La réalité du virtuel

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«Plus ce monde devient invivable et plus son principe devient connaissable. Le concept de spectacle est encore plus intelligible qu’il y a vingts ans. Ce n’est donc pas seulement parmi ceux qui se trouvent rejetés à la périphérie de la société mais aussi bien parmi ceux qui se trouvent en son centre que pourra être formulé, plus explicitement qu’en 1968, le programme révolutionnaire : instaurer la communication sociale » (Os Cangaceiros n°3, La domestication informatique).

De nombreuses fois les accusations sur les raisons de notre foutue apathie pointent vers « internet », et sans plus de raisons concrètes on en fait la cause de la distanciation humaine, de l’exacerbation de l’image, etc … Mais nous devons nous rendre compte que les nouveautés technologiques sont développées par nécessité capitaliste et sont en étroite relation avec sa « mentalité », c’est à dire, avec la « mentalité » dominante. Internet développe et intensifie ce qui existe déjà, créant un cercle vicieux de rétro-alimentation. Le capitalisme développe internet et, à son tour, est conditionné par l’usage de cette nouvelle technologie.

Prenons l’exemple de la façon dont le Capital utilise et modèle en même temps l’isolement moderne dont souffrent de nombreuses personnes, comment il en tire profit et comment ça le renforce pour continuer de leur proposer sa marchandise : si toute la technologie de la communication (qui comprend les ordinateurs, téléphones et autres) rompt l’isolement comme on le prétend, et nous permet de communiquer chaque fois plus, ça n’est pas suspect que chaque jour on nous offre de nouvelles marchandises pour communiquer plus et mieux ? À qui pourrait-on vendre tout ça si ce n’est à des individus isolés qui ont besoin de se débarrasser, grâce à l’image de la communication, de leur solitude et l’angoisse qu’elle entraîne ? L’aliénation capitaliste qui remplaçait l’ « être » par l’ « avoir » s’est encore plus dégradée, passant de l’ « avoir » au « paraître », et quelle meilleure forme de « paraître », de feindre, qu’à travers un écran.

Nous savons que le capitalisme est une relation sociale, et dans cette relation sociale les conversations en dehors du mur de Facebook ne sont pas forcément plus intéressantes que les échanges qui ont lieu derrière l’écran. Internet n’est pas ce qui a ruiné les bonnes-vieilles capacités sociales que nous avions. Il n’y a pas d’un côté « Internet » et de l’autre « la vraie vie », malgré les clichés de ses détracteurs : Internet c’est aussi la vraie vie. Il y a un système de production et reproduction matérielle donné, qui n’est pas externe à lui, qui répond de fait à des besoins bien précis. Ceci étant précisé, nous pouvons continuer avec notre sujet …

«Néanmoins, ce n’est pas la technologie en soit qui dicte la nécessité d’une accélération vide; on peut très bien débrancher les machines ou les faire fonctionner plus lentement. En réalité, c’est le vide de l’espace-temps capitaliste séparé de la vie et sans liens culturels qui impose à la technologie une structure donnée et la transforme en mécanisme autonome de la société, impossible à débrancher. »(Robert Kurz, L’expropriation du temps).

Ceci est une publication relativement courte, et cependant, en ces temps de lecture en ligne elle peut être perçue comme très longue et ainsi il peut sembler difficile de se disposer à la lire. Au delà de notre capacité à écrire de façon agréable ou pas et de l’indifférence massive envers la critique radicale, il y a aussi l’impression qu’elle est longue même pour ceux qui pourraient avoir envie de la lire. En référence à la « critique sociale » notre époque se montre plus attirée par les images et les slogans courts qui se diffusent comme une plaie sur Facebook et d’autres espaces du web, des phrases brèves qui peuvent vaguement vouloir dire tout ou son contraire et qui ne permettent pas d’approfondir sur le sujet qu’elles prétendent aborder. La majorité des messages présentés dans les nouveaux supports technologiques donnent la priorité à la rapidité et la superficialité face à la possibilité de pouvoir partager des idées complètes et précises. Dans ce sens, une affiche ou un tag avec un slogan simple pourraient être mis dans le même sac, cependant, un tag anticlérical sur une église a beaucoup plus de force que mis dans l’espace vide du web. De même, une phrase esthétiquement « combative », courte, abstraite et décontextualisée lancée sur le net peut tomber à pic et être « partagée » autant par un amoureux qui sent qu’il doit « lutter pour son amour », que par un arriviste qui sent qu’il doit « lutter pour un poste plus élevé dans l’entreprise » ou par quelqu’un qui se considère comme une personne combative en étant maoïste, écologiste ou peronniste.

En même temps, cette réduction de concepts alterne avec une surcharge de stimulations peu ou mal digérées qui rendent impuissant son spectateur : des images sans censure d’un massacre ou d’animaux disséqués, des soi-disant recherches de réponses dans des dizaines de livre téléchargés qui ne seront jamais lus et des articles de Wikipédia qui font passer d’un lien à l’autre sans réussir à en finir la lecture. L’impact de l’horreur sans réflexion accable et paralyse, même dans l’apparence du « mouvement ». Et bien plus encore, dans l’espoir qu’une prise de conscience plus ou moins généralisée soit suffisante pour transformer la réalité, une adhésion « cérébrale » à telle ou telle chose.

« La saturation de l’audience face à la multitude de « vérités gênantes » qui ne gênent déjà plus personne, pourrait répondre à la « surconscience » qui, à force de stimulation, est devenue impuissante. La surexposition à une quantité énorme d’informations a lieu au moment où la moindre référence sur le fait de trier l’information est immédiatement réfutée et jetée à la poubelle des idées dépassée ; d’où n’importe quel imbécile l’en sortira un jour pour les vendre une fois vidée de contenu (dans sa langue : une fois actualisée). Ainsi de nombreuses personnes qui veulent une transformation des conditions actuelles de vie ont cru que, en utilisant dans d’autres buts les moyens technologiques, la dite révolution d’information pourrait être orientée vers des objectifs plus hauts. Mais le problème de fond est, en réalité, que très peu croient déjà en ces beaux objectifs, parce que c’est précisément le système technologique dans on ensemble, et pas l’utilisation de la technologie ou cet outil séparé, qui a sapé les bases matérielles nécessaires à une vie relativement autonome et une conscience qui tend vers la liberté de pensée» (revue Cul de sac n°2, Gravats).

Le consommateur d’internet, dans l’illusion de la participation, aime se considérer comme « utilisateur » dont la définition dans le dictionnaire est « celui qui utilise quelque chose de façon ordinaire, qui a le droit d’utiliser une chose d’autrui avec une certaine limitation ». Une définition de qui est suffisamment précise pour décrire ceux qui sont consommateurs de certaines technologies même s’ils se considèrent comme « utilisateurs », ce qui leur faire penser à la neutralité des nouvelles et vieilles technologies, dans la possibilité de les utiliser selon sa morale, chose qu’un simple consommateur ne pourrait pas faire … et nous voyons qu’un utilisateur non plus.

 La promesse d’interactivité est l’un des points forts dans la promotion d’internet. Analogue à l’idée de participation dans la promotion de la politiques, ce ne sont pas totalement des mensonges mais des moitiés de vérités. On peut participer, même jusqu’à « créer », mais dans le cadre des règles prédéterminées par la structure sociale qui invite à cette participation. C’est à dire, on peut faire et produire en fonction des objectifs préétablis qui ont été décidés sans nous. Sans aucune gêne on nous invite à collaborer au processus d’oppression même.

 En ces temps, le consommateur moyen d’internet est simplement un consommateur de « réseaux sociaux » et, dans ce cadre, tout comme il peut réussir à avoir des centaines d’amis il peut aussi se joindre à une infinité de causes. Mais en dehors du support virtuel il se rendra compte que c’est impossible de maintenir une relation d’amitié avec des centaines de personnes, tout comme c’est impossible de se joindre à une si grande quantité de causes aussi diverses, vu que les heures d’une journée ne lui suffiront pas et son mental ne le supporterait pas non plus. Autant l’amitié que la participation à certaines causes ont besoin de liens forts et profonds, autant  les plateformes des réseaux sociaux,  au contraire, se construisent autour de liens faibles.

Pour la lutte qui nous semble nécessaire actuellement il faut, nous le disons sans détour, du dévouement, de l’engagement, de la constance, des efforts et renoncer à une certaine normalité.

« C’est le type d’engagement qui peut entraîner le rejet social et les difficultés dans le travail. Beaucoup abandonnent. Créer un groupe facebook en faveur ou contre quelque chose est au contraire très facile. Et c’est toujours plus facile de déplacer le curseur sur le bouton correspondant pour donner notre soutien, depuis le confort et la sécurité de nos maisons ou postes de travail. Ça ne devrait pas paraître bizarre que les groupes d’initiatives politiques sur facebook ont autant de suiveurs ? Comment ils font pour qu’autant de personnes soutiennent leur campagne ? Simplement sans trop leur en demander. C’est la seule façon d’obtenir que quelqu’un que tu ne connais pas fasse quelque chose pour toi. Mais ça n’implique aucun risque économique ni personnel, ça ne ne veut pas dire que tu vas passer un été poursuivi par des hommes armés dans des jeep. Ça ne nécessite pas que tu affrontes des normes et pratiques socialement bien établies. De fait, c’est le genre d’engagement qui ne t’apportera que reconnaissance sociale et éloge. En d’autres termes, l’activisme de facebook mène à la réussite sans motiver les gens à ce qu’ils fassent un réel sacrifice mais en les motivant à faire les choses qu’ils font lorsqu’ils ne sont pas suffisamment motivés pour se sacrifier réellement » (revue Cul de sac n°2).

Ce que nous essayons de mettre en avant c’est que si la « cyber militance » existe, elle ne vient pas corrompre une militance réelle, mais elle apparaît lorsque cette militance est en déclin ou disparue.

Le manque de perspective internationaliste rend cette réalité évidente. Le prolétariat n’est pas plus internationaliste grâce à internet et ses énumérables forums mondiaux, sites web de contre-information, etc. Des décennies auparavant, des manifestations mondiales comme celles en soutien à Sacco et Vanzetti, les événements de Chicago, la Première Internationale, le fait d’assumer comme sien dans diverses régions le développement révolutionnaire en Russie et en Espagne, démontrent que le prolétariat communiquait, voyageait, était solidaire et était en coordination sans les technologies actuelles. Simplement nous ne pouvons pas accuser ces technologies du manque d’internationalisme, ni espérer que de nouveaux moyens de communication rendent possible, facilitent ou même résolvent cette nécessité historique du prolétariat. Même l’excès d’ « information », sa démocratisation sur le net où on dirait que tout devrait nous importer de la même façon, les milliers de commentaires, avis, verbosités ; aident à paralyser, à courir les axes de discussion, et de plus laissent libre court à la confusion, à la tergiversation des faits, aux fausses informations.

Après avoir lu ces critiques on pourrait lire entre les lignes une demande à abandonner l’usage de Facebook, Twitter, etc … ce qui pourrait être salutaire, mais le nombre d’individus « surconscients » ne donne pas les résultats attendus ni sur Facebook ni dans la rue. Pire même, on n’a jamais vu dans l’histoire de changements de conscience générale ayant pour origine la simple répétition de  propagande (virtuelle ou sur papier) lancée indifféremment.
L’engagement se fait rare, l’isolement est égal ou pire qu’avant, les relations humaines sont toujours en décomposition et la réappropriation théorique est pauvre sans parler de sa réalisation.

Malheureusement, nous ne faisons que mettre en évidence ce que nous devons combattre, ces particularités en rapport avec les « réseaux sociaux » ne se modifieront pas tant que la situation qui les contient ne changera pas. Et tant que le conformisme et l’apathie existeront, cet optimisme technologique se déplacera d’une machine à une autre. Dans la compulsion technologique chaque nouveauté est désirée pour sa qualité de nouveauté, et ce qui est vieux est jeté à la poubelle de l’histoire capitaliste, que ça date de l’année dernière ou de quelques décennies avant. À son tour, chaque nouveauté technologique vient généralement accompagnée d’un discours de libération, de bien-être. Et le cas d’internet, pour sa soi-disant plus grande accessibilité et facilité d’utilisation est plus encourageant que ce que n’avaient pu l’être, en leurs temps, les débuts de l’imprimerie ou de la radio. En supposant que « tout le monde » (ce qui est un mensonge) peut s’exprimer, communiquer, créer des sites web, choisir l’information qu’on va consommer, etc… Nous devons nous demander à quel prix tout cela se fait et ne pas oublier qu’il ne s’agit pas d’un élément isolé du reste de la société capitaliste. Nous devons dévoiler ce qui se tait jalousement, et cela remet inévitablement en doute que ce genre de technologies pourraient être maintenues en dehors du système capitaliste : sans division internationale du travail il n’y a pas d’ordinateurs ni d’internet comme nous les connaissons. Faire abstraction de la matérialité des supports physiques d’internet c’est éviter de reconnaître l’obtention des matières nécessaires, leur production, leur distribution et leurs déchets inévitables. Le cyberespace pour beaucoup de technophiles revêt la fonction de paradis religieux, ce qui n’est rien de plus que la projection d’une image de la terre dépurée de ses contradictions. De nouveau, un « lieu » sans espace physique dans lequel peuvent se lancer les fantaisies les plus insensées. On suppose que la jouissance et l’empathie, et même des raisons égoïstes, motivent les gens à partager, à créer une sorte de « communauté » d’utilisateurs, où chaque individu prend du réseau beaucoup plus que ce qu’il pourrait donner. Ce sur quoi on pourrait réfléchir pour en connaître les nuances. Cependant, dans la bêtise totale on en est arrivé à faire référence à cela comme « anarcho-communisme » :

«L’économie du don et le secteur commercial ne peuvent se développer qu’en s’associant au sein du cyberespace. Le libre échange de l’information entre les utilisateurs s’appuie sur la production capitaliste d’ordinateurs, de logiciels et de télécommunications. ( …) Au sein de l’économie mixte numérique, l’anarcho-communisme vit aussi en symbiose avec l’État. (…) Dans l’économie mixte du Net, l’anarcho-communisme est devenu une réalité quotidienne. » (Richard Barbrook, L’économie du don hightech).

Ce à quoi Mandosio répond :

« Une fois que la main invisible est là pour faire que coïncident comme par magie les intérêts égoïstes et la prospérité publique, et comme première résolution de toutes les contradictions de notre monde tristement matériel : le capitalisme et l’économie du don se stimulent mutuellement, l’ « anarcho-communisme » et l’État travaillent de concert … c’est formidable, et c’est d’autant plus remarquable parce qu’il ne s’agit pas, comme dans le christianisme ou les utopies classiques, d’une vision de l’avenir, mais d’un discours qui prétend décrire une réalité déjà existante ; ce pays de cocagne, il suffit de se connecter pour y vivre éternellement d’amour et d’eau fraîche. Les « anarcho-communistes » qui propagent cette idéologie rendent un grand service aux promoteurs étatiques et industriels d’internet, car c’est précisément en présentant internet comme ce nouveau « pays des merveilles » où tout est gratuit, que se crée chez les gens le besoin de s’équiper en matériel informatique nécessaire pour se connecter, comptant sur le fait qu’une fois devenus accros on ne les lâchera plus ».

La rapidité et la simplicité des nouvelles technologies de communication est en réalité un enchevêtrement lent et complet de spécialistes et intermédiaires, d’exploitation et de mort, qui reste obscure à travers le téléphone, l’ordinateur ou la nouvelle babiole sophistiquée. En fin de compte, comme toute marchandise, elle cache son mode de production et la façon dont elle se met en circulation, même si contrairement aux autres marchandises elles supposent une dépendance supérieure de quantité d’intermédiaires, spécialistes et spécialistes plus sophistiqués.

Avec ces graves problèmes sociaux, qui n’intéressent pas vraiment le citoyen lambda prisonnier des ces produits, nous pouvons dire que cette multitude de supports promettent la capacité de réaliser une quantité de tâches différentes, pendant que de nouveau elles cachent que, en général, elles n’ont qu’un seul usage : la reproduction du système qui les a rendu possible. Ce qui n’empêche pas de dormir le citoyen lambda, et peut-être que l’impact « individuel, qui est naturel et immédiatement un problème social, ne l’empêche pas non plus de dormir .

Paradoxalement, ou pas, nous avons trouvé sur le net un article intitulé Google nous rend stupide ?, où son auteur Nicholas Carr, bien qu’il reconnaisse que le travail de recherche qui avant lui demandait des journées entières immergé dans des bibliothèques peut se faire maintenant en quelques minutes en cherchant sur google, confesse : «me plonger dans un livre ou un long article était avant une chose facile, (…) parfois j’étais un plongeur qui s’immergeait dans des océans de mots. Aujourd’hui je survole au raz ses eaux comme un scooter des mers».

C’est que les médias ne sont pas des canaux neutres où s’écoule l’information, mais ils configurent le processus de pensée. Ça n’est pas facile de rester concentré entre les pubs, plus d’un onglet ouvert et un lien qui amène à d’autres sites et ne permet pas de finir le texte (à la différence, par exemple, d’une note de bas de page qui permet de suivre le rythme du texte). Lorsque le regard bouge rapidement du coin en haut à gauche au coin en bas à droite d’un article du web, ce qui s’appelle la lecture diagonale, il est impossible d’envisager de lire tranquillement. Lorsque l’on peut trouver immédiatement l’information à travers des moteurs de recherche comme Google, on a tendance à oublier l’information obtenue. Dans la « vie réelle » les conversations sont interrompues en permanence par les téléphones qui sont supposés nous faire communiquer en obstruant la communication.

Ce que le Capital touche il le transforme en une chose sujette à la valeur, lui imposant ses lois de production. Carr signale que pour Google «l’information est une sorte de matière première, une ressource utilitariste qui peut s’exploiter et se traiter avec une efficacité industrielle, et plus il y a de fragments d’information auxquels nous pouvons accéder et plus vite nous pouvons extraire son essence, plus nous serons productifs comme penseurs». La quantité avant la qualité, la concurrence et le besoin de transformer chaque activité humaine en activité sujette au Capital sont les intérêts de cette compagnie, tout comme ceux des autres. Me si elle se présente comme un modèle de travail heureux et créatif, « le modèle Google » au fond n’est pas plus qu’une « vieille » usine nocive et morne.

La connaissance, l’intelligence, la créativité ou le raisonnement ne devraient pas être le produit d’un processus mécanique, une série de tâches séparées qui peuvent être mesurées et optimisées selon les critères de la valorisation du Capital.

Ces marchands de données, qui est ce à quoi ils ont réduit notre communication, connaissances, etc, ont assumé l’affirmation qui rabâche que « l’activité cérébrale » est isolée de celle du reste du corps. Ce qui d’une certaine manière amène à assimiler le concept « d’activité cérébrale » à une activité mécanique. Ainsi la notion dominante d’intelligence est en rapport avec sa quantification, en plus d’une forme d’individualisation où un coefficient indiqué par un test est une donnée de plus de l’humain avec un numéro d’identification, et où l’on ne considère pas « l’intelligence » en groupe à moins que cela ne serve pour des travaux concrets et où tous ceux qui vont être classifiés suivent le critère du classificateur.

Dans la même logique, notre époque considère que le cerveau humain est similaire à un ordinateur. Et bien sûr comme celui-ci est déjà obsolète nous avons besoin d’appareillages : un disque dur avec une plus grande capacité et un processeur plus rapide, intelligence artificielle indispensable pour suivre ce rythme de vie, qui est peut-être très bien mais pourquoi devrait-on suivre ce « rythme de vie « ? Pourquoi utiliser des outils qui atrophient la partie du corps qu’ils prétendent amplifier ? Pourquoi déléguer notre mémoire à un objet ? La « mémoire » d’un disque dur ne mémorise pas, nous ne faisons que stocker et ranger des données en elle, mais elle n’a pas de volonté même si elle « pense ». À la gare ou à la banque on peut nous dire qu’il y a eu « une faille dans le système » comme si personne n’était responsable, mais toute délégation, même technologique, est de notre propre responsabilité.

« Si quelques décennies ont suffi pour que les ordinateurs et autres robots n’apparaissent plus comme d’inquiétants automates et deviennent les compagnons ordinaires de la vie quotidienne, c’est parce qu’au préalable les relations sociales ont été systématiquement désintégrées. Pourquoi préfère-t-on faire ses courses, acheter des billets de train ou consulter son compte bancaire par internet sans sortir de chez soi ? Parce qu’aller dans un supermarché, une gare ou une banque est une expérience qui n’a rien d’agréable, et parce que la personne que l’on a en face dans un supermarché, une gare ou une banque n’est déjà pas plus qu’un automate humanoïde. On en arrive alors à préférer la froideur de la relation avec une machine à la froideur des relations humaines. Et, par manque d’amis humains dans une société où les individus sont chaque fois plus séparés et où l’autre n’est perçu que comme une entité menaçante, les ordinateurs qui cohabitent plus avec nous que dans le passé deviennent des « amis » de substitution (…) Le cas d’internet est analogue à celui du téléphone portable ou des animaux de compagnie électroniques. Il s’agit seulement de satisfaire un désir élémentaire de relations affectives et de communication en mettant à distance les autres humains (avec qui l’on est en rapport permanent, mais toujours indirecte, via téléphone ou internet) ou en les supprimant» (Jean-Marc Mandosio, Le conditionnement néotechnologique).

Alors quoi ? Après ces critiques on devient tous technophobes ou primitivistes ? Si l’on en vient à réfléchir à une issue individuelle de ce problème, où l’identification idéologique à tel ou tel courant serait suffisante, c’est que l’on n’a pas compris grand chose à ce réseau traversé par les relations capitalistes et qui positionne nécessairement l’État comme le gouvernement mondial de la bourgeoisie. Il ne suffit pas de renoncer au soi disant confort de ce monde, il ne suffit pas de partir de la ville, il ne suffit pas d’utiliser un langage extrémiste et d’adhérer à un camp que l’on considère comme le bon. Nous ne recommanderons jamais des « sorties » individuelles pour des problèmes sociaux. La perception individuelle d’un problème ne fait pas du problème une question individuelle. Et percevoir les conséquences de la technologie (pollution,  dégradation des relations humaines, etc) dissociée de ses bases capitalistes que nous appellerons « mentales » comme matérielles, constituerait une autre grave erreur.

En finissant de lire cet article on pourrait nous dire : «Quelle contradiction d’avoir écrit tout ça sur un ordinateur !», «Quel manque de cohérence d’imprimer ces idées avec une photocopieuse !». Certains imaginent qu’il y a un « en-dehors de la société » qui fait appel à un certain moralisme qui de plus fait souvent une apologie de la nature de laquelle on est tellement séparé qu’on ne sait même plus à quoi on se réfère en la nommant. Qu’une photocopieuse soit à notre portée ne signifie pas que nous utiliserons tous les moyens qui existent uniquement parce qu’ils sont à notre portée. Nous utilisons certaines machines consciemment et cela inclut de connaître leurs aspects « profitables » comme nocifs, leur coût. Et à l’autre extrême des reproches, celui des apologistes  sans-gêne de la technologie, on pourrait croire qu’être prisonniers de cette société et utiliser certaines machines nous obligerait en plus à les défendre.

 Extrait de la revue Cuadernos de Negación, n°8

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Troisième communiqué d’Henry, en arrestation domiciliaire

tumblr_mrdyryI9iF1ro0ralo1_500J’écris de nouveau aujourd’hui avec un bon moral, avec la force que m’a donné la solidarité,  le regard fixe,  la fierté d’être anarchiste,  le plaisir de vivre en harmonie avec mes mots, après avoir vu de si près le rôle de la justice, protectrice des riches et ennemie des pauvres, qui utilise ses moyens les plus bas comme le montage et ses esclaves délateurs, pour accuser, criminaliser, poursuivre et emprisonner ceux qui ne se conforment pas.

Je suis toujours otage de l’État bienfaiteur du Capital avec plus de 8 mois d’arrestation domiciliaire totale, après 11 mois de prison. On pourrait dire que ce genre de réclusion domiciliaire est une « progression » dans la récupération de la liberté physique, mais ma chambre est ma nouvelle cellule, la maison où je vis est ma nouvelle prison, le contrôle sur ma vie n’a pas disparu, la punition continue de donner son tribut à la société carcérale.  Bien que cette forme d’arrestation n’ait rien d’agréable, ma situation n’a rien de comparable avec les conditions d’isolement que vivent nos compagnon-ne-s prisonnier-e-s révolutionnaires à travers le monde, c’est pour cela que nous devons lutter avec la férocité nécessaire à l’intérieur et à l’extérieur des prisons, jusqu’à ce qu’ils/elles soient de nouveau dans la rue, jusqu’à ce que nous fassions tomber les murs des cages pour humains et non humains.

L’accusation ridicule sur l’existence d’une « organisation terroriste à financement international et tentative d’homicide » reste dans les limbes. Nous les anarchistes nous n’avons pas de chefs, l’autorité nous révulse, parce que celle-ci se base sur la domination et la soumission, et nous n’avons pas de forme d’organisation hiérarchique ni verticale, nous cherchons la libre association et l’affinité politique. Nous pratiquons la solidarité internationaliste, pas seulement envers nos frères/sœurs emprisonné-e-s, mais pour le reste des personnes qui sont dans les prisons, crées, c’est clair, pour protéger le Capital. Le délire étatique continue de soutenir qu’il y a un financement international, avec des liens et des représentants. Chacun de nous, les anarchistes/anti-autoritaires, se représente soi-même, chacun de nous fait partie d’une même lutte, dans laquelle nous ne voyons pas nos visages mais nous nous reconnaissons comme compagnon-ne-s. Celui qui impose la terreur désespérément c’est l’État, à travers son organe politico-juridico-policier, qui punit et poursuit ceux qui luttent pour vivre sans Capital ni ethnocide. Toutes les accusations vont au delà des lois mêmes, eux-mêmes, les oppresseurs, ne respectent pas leurs propres lois, ce sont eux qui les manipulent, corrompent, entravent et nient leur « justice » dont ils font tant d’éloge, qui ne représente que la servilité envers la bourgeoisie.

Le seul crime que j’ai commis c’est de lutter contre n’importe quelle forme de domination. Je ne regrette pas d’être ce que je suis, parce que le regret c’est donner raison à l’ennemi. Je ne regrette pas de lutter contre la société de classes, parce que celle-ci est basée sur l’inégalité et l’oppression. Je n’aspire qu’à récupérer ma mobilité et à rester digne. Je ne me déclare pas « coupable ou innocent », parce que le faire ça serait rentrer dans le jeu du Pouvoir, ce brassage juridique de persécution politique avec ses lois bourgeoises réprime la liberté individuelle de ceux/celles qui n’acceptent pas de vivre dans cette société dictatoriale et autoritaire que nous n’avons pas choisi, au contraire, on nous l’a imposé.

Il faut combattre l’ordre établi, parce que c’est lui qui impose la servilité et la soumission au Capital. Il n’y a pas besoin de réformes ou de conditions « adéquates » pour la révolution. La révolution est un conflit permanent. Le soi disant « processus de changement ou de bien vivre » n’est qu’un déguisement du nouveau colonialisme andin, globalisateur et civilisateur. C’est un chaînon dans la continuité d’autres gouvernements démocratiques et putschistes, parce que tout État est servile au Capital. Il faut lever la tête et nous défendre du terrorisme et de la violence d’État, violence qui au sein de la société trouve son origine de haut en bas. Accepter de vivre soumis veut dire être dans une prison sociale et mentale, sans le courage de rébellion contre l’assassin qui élimine nos désirs de liberté, cet assassin qui utilise les moyens les plus dégradants et méprisables pour détruire ce qu’il combat. C’est indéniable que dans ces terres, partie des Andes, on vit dans une société basée sur le Capital, le spécisme, l’exploitation, l’ethnocide, le latifundium. Nous voyons comment le néo-colonialisme étatique détruit peu à peu les peuples ancestraux, la terre et tout ce qui y vit. L’objectif de l’État c’est d’exploiter, civiliser et domestiquer pour que nous vivions comme dans les pays « développés ». On ne peut pas rester immobiles face à ça. La lutte anarchiste/anti-autoritaire est la lutte pour ne pas être la réplique de ces esclaves du Capital. Notre lutte est réelle lorsqu’elle arrête de n’être qu’une théorie ou lettre morte. Elle se met en marche à partir du moment où l’on refuse une vie aliénée et apathique, à partir du moment où l’on applique au quotidien le refus des contraintes d’un esclavagisme systématique. L’aliénation envers le conflit de la part de la société punitive est quasi totale. La majorité préfère continuer d’être esclave et endormie de façon volontaire. Ça ne les intéresse pas de vivre libres, peut-être par peur ou par conformisme. Parmi les pauvres aussi se reproduisent souvent les schémas d’oppression, d’exploitation et d’autorité lorsque l’envie de ne plus être pauvre n’est que le désir de monter les échelons de la société, de passer d’exploité à exploiteur, ou d’être moins exploité qu’avant.

La lutte doit continuer pour la libération totale. Je veux exprimer mon mépris pour la loi des « droits des animaux » que le Pouvoir avec l’appui des citoyens en faveur du bien-être* sont en train de mettre sur pied dans ce territoire dominé par l’État bolivien. N’importe quelle loi ne fera que normaliser l’esclavage, légalisera la domination, la torture, l’autorité perpétuelle sur les animaux. Tout comme nous ils ont besoin de vivre libres. Une loi ne fera que les condamner à perpétuité, renforçant la relation maître-esclave, propriétaire-animal de compagnie, consommateur-produit. Les « droits des animaux » entretiennent l’existence de la société carcérale, où les cages et cellules sont le reflet de la misère de la conscience et de la solidarité humaine. L’État assure seul cette misère dans sa société. Nous voulons des cages vides, pas plus grandes.

 Au delà des distances politiques je veux saluer les enfants travailleurs qui ont été réprimés et gazés par les « forces de l’ordre » dans la ville de La Paz le 18 décembre dernier; les adultes âgés « victimes de la dictature » frappés et gazés par le régime démocratique sur la place Murillo le 19 novembre; Martha Montiel et ceux qui luttent pour récupérer les corps de leurs proches assassinés et disparus; la résistance du TIPNIS; les guaraníes, takanas, aymaras, quechuas, urus, chipayas, weenhayek, et autres peuples de l’Amazonie, du Chaco, des Vallées et de l’Altiplano, qui se battent pour ne pas appartenir à ce monde civilisateur, domesticateur, et qui subissent le harcèlement étatique permanent et l’asservissement de la part des propriétaires terriens et entrepreneurs.

Salut aux guerrier-e-s en Italie, Espagne, Indonésie, Allemagne, France, Canada, État-Unis, Brésil, Uruguay, Argentine, Pérou, Grèce, Royaume-Uni, Hollande, Croatie; au Méxique à Mario Gonzales, Fallon, Amélie et Carlos; liberté pour les compagnon-ne-s Mónica, Francisco et les autres inculpé-e-s à Barcelone; Juankar Santana Martín, Manuel Pinteño, Gabriel Pombo Da Silva en Espagne; Marco Camenisch pour sa grève de la faim provocante en Suisse; a Thomas Meyer Falk en Alemagne; Ilya Romanov en Russie; aux compagon-ne-s au Chili qui luttent devant et derrière les grilles de cette nouvelle gestion répressive de la démocratie; En Argentine aux compagnon-ne-s arrêté-e-s du peuple kolla qui ont réussi à dévier le trajet du Dakar dans le Jujuy, aux femmes en lutte contre la répression dans la prison d’Ezeiza; à ceux/celles qui résistent en prison avec leur conviction intacte, aux compagnon-ne-s qui utilisent la grève de la faim comme acte solidaire et outil de lutte dans les prisons du Mexique, Grèce, Suisse et Chili. Salutations à Gustavo Rodríguez et Alfredo Bonanno déportés par les régimes capitalistes. Excusez-moi si j’ai oublié des compagnon-ne-s. Mémoire combative pour ceux qui ont perdu la vie en luttant et une grosse bise complice à ceux qui restent en clandestinité, force et courage !

Mon éternel remerciement aux blogs contre-informatifs qui ont diffusé des nouvelles sur ma situation, à tous/toutes les solidaires qui de leur propre initiative ont réussi à faire que l’écho de leurs actions rompe l’isolement et me vole de nouveau un sourire. Contre la société carcérale et ses bourreaux, debout dans cette guerre sociale, contre la société de classes, le Capital, l’autorité, l’isolement et ce qui nous est imposé.

 Libération totale maintenant !!!

 Henry Zegarrundo
Anarchiste/Antiautoritaire

* en espagnol bienestaristas, traduction de l’anglais welfarists

Solidaridad Negra

Une hirondelle ne fait pas l’été mais son chant est tout aussi important

solÀ un jour de l’arrestation de la compagnonne Sol après la courageuse vengeance lancée contre un mercenaire gardien de la Banco Estado, nous nous sentons appelés à parler pour elle, pas seulement pour le sang qui coule dans ses veines, mais surtout pour la décision de lutte qui l’a amené à défier de face le pouvoir, qui l’a amené à revendiquer la chute en combat de notre compagnon anti-autoritaire Sebastián Oversluij Seguel, réussissant à installer une fois de plus la certitude que c’est une guerre quotidienne contre l’État et le Capital. Laisser de la place au doute, laisser de la place pour que la presse bourgeoise déchaîne ses illusions patriarcales de « crimes passionnels et jalousies » juste parce qu’il s’agit d’une femme, c’est ne pas faire l’écho du courage et de la conscience révolutionnaire qui ont amené la compagnonne à agir directement. Garder le silence face à un cri de « vengeance ! » c’est oublier que la première réaction lorsqu’ils nous frappent doit être de rendre le coup, à partir de la multiplicité des formes qui existent.

Que la police et la presse évoquent les thèses qu’ils veulent, que le procureur cherche les liens d’amitié et déchaîne son bordel juridique comme il l’a fait depuis quelques années, que les citoyens s’exclament épouvantés une fois de plus qu’ils s’agit toujours des même délinquants … Nous, ses compagnon-ne-s, nous n’avons pas besoin de chercher longtemps pour comprendre, pour se trouver avec elle sur ce chemin vers la libération totale, comme nous la trouvons pour commémorer le souvenir des jeunes combattants Eduardo et Rafael,  comme nous la trouvons pour se souvenir de Pablo et Aracely, comme nous la trouvons dans des activités solidaires avec nos compagnon-ne-s en prison. Aujourd’hui nous n’avons besoin de rien de plus que ses actes pour la reconnaître comme une sœur dans cette pratique antagoniste et subversive : son présent de lutte nous dit qui elle est, avec la même force que le fait l’histoire de sa famille chargée de dignité combattante.

Nous croyons que ces lignes sont un geste simple pour éviter que le silence complice de certain-e-s ou le baratin sans importance, si commode pour d’autres, ne terminent par faire de la détention de notre compagnonne qu’une nouvelle policière ou un simple sujet de journal télévisé. Nous savons que les mots, lorsqu’ils n’entraînent pas une pratique en conséquence, ne sont que papier et encre gaspillés. C’est pour cela que depuis le collectif anticarcéral Vuelo de Justicia nous n’avons plus qu’à transformer en pratique notre discours et accompagner avec une solidarité quotidienne et rebelle la compagnonne Sol dans son séjour, nous espérons court, en prison.

Depuis ce front de lutte nous envions toute notre force et soutien à la compagnonne, aux chers grand-parents Luisa et Manuel, à sa mère et à toute sa famille. Que la flamme de la dignité rebelle qui les a toujours accompagné ne s’éteigne pas une seule seconde. Sachez qu’on ne vous laissera pas seul-e-s.

Parce que tu as installé une fois de plus la certitude que lorsque nous dirigeons nos vies vers la libération totale, l’insurrection est permanente !

Parce que ton action et ton cri de vengeance ont déchiré le silence, ont lézardé les murs qui enferment les nôtres, et nous ont poussé à continuer avec plus de force cette guerre à mort !

Parce que pour toi aucune agression n’est sans réponse, aujourd’hui la réponse sera pour toi !

Compagnonne Tamara Sol Farías Vergara, nous t’aimons indomptablement libre !

Actualisation sur sa situation juridique :
le 22 janvier la compagnonne a été condamnée pour « vol qualifié » de l’article 433 du code pénal chilien, qui correspond à un vol commis avec un homicide, un viol ou des blessures comprises dans le même code :  dans les faits la compagnonne est accusée du vol de l’arme et de la tentative d’homicide sur le gardien de banque, risquant une peine qui va de 10 ans et un jour à la condamnation à perpétuité. De plus, un avocat représentant la banque était aussi présent pour une plainte de « vol avec homicide » (sic) étant donné que du fait du vol de l’arme la banque serait elle aussi victime. Le tribunal a ordonné la détention préventive de la compagnonne Sol à la prison de San Miguel et le délai de l’enquête a été fixé à 60 jours.

« C’est le moment d’agir, au quotidien avec ceux en affinité avec nous, pour la destruction de la société carcérale et de toute tentative sociale de réformer ce dégoûtant système de mort. La solidarité ne doit jamais devenir un slogan vide, mais une action quotidienne d’affrontement avec le Pouvoir et un soutien constant aux frères/sœurs séquestré-e-s dans cette guerre à mort. »
-Mauricio Morales Duarte-

Collectif Anticarcéral Vuelo de Justicia

Publicación Refractario

Arrestation d’une compagnonne accusée d’avoir tiré sur un garde

Mujer_armada_2Le 21 janvier au matin une silhouette vêtue de noir entre dans la succursale de la Banco Estado sur la Alameda au niveau de Las Rejas. Elle tire quatre coups sur le corps de Ronaldo Vargas Fuentes, garde para-policier qui a décidé de consacrer sa vie à la protection des richesses et accumulations des puissants. La compagnonne crie « Vengeance ! »

À la suite des coups de feu la compagnonne laisse le revolver avec lequel elle est entrée, prend celui du garde et s’échappe du secteur en vélo.

De son côté le misérable garde a pu être soigné, se sauvant de l’attaque.

D’autre part, selon la presse et la police, la compagnonne Tamara Sol Farías Vergara a été arrêtée alors qu’elle se rendait à un commissariat pour laisser une preuve pour vol de vélo lorsque la police a décidé de fouiller le sac qu’elle portait. Elle a résisté et a essayé d’attraper le revolver et les policiers ont réussi à la maîtriser. Au commissariat elle a refusé de collaborer et de donner son identité.

Nous rappelons que le compagnon Sebastián Oversluij a été abattu cela fait déjà plus d’un mois par un misérable garde de la Banco Estado à Pudahuel à la suite d’un braquage raté.

La comparution de la compagnonne devant les tribunaux d'(in)justice était à 11h ce mercredi 22. Apparemment elle comparait pour les délits de « vol qualifié » (le revolver du garde) et « tentative d’homicide ». Toute notre tendresse anarchiste et solidaire pour elle, et pour sa famille*, qui s’est toujours caractérisée par une belle dignité rebelle : nous sommes avec elle, nous sommes avec vous !

Solidarité immédiate avec la compagnonne Sol !!

Nous ne laisserons pas de place au cirque médiatique, aux vautours charognards, aux campagnes de terreur des puissants ni aux fantaisies des procureurs : Solidarité, maintenant !

* elle est la nièce des frères Vergara, dont l’assassinat a donné naissance au jour du jeune combattant

Publicación Refractario

Mise à jour :

la compagnonne a été accusée de « vol qualifié, et placée en prison préventive. Avant et après sa comparution il y a eu quelques échanges entre les ami-e-s de la compagnonne et les flics devant le tribunal. Au moins une personne a été arrêtée après que les personnes venues en soutien pour la compagnonne aient attaqué la presse à la sortie du tribunal.

Intermède musical

Lengua de Trapo – Salta la luna

Fais gaffe ça fait des jours qu’ils siègent le quartier,
les flics sont après toi.
Ils fouillent chaque maison,
les gens ne disent rien,
ni un mot, je ne l’ai jamais vu.

Je revois encore brûler,
quatre banques, deux DAB,
argent sale à la chaleur du feu
à la chaleur du feu.

La presse parlait d’au moins quatre commandos armés,
et toi tu souriais, imprégnée de l’odeur d’essence.
Et cette nuit aussi
l’obscurité brillera
Fais sauter la lune en mille morceaux de verre.

Je revois encore s’embraser
les bagnoles des flics
joli tableau à la chaleur du feu
à la chaleur du feu.

On me dit que tu es partie,
très loin, dans une autre ville.
Même s’il reste encore beaucoup de bûches à brûler,
de bûches à brûler.

molo

Le Dakar : nocivité et progrès

et-une-de-moinsEntre le 5 et le 18 janvier nous allons avoir la fierté de survivre au déroulement dans la région du Rallye Dakar 2014, le plus grand « Rallye Raid » au monde. Cet événement a eu lieu la première fois en 1972 entre Paris et la capitale du Sénégal, Dakar, dont il tient le nom. Et puis en 2008, dû aux circonstances politiques et écologiques qui mettaient en péril son bon déroulement le rallye a déménagé de région, la goutte qui a fait déborder le vase étant les menaces d’Al Qaeda cette année là.

Cette grande démonstration publicitaire de véhicules tout terrain a reçu de nombreuses critiques, et à la suite nous allons les exposer telles qu’elle sont présentées par différents groupes politiques et écologistes :

– Au cours de ses 40 ans d’histoire, sont morts lors de cette course, dans des « accidents » issus de celle-ci, une cinquantaine de pilotes et spectateurs (dans la grande majorité des bourges avides de sensations), ainsi que 12 personnes étrangères à la course et 10 personnes travaillant sur place. Le nombre de victimes africaines (principalement nées au Sénégal) n’a jamais été reconnu par les organisateurs, qui pourtant faisaient des funérailles presque militaires à chaque fois qu’un pilote mourrait. C’est dans ce sens que cet événement sportif a parfois été comparé avec la campagne nord-africaine de la seconde guerre mondiale, où les alliés et les allemands attaquaient avec leurs tanks, lignes défensives et champs minés les populations locales, qui comme pour le Rallye restaient complètement étrangères à la situation mais pâtissaient de ses conséquences.

– Au cours de ces événements, qui ont une feuille de route mais pas de sentiers délimités, les véhicules détruisent la faune et la flore locale, notamment les dernières courses qui ont eu lieu dans le désert d’Atacama (au Chili) où il y a une flore désertique qui ne tolère aucune modification humaine dans son environnement. C’est au même endroit que les concurrents ont abîmé de nombreux géoglyphes. Selon les mots d’ Acción Ecológica (Chili) : « en 2009, six sites archéologiques datant de plus de 4000 ans ont été détruits par le Dakar. En 2010 le bilan était de 52 sites archéologiques, et en 2011, 126 sites archéologiques ».

– « L’empreinte carbone » de ce genre d’événement est énorme, vu le transfert des véhicules, les spectateurs, la consommation de carburants, le traitement des résidus, etc.. Selon les organisateurs elle serait d’environ 22.000 tonnes CO2 équivalent.

– C’est une activité qui renforce les pratiques coloniales des bourgeoisies des pays centraux, puis qu’il serait impossible de réaliser de tels événements dans des pays du « 1er monde » vu leurs législations de protection qui l’empêcheraient. Les patrons de l’automobile et les aventuriers de type « safari » doivent donc se tourner vers des régions moins restrictives, avec des lois de protection de l’environnement nulles ou rarement appliquées, et une culture de préservation archéologique plus laxiste et des autorités gouvernementales et militaro-policières plus corrompues avec lesquelles il est plus facile de négocier.

Ce qui est exposé précédemment englobe toute une série de suppositions et fausses critiques qui tombent sous le sens ou servent uniquement à dévier l’attention des problèmes de fond. Prenons pour exemple le fait que depuis les années 90 en France, sont apparus des slogans comme « le Dakar hors de France ! », qui ressemblent à des demandes entendues  ces jours-ci, d’envoyer le Dakar dans la province de Santa Fe, par des recours judiciaires et la présentation d’un projet de loi qui devra être approuvé dans les chambres législatives des provinces. Nous ne savons que trop qu’aucune réglementation ne sera jamais capable d’éliminer la nocivité des pratique capitalistes, et ça ne pourrait (dans certains cas particuliers) que les contenir en attendant que la technologie même du Capital évolue suffisamment pour que cette même activité puisse se réaliser sans qu’elle n’ait la même nocivité directe, ou qu’elle sache la dissimuler d’une meilleure façon. Ce qu’il faut comprendre cependant c’est le manque de perspective historique et internationale du réformisme, qui au lieu d’essayer de supprimer une course aussi néfaste de toute la société humaine ne demande que son éloignement des territoires dans lesquelles ses organisations ont leur niche de pouvoir, ou encore sa capacité à actionner des leviers étatiques, utilisant pour cela des slogans encore plus restreints que ceux utilisés par la génération antérieure de réformistes.

D’autre part, nous pouvons aussi analyser les positions critiques de l’écologisme, parmi lesquelles nous voulons souligner sa passion pour les chiffres. Cette fascination quantitative pour l’analyse des émissions de carbone et « l’empreinte écologique » de ce genre d’événements a fait que les organisateurs de la course (histoire de se dédouaner) ont publié sur leur site web une étude qui affirme qu’en comparaison avec d’autres événements sportifs le Rally Dakar est le nec plus ultra. C’est ainsi qu’il faudrait faire 200 rallyes pour polluer autant que le dernier mondial de rugby, ou que dans la ville de Paris, en un seul jour, les voitures émettent plus de CO2 que les compétiteurs durant toute la course. De plus sur le site il est spécifié que l’événement détient une « empreinte écologique positive » vu qu’avec ses pratiques de responsabilité  sociale empresariale l’organisation reverse une grande somme d’argent à l’ONG Madre de Dios, qui replante des arbres en Amazonie, annulant ainsi toute nocivité réalisée. Et elle donne aussi annuellement plus d’un demi million de dollars à la très connue fondation TECHO (l’ONG paraétatique et caritative connue dans la région pour ses tournées dans les supermarchés).

Ces affirmations pourraient être clairement un leurre ou une exagération, mais cependant ce qui est intéressant là-dedans c’est cette perspective qu’ « une main lave l’autre », tellement habituelle des dynamiques étatiques et capitalistes et qui finit par attirer positivement ou négativement les groupes considérés comme extrémistes. Positivement lorsqu’ils finissent par former des ONG ou des « partis verts » pour s’enrôler dans la recherche active de profits, ou négativement lorsqu’ils discutent ou pactisent avec des pouvoirs et des capitaux pour éliminer telle ou telle pratique, ou permettre telle autre, au nom de la recherche du « capitalisme vert » durable et amiable. Ce monde idyllique où tout coexiste, la vitesse et la méditation bouddhiste, les centrales nucléaires et la permaculture, les villes-usines chinoises et les artisans hippies sur une place.

Nous ne voulons pas dire ici que toute lutte est inutile, que tout est perdu. Ce n’est pas notre intention de soutenir la passivité. Mais nous ne tolérerons pas non plus les faux-critiques et les luttes en carton, qui n’ont lieu que pour obtenir des charges politiques ou de devenir des modérateurs dans l’antagonie entre le Capital et la nature. Le Dakar doit disparaître, mais pas seulement d’une ville ou d’une région, il doit disparaître du monde, et avec lui toutes les pratiques sportives, instigatrices historiques du nationalisme et de la compétition, et les voitures, symboles permanents de la division du travail, de l’industrie et de l’atomisation des humains.

Et nous ne voulons pas par là affirmer que les luttes doivent commencer par une mise au clair théorique parfaitement finie pour ensuite arriver dans la rue, mais il est vital que chaque lutte existe dans un contexte permanent de réflexion et d’analyse. Lorsque nous ne réfléchissons pas bien à notre lutte nous luttons avec la pensée des autres, celle de la réforme, celle des médiateurs, celle du Capital.

Comme nous l’avons déjà dit dans d’autres occasions, la théorie et la pratique doivent ne faire qu’une, et ce n’est qu’ainsi que nous frapperons comme l’être internationaliste et anticapitaliste que nous sommes, ce n’est qu’ainsi que nous enterrerons la nocivité pour construire la société du commun.

La Oveja Negra

Suisse : Marco Camenisch en grève de la faim

mcMarco Camenisch est en grève de la faim depuis le 30 décembre 2013, jour où il a été mis dans le « bunker » de la prison de Lenzburg.

Il compte mener sa grève de la faim du 30 décembre au 24 janvier, en contribution à la lutte générale contre la répression,  à la lutte pour la libération totale et à la solidarité révolutionnaire commune qui va au au delà des différentes tendances, appelant ainsi à se battre contre toutes formes de domination, exploitation et répression, mais aussi contre la guerre de classe menée depuis en haut à l’occasion de la réunion annuelle du Forum Économique Mondial (à Davos du 21 au 24 janvier).

Sa grève de la faim a commencé le jour où ils l’ont placé en isolement dans le camps de travail de Lenzburg, parce qu’il a refusé de faire une analyse d’urine. La prison a annulé ses visites durant l’isolement. Ils ont aussi pris pour 6 mois l’ordinateur qu’il utilisait, ce qui est une grosse perte pour le compagnon et ses contacts en dehors de la prison.

Le 6 janvier il a informé qu’il n’était plus en isolement, et il a annoncé qu’il continuait sa grève de la faim, et qu’il faisait aussi une grève du travail (dans les prisons suisses les détenus sont soumis aux travaux forcés), au moins jusqu’au 26 janvier.

Pour lui écrire, c’est à cette adresse :
Marco Camenisch
PF 75, 5600 Lenzburg
Suisse

source

Attaque incendiaire dans un centre commercial et quelques réflexions face à l’offensive répressive

armadosLe mardi 31 décembre à la veille d’une nouvelle année, vers 2:30 et quelque minutes avant la fermeture du lieu, un mécanisme incendiaire à retardateur a été placé dans l’allée des produits inflammables du Homecenter situé dans le centre commercial Plaza Norte. Quelques heures après, l’attente terminée, l’incendie s’allumera, détruisant deux allées et demi du magasin et des centaines de produits, de façon à envoyer nos plus chaleureuses salutations de bienvenue à l’année 2014.

Depuis quelque semaines nous avons vu que les attaques incendiaires, explosives et sabotages ont augmenté, mais il y a eu plusieurs erreurs de la part de ceux qui ont décidé d’attaquer la normalité, l’ordre, l’État, la réalité, toute forme de domination et de structure physique, mentale et émotionnelle. Il faut le souligner et apprendre de ces erreurs pour éviter de voir à nouveau nos frères/sœurs et complices séquestré-e-s par les administrateurs de la société; analyser toute nouvelle qui nous arrive, voir quelles sont les erreurs possibles qu’ils ont pu commettre pour ne pas les refaire.

Le 11 septembre  est une date attendue à Villa Francia, et en connaissance de la préparation policière pour cette nuit-là (pas uniquement pour le harcèlement de ces bâtards esclaves qui ne méritent que d’être torturés et brûlés [sic]) il a été décidé de les affronter avec ce qui était à disposition, et malgré les molotovs,  chausse-trappe, et divers flingues, le plan que les sbires ont utilisé même s’il était simple a été suffisant pour chasser et attraper de nombreux combattant-e-s cette nuit-là. Sans discréditer les agissements de tous/toutes celles/ceux qui étaient là-bas et qui ont affronté les gardiens de l’ordre, aller dans un endroit où tu sais qu’ils t’attendent, et sans avoir l’armement et la préparation nécessaire (physique, mentale, stratégique), c’est ne pas réaliser ce que ça veut dire si l’un-e de nous est prisonnier-e-, que ce soit en taule ou à la maison, ne pouvant pas sortir dans la rue pour continuer de brûler cette réalité putréfiée. Il y a des milliers de moments et d’endroits où nous pouvons attaquer sans qu’ils nous y attendent.

Salidas pour altérer l’ordre : entre barricades et affrontements, nous savons qu’ils ont identifié (habits, sacs, chaussures, cheveux, etc) et capturé des individus, certain-e-s avec du matoss dans les mains, alors que l’action était terminée. Sans s’être débarrassé des habits qu’ils ont utilisé et du matériel qu’ils ont gardé, et sans même s’en aller rapidement de l’endroit (pour rester à traîner). Il faut faire gaffe, pour le moindre détail ils peuvent nous identifier et nous mettre en taule ou au Sename (NdT : prison pour mineurs). Ce n’est pas difficile de trouver des fringues pour nos actions, qui changent notre apparence, et des planques si on peut pas (ou qu’on veut pas) s’en débarrasser, partant rapidement et réduisant en cendre tout ce qui peut nous identifier. C’est pas un jeu (mais qu’est-ce qu’on s’amuse pourtant!).

Explosifs/Incendies : il y a déjà plusieurs cas d’engins et mécanismes qui n’ont pas explosé ces derniers temps et qui sont restés entre les mains des labos policiers, leur donnant avec ça nos méthodes et possiblement quelques résidus qui peuvent indiquer qui l’a fabriqué. En transportant le matériel, dans le cas de cocktails molotovs ou d’autres, nous ne devons pas circuler dans des endroits isolés et vêtus de manière suspecte (en noir, marchant avec une poche à la main, dans une rue obscure … nous ne devons pas croire qu’on est incognito devant tous les yeux qui nous regardent). Si on fait quelque chose tout seul nous perdons la possibilité d’être averti si les flics arrivent ou n’importe quoi d’autre qui nous mette en danger et empêche de réaliser l’objectif. L’usage de gants ou n’importe quelle méthode pour cacher et faire disparaître les empreintes est indispensable, car si on se laisse aller à la confiance et qu’on pense que tout est sous contrôle à 100 % on pourrait laisser derrière nous des empreintes, des cheveux, de la salive ou autres sur place. Et comme ça fait plusieurs fois que les engins posés n’ont pas explosé, nous devons réfléchir à ce sujet et pas faire les choses à l’arrache.

Il est important, quel que soit le détonateur que nous utilisons, de l’essayer autant qu’il est nécessaire afin que la probabilité que ça n’explose pas soit minime et que ça ne soit pas à cause du détonateur. Si nous ne connaissons pas une méthode qui nous permette de l’essayer (sans risquer de voler dans les airs ou de se brûler) nous ne devons pas fabriquer des engins qui peuvent ne pas exploser, ou même qui peuvent exploser dans nos mains. Mieux vaut ne pas le faire plutôt que de prendre ces risques. Envoyer balader son ego, et avec l’angoisse et le désespoir que provoque en nous ce monde asphyxiant, essayer de réaliser l’objectif sans se soucier du temps que ça prendra, 1, 2 ou 10 mois s’ils le faut, mais pas moyen de finir en taule pour une connerie.

Entre autres choses, nous ne devons pas penser que poser une bombe ou foutre le feu est la seule chose qu’on puisse faire pour matérialiser nos désirs. Quant bien même on en aurait très envie, pour réaliser une action il faut autre chose que juste le désir. Il y a différents rôles assignés collectivement pour pouvoir le faire, et même si les rôles nous rappellent l’autorité et la hiérarchie, c’est pas forcément ça. Si on se complète entre nous, parce qu’on peut pas faire tout partout et en même temps, si on se retrouve en meute pour agir, nous agissons comme tel. Et donc une tâche n’est pas plus importante qu’une autre, ni celui qui guette  les flics, ou celui qui fout le feu, ou au cas où les flics arrivent ceux qui vont les retenir pour que les autres puissent se barrer. Il faut faire gaffe à ce que chacun s’en tienne à son rôle, parce que dans le cas contraire on prend le risque que nos compas se fassent chopper et aillent en taule pour quelque temps. Les appareils de contrôle de l’État sont organisés structurellement, militarisés et avec des tactiques analysés par les services d’intelligence, et donc de notre côté on ne peut pas tout abandonner à la beauté de la spontanéité et s’attendre à réussir juste parce qu’on en a envie. On ne peut pas s’attendre à atteindre nos objectifs si on ne s’organise pas et qu’on ne prépare pas des tactiques et des méthodologies pour cela. Évidemment ça ne veut pas dire se transformer en petits soldats ni se désigner comme avant-garde ou leaders de l’insurrection et des insurgé-e-s, mais c’est important de partager les expériences, les erreurs et les réussites, comme les tactiques, les méthodes, les analyses et les réflexions, et ne jamais penser qu’entre nous il y a des « supériorités » à cause de l’expérience individuelle de chacun, ou parce qu’il y a des grandes gueules. De même il ne faut jamais penser que parce qu’un bâtard de flic sait tout juste compter, l’État, les patrons, l’ordre et le contrôle en général sont aussi abrutis que leurs laquais situés les plus bas dans cette pyramide sociale dégoûtante. S’ils étaient aussi crétins ils seraient tombés depuis longtemps, mais pour autant on ne pense pas que c’est impossible de les vaincre.

Si certain-e-s de nos proches, ou nous même, tombaient entre les mains de l’ennemi ou qu’on n’a pas fait gaffe et qu’on n’a pas pris les précautions nécessaires, il ne faut pas croire qu’on ne va pas faire profil bas pendant quelque temps, que ce soit chez nous ou bien n’importe où ailleurs et avec qui que ce soit, car on ne sait jamais qui nous regarde et/ou écoute.

Mais bon, il faut aller de l’avant, et être solidaires de toutes les manières possibles avec ceux/celles qui font face et affrontent cette saloperie de monde de merde. Solidarité avec les prisonnier-e-s du 11 septembre, Hans, Monica, Francisco, Freddy, Marcelo, Juan, Carlos, Alberto Olivares, Niko Sandoval, Felipe, Hermes, Alfonso, Marco Camenisch, Gabriel Pombo da Silva, Alfredo Cospito et Nicola Gai, les membres prisonnier-e-s de la CCF et de la FAI/FRI, les prisonnier-e-s du FLA (Front de Libération Animale) et FLT (Front de Libération de la Terre), avec Felicity Ryder et Diego Ríos qui cavalent toujours dans les ombres, et à tous/toutes les insurgé-e-s, clandestin-e-s, individus anarchistes et nihilistes, et à tous les êtres qui ne sont pas disposés à faire un pas en arrière dans la guerre contre toute société, toute autorité, contre tout régime humain, contre toute forme de domination.
Pour Matías Catrileo, Punki Mauri, Claudia López, Sebastian Oversluij et tous les milliers de morts dont nous ne connaissons pas les noms. Pour José Huenante et tous les disparu-e-s et séquestré-e-s. Pour tous les prisonnier-e-s en guerre dans le monde, liberté immédiate et feu à toutes les prisons avec les matons dedans.

DÉTRUISONS LA RÉALITÉ, GUERRE À L’EXISTANT !

Hommodolars