Animal humain en captivité

jirafaaaa

Poème écrit par Hardy Peña depuis le C.A.S. (Prison de Haute Sécurité), extrait du Fanzine Estado Vegetal #1  mars 2005.

Une nouvelle girafe est arrivée au zoo
Pour la grande majorité c’est indispensable
de l’anthropomorphiser :
Un concours télévisé lui trouvera un nom.
Au cas où j’en propose deux ou trois :
« Arrachée du ciel vert, la clôture
est plus haute que son cou ».
C’est probablement un nom très long,
mais douloureusement vrai.
Je vais plutôt en essayer un autre,
même si de toute façon
ça sera un pot rempli de fiel :
« Ruminant la tristesse elle sera
de nombreuses années au même endroit »
C’est aussi très long.

Le temps a passé
et je n’en ai pas trouvé un approprié.
Ainsi comme j’ai l’habitude
de trainer sur les bancs des parcs
je ferai mieux de lancer un appel au petites filles,
et pour éviter qu’on me traite de sexiste,
aux petits garçons
et ils viendront dans un vacarme énoncer
« Trop lumineuses pour la cage
les taches de la girafe sont, en réalité,
l’unique souci de cette chanson » :
entonne le chœur d’enfants,
comme si ce lieu, le zoo métropolitain,
accouchait dans leurs cœurs et dans mes vers
d’une sensation étrange, mélange de douleur,
fraternité, solidarité.

Il n’est pas à moi, ce poème, il est à ceux
qui demandent la liberté pour la girafe.
Je suis sûr que la fin de tout zoo
ne pourra faire de mal à personne.

Publicación Refractario