Cette année, dès le 4 septembre, des salidas (attaques sur les flics et barricades aux abords ou depuis les universités ou lycées) ont eu lieu à partir de plusieurs universités du pays, pour commémorer le 11 septembre, l’une d’elle a eu lieu à Valparaiso. La vidéo de l’action dit au début : « Pour tous ceux tombés, nous continuons de lutter dans la rue. On ne discute pas avec le fascisme, on le détruit »:
Le matin du 5 septembre des barricades ont été montées dans la población* de La Pincoya. Il y a eu plusieurs coups de feu en direction des flics et une voiture a été brûlée. C’est dans cette même población que Claudia López a été tuée.
Le dimanche 8 septembre près de 50 000 personnes ont participé à une manifestation jusqu’au cimetière général, à l’appel de l’Assemblée des Droits de l’Homme, avec comme arrivée finale le monument qui rend hommage aux personnes assassinées et disparues.
Divers groupes politiques (marxistes léninistes, socialistes, communistes, anarchistes et des organisations des droits de l’homme) étaient présents dans la manifestation, et il y avait aussi beaucoup de proches de victimes de la dictature. Les organisations politiques présentes dans la manif sont les suivantes : Front Populaire Manuel Rodriguez (FPMR), Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR), Parti Communiste, Parti Socialiste, Gauche Communiste (IC), Parti de Travailleurs Révolutionnaires (PTR).
Au cours de la manifestation les affrontements ont commencé autour du bloc anarchiste, avec des encapuchadxs attaquant des banques et une station d’essence. La police a essayé de scinder la manifestation avec les flics à moto, ce qui n’a pas marché grâce à la résistance d’une multitude de personnes lançant des pierres. Lorsque les flics ont vu que les motards étaient inefficaces ils ont séparé la manifestation en deux à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes. À la suite de ça des barricades ont été montées près du cimetière. La police a alors attaqué la foule devant le cimetière et a reçu en réponse des cocktails molotovs et des pierres. Après avoir essuyé quelques cocktails chaleureux les flics ont attaqué à l’intérieur du cimetière avec des canons à eau (guanaco), blindés lance gaz (zorillo), motards et flics à pied (appelés piquete). Plusieurs tombes ont été détruites en conséquence des affrontements entre police et émeutiers qui jouaient au chat et à la souris au milieu des tombes. Selon la police 31 personnes ont été arrêtées et 10 flics blessés.
Une vidéo sur la manifestation :
Quelques évènements qui ont eu lieu le 10 septembre dans la Région Métropolitaine (Santiago) :
-Barricades par des lycéens et étudiants sur l’avenue Matucana
-À Providencia des lycéens ont fait une manif sauvage dans la rue, bloquant la circulation
-5 lycées bloqués
-Des barricades ont été allumées dans la población de La Florida
-À San Bernardo et Pudahuel des coups de feu ont été tirés sur les flics
-Des bus ont été brûlés à Providencia et Cerro Navia
-L’électricité a été coupée plusieurs fois dans les poblaciones (sabotage qui se fait à l’aide de chaînes en fer)
Évènements du 11 septembre :
-10 000 personnes ont participé à la commémoration au Stade National, qui deviendra un camp de concentration dans les jours qui suivront le coup d’état
-La plupart des barricades ont été montées dans la nuit, à la suite des différentes veillées funèbres
-Au moins trois supermarchés ont été pillés
-Au moins 6 bus ont été brûlés
-Dans plusieurs poblaciones il y a eu des tirs sur les flics
-Il y a eu des affrontements avec les flics à coup de pierres et de molotovs :
Dans de nombreux endroits de la ville des poubelles ont été brûlées dans la rue.
À Villa Francia, La Victoria et d’autres poblaciones il y a eu des affrontements et des coupures électriques.
La police a déclaré qu’il y avait 41 flics blessés, parmi lesquels le général Pacheco qui a reçu dans la gueule un molotov non allumé.
Au total 8000 flics étaient présents dans les rues de Santiago ces jours-ci.
La mobilisation :
Il n’y a pas d’affiches qui annoncent des manifs ou autres évènements et très peu d’annonces sur internet. Comme il n’y a pas Indymedia au Chili ni de site comparable le seul moyen de propager de l’info sur des évènements à venir se trouve dans les réseaux sociaux comme facebook et twitter.
Pour contextualiser un peu sur la date et l’endroit, de nombreux secteurs et quartiers périphériques de la ville de Santiago vivent dans une grande pauvreté. Chaque « 11 » (septembre) tout type de personnes sortent dans les rues (sauf les bourgeois), comme les trafiquants de drogue pour essayer leurs armes, des jeunes qui détestent les flics et veulent s’entrainer un peu en leur tirant dessus, etc. Ça dépend aussi des quartiers, certains sont très politisés comme d’autres qui ne le sont pas, où l’on met juste le feu à des barricades ( pour pouvoir brûler ses poubelles et d’autres trucs qui gênent dans la rue) et où il n’y a même pas d’affrontements avec les flics.
L’influence du mouvement anarchiste dans ces évènements :
Il n’y a pas d’infos sur les sites anarchistes au sujet de ces évènements, même si des anarchistes y participent. Et même si dans les vidéos ou photos on peut voir de nombreuses personnes vêtues de noir et qui cachent leur visage avec une capucha, ils ne faut pas croire que ces gens sont forcément anarchistes, étant donné que ces habits sont utilisés uniquement pour des raisons de sécurité.
Les affrontements de rue ne sont pas nécessairement menés par des personnes qui ont une idéologie particulière. CertainEs peuvent se dire anarchistes, tandis que d’autres sont dans des groupes marxistes ou bien encore d’autres ne se revendiquent d’aucune idéologie et sont juste des enragéEs. À noter aussi qu’en comparaison avec la plupart des régions du monde, il n’y aucun problème avec le fait que les filles participent aux affrontements de rue et sont à ce niveau là à égalité avec les gars.
À Santiago il n’y a pas de « QG » anarchiste, en dehors des rares squats d’habitation et des bibliothèques. Pas de bars anarchistes, ni de lieux ouverts au quotidien, comme cela peut se voir dans d’autres régions du monde. Le mouvement anarchiste redémarré il y a une vingtaine d’année a été en quelque sorte coupé dans son élan suite aux diverses opérations répressives à partir de 2009. Et si de nos jours on peut constater qu’il y a de nombreuses éditions anarchistes, et des évènements( type concert) réguliers organisés dans le cercle anarchiste, on constate que cette année il y a eu peu d’actions directes, et une présence discrète dans le combat de rue.
*pour faire court on pourrait dire que la pobla est l’équivalent de la cité.