité de concentrer ton énergie pour faire la fête, où de toute façon tu finiras par contribuer au système. Ainsi nous appelons à être sérieux, à se préparer et attaquer, et c’est pour ça que nous refusons la pose hypocrite de l’inadapté fêtard qui n’a en rien une attitude rebelle ou anti-système.

Nous savons que malgré tout ce que représente l’école, il y a des profs qui contre toutes les limites que le système impose, essaient de faire du lycée quelque chose de plus supportable, essayant de ne pas se résigner à leur rôle de prof, et nous avons beaucoup de respect envers eux. Mais il y a aussi tous ces inspecteurs, professeurs et directeurs qui croient avoir l’autorité suprême, nous humiliant et nous mettant de sales notes comme si il n’y avait pas de conséquence alors qu’en réalité ils jouent avec notre futur, se comportant comme des juges ou des procureurs. Nous leur rappelons que malgré notre jeune âge nous savons reconnaître ceux qui nous font du mal et saurons appliquer notre justice. Ça serait dommage que la prochaine bombe explose dans vos voitures ou vos maisons, ainsi nous vous mettons en garde.

Si je crois en la justice ? Non. Ce que tu comprends par justice n’est qu’une contradiction vivante (et des pires) : tu dis que la “justice” c’est ce qui nous maintient sain et sauf en temps que société civilisée, mais c’est cette même justice dont tu me parles qui est responsable de toutes les guerres … tu connais la phrase  “œil pour œil dent pour dent ” (…) Le soi disant juste est injuste, le soi disant bien est mal, tout dépend d’où tu le vois. Ma façon de résoudre les problèmes c’est un duel, à mort si c’est nécessaire, avec mes ennemis. De toute façon je serai toujours celui qui résoudra mes problèmes, c’est ce qui m’incombe en tant qu’individu autonome. Je ne paierai jamais de gros bras pour résoudre mes problèmes. Ce système mercenaire c’est celui des matons et pas le mien. Que ce soit des matons, soldat, flics, personne ne leur enlèvera leur rôle de sbires ”.
Un-e de l’entropía

À la veille d’un nouveau 11 septembre nous voudrions nous souvenir de tous ceux qui sont tombés en action directe, et rappeler que dans ce lycée comme dans tant d’autres il y a eu des personnes qui ont lutté face à l’ennemi, laissant la peur de côté. Que malgré toutes les fausses possibilités pour se rebeller qui se présentent à nous (mais qui ne sont qu’une façon de nous canaliser et contrôler la révolte) il y a toujours eu un autre choix  : celui d’attaquer, celui de ne pas attendre le bon moment qui n’arrivera jamais si nous ne le construisons pas, celui de reprendre notre vie en main et d’en faire un défi contre le pouvoir, ce choix que beaucoup portent et ont porté en eux et que le pouvoir s’est appliqué à cacher : le choix qui existe encore et que certains continuent de faire, et pour le faire il n’ y a pas besoin de faire partie d’un collectif ou un parti, il faut juste avoir envie, perdre la peur et passer à l’offensive.

Pour tout cela nous saluons ceux qui ont fait ce choix, notre tendresse la plus sincère et une bise pour vous tous. Ça va aussi pour ceux qui ont souffert et souffrent des conséquences de tout ça, pour vous : soyez tranquilles, nous nous sommes nourris de vos expériences et courage, nous serons la jeunesse qui va en finir avec cette merde.

Liberté pour tous les prisonniers du monde, qu’ils soient enfermés derrière les grilles ou en dehors.

Beaucoup de force pour les mapuches qui sont en lutte contre le capitalisme !

Multiplions les noyaux d’action !

Vive l’internationalisme de la FAI-FRI !

Ainsi je pense qu’un rebelle devient un guerrier lorsqu’il est capable de se relever bien qu’il soit tombé de très haut, lorsqu’il est capable de faire face à la réalité. Un guerrier ne doit pas forcément savoir fabriquer une bombe ou la manipuler, il n’a pas non plus à connaître des techniques de camouflage ou savoir comment tirer sur les flics, ce sont des choses qu’on apprend en complément. Les guerriers sont dangereux pour leurs idées et principes, parce qu’ils vont jusqu’au bout, toujours debout, inébranlables, parce qu’ils ne se trahissent pas eux-mêmes, ni leurs compagnons, parce qu’ils sont toujours sur le qui vive, parce qu’ils n’écoutent pas les rumeurs ou les commérages, parce que s’ils ont un problème ils l’affrontent, parce que s’ils sont tristes ils pleurent, et s’ils sont heureux ils rient, parce que s’ils ont la rage ils explosent, parce qu’ils savent mener une vie pleine, mais pas tranquille pour autant. C’est ça les vrais guerriers”
Luciano Pitronello – Ex-prisonnier insurrectionnaliste

PS: on aimerait parler face à face de plein de thèmes dont on n’a pas pu parler, parce que nous savons qu’un texte comme celui-ci ne peut pas contenir tout ce que nous voudrions dire, c’est pour ça que nous demandons que ce texte ne soit pas juste lu, et que vous tiriez vous-même vos propres conclusions. N’attends pas de nous qu’on te donne toutes les réponses, nous pouvons seulement donner quelques indices sur ce que nous ne sommes pas et que nous ne voulons pas être.

L’insurrection c’est aussi valoriser la remise en question elle-même”.

Enfants mutilés par l’éducation, en affinité avec la FAI-FRI
Septembre 2013

*en espagnol du Chili carretear c’est faire la fête

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Actes de solidarité depuis le Chili avec les compas séquestré-e-s en Espagne

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Rassemblement solidaire avec Mónica et Francisco

En face de l’ambassade espagnole au Chili, à 13h ce samedi, une vingtaine de compas se sont réunies avec des banderoles et des slogans pour la libération de Mónica et Francisco, prisonnier-e-s de l’État espagnol.

Au préalable nous avons tous eu droit à un contrôle d’identité et à une fouille de nos affaires. Un contingent trois fois plus nombreux que nous nous a reçu, avec un bus, un tank lance gaz, un canon à eau, trois paniers à salade, en plus de flics à motos. Lorsque nous sommes partis les flics anti-émeutes sont arrivés pour nous prendre les banderoles et après en avoir reçu l’ordre ils se sont rué sur nous pour nous arrêter. Quatorze personnes ont été arrêtées, amenées au 19° commissariat et ensuite transférées au 33° comico de Nuñoa, “parce qu’il y a des cellules”. Trois compagnons se sont fait tabasser et un a été renversé par un flic à moto, heureusement sans être gravement blessé. À 19h ils ont été libéré-e-s avec une amende pour infraction à la loi de circulation. Un compagnon est resté en détention pour avoir des antécédents et il a été amené dimanche au centre de justice. Nous nous tiendrons au courant, le plus probable c’est qu’il soit remis en liberté.

Avec tout cet étalage du pouvoir et sa répression disproportionnée ils ne font que confirmer que tout ça n’est qu’un spectacle et qu’en plus notre complicité dans la rue et notre boycott de la manipulation médiatique qu’ils veulent imposer les dérangent. Mais ils ont raté leur coup parce qu’ils n’ont fait que renforcer nos liens fraternels.

Parce que la solidarité est notre nature, qui s’exprime de mille façons. Parce que la solidarité est notre arme et vit dans la rue.

Solidarité et liberté pour Mónica Caballero et Francisco Solar

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Solidarité internationale, action directe depuis le campus Juan Gomez Millas

Le vendredi 15 novembre nous avons réalisé une action de solidarité internationale avec les compagnon-ne-s arrêté-e-s en Espagne, accusé-e-s de placement d’engins explosifs. Deux d’entre eux/elles, Monica Caballero y Francisco Solar, avaient été impliqué-e-s dans le Caso Bombas. Nous ne parlerons pas de culpabilité ni d’innocence, mais nous voulons préciser qu’au delà de ces dénominations que nous impose l’État pour nous déclarer légaux, illégaux, nous nous revendiquons en confrontation avec cet ordre de domination, d’exploitation et de soumission. On parle de montage, ce qui ne nous étonnerait pas, mais nous ne tomberons pas dans cette victimisation, mais nous envoyons une bise à ceux/celles frappé-e-s par le pouvoir de quelque forme que ce soit. Nous sommes coupables d’être vivants et d’avoir du sang dans les veines, et même si ça leur fait mal, nous sommes coupables de changer cette réalité et de subvertir cet ordre dans la joie et la haine.

Ça nous fait rire que les puissants essaient de comprendre ce qui se passe au niveau international comme si tout devait répondre à des normes et des lois, essayant d’élaborer d’énormes réseaux ou des hiérarchies qu’ils pourraient désarticuler d’une façon ou d’une autre. Mais qu’ils comprennent bien ceci, nous ne sommes pas des réseaux de trafiquant de drogues, nous ne sommes pas une organisation illégale ni nationale ni internationale, nous ne sommes pas comme les institutions corrompues et sales dans lesquelles vous travaillez. La grande organisation internationale que nous avons c’est celle de ceux qui ont la certitude que cet ordre est de la merde, que le capital et l’État nous volent nos vies et forces, qu’il suffit que les gamins voient la vie de misère qu’ils ont devant eux pour devenir rebelles. La seule organisation internationale que nous avons c’est la vie qui refuse de perdre sa liberté

De même nous n’oublierons pas les rebelles qui ont été emprisonné-e-s et assassiné-e-s par l’État et ses forces répressives. Nous n’oublions pas que le 12 novembre 2002 Alex Lemun a été assassiné, et qu’il a indomptablement résisté pendant 5 jours avec une balle dans la tête. Nous n’oublions pas Hans Niemeyer qui est emprisonné pour l’attaque de la banque BCI, nous n’oublions pas Marcelo Villaroel, Juan Aliste Vega et Freddy Fuentevilla accusés de la mort du flic Moyano. Nous n’oublions pas Celestino Córdova, accusé de l’attaque incendiaire qui a coûté la vie des répugnants propriétaires terriens Luchsinger-Mackay. Enfin nous envoyons notre soutien et tendresse à Ilya Eduardovich Romanov, compagnon anarchiste russe qui a été blessé après avoir manipulé un engin explosif le 26 octobre dernier.

Quant à notre action, nous avons fait une attaque coordonnée par les deux sorties du campus Juan Gómez Millas, c’est à dire, celle qui donne sur l’avenue Grecia et celle qui donne sur Ignacio Carrera Pinto. Le résultat a été l’incertitude des flics, qui ne sachant pas quoi faire ont mobilisé un grand contingent policier. Ce qui a donné lieu à un affrontement de plus d’une heure et demie où les bâtards courraient dans tous les sens sans savoir où on était. Cependant nous reconnaissons que ce genre d’action n’a rien de nouveau et nous appelons à multiplier le moyens, formes et contenus.

Solidarité insurgée et anarchiste avec les prisonnier-e-s politiques

Courage à Monica et Francisco et les autres arrêté-e-s en Espagne

Nous envoyons une grosse bise à Hans Niemeyer et Celestino Córdova

Toute la chaleur de la révolte pour Ilya Eduardovich Romanov

Publicación Refractario


Espagne : Monica et Francisco restent en prison, les 3 autres compas sont libéré-e-s

doslobosAprès être resté-e-s en détention depuis le 13 novembre sans connaitre le lieu où la police anti-terroriste les détenait, le 17 novembre le juge de l’Audiencia Nacional, Eloy Velasco, a ordonné la « prison provisoire », similaire à la « prison préventive » du procès chilien, pour la compagnonne Monica Caballero et le compagnon Francisco Solar. Nous n’avons pas connaissance de la durée de « l’enquête ».

Les délits dont ils sont accusé-e-s sont les suivants :

-appartenance à une organisation terroriste
-destruction terroriste (la pose de la bombe à Saragosse)
-conspiration pour destruction terroriste ( les soi disant plan pour une attaque contre le monastère de Montserrat à Barcelone).

D’autre part Valeria Giacomoni, Gerardo Damián Formoso et Rocío Yune ont été libéré-e-s après avoir été 5 jours en incommunication, leurs passeports ont été confisqués et ils ont une obligation de signature périodique au tribunal.

Nous saluons les 3 compagnon-ne-s qui ont été libéré-e-s après être passé-e-s dans les mains dégoutantes de la section anti-terroriste.

 On peut s’attendre à ce que les compagnon-ne-s Francisco et Monica intègrent le brutal régime d’isolement F.I.E.S pour qu’ils soient dispersé-e-s dans différentes prisons éloignées d’Espagne. Quant à nous, nous ne resterons par indifférents du fait que nos compagnon-ne-s soient entre les griffes du pouvoir. Nous rappelons que la compagnonne Monica est végane, qu’elle l’est restée durant son incarcération politique en 2010, et c’est donc un point à prendre en compte dans la quotidienneté de l’enfermement, où que ce soit.

Nous demandons aux compagnon-ne-s qui sauraient dans quelle prison ils sont séquestré-e-s de nous informer à notre mail publicacionrefractario@gmail.com, de même si vous connaissez les délais de l’enquête ou avez d’autres infos envoyez-les nous.

 Solidarité internationaliste et rebelle avec Monica et Francisco !
On ne vous oublie pas et on vous laissera pas seul-e-s !

Publicación Refractario

Nous ne voulons pas être des étudiants, nous sommes des délinquants

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Ceci est un pamphlet. Ce n’est pas un livre, ni un petit livre, ni un cahier, ni un petit cahier, c’est un pamphlet. Il ne prétend pas, loin de là, être objectif, ni créer le consensus.

Ses prétentions sont beaucoup plus grandes, ainsi nous ne comprenons pas pourquoi nous devons faire les modestes quand nous pouvons aspirer à ce qu’il y a de mieux. Qu’est-ce que nous voulons dire par ce qu’il y a de mieux ? Nous ne voulons pas avoir de limites. Nous ne savons pas si nous en avons ou pas, mais ceci n’est précisément pas la question, car nous ne DÉSIRONS pas avoir de limites, nous voulons nous déchaîner. Ce qui nous importe c’est nous. Nous nous inquiétons des obstacles et des ennemis dans la mesure où ils nous empêchent de faire ce que nous voulons ou d’obtenir ce dont nous avons besoin. S’ils ne nous gênent pas ils n’existent pas. Et s’ils gênent, ils doivent arrêter d’exister. Nous avons passé suffisamment de temps à méditer, à réfléchir sur l’ennemi, le Système, le Capital, etc.

Nous croyons que c’est enfin le moment de nous occuper de nous-mêmes. Qu’est-ce qui nous plaît ? Ne nous plaît pas ? Que voulons-nous ? Ne voulons pas ? Quels sont nos vrais désirs ?

C’est vers ça que nous allons. C’est notre objectif, et nous sommes prêts à aller vers cette direction, et partout ailleurs.

Nous avons les conditions pour que ce qui existe déjà dans l’idée voie le jour et existe réellement.

Comme le disaient certains étudiants de la préhistoire du mouvement étudiant dans les années 60, les étudiants sont une classe en eux-mêmes. Nous ne sommes pas salariés, bien que pour la majorité d’entre nous nous sommes destinés à l’être ; nous ne sommes pas non plus dirigeants, comme peu d’entre nous sont destinés à l’être. Nous sommes nulle part, nous sommes encore en transition, en construction. Nous ne voulons pas dire que nous sommes à l’abri de la merde du Système, mais nous disons que nous sommes dans les conditions matérielles, concrètes, pour nous révolter, nous retourner contre tout ce qui ne nous plaît pas et pour tout ce qui nous plaît.

* * *

Nous ne possédons rien, rien n’est à nous. Nous n’avons ni notre propre maison, ni voiture, ni famille, ni enfants à charge, ainsi on ne peut pas nous avoir en nous disant qu’on fait partie de la classe privilégiée, parce que nous n’avons rien à garder. Il nous reste encore tout à avoir.

Tout est devant nous. C’est le premier point dont nous devons prendre conscience : nous n’avons rien à perdre. Si nous faisons une grève, on ne va pas nous virer de notre travail, et on ne va pas arrêter de percevoir un salaire, et on ne va pas non plus perdre de stupides « conquêtes sociales » avec lesquelles ils ont réussi à tromper nos parents. Si nous faisons grève, non seulement nous n’allons rien perdre, mais nous allons gagner beaucoup de choses, nous allons nous réapproprier un jour d’ennui, et nous allons en faire un jour de vie réelle, de vie intense dans laquelle nous allons faire à chaque instant ce qui nous plaît et non pas ce qui correspond à notre rôle d’étudiant. Profitant du plaisir de l’instant subversif.

Qu’on ne se foute pas de nous, la seule chose qui peut vraiment se perdre c’est la peur. Ce n’est pas tant la peur de potentielles représailles des diverses autorités – professeurs, parents, …- ni la peur de la punition sociale parce que tu n’agis pas selon les attentes imputées à ton rôle. C’est la peur de soi-même, la peur de ne pas savoir quoi faire lorsque personne ne nous dirige et nous dicte notre conduite. La peur de ne pas savoir jusqu’où aller lorsque personne ne nous montre la voie, la peur de ne pas savoir quoi faire à chaque instant. La peur de vivre sans maîtres. La peur de l’incertitude.

Nous allons vous confier un secret : nous aussi nous avons peur ! Et même, nous croyons qu’une bonne part de notre force se base sur cette peur. Nous ne voulons pas que ça soit évident, nous ne voulons pas avoir le chemin balisé ni une lumière au bout du tunnel vers laquelle nous diriger en somnambules. Nous voulons construire notre vie au jour le jour, et par conséquent, affronter la peur de vivre sans maîtres. Nous avons peur, c’est vrai, et l’incertitude nous ronge, mais cette incertitude fait aussi que ça nous donne envie et nous met en ébullition.

Vous n’êtes pas attirés par l’idée de faire l’expérience d’une vie nouvelle et d’abandonner cette expérience médiocre ? Alors expérimentez, faites ce que vous voulez, faisons ce que nous voulons, nous ne saurons pas ce que c’est jusqu’à ce que nous l’expérimentions, et même ainsi nous ne pourrons pas prétendre le savoir, car à chaque moment nous découvrirons de nouvelles choses. Nous n’avons besoin de rien de plus. Nous voulons avancer. Vers où ? Nous ne le savons pas. LÀ-BAS, par exemple, nous savons en tout cas que nous ne voulons pas être ici. N’importe quoi à part ça, nous sommes fatigués, ce monde nous ennuie, il ne satisfait pas nos besoins et nos désirs, il ne nous plaît pas et nous ne nous amuse pas. Mais nous voulons plus, nous voulons une vie meilleure.

Qu’on ne nous trompe pas non plus au sujet de notre avenir. Nous ne sommes pas le futur et nous n’avons pas non plus un bel avenir devant nous. Nous n’avons pas envie d’accepter le futur, avoir un futur c’est s’écrire une mort, écrire le roman de ta vie avant de la vivre : tu fais juste ce qui est DÉJÀ écrit et tu ne construis pas ta vie au jour le jour. Et aussi nous n’acceptons pas le futur parce que DÉJÀ nous n’acceptons pas le présent misérable qui est là et nous n’acceptons pas non plus le futur de merde qu’on nous prépare. Cette vie est misérable !

Nous sommes conscients malgré tout de notre situation dans le monde. Nous sommes conscients que nous sommes ici pour être de futurs travailleurs, nous savons que nous avons un rôle à jouer dans ce monde, celui d’étudiants, celui de gens qui apprennent à avaler la merde, la merde de la Réalité. Celui de gens qui s’appliquent à apprendre l’idéologie qu’insufflent les intellectuels du Système à travers la culture, de gens qui apprennent à réduire leur corps et leur tête à des espaces et des horaires rigides pour arriver dans le monde du travail avec le corps et la tête déjà réduits. Nous sommes conscients que nous sommes des Étudiants.

Mais nous sommes conscients que nous ne voulons plus l’être. Nous ne voulons pas nous habituer à des horaires et des espaces, nous ne voulons pas avaler de la merde, nous ne voulons pas apprendre leur idéologie, ni aucune idéologie. Plus d’intellectuels, plus de culture, plus d’art. Nous voulons aussi arrêter d’être étudiants. Mais nous ne voulons pas arrêter d’être des étudiants pour devenir des travailleurs ou autre chose. Nous ne voulons pas quitter un rôle pour en embrasser un autre. Nous ne voulons aucun rôle, nous ne voulons pas être rien, nous voulons être ce dont nous avons envie à chaque instant. À chaque instant. Nous, étudiants, devons commencer à arrêter de nous cramponner à des idéologies et pensées créées, des choses DÉJÀ faites auxquelles nous nous accrochons à cause de cette peur de vivre sans maîtres, à construire chacun sa vie à chaque instant.

C’est le moment de se jeter à l’eau, d’abandonner toutes les croyances et illusions qui nous garantissent la sécurité de vivre dans ce monde. La sécurité dans cette société n’est pas plus qu’une barrière qui nous protège de … de quoi ? Vous êtes-vous déjà demandé de quoi nous protège la Sécurité qu’on nous offre ? De quoi devons-nous avoir peur ? Les sécurités nous protègent de nous-mêmes, c’est nous que les barrières ne laissent pas sortir, et non les autres qui peuvent aller et venir. Ils ne nous permettent pas de dépasser ce qui est permis. C’est notre propre police qui nous surveille lors de nos arrestations à domicile.

Tu pourris de l’intérieur, tu t’endors et tu t’ennuies, avec l’assurance que tu vas continuer à vivre, c’est-à-dire, que ton cœur va continuer de battre. Et le reste ? Les rêves ? Les désirs ? Les émotions ? La passion ?

Tout cela est là, de l’autre côté de la barrière. Abandonnez la sécurité, la seule chose qu’elle fait c’est enchaîner, et lancez-vous dans l’expérience palpitante de vivre sans normes, sans maître, sans rôle. Expérimentez. Nous voulons vivre et expérimenter MAINTENANT, pas à court ou à long terme.

L’idée de la révolution comme processus est très bien, mais nous ne pouvons plus attendre. Nous avons besoin d’améliorer notre vie, nous voulons qu’elle ait une forme plus intense, et pour ça nous voulons lui créer des moments où elle s’épanouira. Nous voulons des insurrections, des soulèvements, des révoltes, la tension du conflit ouvert. Ça ne nous suffit pas d’avoir simplement le rêve d’une révolution, nous préférons le rêve et l’utopie d’un moment d’insurrection. Le soulèvement est une réappropriation, une vraie rupture avec la monotonie de la vie quotidienne, avec les normes sociales, et avec les rôles qu’à chaque moment de la vie nous devons adopter. Le moment de soulèvement rompt avec les horaires. Le temps arrête d’être une tyrannie linéaire, pour devenir un désordre de moments vécus intensément. Nous savons qu’une insurrection ne va pas changer le monde, mais nous croyons qu’elle peut transformer notre vie.

Parce qu’il s’agit de changer le monde, mais aussi de transformer la vie. Nous ne sommes intéressés par aucune révolution qui n’élève notre qualité de vie. Nous ne sommes pas intéressés par un monde, aussi libre et juste qu’il soit, si la vie est tout autant ennuyeuse, monotone, rationnelle et médiocre que celle que nous vivons maintenant. Plaidons pour créer la révolution qui ne triomphe jamais. Nous ne voulons pas triompher. Nous ne voulons pas perdre le rêve et l’utopie. Les choses qui ont une fin ne nous intéressent pas, ni les choses dont le destin annoncé est de mourir. Nous ne voulons pas avoir de futur, nous fabriquerons notre vie au fur et à mesure. Nous ne voulons pas nous définir maintenant, nos actes nous définiront en temps voulu. Nous ne voulons pas que tout soit clair, nous nous expliquerons au fil de la pratique.

Les choses ne sont pas claires pour nous. Mais ATTENTION, ça ne veut pas dire que nous allons permettre à des intellos de nous éclairer et de nous dire qui nous sommes et ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Nous n’admettrons pas d’avant-garde révolutionnaire qui vienne chapeauter notre révolte avec leurs idéologies. Et nous n’allons pas non plus faire la place aux leaders syndicaux ni aux syndicats eux-mêmes. Nous n’allons pas vous laisser faire, nous vous prévenons, nous n’allons permettre aucune tentative de manipulation, et nous n’allons pas permettre que vous récupériez nos luttes pour le système, nous menant sur la voie inoffensive de la démocratie. À bas la démocratie ! Plus de dialogue ! Il faut faire face. Nous vous prévenons, si vous essayez d’étendre vos griffes parmi nous, nous nous jetterons sur vous avec toute notre rage. Mieux encore, nous nous jetterons sur vous, même si vous n’essayez pas d’y mettre vos sales pattes, juste pour ce que vous êtes et ce que vous faites, pour votre fonction de pompiers des feux de la révolte. Récupérateurs de merde, vous êtes dans notre point de mire.

Tout est dans notre point de mire. Rien de ce monde ne vaut la peine d’être sauvé. Les étudiants, nous nous foutons de tout. Nous avons commencé par revenir de la naïveté de la vie moderne, nous ne croyons pas dans la sécurité du foyer rempli de sentiments électrodomestiques, ni dans les machines qui donnent un bonheur pathétique, comme le sourire de l’âne lorsqu’il meurt.

Les voitures ne sont pas plus que le modèle de l’idéal bourgeois du bonheur. Brûlons-les, brisons les vitrines de l’aliénation et de la fausse vie.

Brûler des voitures, briser des vitrines. Ce n’est pas un slogan que nous vous donnons.

Brûler, casser, ce sont nos sentiments que nous vous lançons. Nous vous lançons notre rage, notre colère. Nos désirs et nos rêves. C’est ce que nous pensons. Voilà ce que nous sommes.

Nous nous répandons dans notre environnement telle la lave du volcan. Nous voulons faire irruption, et pas attendre que les fleurs éclosent. Nous voulons briller deux fois plus sans devoir nous résigner à ne durer que la moitié du temps. Nous sommes des utopistes, des rêveurs. Des rêveurs ! Vous avez arrêté de rêver ! Vous êtes devenus grands, vous êtes autant adultes que ces universitaires envahis par l’ennui à vingt ans et quelques. Nous autres nous n’avons jamais arrêté d’être des enfants. Nous sommes toujours sauvages et nous résistons pour ne pas être domestiqués.

Nous mordons. Nous sommes utopistes et sauvages. C’est sûr que vous pensez qu’on est fous, pas vrai ? Ce pamphlet est un virus. Il s’étend et se propage de par le monde sans limites, en tissant des réseaux de désirs subversifs. Tu peux en faire partie. Et même, tu peux l’incarner.

Répands-le, photocopie-le, offre-le aux gens que tu aimes. Crée du rêve.

Des Sauvages
Madrid, décembre 1998

Traduit en mai 2012.

Prolongation de la garde à vue de Monica et Francisco

8733223131_e325039986_zLa section spéciale (anti)terroriste a demandé une prolongation du délai spécial d’isolement et d’incommunication dans lequel se trouvent les détenus. Ainsi le juge Eloy Velasco a accepté de prolonger cette situation de 48 heures.

Les raisons de ce prolongement sont que la police veut analyser ce qu’ils ont trouvé dans l’appartement où ont été arrêté-e-s les compagnon-ne-s, et continuer de les interroger.

On ignore l’endroit où ils ont été séquestré-e-s. Il a été dit qu’ils se trouvaient à la préfecture de police de Barcelone, au Commissariat Général de l’Information ( siège de la section (anti)-terroriste à Madrid), ainsi que dans la section de transfert de la prison de Soto del Real (Madrid).

Les compagnon-ne-s ne peuvent pas communiquer entre eux, et sont interrogé-e-s par la police.

Face à l’impunité avec laquelle la police transfère et cache nos compagnon-ne-s et depuis la distance qui nous éloigne d’eux, l’appel est toujours de renforcer les liens de solidarité internationalistes pour accompagner les compagnon-ne-s. Que la police et l’État ne sentent pas qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec nos compagnon-ne-s détenu-e-s.

Pour l’instant il faut attendre que les compagnon-ne-s soient conduit-e-s à l’Audiencia Nacional à Madrid le dimanche 17 novembre à 10h, pour qu’on y voit un peu plus clair dans les accusations qui pèsent contre eux et savoir s’ils vont devoir faire de la « prison préventive ».

Monica et Francisco sont accusé-e-s de l’attaque explosive contre la basilique del Pilar (Saragosse) qui a eu lieu début octobre.

Selon ce que la presse a divulgué, un soi-disant plan de la basilique de Montserrat de Barcelone aurait été trouvé, de plus ils pourraient aussi être inculpé-e-s pour le placement de l’engin explosif de la cathédrale de La Almudena à Madrid en février 2013, action revendiquée par le même groupe.

Des « fuites » dans la presse informent qu’il y a quelques semaines une délégation de l’ANI (sorte de DCRI chilienne), comprenant son directeur Gonzalo Yuseff, s’est pris des vacances anti-terroristes en Espagne, dans le but de se réunir avec leurs collègues de la Police Nationale d’Espagne, coordonner et planifier les arrestations de Monica et Francisco : ils ne leur pardonneront jamais d’avoir été acquitté-e-s dans le « Caso Bombas »; et la raison et vengeance de l’État l’exigeant, ils sont allés jusqu’à traverser l’océan pour les emprisonner.

Devant la collaboration des États : solidarité internationaliste !
Solidarité sans limite avec Monica et Francisco !!

Publicación Refractario

 

Étendre les liens de solidarité, écrit par des ex inculpé-e-s du Caso Bombas

577994_3062958295929_1322626911_32212367_124664693_nLe 13 novembre nos compagnon-ne-s Mónica et Francisco ont été arrêté-e-s par les forces répressives de l’État espagnol, accusé-e-s d’attaque contre la basilique del Pilar en Espagne.
Devant cette situation se déchaîne un ouragan de déclarations grandiloquentes entre des personnages des deux gouvernements, des félicitations de procureurs ressuscités et de ministres de l’Intérieur recyclés.

Mónica et Francisco ont été arrêté-e-s en août 2010 dans le cadre de ce qu’on a appelé le Caso Bombas. Tous les deux ont fait face au procès avec dignité et révolte, plus de 9 mois de prison en régime de haute et maximale sécurité, ils ont refusé le chantage du procureur, ont mené avec le reste des accusé-e-s une grève de la faim de plus de 65 jours et ont fait face à l’un des procès les plus longs, sortant en étant acquitté-e-s et avec les convictions intactes.

Les accusations des médias et de la police auxquelles doivent faire face les compagnon-ne-s se basent sur le fichage juridique du procès du Caso Bombas, razzia qui s’est déchaînée contre des lieux, un milieu et des individus acrates.

Maintenant les puissants prétendent ressusciter le cadavre du Caso Bombas, menaçant d’ouvrir de nouveaux procès contre nous, et devant ça nous sommes clairs : nous rejetons les accusations, mais nous ne nions pas qui nous sommes, nos idées, nos liens, notre passé, présent et futur de lutte.

Il n’y a jamais eu et il n’y a pas d’organisation terroriste anarchiste, il n’y a pas de leaders informels, de centres de pouvoir ni de financement terroriste. Ces délires d’enquêtes essaient juste de nous cataloguer dans des logiques d’organisation et de vie que nous refusons dans la pratique . Nous méprisons les méthodes du pouvoir et devant cela l’État nous identifie comme les éternels suspects et coupables.

Au delà des pirouettes de juges, ministres de l’Intérieur, procureurs et journalistes, nous restons fermes dans la conviction que le procès judiciaire commencé en 2010 était une infamie qui a cherché à illégaliser des relations d’amitié, qui a attaqué des lieux, pointé du doigts des choix de vie et des luttes passées et présentes.

La complicité de l’État espagnol avec l’État chilien laisse voir le visage terroriste de n’importe quelle structure de pouvoir, qui maintient sa domination grâce à la surveillance et la peur.

Nous lançons un appel énergique à se solidariser avec Mónica et Francisco, en tant que compagnon-ne-s anarchistes, au delà de tout jugement, tout comme nous exprimons notre solidarité avec tous ceux/celles séquestré-e-s par les États à travers le monde.

Malgré la distance géographique qui nous sépare aujourd’hui, la détermination de lutte contre le pouvoir nous maintient uni-e-s. Pour rompre l’isolement et la peur il faut rapprocher les réalités et donner de la puissance à la solidarité.

Mónica et Francisco sont nos compagnon-ne-s et nous les défendons contre les campagnes médiatiques et policières menées par les deux États.

Parce que tous les États sont terroristes et toute prison est un centre d’extermination.

Solidarité révolutionnaire au delà de toute frontière.

Quelques inculpé-e-s du Caso Bombas
13 novembre 2013

Viva la anarquía

Cinq arrestations à Barcelone

guerra_a_la_calleCe mercredi 13 novembre vers 03h du matin, cinq compagnon-ne-s ont été arrêté-e-s dans un appartement du quartier Carmel de Barcelone, accusé-e-s d’être les auteurs de l’attaque à la bombe contre la basilique del Pilar de Saragosse, le 02 octobre dernier.

Parmi les arrêtés il y a Francisco Javier Solar Domínguez et Mónica Andrea Caballero Sepúlveda (compagnon-ne-s de la région chilienne, et ex inculpé-e-s du Caso Bombas, qui avaient passé 9 mois dans la Prison de Haute Sécurité de Santiago), ont aussi été arrêté-e-s Valeria Giacomoni (de la région italienne),  Gerardo Damián Formoso (de la région argentine) et Rocío Yune Mira Pérez (de la région chilienne).

Le ministre de l’Intérieur de l’État espagnol assure que les détenu-e-s font parti d’un « commando très bien organisé, extrêmement dangereux avec de fortes connexions internationales » (…) » ils sont très connu-e-s pour leur passé délictueux au Chili » (…). Le fait que les compagnon-ne-s arrêté-e-s soient étrangers ne fait que confirmer le délire de la police espagnole sur le fait que depuis plusieurs mois l’Espagne est en train de devenir un refuge pour anarchistes insurrectionnels.

Ceux qui sont accusé-e-s d’avoir mis la bombe sont pour l’instant Mónica et Francisco, qui auraient été identifié-e-s par des caméras de surveillance aux alentours de la basilique, le jour-même de l’explosion. L’attaque avait été revendiquée par le Comando Insurreccional Mateo Morral, le même groupe qui a revendiqué l’attaque dans la cathédrale de La Almudena à Madrid, le 7 février 2013.

La police espagnole avait pris contact avec Interpol et les services de renseignement chiliens (l’ANI) pour confirmer les identités de Francisco et Mónica, et le 8 novembre elle a informé le ministre de l’Intérieur chilien de l’arrestation imminente des suspects.

Les deux compagnon-ne-s seraient entre les mains de la police jusqu’au vendredi 15 où ils devraient comparaître devant le juge de la Audiencia Nacional (chargé des affaires de terrorisme) Eloy Velasco, pour délit caractéristique de l’article 570 du Code Pénal, législation antiterroriste qui peut mener à des peines de 15 à 20 ans. Ce même 15 novembre on verra si le juge accepte la demande de prison préventive pour les compagnon-ne-s. En parallèle plusieurs personnages (aussi funestes et sinistres les uns que les autres) font des déclarations en célébrant ces arrestations et en menaçant de ré-ouvrir le procès du Caso Bombas.

Depuis là où nous sommes nous transformons ces kilomètres en un insignifiant obstacle, nous ferons taire les voix des puissants des deux États qui résonnent, nous sortirons dans la rue face aux menaces de décennies de prison, pour faire de la solidarité une grande accolade qui s’établit loin des campagnes répressives …

Solidarité internationaliste !

 

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Trot matinal (Hans Niemeyer)

comedor
Je rentre dans le hall avec les caméras de surveillance qui se trouvent au premier étage à côté de la cour en losange qui donne sur le troisième étage du module H nord. Il fait froid dans cette typique matinée de printemps à Santiago. Je laisse la chaise de plastique à côté des fenêtres grillagées, doucement, sans faire un seul bruit, pendant que le maton ferme avec un cadenas les grilles et ensuite une porte de fer.

Les murs sont jaunes et les grilles et portes sont bleues. Je me change : pantalon court, chemise à manche longue, chaussettes et des baskets “Power” à 10 balles, tellement éloignée des marques de tennis tant désirées par la population pénale. Les deux caméras de surveillance restent là, immobiles, perpétuelles. J’essaie d’imaginer leur contrôleur. On pourrait penser que de l’autre côté du câble y a un triste fonctionnaire qui lit La Cuarta, boit son café et mange un jambon/fromage, mais c’est pas comme ça. Ici les choses marchent.

Peut-être que ça n’est pas un mécanisme de contrôle social de haute prévision, peut-être que dans la Prison de Haute Sécurité (C.A.S.) il y a des choses qui se passent, que le commun des mortels n’imaginerait pas, ou au moins les gens en partie informés. Mais on pourrait pas non plus dire que les matons dorment. Non. Derrière cette caméra il y a un fonctionnaire qui observe, étudie, calibre les situations, qui sait qui est qui, qui connaît sa routine, peut-être jusqu’aux humeurs des gens, et c’est pas pour rien qu’il a suivi des Conseils Techniques. Si on y réfléchit bien, quel travail étrange, triste et en même temps intéressant que celui de cette pièce obscure de ce laboratoire social.

Je commence à trotter lentement dans le petit hall qui sert à la pratique du sport pour certains prisonniers. En arrivant au bout je tourne vers la gauche, en faisant une petite rotation et ensuite une autre pour courir en parallèle avec le mur de douze mètres. Presque en arrivant à la flaque de sang je la saute en diagonale et je continue de courir. J’arrive au fond, je fais demi-tour, avant de me trouver en face de la seconde tache sanguinolente, qu’un prisonnier a inutilement essayé d’effacer en y versant de l’eau chaude, ce qui n’a fait que la ranimer et la faire sortir de son état de coagulation pour couler de nouveau, récupérer sa couleur rouge vif et me rappeler ce qui s’est passé la veille. Des pauvres se battant contre d’autres pauvres, essayant de s’enlever la vie, si on peut appeler ça comme ça. Loin, très loin des bénéficiaires du système qui ne sont même pas au courant qu’ils triomphent chaque jour. Je passe à côté de la seconde flaque de sang, témoin muet avec la caméra de surveillance de cette stratégie quotidienne du capitalisme.

Le fonctionnaire des caméras de surveillance s’allonge en arrière dans son siège et allume une cigarette. Je tourne de nouveau à gauche pour me trouver en face de la flaque de sang qu’il faut sauter. En réalité ce qui s’est passé la veille ne m’a pas autant impressionné que j’aurai cru. Le fonctionnaire tourne une autre page de La Cuarta. Loin, très loin de là ce sont les mêmes de toujours qui gagnent. Ou bien c’est proche et ils gagnent dans nous même ? Je saute de nouveau et je continue de courir.

Hans Niemeyer Salinas
3er piso Módulo H Norte
Cárcel de Alta Seguridad
Santiago
Chili

Publicación Refractario

La ville est grande et incertaine et la nuit est noire comme la poudre

tumblr_m34fbaGNse1qe9m38o1_500Nous n’avons pas choisi au hasard ce jour pour attaquer. Notre action s’inscrit dans la vengeance éternelle qui a commencé il y a 25 ans. Après que les bâtards de militaires de la dictature aient mis fin à l’existence d’Araceli Romo et Pablo Vergara (le 5 novembre 1988) en faisant exploser leurs corps au pied du Cerro Mariposa, situé dans la ville de Temuco.

Il ne s’agit pas d’un simple appel au souvenir. C’est aussi un message d’incitation à ceux qui avec complicité et négation montrent qu’ils ne font pas que résister, mais qu’ils passent à l’offensive, faisant le choix de sortir de l’attente pour contribuer à la tension sociale, à la destruction et à la rupture de l’ordre bourgeois.

Cette nuit là et comme souvent, les médias d’intoxication massive n’ont pas tardé à vomir, parlant de voiture bélier, de coups de feu et chausse-trappes, mais tout ça est faux. Tout a été beaucoup plus simple : les bombes se préparent, le poignard s’aiguise, et pendant que dans le 18° commissariat ils remplissaient leur dégoûtantes tripes dans le resto le plus proche, nous vides de vie nous remplissions les distributeurs automatiques de la Banque Estado de haine enflammée. Faisant éclater le confinement vers 23h10.

Si les dégâts causés n’ont pas atteint l’objectif espéré, le coup de griffe a mis en valeur la vulnérabilité existante, déchirant le contrôle omniprésent du système de domination sur des questions de secondes.

Hier c’était une succursale, mais nous rappelons que le tir s’affine avec la pratique, et que la ville est grande et incertaine et que la nuit est noire comme la poudre.

Par cette action nous saluons avec complicité ceux qui se réjouissent de la destruction des institutions qui soutiennent la misère et la rupture de l’oubli. À Luisa Toledo et Manuel Vergara, que les rêves de Rafael, Eduardo, Pablo et Araceli se propagent de génération en génération et vivent la praxis anarchiste.

Commémorons par le plomb et la poudre chacun-e de nos sœurs/frères.

Personne n’est oublié !

Souvenons-nous d’Ariel Antonioletti assassiné alors qu’il s’était fait la belle. À 23 ans de sa mort il est toujours présent. Souvenons-nous d’Alex Lemún qui a été abattu le 7 novembre par le fusil du flic-bâtard Marcos Traver, agonisant jusqu’au 12 novembre. Saloperie de lèche-botte, on t’envoie notre haine, et te rappelons que la vengeance sera éternelle … Rappelons-nous aussi des foutus fonctionnaires de police et pénitentiaires qui ont été condamnés, et puisque la vie est action et conséquence et que nous nous armons pour exister, il y a des balles à leurs noms.

Avec une solidarité, une tendresse et une force ardente, pour toi Hans Niemeyer, tout continu …

À Freddy, Marcelo et Juan, José Miguel Sánchez. Alfredo Cóspito y Nicola Gai qui sans crainte et la tête haute ont attaqué sans remord Adinolfi, patron du nucléaire et responsable de la destruction de la planète.

Nous envions de la force au Machi Celestino Córdova qui fait face à un procès très dur pour la mort des latifundistes Luchsinger Mackay. Que notre lutte continue !

Cellule dynamiteuse Alex Lemún Weichafe.

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